ELEC 2753 Electrotechnique Conversion électromécanique d ’énergie Le matériel utilisé sur ces transparents reprend celui qui a été rassemblé par H. BUYSE, cotitulaire du cours jusqu’en 2006. ELEC2753 - 2012- Université catholique de Louvain Définition d’un convertisseur électromécanique Accès électriques : tension et courant Accès mécaniques : couple et vitesse de rotation (ou force et vitesse). Les accès sont caractérisés par deux grandeurs : Il s’agit d’un modèle « circuit ». Ce modèle n’est pas automatiquement un modèle « système » : la distinction entre variables d’entrée et de sortie n’est pas fixée. 2 ELEC2753 - 2012 - Université catholique de Louvain Classification des convertisseurs électromécaniques Classification selon le principe mis en oeuvre ELEC2753 - 2012- Université catholique de Louvain L’interaction électromécanique peut avoir lieu • entre corps distincts, via un champ magnétique ou électrique présent ENTRE ces corps • par déformation d’un corps sous l’effet d’un champ présent A L’INTERIEUR de ce corps 4 ELEC2753 - 2012 - Université catholique de Louvain Interactions par le champ magnétique Le champ magnétique peut transmettre une force entre deux corps. L’expression générale de cette force a été donnée par Maxwell. Nous nous contenterons ici de l’évoquer de façon intuitive. Selon Maxwell (1870), le champ magnétique (et électrique) est le support de forces : les lignes de champ s ’appellent souvent des lignes de force car on peut les considérer comme des ficelles en traction (attention, cette analogie n ’est pas parfaite : il y a aussi des forces dans la direction perpendiculaire aux lignes). On peut ainsi comprendre l ’apparition de forces entre les plots magnétiques du stator et du rotor. 5 ELEC2753 - 2012 - Université catholique de Louvain Interactions par le champ magnétique Plus précisément, le champ magnétique donne lieu, même dans le vide, à un tenseur de contrainte analogue à celui que l’on utilise en mécanique des milieux continus (Maxwell, vers 1870). Considérant une surface de séparation, il apparaît sur celle-ci à la fois une densité de force normale à la surface et une force tangentielle. Désignons le champ magnétique par H et l’induction magnétique par B (appelé champ magnétique dans les cours de BAC). L’expression de la force tangentielle est celle qui est la plus utile pour le calcul des machines. Elle vaut Ft Bn H t L’expression de la force normale fait intervenir les caractéristiques du milieu. Dans l’air (cas le plus fréquent), elle se réduit à 1 1 2 2 Fn Bn 0 H t soit, pour un champ perpendiculaire à la surface considérée 2 0 2 1 2 Fn 6 2 0 B ELEC2753 - 2012 - Université catholique de Louvain Deux cas particuliers d’interaction magnétique 7 force sur un conducteur parcouru par un courant lorsque ce conducteur est placé dans un champ magnétique (loi Bli). force sur une pièce ferromagnétique lorsque le courant circulant dans une ou plusieurs spires y engendre un champ magnétique non uniforme. tension induite dans ce conducteur s’il est mis en mouvement (loi Blv). tension dans cette ou ces spires en raison des variations de flux que le mouvement de la pièce ferromagnétique y engendre. ELEC2753 - 2012 - Université catholique de Louvain Interactions par le champ électrique Tout comme le champ magnétique, le champ électrique donne lieu à des forces entre les corps (lignes de force). Ft Dn E t et, dans le vide ( l’air), 1 1 2 2 Fn Dn 0 E t 2 0 2 8 ELEC2753 - 2012 - Université catholique de Louvain Deux cas particuliers d’interaction électrique Action sur les corps chargés force F qui s’exercent entre des corps chargés électriquement Action sur les diélectriques Force F sur le diélectrique variations de la tension u entre ces corps en cas de mouvement d’un corps par rapport à l’autre sans variation de charge. Variation de la charge, donc circulation d’un courant, en cas de mouvement à tension fixée. Variation de la tension ou de la charge quand le diélectrique se déplace. 9 ELEC2753 - 2012 - Université catholique de Louvain Interactions par magnétostriction et piézoélectrique Matériaux magnétostrictifs Tout corps ferromagnétique change de volume quand il est soumis à un champ magnétique. matériaux piézoélectriques se déforment sous l’action d’un champ électrique produit par l’application d’une différence de potentiel entre deux armatures contraintes mécaniques à ce type de matériau y développe une polarisation électrique différence de potentiel entre deux armatures conductrices Origine d’un bruit difficile à maîtriser dans les transformateurs et les machines. Utilisé dans les sonars pour produire des ultrasons. 