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PIERRE GINGRAS
JARDINER
pgingras@lapresse.ca
LE TOUR DU JARDIN
J10
|
LA PRESSE
|
MONTRÉAL
|
SAMEDI 5 JUILLET 2003
A
Yucca et rhodo miraculés
Après vous avoir parlé durant des semaines
des mauvaises surprises de l’hiver, voici
quelques «miracles». D’abord ce vieux
rhododendron à feuilles persistantes, le premier
que j’ai acheté il y a une quinzaine d’années.
Planté en plein vent, sans protection hivernale,
il perd quelques feuilles chaque hiver mais
reprend du poil de la bête au printemps. Sa
floraison est habituellement spectaculaire.
Cet hiver, toutes les feuilles sont mortes, sauf
deux ou trois. Je le savais encore vivant, mais
il était toujours nu au début de juin. Et puis,
le 15 juin, tous les bourgeons étaient en fleurs
et plusieurs feuilles avaient commencé à pousser.
Et les fleurs ont semblé persister plus longtemps
que d’habitude, à moins que mon euphorie
m’ait fait perdre toute objectivité. Mais les
fleurs étaient encore belles le 27 juin, en dépit
des grandes chaleurs. Autre surprise : les
yuccas. Les trois petites divisions de 2002
ont été éprouvées durant la saison froide.
Mais elles sont aujourd’hui en pleine forme.
Quant à la touffe principale, qui avait donné
trois ou quatre hampes florales l’an dernier,
elle est sur le point de produire deux beaux
bouquets. Les lavandes, qui ne sont jamais
protégées dans mon jardin, ont aussi souffert
du froid. Actuellement, elles sont en fleurs.
Même les ketmies des marais (hibiscus
moschetos) n’ont pas rendu l’âme. Ils ont
résisté de peine et de misère mais les premières
pousses ont fait leur apparition vers le 15
juin, une quinzaine de jours plus tard qu’en
temps normal. Je ne crois pas toutefois qu’ils
auront la chance de fleurir avant les premiers
gels de la mi-septembre. On verra bien !
Érable en péril
«Devant notre résidence, à Laval, nous avons
un érable à grosses feuilles dont nous ignorons
la véritable identité, écrit Christine Daneau.
Il doit avoir l’âge de notre quartier, environ
25 ans. Depuis l’an dernier, l’écorce à la
base du tronc se détache par pièces assez
grandes. C’est peut-être le travail des mouffettes
qui se nourrissent allègrement de vers blancs
dans le gazon tout autour de l’arbre. Qu’en
pensez-vous ? Nos érables de rue ont bien
souffert de la sécheresse ces derniers étés.»
Je ne crois pas que la bête soit en cause
ni la sécheresse. Habituellement ce genre
de problème apparaît à la suite de blessures
répétées, souvent à la suite du passage de
la tondeuse ou du coupe-bordure. Si bien
que la plaie n’a pas le temps de se cicatriser
et les dommages prennent de l’ampleur. Il
faudra tout simplement éviter de faire souffrir
votre érable. Surtout ne pas appliquer de
produit cicatrisant. Ils sont inutiles et peuvent
même créer une situation propice à la
pourriture.
Aiguilles d’aralia
«Lors d’une promenade dans les rues de
Montréal, cet hiver, mon attention s’est portée
sur un arbre que je ne connais pas. Avec ses
petites épines plantées partout sur le tronc
et les branches, il est tellement exotique que
je n’ai pu m’empêcher de l’observer longuement
et de le toucher quelque peu, écrit Marc Lamarre
de Montréal. Il est devant un édifice situé au
2187, rue Larivière, près de la rue Parthenais,
au nord d’Ontario. Au cours d’un voyage au
Mexique, j’ai cru voir un arbre de la même
espèce, mais beaucoup plus gros et possédant
des épines énormes. S’agit-il du même arbre
demande-t-il.
Votre arbuste à épines est une aralie du
Japon et fait partie d’une famille qui compte
une quarantaine d’espèces de plantes vivaces,
de petits arbres et d’arbustes. Il y en a au
moins trois parmi nos vivaces indigènes et
elles répondent toutes au nom populaire de
salsepareille. Quant à l’aralie du Japon, parfois
appelée angélique en arbre du Japon, elle
atteint de trois à cinq mètres de hauteur,
parfois le double dans son habitat d’origine.
Ses feuilles multiples peuvent être très grandes
et sont supportées par des rameaux très épineux
décoratifs. Cette aralie peut vivre sans trop
de peine en zone 4 et même trois, sous couvert
de neige mais le gel peut «brûler» les branches,
ce qui n’affecte guère sa croissance l’année
suivante. Il semble toutefois que l’aralia de
la rue Parthenais n’ait pas survécu à notre
hiver particulièrement difficile.
S’agit-il de votre arbre mexicain? Proba-
blement pas puisque les aralies exotiques
sont asiatiques. Il faut dire qu’en Amérique
tropicale, il existe de nombreux arbres et
arbustes recouverts d’aiguilles.
Un pavot orange qui fleurit tout l’été
vec leurs pétales aux coloris vifs et
délicats qui semblent en papier de
riz, les pavots sont merveilleux, mais
leur beauté est éphémère. Je suis
toutefois incapable de leur résister. Prenez
le populaire pavot oriental, le plus exhibi-
tionniste du groupe avec ses grosses fleurs
au coeur noir. Cette orgie de couleurs dure
habituellement d’une semaine à 12 jours
tout au plus. La floraison débute généra-
lement la deuxième semaine de juin dans
la région métropolitaine, mais il arrive
qu’une bonne pluie mette un terme au
spectacle au bout d’une journée ou deux.
