à la levée du choc spinal

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PARAPLEGIE /
TETRAPLEGIE
SYNDROMES MEDULLAIRES
GENERALITES
•
Anatomie de la moelle épinière
Située dans le canal vertébral du rachis, la moelle épinière débute en C0 (sortie du foramen magnum de l’os
occipital) et se termine en L2, prolongée par la queue de cheval jusqu’en S2.
La moelle épinière possède un réseau vasculaire propre :
- l’artère spinale antérieure : elle chemine dans le sillon ventral de la moelle et donne un circuit
circum-médullaire qui irrigue les 2/3 de la moelle épinière. La partie haute de la moelle est bien
vascularisée, alors que la partie basse l’est beaucoup moins bien
- les 2 artères spinales postérieures : elles cheminent en regard des cordons postérieurs de la moelle
et irriguent le 1/3 restent
- le cône terminal est irrigué par les artères de Lazorthes
Ainsi, quand on a une atteinte de l’artère spinale antérieure, on va avoir une nécrose des 2/3 de la moelle,
du 1/3 restant si c’est une atteinte des artères spinales postérieures.
La moelle épinière est « découpée » en étages appelés métamères. Un métamère est un étage médullaire qui
régit : - un dermatome (zone cutanée)
- un myotome (muscle)
- un sclérotome (tissu osseux)
- un viscérotome (viscère)
Les métamères se visualisent, par l’intermédiaire des dermatomes, comme si nous étions à 4 pattes ou
penchés en avant.
•
Loi de Chipault
Dans les atteintes médullaires, on ne peut pas faire de corrélation entre la lésion osseuse (due au choc
traumatique) et la lésion médullaire :
 au niveau cervical
On a 8 métamères pour 7 vertèbres cervicales, et les racines nerveuses sortent perpendiculairement du canal
médullaire par rapport à la moelle (les racines sont horizontales) ; l’étage vertébral correspond au
métamère, donc une lésion au niveau de C5 entraîne des troubles dans les zones régies par le métamère C5.
 au niveau thoracique
On doit différencier :
- le niveau thoracique haut (T1-T6) : les racines nerveuses commencent à devenir oblique vers le
bas, ainsi le métamère correspond à l’étage vertébral + 1 (ex : si on a un choc en T2, on aura des
troubles dans les zones du métamère T3)
- le niveau thoracique bas (T6-T12) : les racines nerveuses sont encore plus obliques qu’au niveau
thoracique supérieur ; le métamère correspond à l’étage vertébral + 2 (ex : choc en T9  lésions
type métamère T11)
 au niveau lombaire
Les racines nerveuses sont très obliques, et le métamère correspond à l’étage vertébral + 3 (ex : choc en L2
 lésions type métamère L5).
•
Définitions
Dans le cas d’un choc spinal, la moelle épinière arrête de conduite les influx nerveux, puis, au bout de
quelques temps, la partie sous-jacente à la lésion se met à travailler pour son propre compte. Ainsi, on va
avoir :
- une 1ère période dite de flaccidité : elle correspond au choc spinal : tout influx nerveux venant des
centres supérieurs est bloqué
- une 2nde période dite de spasticité : elle correspond au moment auquel la moelle retrouve son
automatisme. Ce passage de la flaccidité à la spasticité se fait en dessous de la lésion
Ceci nous amène à définir 3 niveaux :
- le niveau sus-lésionnel : tout ce qui régit par les métamères sus-lésionnels est sain. C’est cette
partie que l’on va athlétiser
- le niveau lésionnel : c’est la zone traumatisée, qui demeure flasque « ad vitam aeternam ». Tout ce
qui dépend de ce ou ces métamères reste flasque à vie
- le niveau sous-lésionnel : c’est la zone qui va se mettre à travailler pour son propre compte. Ainsi,
on pense d’une phase flasque à une phase d’hypertonie spastique ; il n’y a plus de contrôle des
afférences supérieures
ETIOLOGIE ET DEFICITS
Plusieurs causes peuvent être à l’origine d’une para ou tétraplégie :
- section – dilacération (étirement, effilement) : dans le cas de traumatismes
- contusion – commotion : dans le cas de traumatismes également
- compression (par un hématome, un œdème,…)
- myélites (inflammations de la moelle)
- accidents vasculaires médullaires
Nous étudierons les para / tétraplégies dues à des lésions traumatiques, c’est-à-dire des lésions qui peuvent
êtres provoquées par les 2 premiers types de mécanismes. Ces traumatismes se traduisent, par la suite,
presque toujours par un épisode flasque, avec une récupération plus ou moins importante de la motricité
(automatique, réflexe et volontaire ; si seulement les motricités réflexe et automatique reviennent, on sera
dans le cas d’une paralysie spasmodique).
