Ecole Supérieure du Bois, Nantes Anne-Geneviève Bagnères Magdalena Kutnik I.R.B.I., UMR CNRS 6035 Université de Tours Plan du cours 1 - Systématique, morphologie des insectes, cycle biologique et reproduction, nutrition 2 - Les xylophages de la forêt : Coléoptères et Lépidoptères 3 - Les xylophages de bois d’œuvre (insectes de bois secs et insectes de bois frais) : Coléoptères, Hyménoptères 4 - Les termites. La lutte contre les xylophages (bois d’œuvre). A - SYSTÉMATIQUE La place des insectes dans le règne animal UNICELLULAIRES E V O L U T I O N Protozoaires paramécies, plasmodium Spongiaires éponges Cnidaires méduses, coraux, anémones de mer Plathelminthes taenias, douves Némathelminthes nématodes (ascaris) Annélides vers de terre, sangsues Mollusques escargots, moules, pieuvres Arthropodes insectes, araignées, mille-pattes, crevettes Echinodermes oursins, étoiles de mer Vertébrés poissons, batraciens, reptiles, oiseaux, mammifères (ou vers plats) PLURICELLULAIRES (Métazoaires) (ou vers ronds) ARTHROPODES (embranchement ou phylum) dotés d’un exosquelette coriace, d’un corps segmenté et de pattes articulées CHÉLICERATES ANTENNATES (MANDIBULATES) (sous-embranchement) (sous-embranchement) non pourvus de pièces buccales en pinces et sans antennes pourvus d’antennes et de mandibules araignées, scorpions… 14 ordres 470 familles 76 500 espèces CRUSTACÉS INSECTES MYRIAPODES (classe) (classe) 4 antennes, branchies essentiellement aquatiques au moins 9 paires de pattes, 2 antennes crabes, crevettes 6 pattes, 4 ailes et 2 antennes essentiellement terrestres 37 ordres 29 ordres 16 ordres 540 familles 949 familles 144 familles 34 000 espèces 1 million d ’espèces 13 700 espèces (classe) mille-pattes (ordre) (sous-classe) jamais d’ailes APTÉRYGOTES (classe) COLLEMBOLES DIPLOURES insectes primitifs PROTOURES THYSANOURES INSECTES des ailes (sauf régression secondaire) PTÉRYGOTES (ordre) EPHÉMEROPTÈRES éphémères ODONATES libellules, demoiselles DICTYOPTÈRES blattes, mantes religieuses ISOPTÈRES termites PHASMOPTÈRES phasmes ORTHOPTÈRES sauterelles, grillons DERMAPTÈRES forficules ou perce-oreilles HEMIPTÈRES punaises, pucerons, cigales COLÉOPTÈRES scarabées, coccinelles LÉPIDOPTÈRES papillons, mites DIPTÈRES mouches, moustiques HYMÉNOPTÈRES abeilles, fourmis, guêpes Nombre d’espèces animales connues dont Lépidoptères 170 000 Autres Isoptères ordres 120 000 d’insectes Diptères 40 000 Arachnides Hyménoptères 73 400 280 000 autres classes d’arthropodes 112 000 Mammifères 4 000 autres Vertébrés 38 300 Autres Coléoptères 115 600 350 000 Hémiptères 40 000 Ordre des Coléoptères - ailes antérieures transformées en élytres cornées, dépourvues de nervures, contiguës à l’état de repos et servant d’étui (coleos=étui) protecteur aux ailes postérieures membraneuses repliées au repos - 9 segments abdominaux - larves de types variés mais présentant généralement une tête bien développée, 3 segments thoraciques et 10 abdominaux ; ces larves sont rarement apodes - ordre numériquement le plus important du règne animal Groupe des Adéphages Groupe des Polyphages Carabidae : carabe Coccinellidae : coccinelle Dytiscidae : dytique Curculionidae : charançons Cerambycidae : capricornes Ordre des Hyménoptères - appareil buccal broyeur-lécheur chez l’adulte - 4 ailes membraneuses (hymenos = membrane) à nervation simple, les postérieures plus petites que les antérieures, les ailes d’un même côté sont couplées en vol par des crochets - une tarière de ponte ou un appareil vulnérant venimeux à l’extrémité de l’abdomen de la femelle - les groupes les plus évolués s’organisent en sociétés Groupe des Symphytes Groupe des Apocrites Tenthredae : tenthrède Vespidae : guêpes Siricidae : Sirex Apidae : abeilles