La géographie comme science politique : une introduction

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17ème Festival International de Géographie
St. Dié des
Vosges
28sept-01 oct
Les migrations transfrontalières
en Guyane française .
Approches géopolitique et géoéconomique .
-Frédéric Piantoni –
EA 2616 HABITER / Université de Reims Champagne-Ardenne
Contact : [email protected] / Tel : 03 26 91 87 80
Plan de l’intervention :
I – L’enjeu des migrations dans la construction du territoire
1- Peupler pour convoiter (1763-1848) : l’expédition de Kourou et la traite
2- Peupler pour capturer (1848-1946) : les migrations planifiées et le contrôle
des migrations réfractaires : de esclaves libres de Mana aux bagnes, des
mobilités de l’abolition aux ruées vers l’or
3- Le territoire constitué : recours migratoire et développement économique
(1950-75)
II – L’économie de transferts et le progrès, vecteurs des migrations spontanées
1- Des déterminants migratoires hétérogènes
2- L’exception du cas surinamais à l’écart des migrations économiques
3- Une participation directe à la croissante démographique
4- Les migrations, fonction miroir des cloisonnements territoriaux
I – L’enjeu des migrations dans la construction du territoire
1- Peupler pour convoiter (1763-1848)
Les Guyanes dans les dynamiques de
colonisation espagnole et portugaise
15ème-16ème siècles
Source : Piantoni, 2002, Pouvoir national et acteurs locaux. L’enjeu des mobilités dans un espace en marges : le cas de la Guyane française, Thèse de doctorat, Université
de Poitiers
I – L’enjeu des migrations dans la construction du territoire
1- Peupler pour convoiter (1763-1848)

L’expédition de Kourou
(juillet 1763-mai 1764)
La dimension géopolitique de l'expédition de Kourou:
la carte de Bitteow
(1761)
- 15 000 colons [Mam
Lam Fouck, 1996]
- 966 survivants en 1765
[Michotte, 1965]

Une économie de
plantation pauvre,
marquée par une carence
démographique, à l’écart
des voies maritimes :
- 10 000 effectifs en 1777
- Surinam : 80 000 effectifs
[Jolivet, 1982]
Source : Piantoni, 2002, Pouvoir national et acteurs locaux. L’enjeu des mobilités dans un espace en marges : le cas de la Guyane française, Thèse de doctorat, Université
de Poitiers
I – L’enjeu des migrations dans la construction du territoire
2- Peupler pour capturer (1848-1946)
Les migrations planifiées et le contrôle des migrations réfractaires
- La dimension territoriale des bagnes (1852-1954) : occupation des marges coloniales
-Les fronts
Front agraire occidental et extension des
agraires
des
habitations créoles de 1848 à 1880
72 000 transportés
Les
établissements
pénitentiaires de 1852 à 1945
esclaves
de 1852 libérés
à 1939
(1848-1880)
de la et
[Abonnenc, :1948]
concentration
50 000 décès au
processus
[Michotte,de1965]
diffusion vers
l’ouest
- Contrôle des
mouvements par
le contrôle de
l’attribution des
concessions
agricoles
Source : Piantoni, 2002, Pouvoir
national et acteurs locaux. L’enjeu
des mobilités dans un espace en
marges : le cas de la Guyane
française, Thèse de doctorat,
Université de Poitiers
I – L’enjeu des migrations dans la construction du territoire
2- Peupler pour capturer (1848-1946)
Les migrations planifiées et le contrôle des migrations réfractaires
L’intégration de l’intérieur par la capture des migrations antillaises (anglaises et françaises),
brésiliennes et surinamaises : terres libres et main d’œuvre captive
- Période 1 (18551880):
Une dynamique
associée à la crise de
l’économie coloniale
après l’abolition (Est).
Migrations, ruées aurifères et litiges territoriaux (1855-1930)
- Période 2 (1880-1930):
L’intégration de
l’intérieur par la
domination des sociétés
commerciales et de la
colonie.
- Horogénèse et
règlements des
frontières politiques.