10 ELEC2753 - 2012 - Université catholique de Louvain Classification des convertisseurs électromécaniques Classification d’après la fonction assurée ELEC2753 - 2012- Université catholique de Louvain Conversion d’énergie : générateurs et moteurs Convertisseurs électromécaniques destinés à transformer l’énergie mécanique qu’ils reçoivent en une énergie électrique : générateur transformer l’énergie électrique qu ’ils reçoivent en une énergie mécanique : moteur. Convertisseurs toujours du type électromagnétique. Réversibilité des phénomènes physiques à la base de leur fonctionnement le sens de la transformation de l’énergie dépend des caractéristiques du système mécanique et du système électrique qu’ils relient. Critères de conception de ces convertisseurs : - rendement de conversion élevé; - fonctionnement à puissance instantanée constante(mécanique et électrique) - interconnectabilité : l’énergie électrique produite par un générateur directement utilisable par un convertisseur du même type fonctionnant en moteur. Ces critères sont satisfaits par une catégorie de convertisseurs dite « à champ tournant ». On distingue parmi ces machines les machines à courant alternatif sinusoïdal et les machines à courant continu. Les générateurs et moteurs de ce type sont donc des machines tournantes convertissant (en régime permanent) une puissance constante (mécaniquement, il s’agit d’un couple constant sur un arbre tournant à vitesse angulaire constante). 12 ELEC2753 - 2012 - Université catholique de Louvain Conversion d’information : actionneurs et capteurs Actionneurs = convertisseurs électromécaniques commande du mouvement de systèmes mécaniques à partir des grandeurs électriques qu’on impose à leurs entrée = source de force ou de couple commandant un système mécanique . Conception facilité et précision de la commande électrique de force ou de couple. rapport entre la taille de l’actionneur et la force ou le couple qu’il développe. Actionneur alimenté à travers un système de conditionnement de l’énergie électrique (convertisseur électronique de puissance) adaptant ses conditions de fonctionnement aux besoins de l’actionnement. Les critères de fonctionnement à puissance constante et d ’interconnectabilité ne sont pas déterminants. Structures des actionneurs électromagnétiques plus diversifiées que celles des générateurs et des moteurs : convertisseurs à champ tournant et des machines à courant continu + actionneurs à réluctance commutée ou à flux commuté. Convertisseurs électrostatiques et convertisseurs piézoélectriques. Actionneurs = machines tournantes + machines linéaires + machines à plusieurs degrés de liberté. 13 ELEC2753 - 2012 - Université catholique de Louvain Capteurs Les convertisseurs électromécaniques sont aussi utilisés pour recueillir une information de position, vitesse….. sous la forme d’une grandeur électrique analogique. Après diverses manipulations, cette information peut être affichée (mesure) ou transmise à un système automatisé. 14 ELEC2753 - 2012 - Université catholique de Louvain Structures de convertisseurs électromécaniques ELEC2753 - 2012- Université catholique de Louvain Exemple 1 : Haut-parleur électrodynamique Ce dispositif présente une symétrie de révolution, il comporte : - un noyau en matériau ferromagnétique muni d’un entrefer ; - un aimant permanent solidaire du noyau ; - un enroulement, formé de n spires disposé dans l ’entrefer L’enroulement est fixé sur une membrane élastique et se déplace axialement dans l’entrefer. 