•
Choc neurogénique – choc spinal
Il faut faire la différence entre le choc neurogénique, qui intervient si et seulement si la lésion est supérieure
à T6 (métamère), et le choc spinal, qui lui peut intervenir pour une lésion à n’importe quelle hauteur de la
moelle.
 le choc neurogénique
Il se traduit par :
- une hypotension : due à une perte du tonus vasomoteur, elle participe à la majoration de l’état de
choc
- une hypothermie : elle est particulière, car en même temps que la température globale du corps
diminue, il y a vasodilatation périphérique qui entraîne une augmentation de température aux
extrémités
- une bradycardie : c’est la réponse vaso-vagale
On parle du choc neurogénique comme du « choc chaud » (à cause des extrémités).
 le choc spinal
Il est consécutif au traumatisme médullaire et se traduit par un déficit de toutes les motricités, donnant un
état de flaccidité. Ce choc a une durée extrêmement variable qui peut aller de quelques instants à plusieurs
semaines, en fonction de l’importance du traumatisme.
Au niveau sous-lésionnel, selon l’importance des lésions, la motricité réapparaîtra de façon +/- importante :
les réflexes peuvent revenir, puis la motricité automatique, la motricité volontaire peut revenir ou non. On
retrouvera de la spasticité seulement lorsque les activités motrices volontaires ne seront pas complètement
récupérées.
Au niveau lésionnel, tout reste flasque.
Remarque : choc neurogénique et choc spinal peuvent être concomitants.
•
Symptomatologie de différentes étiologies
Selon l’étiologie de la para / tétraplégie, on ne va pas retrouver les mêmes symptômes.
 section complète en T6
On trouve :
- une paraplégie flasque puis spastique dans tout le niveau sous-lésionnel
- une disparition de toute motricité pendant la période flasque
- une anesthésie complète de toutes les sensibilités
A la suite du choc spinal (phase flasque), le niveau lésionnel reste flasque, et le niveau sous-lésionnel
évolue vers la spasticité, avec retour des ROT qui sont vifs, polycinétiques et diffusants. C’est une spasticité
le plus souvent en extension, mais s’il y a présence d’une épine irritative, cette spasticité peut s’inverser et
devenir une spasticité en flexion.
 atteinte d’une hémi-moelle ou syndrome de Brown-Sequard
On trouve :
- un syndrome pyramidal d’un côté, avec une anesthésie profonde du même côté (altération des
sensibilités véhiculées par les cordons postérieurs de la moelle)
- du côté opposé à la paralysie, on a une atteinte thermo-algique (atteinte du faisceau spinothalamique qui décusse au niveau médullaire
- au niveau lésionnel, une anesthésie totale en bande sur l’hémicorps correspondant (avec un léger
décalage)
 atteinte par compression médullaire
La compression médullaire peut être externe, comme par exemple lors de l’inflammation d’un élément périarticulaire (un ligament du foramen inter-vertébral, compression vasculaire,…), ou alors elle peut être
interne, comme par exemple lors d’une tumeur des cellules de l’épendyme.