Source : Piantoni, 2002, Pouvoir national et acteurs locaux. L’enjeu des mobilités dans un espace en marges : le cas de la Guyane française, Thèse de doctorat, Université
de Poitiers
I – L’enjeu des migrations dans la construction du territoire
3- Le territoire constitué
Recours migratoire et développement économique (1950-1982)
- Processus d’intégration à la nation : faillite
économique et « politique de francisation »
(1848-1945) : l’espace politique constitué .
Migrations et développement,
phases et localisation des
projets nationaux
- L’impératif d’un alignement économique et
social sur la métropole par la création d’un
système agro-exportateur.
- Migration et développement : le recours
migratoire face au déficit démographique
(fermeture du bagne en 1947, migration retour
des mineurs) et à l’absence de secteur productif
(échec des produits de substitution : canne,
balata, bois de rose).
Note : Population en 1946 : 27 021 [Mam Lam Fouck, 1999]
- La construction du Centre Spatial Guyanais
(1965) : vecteur migratoire et développement
illusoire
- Le « Plan global de mise en valeur de la
Guyane » (1975-1982) : échec et seuil de rupture
vers une économie sous dépendance (de la
décentralisation au RUP).
Source : Piantoni, 2002, Pouvoir national et acteurs locaux. L’enjeu des
mobilités dans un espace en marges : le cas de la Guyane française,
Thèse de doctorat, Université de Poitiers
Plan de l’intervention :
I – L’enjeu des migrations dans la construction du territoire
1- Peupler pour convoiter (1763-1848) : l’expédition de Kourou et la traite
2- Peupler pour capturer (1848-1946) : les migrations planifiées et le contrôle
des migrations réfractaires : de esclaves libres de Mana aux bagnes, des
mobilités de l’abolition aux ruées vers l’or
3- Le territoire constitué : recours migratoire et développement économique
(1950-75)
II – L’économie de transferts et le progrès, vecteurs des migrations spontanées
1- Des déterminants migratoires hétérogènes
2- L’exception du cas surinamais à l’écart des migrations économiques
3- Une participation directe à la croissante démographique
4- Les migrations, fonction miroir des cloisonnement territoriaux
II – L’économie de transferts et le progrès, vecteurs des migrations spontanées
1- Des déterminants migratoires hétérogènes

Des lieux d’immigrations dissociés en 1990 et en 1999 :
communes frontalières, agglomération de Cayenne,
Kourou
Ventilation des effectifs communaux
par nationalités en 1990
Distribution de la population étrangère par commune en 1990
Source : Piantoni,
2002, Pouvoir
national et acteurs
locaux. L’enjeu des
mobilités dans un
espace en marges :
le cas de la Guyane
française, Thèse de
doctorat, Université
de Poitiers
II – L’économie de transferts et le progrès, vecteurs des migrations spontanées
1- Des déterminants migratoires hétérogènes
Synthèse des indicateurs selon
la
nationalité
dans
les
communes de plus de 5 000
habitants en 1990
Nationalités
brésilienne
haïtienne
surinamaise
Source : INSEE, RGP 1990.
Indicateurs
distribution spatiale
indice de masculinité
tranche d'age dominante
part des effectifs dans la tranche d'âge
PCS dominante
actifs ayant un emploi
distribution spatiale
indice de masculinité
tranche d'age dominante
part des effectifs dans la tranche d'âge
PCS dominante
actifs ayant un emploi
distribution spatiale
indice de masculinité
tranche d'age dominante
part des effectifs dans la tranche d'âge
PCS dominante
actifs ayant un emploi
Cayenne
30,22%
109
25-39 ans
38,80%
autres
68,70%
53,15%
108
25-39 ans
41,70%
autres
50,43%
4,40%
165
25-39 ans
34,80%
autres
61%
Commune de plus de 5000 habitants
Kourou
Mana
Remire-Montjoly
0,75%
14,30%
19,77%
186
486
125
25-39 ans
25-39 ans
25-39 ans
41,80%
53,70%
39,90%
autres
ouvriers
ouvriers
71,00%
82,90%
75,50%
1,75%
11,25%
11,40%
108
303
124
25-39 ans
25-39 ans
25-39 ans
40,80%
53,40%
43,70%
autres
ouvriers
ouvriers
54,50%
56,70%
60,90%
10,59%
0,83%
19,40%
190
109
141
25-39 ans
0-14 ans
25-39 ans
33,00%
40,60%
37,70%
autres
autres
autres
53,60%
69,10%
71,80%
Matoury
7,14%
193
25-39 ans
40,70%
autres
36,50%
10,27%
121
25-39 ans
40,10%
autres
34,70%
2,13%
125
0-14 ans
35,80%
autres
34,90%
St-Laurent
1,55%
179
25-39 ans
40,30%
autres
80,90%
4,71%
156
25-39 ans
47,10%
autres
36,50%
38,19%
101
0-14 ans
37,80%
autres
32,10%
Indice de masculinité :
140 et +
de 120 à 139
de 100 à 119
Note : Indice de masculinité = (effectifs masculins / effectifs féminins) x 100.
