Le prêteur en dernier ressort se tient prêt à empêcher des ventes massives et
précipitées d'actifs réels et financiers non liquides en augmentant la disponibilité
de l'argent. Dans quelles quantités ? Quand ? Ces questions constituent quelques-
uns des dilemmes que le prêteur en dernier ressort doit résoudre à condition de
s'être mis d'accord sur sa nécessité d'abord et sur son identité ensuite. C’est une
institution qui prendrait la responsabilité de gérer les crises potentielles et réelles,
soit comme prêteur de crise, soit comme gestionnaire de la crise. Tout ceci nous
ramène à une seule et même problématique selon laquelle le marché, se sachant
soutenu par un prêteur en dernier ressort, se sentirait moins (peu ? pas ?) enclin à
assurer un fonctionnement efficace des marchés de la monnaie et des capitaux lors
du prochain boom. L'intérêt général du prêteur en dernier ressort vient ainsi
affaiblir la responsabilité individuelle du "bon" banquier. Si toutefois aucune
autorité ne met un terme à la désintermédiation issue de la panique, des ventes
forcées de marchandises, titres et autres actifs, et de la lutte sans merci pour une
offre limitée de monnaie, alors la porte est grande ouverte à l'anarchie. Chacun, en
essayant de se sauver lui-même, contribue à la ruine de tous.
Kindleberger, (1978), Histoire mondiale de la spéculation financière
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