Quand la tumeur vient comprimer la moelle, on retrouve une hypertonie exacerbée.
 myélites
Les inflammations de la moelle (dues à une infection) peuvent entraîner des troubles conduisant à une para
/ tétraplégie.
 accidents vasculaires médullaires
Ils se traduisent toujours par des atteintes flasques dans le niveau sous-lésionnel : la moelle va être détruite
complètement et ne va plus remplir son rôle de centre nerveux autonome.
 syndrome centro-médullaire en C8
On retrouve :
- une atteinte motrice prédominant au niveau des membres supérieurs et du tronc
- une atteinte thermo-algique
- une perte de la sensibilité qui s’étend de la face interne du bras à la main (petit doigt)
- une aréflexie
 atteinte de l’artère spinale antérieure en C8
On retrouve :
- un syndrome pyramidal au niveau des membres inférieurs (spasticité), car l’artère d’Adamkiewicz
qui irrigue le renflement lombaire de la moelle est conservée
- une atteinte thermo-algique
 contusion médullaire postérieure en C7-C8
Il y a conservation des faisceaux spino-thalamiques et seuls sont touchés les cordons postérieurs de la
moelle.
On retrouve :
- une aréflexie tendineuse C7-C8 (cubito-pronateurs)
- une astéréognosie des mains
- une anesthésie cutanée en bande C7-C8
Si la contusion est un peu appuyée, on aura :
- une atteinte para-parésique transitoire des membres inférieurs
- une atteinte de la sensibilité profonde des membres inférieurs
 contusion médullaire antérieure en C8
On retrouve :
- une atteinte motrice des membres supérieurs et de la main
- une aréflexie tendineuse en C8
Si la contusion est trop appuyée, on aura une para-parésie transitoire des membres inférieurs.
•
Déficits
Le blessé médullaire présente des déficits :
- sensitifs
- moteurs
- au niveau de la douleur
- respiratoires
- neuro-végétatifs
- cardio-vasculaires
Le déficit moteur se traduit par une atteinte de la motricité volontaire, des ROT, il n’y a aucun réflexe de
défense et plus de réflexes cutanés abdominaux (si lésion en T6).
MOUVEMENT
METAMERE
Flexion du coude
C5
Extension du poignet
C6
Extension du coude
C7
Flexion des doigts
C8
Écartement des doigts
T1
Opposition du pouce
T1
Flexion de hanche
L2
Extension de genou
L3
Flexion dorsale
L4
Abduction du pied
L5
Flexion plantaire
S1
 le déficit sensitif
Si l’atteinte est complète, on va avoir un déficit de toutes les sensibilités. En même temps que le déficit
sensitif, il peut y avoir une sensation d’inconfort du patient.
 le déficit neuro-végétatif et trophique
Il intervient par l’absence de motricité et l’absence de sensibilité, qui ont un retentissement sur l’état cutané
du patient. En même temps que l’atteinte médullaire, on peut avoir des problèmes métaboliques qui peuvent
favoriser la formation d’escarres.
Ces troubles neuro-végétatifs sont aussi marqués par des modifications tensionnelles, et les patients peuvent
développer en même temps des POA (para-ostéo-arthropathies : calcifications qui bloquent les grosses
articulations comme l’épaule, le coude, la hanche et le genou). De plus, le patient développe aussi une
ostéoporose car les os ne subissent plus de contraintes harmonieuses par l’intermédiaire des muscles
paralysés (amyotrophie musculaire).
Il y a aussi un risque d’œdème des membres inférieurs, donc on devra réaliser une contention, ce qui évite
aussi une vasoplégie (chute du sang dans les membres inférieurs) entraînant la syncope blanche (soif,
pâleur, sueurs froides, révulsion des yeux).