Formicidae : fourmis Ordre des Lépidoptères - pièces buccales transformées en trompe suceuse - deux paires d’ailes membraneuses à nervures transversales peu nombreuses et recouvertes d’écailles (lepis = écaille), les deux ailes présentes d’un même côté sont souvent couplées pendant le vol - larve de type chenille, à appareil buccal broyeur Groupe des Hétérocères Groupe des Rhopalocères (papillons de nuit, antennes aux formes variées) (papillons de jour, antennes en massue) Saturniidae Danaidae : le Monarque Sphingidae : le Sphynx Pieridae : la Piéride du chou Cossidae : la Zeuzère Nymphalidae : la Vanesse B - MORPHOLOGIE DE L’ INSECTE Organisation générale d’un insecte exosquelette chitineux sclérifié (cuticule) symétrie bilatérale corps métamérisé (= segmenté), divisé en trois régions : tête, thorax, abdomen TÊTE - limitée par la capsule céphalique - porte les organes sensoriels : yeux, ocelles, antennes, soies tactiles - porte la bouche, qui contient l’hypopharynx (=langue), les pièces buccales: labre (=lèvre supérieure), mandibules, maxilles, labium (=lèvre inférieure) et les appendices buccaux : palpes maxillaires et palpes labiaux THORAX - divisé en trois métamères : prothorax, mésothorax et métathorax - chaque métamère porte une paire de pattes, le méso- et le métathorax portent chacun une paire d’ailes - les pattes comprennent toujours 5 segments ABDOMEN - formé d’un nombre variable de segments (de 6 à 12) - contient les organes digestifs et reproducteurs Insecte type : cas d’un coléoptère antennes mandibules tête pièces buccales tête œil composé protothorax clypeus pronotum protothorax ptérothorax écusson mésothorax élytre ptérothorax + abdomen métathorax suture des élytres abdomen pygidium Face dorsale Face ventrale Métamérisation du corps T Ê T E T H O R A X A B D O M E N Métamère Appendices Système nerveux acron (=prostomium) yeux + ocelles protocérébron C1 antennes deutocérébron C2 labre trotocérébron C3 mandibules md GG C4 maxilles mx1 GG C5 labium mx2 GG TH1 pattes P1 GG TH2 pattes P2, ailes A1 GG TH3 pattes P3, ailes A2 GG ABD1 GG1 ABD2 GG2 ABD3 GG3 ABD4 GG4 ABD5 GG5 cerveau masse sousœsophagienne 3 paires de ganglions thoraciques 6 paires de ganglions abdominaux ABD6 ABD7 ABD8 GG6 ADB9 ABD10 ABD11 (cerques) telson (=pygidium) anus Métamérisation du corps: vue latérale C - CYCLES BIOLOGIQUES ET REPRODUCTION Cycles biologiques des insectes Les insectes changent d’aspect entre l’état immature et le stade adulte (mues, métamorphoses), mais le développement de l’œuf à l’adulte varie selon les groupes. - chez les insectes les plus primitifs, les modifications sont graduelles et les métamorphoses sont incomplètes = INSECTES HÉTEROMÉTABOLES. Les jeunes ressemblent beaucoup aux adultes, mais sans ailes ni organes reproducteurs (sf exceptions). orthoptères, phasmoptères, isoptères… - chez les insectes évolués, la modification est spectaculaire, les métamorphoses sont complètes = INSECTES HOLOMÉTABOLES. Les larves ont un aspect très différent de celui de l’adulte. Après plusieurs mues les larves se nymphosent, et vont subir une réorganisation de leurs tissus. Au final un insecte adulte va sortir de l’exuvie nymphale. lépidoptères, coléoptères, diptères… Cycle hétérométabole : le développement du criquet pélerin (Schistocerca gregaria) Trois étapes : développement embryonnaire, développement post-embryonnaire ou larvaire, adultes Ponte : la femelle fore un trou et dépose les œufs(enfermés dans une oothèque) dans le fond au moyen de son ovipositeur. Le trou est ensuite rebouché. Développement larvaire : les œufs éclosent dans l’oothèque après environ 50 jours d'incubation. A ce moment la larve est vermiforme, elle va subir une mue intermédiaire