Les blocages atmosphériques de l`été 2009 - Climat

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L’été “bloqué” de 2009 sur l’est du
Canada
Environnement Canada
Service Météorologique du Canada
Montréal, Québec
Résumé
L’été 2009 fut frais, nuageux et humide sur l’est Ontarien, le Québec et les
provinces Atlantiques. De nouveaux records de cumul de pluie, de faible
ensoleillement et de jours pluvieux furent établis. De telles conditions
eurent des impacts considérables sur l’agriculture, les transports, le
tourisme et les événements sportifs et culturels. Sans mentionner les
vacanciers qui durent composer avec un deuxième été décevant de suite.
Des routes et sous-sols innondés furent rapportés en plusieurs ocasions. À
certains moments, le lessivage intensif des sols par la pluie contamina
même les eaux potables.
Ces conditions furent créées par plusieurs événements de blocages
atmosphériques. Durant ces épisodes, la composante zonale de la
circulation à 500 hPa est bloquée par des dépressions fermées en altitude
ou par des creux très profonds et allongés en altitude. En surface, les
systèmes dépressionnaires restent quasi-stationnaires de 3 à 6 jours,
donnant du temps frais et humide. Nous vous présentons ici une analyse
des blocages de l’été 2009, leur impact sur le bilan saisonnier et des
hypothèses sur leur cause.
Bilan climatique de l’été 2009
L’anomalie de température oscilla autour de - 4C au cours des mois d’été
sur sur l’Ontario, le sud du Quebec et le N-B., avec une anomalie maximale
de - 6C au-dessus des Grands Lacs.
Temperature anomaly (deg C)
June 2009
July 2009
August 2009
Bilan climatique de l’été 2009
Les précipitations furent au-dessus des normales presque partout et
atteignèrent 200% de la normale sur le sud-ouest du Quebec et la
Nouvelle-Écosse.
Rainfall anomaly (% of normal)
June 2009
July 2009
August 2009
Bilan climatique de l’été 2009
Le géopotentiel à 500 hPa a été sous la normale durant les trois mois, avec
une anomalie maximale de -8 dam au-dessus des Grands-Lacs en août.
De plus, en juillet une anomalie positive très forte fut observée sur le
Nunavutqui, combinée avec l’anomalie négative dans el sud, créa un
gradient record d’anomalie de GZ. Un tel patron d’anomalie de GZ ets
typique d’un phase négative intense du NAO-North Atlantic Oscillation.
Bilan climatique de l’été 2009
Les régions qui eurent les plus
grosses anomalies de température
et de pluie furent l’est Ontarien et
l’ouest du Québec. À Ottawa en
particulier, il y eut des valeurs
record, ou presque-record, de
temps froid, pluvieux et nuageux en
juillet.
Les blocages atmosphériques de l’été 2009
Au cours de l’été 2009, un total de 6 blocages dépressionnaires et 2
blocages anticycloniques (boites jaunes et roses ci-dessous) affectèrent
l’est du Canada; le dernier commençant le 1er sept. (les chiffres se réfèrent
aux cartes ci-après). Le blocage le plus notable pour ses impacts est celui
qui s’étendit du 29 juin au 7 juillet (no. 4).
Les blocages atmosphériques de l’été 2009
Les blocages atmosphériques de l’été 2009
Les blocages atmosphériques de l’été 2009
Indice de blocage
Voici l’intensité des
blocages dans un
diagramme tempsespace pour la totalité de
l’été. Sur l’est du Canada
(cadre rose, 90-60W), 4
des 6 blocages identifiés
précédemment sont
pointés par des flèches
(rouge: blocage intense
de juillet). Notez que les
valeurs estivales sont
typiquement sous 5
m/deg-lat, tandis que les
valeurs hivernales
atteignent 20 m/deg-lat.
Fréquence de blocage
La comparaison du nombre de jours bloqués sur l’été de 1979 à 2009
montre que l’été 2009 constitue un record avec 5 fois plus de jours que la
normale de 2.2 jours. L’été 2008 avait aussi connu un nombre très élevés
de jours bloqués, expliquant probablement aussi des conditions fraiches et
humides.
Blocked summer days (JJA) at 500 hPa over eastern Canada
12
10
8
6
4
2
2009
2007
2005
2003
2001
1999
1997
1995
1993
1991
1989
1987
1985
1983
1981
1979
0
(NARR-NCEP data, TM90 index, 60-90W)
Fréquence de blocage versus NAO
Le NAO (North Atlantic Oscillation), une influence climatique ayant un impact
non-négligeable sur le climat du nord-est de l’Amérique du Nord, a été montrée
comme étant bien corrélée avec le nombre de blocages à nos longitudes*. En
vérifiant ceci mais avec la fréquence de blocages calculée ici, nous obtenons le
même résultat: une assez bonne corrélation entre les blocages et le NAO (0.66),
particulièrement pour les étés 2007 à 2009, où la corrélation est encore plus
probante.
Blocked days versus NAO index in Summer (JJA)
4,0
Blocked days (SD)
NAO index (SD)
3,0
Corr = 0.66
2,0
1,0
0,0
* Croci-Maspoli et al.
2007. Atmospheric
blockings – their
influence on the NAO
and PNA. AMS 87th
Annual meeting
-1,0
-2,0
-3,0
2009
2007
2005
2003
2001
1999
1997
1995
1993
1991
1989
1987
1985
1983
1981
1979
-4,0
Fréquence de blocage versus NAO
Analysant plus à fond le lien NAO - blocages, les cartes ci-dessous
montrent que l’anomalie de GZ à 500 hPa durant l’été 2009 est similaire à
l’anomalie moyenne des étés ayant un indice NAO semblable, soit
inférieur à -1.5 déviations standard.
Conclusion
Les blocages atmosphériques sont importants à comprendre car ils créent
des conditions stagnantes en surface qui peuvent résulter, au bout d’un
moment, en des conditions très anormales voire extrêmes, que ce soit des
pluies excessives ou une absence de pluie, de la chaleur excessive ou
une absencede chaleur.
Les blocages sur l’est du Canada furent anormalement fréquents au cours
de l’été 2009. Les dépressions bloquées occasionnèrent six vagues de
temps frais et pluvieux, tandis que les anticyclones bloqués créèrent deux
vagues tradives de temps chaud et sec. Au bilan, l’effet des premiers
l’emporta sur les seconds. Ces blocages furent probablement le résultat
d’une circulation modifiée par la phases négative et intense du NAO,
comme ce fut probablement aussi le cas en 2008. Le nombre très élevé de
jours bloqués en 2009 et 2008, et la corrélation entre la fréquence de
blocages et le NAO au cours des 31 étés précédants, supportent cette
hypothèse.
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