 le déficit sphinctérien
Il y a rétention des matières pendant le choc spinal :
- la vessie se rétro-bascule et se vidange par dégorgement, ce qui entraîne une incontinence
(constitution d’un globe vésical  mise en place d’une sonde)
- le péristaltisme intestinal est stoppé, ce qui entraîne le risque d’occlusion intestinale
 le déficit respiratoire
Il intervient dans les atteintes hautes (donc touche plus les tétraplégiques) :
- T6 = plus d’abdominaux, le diaphragme n’a donc plus de point d’appui
- entre T1 et T6 = plus d’intercostaux
REEDUCATION
•
Rééducation en phase « patient alité »
 prise en charge cutanée – trophique
Au premier plan se trouvent les problèmes de peau. Pour éviter et lutter contre les escarres, il faut
impérativement changer de position toutes les 3 heures maximum. Le sujet peut être installé sur différents
types de lits :
- le lit Strycker : il permet le changement de position DV  DD ; grâce à une planche, on peut
retourner le lit sans que le patient tombe
- le lit Egerton : il se plie en 2 longitudinalement et permet le retournement du patient ; il est utilisé
avec un matelas à plots
- le lit module : il s’agit d’un lit normal, mais dont le matelas est en fait constitué de cubes à 3
couches (une couche de soutien, une couche de rétention et une couche de réconfort). Chaque cube
est enveloppé d’une alaise particulière, et on mobilise les cubes de mousse sous le patient sans le
toucher (lit à usage unique)
Remarque : formation de l’escarre =
- apparition d’une rougeur à la zone d’appui
- formation d’un phlyctène rempli de liquide séreux
- le liquide séreux devient hématique
- la peau se cartonne et se creuse
 prise en charge orthopédique
Les patients se placent dans une attitude caractéristique :
- au niveau des mains = pouce en adduction, hyper-extension des MP, flexion des IP
- au niveau du poignet = flexion
- au niveau du coude = flexion
- au niveau de l’épaule = adduction – rotation interne
- au niveau de la hanche = flexion
- au niveau du genou = flexion
- au niveau du pied = varus – équin
On peut placer le patient dans 2 positions différentes :
- en DD : on place les membres inférieurs en extension, avec un coussin mousse vertical au pied du
lit pour maintenir les pieds à 90° par rapport au segment jambier
- en DV : on place la hanche en rectitude, le segment jambier placé sur un coussin triangulaire (en
déclive), pied dans le vide
Les para-ostéo-arthropathies peuvent apparaître et bloquer une articulation, qui devient tuméfiée et chaude.
On adopte alors 2 attitudes :
- on laisse l’articulation s’enraidir dans une bonne position
- on mobilise l’articulation dans toutes les amplitudes disponibles après l’avoir glacée
On peut aussi réaliser des postures alternées (toutes les 6 heures on change de position).
La verticalisation du sujet se fait dès le début de la phase alitée, avec bandage des membres inférieurs (pour
éviter la vasoplégie) et mise en place d’une ceinture abdominale contensible. On commence par 5 minutes
par jour, puis on augmente progressivement le temps. Quand le patient tient 20 minutes dans une position
ou passe au stade suivant, et quand il est à 90°, on envisage la station assise au fauteuil.
 prise en charge respiratoire
Elle est indispensable pour une bonne oxygénation du patient et pour lutter contre les troubles thromboemboliques.
Une atteinte intercostale va se manifester de la manière suivante :
- à l’inspiration, la pression intra-thoracique diminue et est plus faible que la pression
atmosphérique, il y a donc creusement des espaces intercostaux
- à l’expiration, la pression intra-thoracique est plus élevée que la pression atmosphérique, il y a
donc gonflement des espaces intercostaux
 autres
Les mobilisations passives se feront dans toute l’amplitude disponible plusieurs fois par jour, en veillant à
faire attention au matériel d’ostéosynthèse éventuel.
On peut utiliser le massage, mais uniquement à visée hyper-hémiante, et il faut lutter contre les oedèmes
des membres inférieurs.
On travaillera modérément le niveau sous-lésionnel pendant cette phase.
•
Rééducation en phase « patient assis »
 choix du fauteuil
Il faut conserver la lordose lombaire en position assise, puisqu’on ne peut pas conserver l’extension de
hanche, avec le segment de cuisse rigoureusement horizontal.
Il faut aussi éviter le coussin pour répartir les pressions sur tout le bassin, mais aussi pour que les ischions
soient plus bas que les fémurs (répartition correcte des points d’appui).