pour donner une larve de premier stade. La larve ressemble morphologiquement à l’adulte (les ailes et l’appareil génital en moins). La croissance larvaire est continue et se réalise par mues successives. On observe 5 stades larvaires chez le criquet pèlerin. Au fil des mues la larve va grandir et acquérir toutes les caractéristiques de l’adulte. La mue imaginale : la larve du 5ème et dernier stade subit une mue imaginale qui donne naissance à un adulte, qui possède des ailes et des organes génitaux complètement développés. Deux à quatre semaines après la mue, les adultes (imago) ont acquis leur maturité sexuelle, dès lors les insectes s'accouplent et pondent. Insectes à métamorphose incomplète succession de stades larvaires mue imaginale adulte HÉTÉROMÉTABOLES maturation sexuelle accouplement ponte œuf adulte immature mue imaginale éclosion mues larvaires orthoptères, isoptères larve âgée Schistocerca gregaria larve jeune Cycle holométabole : le développement d’un papillon (Danaus plexippus) 4 étapes: œuf, chenille, chrysalide, adulte (imago) œuf : taille d’une tête d'épingle. La femelle pond sur une plante nourricière, généralement, les œufs sont déposés sous les feuilles (protection vis à vis des prédateurs). Les petites chenilles éclosent après une semaine ou deux. chenille : dotée de mandibules. Elle commence à manger dès sa sortie de l'œuf. Beaucoup d'espèces se nourrissent principalement la nuit pour échapper aux prédateurs. La chenille est le seul stade où le papillon grossit en taille. Les chenilles muent de nombreuses fois avant d'atteindre leur maturité. chrysalide : lorsque la chenille est parvenue à maturité, elle arrête de s’alimenter et cherche un endroit pour se transformer en chrysalide. Elle vide sont estomac, s'attache à son support avec de minces mais solides fils de soie, et se transforme. La chrysalide est plus petite que la chenille. Certaines espèces construisent un cocon de soie autour de la chrysalide (hétérocères). La chrysalide est immobile et ne se nourrit pas, elle adopte souvent la couleur de son support. Arrivée à maturité, elle subit une métamorphose pour donner le papillon adulte. Le stade nymphal peut durer de 10 jours à un an (souvent hivernation). imago (adulte) : lorsque le papillon émerge de sa chrysalide, ses ailes sont humides, petites et très fragiles. Il doit se tenir vertical pendant quelques heures afin que ses ailes puissent sécher et prendre leur forme définitive. succession de stades larvaires Insectes à métamorphose complète métamorphose stade nymphal HOLOMÉTABOLES dernière mue (mue imaginale) adulte métamorphose adulte ponte chrysalide œuf nymphose éclosion Danaus plexippus lépidoptères, coléoptères, chenille diptères, hyménoptères Cycle biologique des insectes xylophages (autre que termites) Le cycle évolutif des insectes se déroule en quatre phases: Les insectes parfaits (ou adultes sexués) : munis d’ailes, ne se nourrissent pas ou peu, et ne servent qu’à la reproduction. Leur durée de vie est généralement de quelques semaines. L’œuf : sa durée de vie est de quelques jours le plus souvent La larve : c’est le stade de croissance de l’insecte. Elle occasionne les dégâts de bois en se nourrissant. Elle grandit par mues successives, la dernière donnant naissance à une nymphe dont la morphologie préfigure celle de l’adulte. Pour les insectes xylophages, la vie larvaire dure plusieurs mois, voir plusieurs années. La nymphe : stade de repos dans une loge spécialement creusée à cet effet. Sa morphologie est celle de l’insecte parfait non pigmenté, à l’exception des ailes et de l’appareil génital qui sont alors incomplètement développés. Le stade nymphal dure généralement quelques semaines. Facteurs influençant