16 ELEC2753 - 2012 - Université catholique de Louvain Exemple 2 : Moteur réluctant oscillant Convertisseur rotatif à débattement limité utilisé comme moteur oscillant dans les têtes de coupe de certains rasoirs électriques . Ce moteur comporte une partie fixe et une partie mobile en matériau ferromagnétique. La partie fixe comporte un enroulement, un ressort de rappel maintient au repos la partie mobile dans une position excentrée par rapport à la partie fixe. 17 ELEC2753 - 2012 - Université catholique de Louvain Structure générale des convertisseurs à couplage magnétique Convertisseur à couplage magnétique = partie fixe + partie mobile pouvant comporter : des pièces en matériau magnétique, des aimants permanents, des enroulements conducteurs. Liaisons mécaniques de la partie mobile à la partie fixe = éléments de guidage du mouvement de la partie mobile. Souvent mouvement = rotation à débattement illimité. Partie fixe = stator, partie mobile = rotor Liaisons électriques des enroulements du stator et du rotor - les convertisseurs à liaisons invariantes : ces liaisons sont indépendantes de la position du rotor; c’est le cas des convertisseurs électromagnétiques à champ tournant - les convertisseurs à liaisons commutées ou à commutation : les liaisons des enroulements du rotor et/ou du stator dépendent, au travers de dispositifs mécaniques ou électroniques appropriés, de la position du rotor; c’est le cas des machines à courant continu avec ou sans collecteur et des machines à réluctance commutée. 18 ELEC2753 - 2012 - Université catholique de Louvain Théorie (assez) générale des convertisseurs électromécaniques Hypothèses de base ELEC2753 - 2012- Université catholique de Louvain Hypothèses mécaniques Corps rigides Un degré de liberté (normalement rotation) : q La force généralisée associée à ce degré de liberté est le couple utile Cu . Cu = Cem – Ca – Cp où • Cem est le couple électromagnétique • Cp est le couple de frottement (sec + visqueux + de ventilation) • Ca est le couple d’inertie 20 d2 q Ca J dt 2 ELEC2753 - 2012 - Université catholique de Louvain Equations des convertisseurs à couplage magnétique En vertu de la loi de Faraday, la tension aux bornes du bobinage k est liée au courant ik qui y d yk circule par l’équation suivante u R i ; k [1, n ] k dt k k Rk représente la résistance de l’enroulement, k est le flux encerclé par l’enroulement. Sans aimants permanents la relation entre flux k et courants ik dépend de la géométrie du convertisseur, de la position du rotor, des caractéristiques magnétiques des matériaux magnétiques (dans ce cours, pas de forces électromotrices de glissement, thermoélectrique…). En négligeant l ’hystérésis de ces caractéristiques, ainsi que l ’effet des courants de Foucault, suivant le théorème d’Ampère, le champ H en tout point du convertisseur ne dépend que de la position du rotor et des courants dans les enroulements. De même pour le champ B et donc des flux encerclés : yk = k (i1, i2, … ,in, q) ik = Ik(y1, y2, … , yn , q) La dépendance des flux k / la position du rotor est indispensable pour que le mouvement de la partie mobile engendre des interactions électromécaniques. n y k di j y k dq uk R kik i dt q dt j1 j y k dq Le terme est généralement appelé la force contre-électromotrice motionnelle. q dt 21 ELEC2753 - 2012 - Université catholique de Louvain Relation flux-courants Les caractéristiques B-H des matériaux magnétiques sont supposées univoques et linéaires B=H où µ est la perméabilité du matériau considéré. : Cette simplification est acceptable si on exploite les matériaux dans la zone de leur caractéristique B-H où la saturation est peu importante. Si la relation B-H dans les matériaux magnétiques est linéaire, il en va de même des relations liant les flux aux courants. n y k Lkj (q) i j ; j[1, n] j1 Les coefficients Lkj(q) qui interviennent dans cette relation sont appelés les coefficients d’inductance propres et mutuelles des bobinages. Pour une position donnée q0 , le coefficient Lkj(q0) correspond au rapport existant entre le flux k encerclé par l’enroulement k et le courant ij circulant dans l’enroulement j lorsque tous les autres courants sont nuls. 22 ELEC2753 - 2012 - Université catholique de Louvain Relation flux-courant d ’un convertisseur à un seul enroulement y k i j Dans le cas où l’on prend en compte le caractère non-linéaire des caractéristiques B-H des matériaux magnétiques, les relations liant les flux aux courants sont elles aussi nonlinéaires et les coefficients sont des coefficients d’inductances propres et mutuelles variationnels calculés au point qo, i1o, i2o, … , ino . Lkj (i1 , ..... in ,q ) 23 ELEC2753 - 2012 - Université catholique de Louvain Energie magnétique On peut définir une forme réversible d’énergie, associée aux flux encerclés par les bobinages et appelée l’énergie magnétique Wmag . Cette énergie constitue une fonction d’état dont la valeur ne dépend à tout instant que des