Le nombre d’hommes constitue une forme de signature des migrations économiques, espaces où
les hommes partent en avant-garde en laissant leur famille derrières eux pour un temps ou
définitivement [Théry, 1997 : 184-186].

Les Haïtiens : entre économie et politique, une migration par défaut ?
- Guyane est une étape avant l’Europe, destination après l’échec d’autres tentatives vers les USA, le Canada, les Antilles.
- Origine : Aquin et Fond-des-Nègres
- Instabilité politique des régimes politiques depuis 1963-65
- Forte croissance des flux de 1974-1982 (Plan Vert) et 1991-1994 (régime R.Cedras)
- Faible réversibilité migratoire en raison du caractère extra-continental et pauvre
- Insertion dans l’économie urbaine des services (entretien, domestique …)

L’immigration économique brésilienne
- Champ migratoire ancien lié au ruées Aurifères XIX°-XX° et litiges frontaliers
- Vague 1960-70 : inséré dans l’économie locale essentiellement à Kourou (construction du CSG)
- Vague 1985-1995 : politique d’aménagement et d’équipement d’infrastructures
- Vague associée à la reprise de l’activité aurifère
- Fort sous-enregistrement et forte réversibilité migratoire
II – L’économie de transferts et le progrès, vecteurs des migrations spontanées
1- Des déterminants migratoires hétérogènes
Répartition de la population par nationalités et par communes en 1999
Évolution des effectifs de
Années de recensement
nationalités
brésilienne, Nationalités
1974
1982
1990
haïtienne et surinamaise de
effectifs
%
effectifs
%
effectifs
%
1974 à 1999 par rapport à
1559
33,16%
3123
18,51%
5962
15,99%
l’ensemble de la population brésilienne
haïtienne
479
10,19%
5287
31,34%
9263
24,84%
étrangère départementale
Note : Les effectifs étrangers représente 30% de la population
totale. Au regard des volumes faibles, seule la comparaison
des étrangers entre-eux présenté une signifiaction.
Source : INSEE, RGP 1974, 1982, 1990, 1999.
1999
effectifs
%
7171
15,40%
14143
30,37%
surinamaise
1237
26,31%
2453
14,54%
13762
36,91%
17654
37,90%
Toutes
étrangères
4702
100%
16868
100%
37286
100%
46576
100%
Source : INSEE, RGP 1999 corrigé, exploitation spécifique.
Les Surinamais dans l’agglomération cayennaise : 1,9 % de la population / 8,1 % de la population étrangère.
Mais dans les communes frontalières du Maroni : 35,7 % de la population / 81,1 % de la population étrangère.
Les Haïtiens dans l’agglomération cayennaise :12 % de la population / 51 % de la population étrangère.
Les Brésiliens dans l’agglomération cayennaise : 4,2 % de la population / 18 % de la population étrangère.