Le fauteuil roulant doit avoir des cale-pieds qui mettent les pieds à 90° par rapport au segment jambier, et il
doit posséder 2 grandes roues en arrière et 2 petites roues en avant, l’axe des 2 grandes roues devant être
dans l’axe du dossier pour les paraplégies, et déporté en arrière pour les tétraplégiques (car leur dossier est
plus incliné).
 test d’équilibre
Il existe 6 stades d’évolution, le patient étant assis, pieds reposant sur le sol, dos libre (donc il faut que le
patient ait un certain tonus de tronc pour réaliser ce test) :
- stade 1 = mains aux genoux, le patient amène les mains aux hanches et revient aux genoux
- stade 2 = bras horizontaux (en croix), le patient fléchit ses coudes et amène les mains aux épaules,
puis revient
- stade 3 = bras horizontaux, le patient amène les bras en avant de lui, puis à la verticale, et revient
- stade 4 = bras horizontaux, le patient amène ses bras à la verticale, puis en avant et revient
- stade 5 = bras horizontaux, le patient effectue une rotation du rachis à gauche et à droite
- stade 6 = bras horizontaux et avant-bras verticaux (coudes fléchis à 90°), le patient effectue une
rotation du rachis à gauche et à droite
Ce test est basé sur les positions annexes des bras et joue sur l’élévation du centre de gravité. Les
mouvements des bras sont symétriques.
 préparation à la verticalisation
Dès que le patient tient 20 minutes assis, on le met au standing qui comprend :
- un appui talonnier
- un contre-appui au niveau des genoux
- un contre-appui fessier
Les objectifs de cette verticalisation sont :
- de permettre au patient de voir à un autre niveau de hauteur
- d’améliorer son transit intestinal
- d’adapter son système cardio-respiratoire
- de débuter l’étirement du triceps sural (placement d’une cale sous l’avant-pied)
- de remettre en compression les os
- de permettre des activités ludiques pour travailler les membres supérieurs
 transferts
Durant cette période, il faut apprendre au patient les différents transferts qui vont être nécessaires à la
réalisations de ses AVQ.
Transfert fauteuil roulant – lit : pour passer du lit au fauteuil, on enlève l’accoudoir le plus proche de soi,
on prend la potence, puis on se glisse dans le fauteuil. Enfin, on prend ses jambes avec les membres
supérieurs pour les placer dans les cale-pieds.
On fait l’inverse pour passer du fauteuil au lit.
 les jambes descendent toujours en dernier et montent toujours en premier
transfert fauteuil roulant – sol : on doit placer les jambes du patient en avant, et celui-ci doit se laisser
glisser, avec appui des membres supérieurs sur les accoudoirs. Les triceps brachial, grand dorsal et grand
pectoral sont indispensables au déroulement de ce transfert.
Transfert fauteuil roulant – WC : le patient le place
- soit en face des toilettes si ce dernier est trop petit, et glisse en avant pour se placer à califourchon
- soit à côté des toilettes s’il est assez grand, et se glisse latéralement
Transfert fauteuil roulant – baignoire : on va utiliser un siège – pont : le patient réalise le transfert
fauteuil – siège pont en laissant ses jambes sur le fauteuil (pour d’abord prendre la température de l’eau),
puis se glisse dans la baignoire.
Prévention : il faut
- apprendre au patient à se protéger contre la chute, en restant le plus possible dans son fauteuil
- apprendre au patient la manutention du fauteuil
 niveau sus-lésionnel
Le niveau sus-lésionnel va devoir être athlétisé, par différentes techniques :
- pouliethérapie : travail des adducteurs / rotateurs internes (grand pectoral, grand dorsal, triceps)
- développé – couché
- décoller les fesses du fauteuil 10 fois de suite par l’intermédiaire des membres supérieurs
On prépare aussi la phase « patient debout », en travaillant l’équilibre debout du sujet : on le place sur un
podium avec des mini cannes, et on lui demande de décoller ses fesses et de maintenir l’équilibre. Ce travail
nécessite des abaisseurs – rotateurs internes d’épaule puissants, ainsi que des triceps brachiaux puissants.
Les coudes du patient sont placés à 30° de flexion pour avoir un maximum d’efficacité de la part des triceps
brachiaux (angle d’attaque du triceps +++).
On travaillera aussi les muscles nécessaires à la déambulation et ce en position assise : le grand dorsal («
muscle sauveur du paraplégique ») sera travaillé de même que les muscles précédents, car il permet
l’ascension de l’hémi-bassin homolatéral quand il a un appui sous-axillaire.