la durée du cycle évolutif * les conditions ambiantes Chaque espèce d’insecte présente une vitesse optimale de développement pour une température et une humidité relative spécifiques de l’espèce. Ce développement peut être inhibé par des températures basses inférieures à 12°C, et élevées supérieures à 35°C. Les températures supérieures à 60°C deviennent létales. * la valeur nutritive du bois dans lequel se trouve la larve. Certaines espèces infestent : - soit des bois feuillus - soit des bois résineux - soit indifféremment les bois feuillus et résineux * le degré d’humidité du bois, qui est fonction - soit du degré de séchage - soit de l’ambiance dans laquelle le bois est placé Les insectes concernés sont: - soit des insectes dits de bois secs dont tous les stades se déroulent dans les bois ayant une humidité qui varie entre 7 et 18%. Ils dégradent les bois mis en œuvre (charpentes, meubles, etc.) - soit des insectes dits de bois frais dont l’humidité est supérieure aux points de saturation des parois cellulaires. Ils pondent et commencent leur développement dans les arbres dépérissants ou fraîchement abattus et les poursuivent dans les mêmes bois une fois secs : ceux-ci, compte tenu de la durée du cycle évolutif, peuvent avoir été mis en œuvre entre temps. Développement des larves xylophages * soit dans les couches cambiales: les larves forent leurs galeries sous l’écorce et ne rentrent plus ou moins profondément dans le bois qu’à la fin de leur développement et pour creuser leur loge nymphale; * soit dans l’aubier: région externe du bois qui correspond aux couches les plus récemment formées et qui contient encore des cellules vivantes de l’arbre. Le duramen est généralement résistant aux insectes. Toutefois il perd sa durabilité vis-à-vis des insectes s’il est dégradé par des champignons lignivores à la suite d’une exposition prolongée à des conditions anormales d’humidité. Les larves se nourrissent: - de substances glucidiques, qui constituent soit la paroi cellulaire (cellulose), soit les substances de réserve de l’arbre sur pied (amidon) - de substances protéiques, en très faibles quantités mais indispensables à la croissance des larves D - NUTRITION Les pièces buccales des insectes Exemple: pièces buccales broyeuses suture antennaire suture coronale vertex œil composé ocelle suture frontale front antenne gena cardo antenne gena clypeus stipe lacinia labre galea labium palpe maxillaire maxille mandibule labium palpe labial hypopharynx criquet Variabilité des régimes alimentaires Les phytophages consomment fleurs, graines, feuilles, sève ex: chenilles, phasmes, sauterelles Les xylophages attaquent le bois mort ou encore vivant ex: larves de certains coléoptères, termites... Les fungivores consomment le carpophore des champignons et la partie cachée des hyphes ex: collemboles, larves de coléoptères et de diptères, certains termites et fourmis Les mélliphages mangent le nectar et le pollen des fleurs ex: papillons Les coprophages Les saprophages se développent dans les excréments d’autres animaux consomment les matières organiques en putréfaction ex: mouches, scarabées ex: mouches, blattes Les hématophages Les prédateurs sucent le sang des vertébrés (mammifères, oiseaux, reptiles) tuent et dévorent d’autres animaux pour s’en nourrir ex: tiques, puces, divers diptères, certaines punaises ex: mantes religieuses, carabes, larve de fourmilion Les parasites prédateurs spécialisés qui vivent dans ou sur le corps d’un hôte animal ex: mouches Les parasitoïdes insectes parasites d’autres insectes ex: certaines guêpes Les pseudoplacentaires les larves se développent à l’intérieur du corps de la mère et consomment ses sécrétions ex: certaines mouches (tsé-tsé)