II – L’économie de transferts et le progrès, vecteurs des migrations spontanées
2- L’exception du cas surinamais à l’écart des migrations économiques
Une immigration communautaire attachée à l’identité
du bassin fluvial transfrontalier depuis le 18° siècle :
Marrons (Djukas, Bonis, Paramakas), Amérindiens
(Galibis, Wayanas)
 Les
déterminants
:
marginalisation
des
communautés au Surinam,
chute des cours de la bauxite,
guerre civile de 1986 à 1992
(13 000 réfugiés dans le nordouest guyanais)
Une immigration qui s’articule avec le différentiel
économique entre Surinam et Guyane française :
économie
informelle
(estuaire),
riziculture
d’exportation, transport (vallée), activité aurifère
depuis 1992 aux sources du Maroni.
Une immigration instrumentalisée par les jeux de
pouvoirs inter-communautaires : reconnaissance des
territoires coutumiers et création de communes monocommunautaires.
Source : Piantoni, 2002, Pouvoir national et
acteurs locaux. L’enjeu des mobilités dans un
espace en marges : le cas de la Guyane
française, Thèse de doctorat, Université de
Poitiers
Flux* migratoires
surinamais
rapportés
Evolution
du maillage
1976-1993,
par
(1982-1990
et 1990-1999)
lescommunes
communes
mono-ethniques
Flux et zones d'affrontements durant la guerre civile
du Surinam (1986-1992)
II – L’économie de transferts et le progrès, vecteurs des migrations spontanées
2- L’exception du cas surinamais à l’écart des migrations économiques
Le « Pays Maroni » [Toulemonde,1989] :
réseaux et mobilités au cœur d’un espace fluvial transfrontalier
Constitution des réseaux
migratoires (orpaillage)
Structuration des espaces
relationnels (exode rural)
Recomposition des espaces
relationnels (depuis 1995)
II – L’économie de transferts et le progrès, vecteurs des migrations spontanées
3- Une participation directe à la croissante démographique
100000
effectifs
80000
Évolution de la population
française et étrangère de
1954 à 1999
Soldes naturels et population par communes en 1999
35,0%
30,0%
Populations communales en Guyane française en 1974, 1982, 1990, 1999
25,0%
20,0%
60000
15,0%
% d'étrangers
120000
40000
10,0%
20000
5,0%
0
0,0%
1954
1961
1967
1974
1982
1990
1999
Français
24414
29871
36346
49307
55666
77522
110214
Etrangers
3449
3664
7958
8041
17346
37286
46576
% d'étrangers
12,4%
10,9%
18,0%
14,0%
23,8%
32,5%
29,7%
Sources : Domenach et Picouet [1988 : 9] pour les années 1954, 1961, INSEE RGP 1974, 1982, 1990, 1999.
Répartition de la population de moins de 20 ans
Soldes migratoires et population par communes en 1999
II – L’économie de transferts et le progrès, vecteurs des migrations spontanées
4- Les migrations, fonction miroir des cloisonnement territoriaux

Des marchés du travail cloisonnés
Population active et taux de chômage
Navettes domicile-travail
vers les pôles urbains
(Cayenne, Kourou, StLaurent) en 1999
La définition du chômage est celle retenue par l’INSEE. Est considéré comme chômeur la
personne qui, au cours d’une période de référence (généralement une semaine) est "sans
travail" (c’est-à-dire n’ayant pas effectué de travail rémunéré d’au moins une heure durant
la période de référence), "disponible pour travailler" et "à la recherche effective d’un
travail" (c’est-à-dire ayant pris les dispositions spécifiques au cours d’une période récente
spécifiée pour rechercher un emploi). En milieu urbain, notamment dans les cas de chômage
de longue durée, ces critères ne sont pas valides en raison d’un marché de l’emploi restreint et
restrictif. En milieu rural, l’absence de structures économiques, les moyens de communication
déficients et la prédominance d’un secteur informel ou traditionnel rendent caduque cette
définition. De fait, le nombre de « sans-emploi » est, en réalité, très supérieur au nombre de
chômeurs recensés en tant que tels.