•
Rééducation en phase « patient debout »
 appareillage
Pour la marche, on utilisera obligatoirement une attelle qui servira de tuteur. On trouve différentes sortes
d’attelles :
Attelle de jarret : on l’utilise lorsque l’atteinte est située en dessous de L4, c’est-à-dire lorsque le
quadriceps est conservé et est capable de verrouiller le genou. Cette attelle de jarret est mono-tubulaire, ce
qui veut dire qu’il n’y a qu’un seul tuteur, qui est un tuteur interne. On réalise l’éducation du patient à
l’attelle de jarret avec la chaussure directement posée sur l’attelle ; l’attelle définitive comprendra en plus
une semelle anti-équin dans la chaussure.
Attelle cruro-jambière : on l’utilise lorsqu’il u a une atteinte quadricipitale. Elle présente une cuissarde et
une fronde rotulienne qui permet de bloquer le genou. De même, une semelle sera placée dans les
chaussures.
Dans les atteintes T12, L1, L2 et au-dessus, on utilise 2 pièces de hanche et une ceinture.
Au niveau du pied : les tuteurs sont montés de 2 façons sur les chaussures
- par un tourillon : on perce le talon de la chaussure dans sa partie antérieure et on emboîte dans
une tige creuse une partie mâle (qui permet l’attache de 1 ou 2 tuteurs) et on met une butée antiéquin. Le problème réside dans le fait que l’articulation de l’appareillage n’est pas en regard de
l’articulations tibio-tarsienne (les mouvements peuvent être entravés). L’avantage est que ce
montage est facilement réalisable.
- avec un étrier : il faut un appareilleur que place l’étrier entre le fond de la chaussure « 1 ère » et la
semelle. La partie métallique de l’étrier va en avant de la tête des métatarsiens mais laisse les orteils
libres. Il faut toujours 2 montants latéraux. L’intérêt de ce montage est que l’articulation de l’étrier
est en regard de l’articulation physiologique ; l’inconvénient est que son installation nécessite du
temps.
- au niveau du genou : on utilise 2 types de verrous
- le verrou Hoffa : il se monte sur une attelle à 2 montants (interne et externe). Il s’agit d’une
articulation plat sur plat : ce sont 2 plaques qui glissent d’une sur l’autre. Il y a un arceau à la face
postérieure du mollet (partie supérieure) avec un ergot. Un élastique relie l’ergot à l’embase en cuir
au niveau de la cuisse et permet l’extension du genou, l’arceau permet le verrouillage. Pour
s’asseoir, l’arceau se déverrouille par un appui sur la chaise, ce qui entraîne à la flexion du genou
- le verrou à coulisseau : il s’agit aussi d’une articulation plat sur plat. On trouve une manette en
haut pour déverrouiller le genou
Pour les atteintes supérieures à T6, on utilise un corset en plus de toutes les attelles proposées.
 exercices
On peut travailler l’équilibre debout avec l’appareil et une canne. On place d’abord le patient entre les
barres parallèles pour travailler le report de poids avant et arrière avec des oscillations augmentées
progressivement. On peut aussi travailler l’équilibre avec des cannes : le patient les avance puis les recule
et essaie de conserver l’équilibre.
Ces exercices provoquent une manœuvre pendulaire qui nécessite :
- une extension de hanche (blocage sur le ligament de Bertin) et une conservation de la lordose
lombaire
- une extension de genou
- une flexion dorsale de 90° (segment jambier à 90° par rapport à l’horizontal)
On peut travailler à la pouliethérapie, en plaçant une sangle au niveau abdominal et un filin qui tire vers
l’arrière. Cet exercice a pour but la préparation à la marche pendulaire lorsque le patient pousse pour
avancer (travail des grands dorsaux).
On peut travailler la marche pendulaire avec des cannes : le patient avance ses cannes, puis passe en
avant à l’aide de ses triceps brachiaux et de ses grands dorsaux en faisant décoller ses pieds du sol et en les
amenant vers l’avant. On se retrouve avec une hyper-extension du bassin.