valeurs des variables qui caractérisent l’état du système.Pour appliquer à un convertisseur électromagnétique le principe de la conservation de l’énergie, on considérera : - l’énergie électrique et l’énergie mécanique échangées avec le monde extérieur; - l’énergie magnétique et l’énergie cinétique stockées au sein du convertisseur; - l’énergie transformée en chaleur, par effet Joule dans les bobinages et par le travail des forces de frottement internes qui s’opposent au mouvement du rotor. Si le rotor est immobilisé dans une position donnée, l’énergie échangée avec le monde extérieur se réduit à l’énergie électrique Welec absorbée par les bobinages. Sur un intervalle n de temps dt, cette énergie vaut : dWelec u k i k dt k [1, n ] k 1 dWelec n k 1 24 n k 1 n dy k ik dt R k i 2k dt dt k 1 i k dy k dWmag n k 1 n i k dy k R k i 2k dt : variation d ’énergie magnétique k 1 Effet Joule ELEC2753 - 2012 - Université catholique de Louvain Energie magnétique Wmag y1 , y 2 , ... ,y n 0 , 0 , ... , 0 n k 1 Wmag i k dy k y1 , y 2 , ... ,y n 0 , 0 , ... , 0 n k 1 I k (y1 , y 2 , ... , y n , q) dy k Wmag = Wmag (y1, y2, … ,yn, q) Si l’énergie magnétique est une fonction d’état, elle doit, pour chaque valeur de 2, être définie de manière unique analytiquement i j ik y j y k Réciprocité des inductances mutuelles dans le cas où l’on fait l’hypothèse que les matériaux magnétiques ont une relation BH linéaire, c’est-à-dire Convertisseur à un enroulement La condition ci-dessus entraîne Lkj = Ljk car la matrice des inductances est l’inverse de la matrice formée par les i y k 25 y j k Lkm im m ELEC2753 - 2012 - Université catholique de Louvain Coénergie magnétique n Wcmag i k y k Wmag Définition de la coénergie : k 1 En différenciant à q constant, on obtient n dWcmag (i k dy k y k di k ) dWmag k 1 n dWcmag y k di k k 1 En exprimant les flux en fonction des courants : Wcmag i1 , i 2 , ... ,i n 0 , 0 , ... , 0 n k 1 y k (i1 , i 2 , ... , i n ) di k Cette relation montre que la coénergie s’exprime naturellement comme une fonction des courants et de la position du rotor : Convertisseur à un enroulement Wcmag Wcmag (i1 , i 2 , ... , i n , q) 26 ELEC2753 - 2012 - Université catholique de Louvain Energie et coénergie magnétique dans le cas linéaire n n k 1 j1 dWcmag ( L kj i j ) di k Par définition : dWcmag Par la réciprocité des inductances : Donc, Wcmag n Et : Wmag k 1 Si n j1 1 n 2 k 1 1 n 2 k 1 n j1 L kj (i j di k i k di j ) n j1 L kj i j i k 1 n L kj i j i k 2 k 1 [I]T = [i1, i2 , … ,in ] et n j1 L kj i j i k Wcmag [L(q)] = [Lij(q)] , on a : 1 Wcmag [I] T [L(q)][I] Wmag 2 27 ELEC2753 - 2012 - Université catholique de Louvain Expression du couple électromagnétique déduite de l ’énergie n n n dWelec uk ik dt R i dt ik dy k Energie électrique fournie : k 1 2 k k k 1 k 1 n dWpelec R k i 2k dt Pertes par effet Joule : k 1 n Wmag k 1 y k dWmag Variation d ’énergie magnétique : dy k Wmag q dq Travail du couple électromagnétique : dWem = Cem dq n k 1 n Donc : k 1 Et comme 28 ik n Wmag k 1 y k dWelec R i dt Bilan d ’énergie : Wmag y k 2 k k n Wmag k 1 y k i k dy k on a : Cem dy k dy k Wmag q Wmag q dq Cem dq dq Cem dq Wmag q ELEC2753 - 2012 - Université catholique de Louvain Expression du couple électromagnétique déduite de la coénergie n Wcmag k 1 i k n dWmag (i k dy k y k di k ) Compte tenu des définitions : k 1 n En tenant compte de (dia précédente) : Comme les variables i k k 1 y k Wcmag k 1 i k di k dy k Wcmag q Wmag q q dq dq Cem dq dq Cem dq , (k [1, n])et q sont indépendantes, on a : yk Wcmag i k Wcmag q Dans le cas linéaire : 29 Wmag i k dy k n 0 y k di k k 1 Cem k 1 n On obtient : Donc : n di k Wcmag Cem Wcmag q 1 [L] [I]T [I ] 2 q ELEC2753 - 2012 - Université catholique de Louvain Pourquoi a-t-on un signe moins quand Cem est exprimé en terme d’énergie et pas quand il est exprimé en terme de coénergie ? L’énergie et la coénergie sont pourtant égales dans le cas linéaire. Montrons sur un exemple ce qui se passe : un seul circuit, linéaire, donc caractérisé par une inductance L(q) fonction de la position q . On a y = L(q) i , donc Wmag i dy q fixé Cem Cem 30 q fixé y 1 dy y2 L(q) 2 L(q) w mag q w c mag q Wc mag y di q fixé 1 2 L ( q ) i di Li 2 q fixé 1 L(q) / q 2 1 L(q) 2 y i 2 2 L (q) 2 q 1 L(q) 2 i 2 q Les deux expressions conduisent bien au même résultat ! ELEC2753 - 2012 - Université catholique de Louvain