Actifs communaux ayant un
emploi résidant et travaillant
dans la commune en 1999
II – L’économie de transferts et le progrès, vecteurs des migrations spontanées
4- Les migrations, fonction miroir des cloisonnement territoriaux
Schéma de synthèse : espace et économie
Source : Piantoni, 2002, Pouvoir national et acteurs locaux. L’enjeu des mobilités
dans un espace en marges : le cas de la Guyane française, Thèse de doctorat,
Université de Poitiers
II – L’économie de transferts et le progrès, vecteurs des migrations spontanées
4- Les migrations, fonction miroir des cloisonnement territoriaux
Schéma de synthèse : espace et économie
Source : Piantoni, 2002, Pouvoir national et acteurs locaux. L’enjeu des mobilités
dans un espace en marges : le cas de la Guyane française, Thèse de doctorat,
Université de Poitiers
II – L’économie de transferts et le progrès, vecteurs des migrations spontanées
4- Les migrations, fonction miroir des cloisonnement territoriaux
Schéma de synthèse : espace et économie
Source : Piantoni, 2002, Pouvoir national et acteurs locaux. L’enjeu des
mobilités dans un espace en marges : le cas de la Guyane française, Thèse de
doctorat, Université de Poitiers
II – L’économie de transferts et le progrès, vecteurs des migrations spontanées
4- Les migrations, fonction miroir des cloisonnement territoriaux
Schéma de synthèse : espace et économie
Source : Piantoni, 2002, Pouvoir national et acteurs locaux. L’enjeu des mobilités
dans un espace en marges : le cas de la Guyane française, Thèse de doctorat,
Université de Poitiers
II – L’économie de transferts et le progrès, vecteurs des migrations spontanées
4- Les migrations, fonction miroir des cloisonnement territoriaux
Schéma de synthèse : espace et économie
Source : Piantoni, 2002, Pouvoir national et acteurs locaux. L’enjeu des mobilités
dans un espace en marges : le cas de la Guyane française, Thèse de doctorat,
Université de Poitiers
Conclusion : vers la fin d’une idéologie de développement fondée sur le
peuplement et l’immigration ?
Les signes de développement économiques semblent s’orienter vers la protection de l’environnement qui s’inscrit bien
au-delà de la mise en œuvre d’aires protégées, et dont le « parc du Sud », couvrant la partie septentrionale du
département, n’est finalement qu’une illustration.
Le paradigme environnemental opère un retournement idéologique qui vise à faire de la Guyane un espace approprié,
non plus dans le cadre strictement national, mais au regard des préoccupations occidentales de protection
environnementale, l’échelle de l’exercice du pouvoir national s’articulant avec le niveau d’intégration européen.
En fait, la rupture est totale. On passe d’une fonction de valorisation de l’espace par l’exploitation des ressources
grâce à l’apport de peuplement, à celle d’une valorisation dans laquelle le facteur démographique est soustrait.
L’obligation de développement n’est, de fait, plus souhaitée ou alors sous la forme d’un « éco-développement » [Sachs,
1989 : 22-23 ; 1990 : 124-125] ou d’un « développement durable» [articles premier et L. 4433-7 de la loi d’orientation
pour l’outre-mer], dont on perçoit les effets induits en terme de protectionnisme économique [Milani, 1995 : 7-8 ;
Navet, 1999 : 341-342].
L’idéologie environnementale, translation d’une préoccupation des pays du Nord, s’articule avec le changement
d’échelle de l’exercice du pouvoir externe en faisant de la Guyane un pôle de services et d’expérimentation européen.
Elle permet la justification de l’appropriation supranationale de l’espace par les besoins impérieux de protection d’un
capital unique dépassant largement l’intérêt national, au cœur des préoccupations politiques de l’Union européenne.
Elle occulte tout l’échec économique du processus de décolonisation.
De fait, le paradigme de préservation permet la légitimation de la poursuite des transferts et de micro-marchés
protégés, mais aussi le maintien d’une société et d’un territoire cloisonnés. L’assignation de la Guyane à un pôle de
services dédié à l’expérimentation scientifique européenne en milieu équatorial continentale est dissociée de la réalité
locale.
Elle valide aussi l’exploitation mondialisée du territoire en des sites très ponctuels, tel que peuvent l’être le Centre
Spatial Guyanais et les modes industriels d’exploitation aurifère. De fait, la notion de conservation est donc
directement articulée avec celle de l’exploitation, c’est-à-dire du contrôle de la ressource. Partant, elle implique aussi
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