On travaille enfin la marche pour conserver l’indépendance dans les lieux publics ; par exemple, on
apprend au patient à monter et descendre les trottoirs :
- pour monter, le patient est dos au trottoir et il monte ses cannes sur le trottoir ; puis il se soulève et
monte son corps sur le trottoir
- pour descendre, il descend d’abord ses cannes puis son corps
•
Rééducation vésicale
Plus le paraplégique a des possibilités de marche, plus il risque d’avoir des problèmes sphinctériens, et
notamment vésicaux. Il faut attendre la levée du choc spinal pour connaître le niveau lésionnel.
Le centre réflexe vésical (= centre de Budge) se situe au niveau S2-S4 :
- quand il y a une atteinte traumatique supérieure à ce centre, la récupération (après la période
flasque) des automatismes médullaires a lieu au niveau sous-lésionnel et va provoquer une « vessie
réflexe ou centrale » (le centre de Budge est donc conservé)
- quand l’atteinte est située au niveau du centre du Budge ou si on a une atteinte du cône terminal,
on va avoir une « vessie autonome ou périphérique » (le centre de Budge est donc touché)
La vessie centrale pourra être rééduquée, alors que la vessie périphérique ne pourra pas l’être.
 pendant le choc spinal
La vessie est rétro-basculée et se laisse distendre, ce qui provoque la formation d’un globe vésical. Quand
la vessie est pleine, elle se vide par regorgement, ce qui nécessite alors la pose d’une sonde urinaire à
demeure (vessie atone) avec :
- chez l’homme : la sonde est rabattue sur l’abdomen et le sac doit être plus bas que le pubis pour
éviter le reflux et l’urétérocèle
- chez la femme : la sonde est à placer à la face interne de la cuisse
La sonde est clampée au moins 3 heures par jour pour que la vessie se laisse distendre et qu’elle ne diminue
pas de volume (3 heures consécutives dans 24 heures), et ce afin d’entretenir l’élasticité vésicale. Il ne faut
pas non plus laisser le patient en décubitus dorsal car ce n’est pas une bonne position pour les vessies
atones (l’urine sédimente et peut créer des cristaux d’urate  calculs vésicaux) ; il faut donc retourner le
patient toutes les 3 heures pour éviter la sédimentation.
Durant cette période, il ne faut pas de pressions sur le globe vésical, car cela engendre un reflux vers le rein,
susceptible de provoquer une pyélonéphrite (le taux de bactéries se multiplie dans l’urine  + de 100.000
germes = pyélonéphrite).
 à la levée du choc spinal
Dans le cas de lésions complètes (au-dessus des centres sacrés), la vessie devient réflexe : elle est centrale
dite spastique. On cherche le réflexe nécessaire à la contraction et donc à la vidange de la vessie.
Dans le cas de lésions incomplètes, la vessie devient autonome périphérique, et elle est difficilement
rééducable. Quelquefois, dans les lésions incomplètes, les sujets sentent le passage de l’urine mais pas que
leur vessie est pleine. D’autres sujets vont avoir la sensation de vessie pleine mais n’arrivent pas à
commander la vidange ; dans ce cas ce sont des vessies mixtes.
 bilan urologique kinésithérapique
Il consiste en un interrogatoire, un bilan neurologique et une cystomanométrie.
- l’interrogatoire : il devra porter à la connaissance du MK la quantité d’urine émise par jour, si le patient a
des fuites ou non, s’il a la sensation ou non du besoin d’uriner, s’il a la sensation ou non du passage de
l’urine,…
- le bilan neurologique : il permettre de déterminer l’état de réflectivité du sujet (hypertonie).
- la cystomanométrie : il faut placer le patient en DD au lit, avec un pied à perfusion au pied du lit. Le
niveau 0 du cm ruban est placé à la hauteur du pubis, et le cm ruban se déroule jusqu’en haut de la potence
à perfusion. On fait monter la sonde du niveau 0 jusqu’en haut de la potence.
Il faut hydrater le sujet avec une quantité déterminée d’eau. On prend 250cc de sérum physiologique que
l’on place au frigo jusqu’à ce que sa température soit de 10°. La pochette de sérum physiologique est alors
envoyée dans la vessie dans sa totalité, ce qui va distendre cette dernière d’un seul coup. On a alors 2 cas de
figure :
- si la vessie est réflective, elle va se contracter par réflexe de défense contre le froid : si l’eau
monte jusqu’à 40 cm, il s’agit d’une vessie centrale
- si la vessie n’est pas réflective, rien ne se passe : l’eau reste au niveau 0 du cm ruban et il s’agit
d’une vessie périphérique
 rééducation
Le jour de la rééducation, le sujet ingère litres d’eau et on clampe la sonde ; heures après, on demande au
sujet s’il ressent quelque chose. On provoque alors des stimulations (percussions du pubis ou grattage de la
face interne de la cuisse) censées provoquer la contraction vésicale.