De plus, la fleur ne résiste pas longtemps
aux coups de chaleur comme ceux que nous
avons connus dernièrement. Mais le plaisir
est si intense, direz-vous. Le hic, c’est qu’après
la jouissance, le feuillage devient jaune et
laid pour ensuite disparaître une bonne
partie de l’été. Comme il est d’une grande
longévité et de culture facile, il faut marier
le pavot oriental avec les autres fleurs du
jardin pour éviter le dénuement durant la
période estivale. Graminées de petites tailles
et lis, notamment conviennent bien à la
tâche.
Le pavot d’Islande, ou pavot nudicaule
(Papaver nudicaule) est aussi d’une grande
beauté. Comme son minuscule cousin,
Papaver alpinum, il supporte difficilement
la chaleur de la région métropolitaine. À
moins que ses graines ne germent, il disparaît
souvent après un été. Pourtant, j’ai déjà vu
à Schefferville des pavots alpins qui mettaient
de la couleur sur les terrains abandonnés
après la fermeture de la ville.
Déniché il y a plusieurs années dans
l’Alpinium du Jardin botanique de Montréal,
Papaver ruprifragum, une beauté aussi délicate
que ses petits cousins, fleurit presque sans
interruption tout l’été à partir de la mi-
juin. C’est un pavot vivace d’une quinzaine
de centimètres de longueur, dont le feuillage
dentelé et argenté forme de petites rosettes
d’où émerge une fine hampe florale de 50
à 60 cm, surmontée d’une fleur orange de
6 cm de diamètre. Elle est semi-double.
Les quatre grands pétales sont recouverts
de plusieurs pétales plus petits et un peu
enroulés sur eux mêmes. Un bijou, je vous
dis!
La classification de l’espèce n’est pas
claire. Poussant dans des endroits rocailleux,
originaire d’Espagne (en anglais on lui
donne parfois le nom de pavot d’Espagne),
elle serait non rustique chez nous bien
que cela reste à démontrer. Par contre, la
variété que l’on trouve au Jardin botanique
et parfois en pépinière, semble être identique
à l’hybride «Tangerine Gem» qui est difficile
à distinguer de l’espèce originale. Rustique
en zone 3, elle est offerte en semences par
la maison Horticlub (1-800-723-9071 ou
450-682-907; www.horticlub.com).
D’autres entreprises en vendent également
sur Internet. Papaver ruprifragum fleurira à
sa deuxième saison de croissance.
Je sais par ailleurs que certains producteurs
de plantes vivaces l’ont vendu en plants à
leurs clients détaillants, notamment à la
pépinière Labonté de Trois-Rivières.
Si je me fie aux spécimens qui poussent
chez moi depuis des années, «Tangerine
Gem» n’a jamais besoin de protection
hivernale, du moins en zone 5. Ils ont résisté
aux hivers les plus difficiles, notamment
ceux où le couvert de neige disparaît presque
complètement en février. Ce pavot est
probablement rustique en zone 4 et 3. On
le plante en terrain ensoleillé, mais un
peu d’ombre lui convient aussi. Le sol doit
être bien drainé. La plante prend un peu
d’ampleur à chaque année. Plusieurs des
graines poussent spontanément au printemps
si on leur en donne la chance, mais ce n’est
pas le cas chez moi, puisque le grand ménage
des plates-bandes a lieu à l’automne.
LE CLIVIA MINIATA de Carole
Chartier, à Terrebonne, fleurit
habituellement en juillet. Mais la tige
florale est plutôt courte et les fleurs
sont écrasées contre les feuilles.
«Quelle est la méthode pour obtenir
de longues hampes florales et
comment faire pour obtenir des plants
à partir des graines qui sont toujours
sur la tige de l’année précédente?
demande-t-elle. Au cours des années,
j’ai tenté l’expérience sans succès.
Avez-vous une solution?»
Difficile d’obtenir une réponse
précise aux deux questions. Cette
année, ma clivia a fleuri au printemps
parce que j’ai stimulé sa floraison en
la plaçant à une température fraîche
(10 degrés) durant au moins six
semaines. Il est toujours conseillé
d’arroser abondamment dès que la
hampe florale montre le bout du nez,
ce qui favorise évidemment son
développement, et on doit fertiliser
chaque semaine avec un engrais
balancé quand les bourgeons floraux
font leur apparition. Il faut rappeler
aussi que la plante aime être à l’étroit
dans son pot.
Par ailleurs, les auteurs du Manual
of Bulbs de la Royal Horticultural
Society expliquent que les graines
exigent de six à huit semaines pour
germer, à une température de 21
degrés et dans un contenant fermé
hermétiquement. On plante ensuite
dans un terreau, mais on abaisse la
température ambiante à 16 degrés
quand les premières feuilles
apparaissent. Si votre plante n’est pas
en forme, il est possible que les
graines n’aient pas atteint leur pleine
maturité.
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Laralia possède de solides aiguilles
Des graines de clivia
qui ne germent pas
Photo PIERRE McCANN, La Presse ©
Le yucca, une beauté qui a réussi
à passer sans trop de mal à travers
notre hiver sibérien.
Photo PIERRE McCANN, La Presse ©
Photo BERNARD BRAULT, La Presse ©
PHOTO PIERRE McCANN, La Presse
©
Presque identique à l’espèce appelée pavot d’Espagne, le pavot «Tangerine Gem»
produit un feuillage léger, très découpé, légèrement argenté.
Le pavot «Tangerine Gem» est une petite merveille qui fleurit tout l’été.
Photo PIERRE McCANN, La Presse ©
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