Si la stimulation provoque une contraction qui fait monter l’urine jusqu’à 20 cm au-dessus du pubis, le
stimulus est suffisant et on continue la stimulation toutes les 3 heures, ou quand le patient a une sensation
particulière au niveau vésical ou autres (frissons, suées,…). Si le résidu post-mictionnel est inférieur à 50cc
le patient est désondé (quand résidu post-mictionnel supérieur à 50cc = contraction insuffisante).
La rééducation vésicale sera difficile si l’urine monte à moins de 20 cm au-dessus du niveau du pubis car
les résidus de la miction sont trop importants pour permettre l’ablation de la sonde.
L’ablation de la sonde se fiat en fonction de la qualité de la miction que l’on évalue comme suit :
- s’il n’y a pas de fuite urinaire
- si la miction est déclenchable volontairement
- si les mictions sont espacées de 2 heures au moins
- si le résiduel post-mictionnel est inférieur à 50cc et s’il est stérile (moins de 15.000 germes) le
patient pourra être désondé
NOTIONS SUR LA
PARAPLEGIE / TETRAPLEGIE
•
L’heure d’or
Il s’agit de la 1ère heure qui suit l’accident. Elle est très importante car c’est pendant cette heure que survient
la majorité des décès. Cette période nécessite soit une évacuation rapide du blessé, soit une médicalisation
sur place.
•
L’échelle AVPU
C’est une échelle anglo-saxonne qui permet d’évaluer le niveau de conscience du blessé :
I
Alert
conscient
II
Verbal
répond aux ordres simples
III
Pain
répond à la nociception
IV
Unresponsive
aucune réponse
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Le score de Glasgow : il évalue aussi le niveau de conscience du blessé
Ouverture des yeux
Réponse verbale
Réponse motrice
1. Nulle
1. Nulle
1. Nulle
2. À la douleur
2. Incompréhensible
2. Extension stéréotypée
3. Au bruit
3. Inappropriée
3. Flexion stéréotypée
4. Spontanément
4. Confuse
4. Évitement
5. Normale
5. Orientée
6. Aux ordres
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La tétraplégie
Elle se caractérise par une atteinte du tronc et des 4 membres. La lésion est en dessous de C4, donc la
lésion de tétraplégie se situe entre C5 et T1 :
- C5 = sensibilité : du moignon de l’épaule ; motricité : abduction de l’épaule
- C6 = sensibilité : face postéro-externe du bras, face dorsale de l’avant-bras et du pouce ;
motricité : flexion du coude
- C7 = sensibilité : face postérieure du bras et de l’avant-bras vers le médius ; motricité :
extension du bras, de l’avant-bras, du poignet et des doigts
- C8 = sensibilité : face interne de l’avant-bras, bord ulnaire de la main vers l’auriculaire ;
motricité : flexion du poignet et des doigts
- T1 = sensibilité : face interne du bras ; motricité : main intrinsèque (main plane ; main
extrinsèque = main en griffe)
Pour le tétraplégique, le dossier du fauteuil roulant est incliné vers l’arrière pour prendre en compte le
déport des roues :
- atteinte C5-C6 : il faut un fauteuil électrique avec joystick
- atteinte C7 : ergot sur les rampes des roues pour pouvoir pousser les roues
- atteinte C8 : la prise est possible, mains il faut une adaptation pour la saisie des doigts
- atteinte T1 : la main est utilisable, il manque quelques interosseux
Les tétraplégiques ne peuvent se déplacer qu’en fauteuil roulant.
Sur le plan psychologique, ils ont moins de problèmes que les paraplégiques (plus de suicides chez les
paraplégiques, d’autant plus que les lésions sont situées bas).
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