288 Logique (Patrick Dehornoy), Chapitre 11: La m´ethode du forcing [version 2005-06]
fonction fsi elle donne davantage d’information, donc si, en tant qu’ensemble de
couples, elle l’inclut.
Les notions importantes sont alors celles de partie dense, et, surtout, de partie
g´en´erique. Comme dans l’exemple pr´ec´edent, on appelle conditions les ´el´ements
de l’ensemble partiellement ordonn´e consid´er´e, et on dit que qraffine ppour
q$p.
D´
efinition 11.1.4 (dense).Supposons que (P,$) est un ensemble partielle-
ment ordonn´e. Une partie Dde Pest dite dense si toute condition a un raffinement
dans D, c’est-`a-dire si, pour tout pdans Pil existe qdans Dv´erifiant q$p.
Dans le cas de l’exemple 11.1.3, pour chaque entier n, l’ensemble des conditions
d´ecidant si nest ou non dans ˇ
Gest dense : si nn’est pas dans le domaine de
d´efinition d’une fonction f, il existe un prolongement, donc ici un raffinement,
de fdont le domaine contient n.
D´
efinition 11.1.5 (g´en´erique).Supposons que (M, ∈) est un mod`ele de ZFC
et que (P,$) est un ensemble partiellement ordonn´e de M. Une partie Gde P
est dite g´en´erique au-dessus de M, ou encore M-g´en´erique, si
(i) si un raffinement de pest dans G, alors pest dans G, et
(ii) deux conditions de Gsont toujours compatibles 2, et
(iii) l’ensemble Grencontre toute partie dense de Pappartenant `a M.
Lemme 11.1.6.(i)Si (M, ∈)est un mod`ele de ZFC et que (P,$)est un en-
semble partiellement ordonn´e de Mtel que toute condition a au moins deux raf-
finements incompatibles, alors il n’existe pas d’ensemble M-g´en´erique sur (P,$)
dans M.
(ii)Si (M, ∈)est un mod`ele d´enombrable de ZFC et que (P,$)est un ensemble
partiellement ordonn´e de M, alors il existe un ensemble M-g´en´erique sur (P,$)
dans V.
D´
emonstration. (i) Supposons que Gest un ensemble de Mqui est M-g´en´erique sur (P,$).
Soit D:= P\G. Soit pune condition quelconque dans P. Par hypoth`ese, il existe deux raffine-
ments q, q$de pqui sont incompatibles, donc au moins une des deux conditions q, q$n’est pas
dans G, donc est dans D, ce qui montre que Dest dense. Mais alors Gne rencontre pas D, ce
qui contredit sa g´en´ericit´e.
(ii) Puisque Mest d´enombrable, il en est de mˆeme de l’ensemble des parties denses de (P,$)
appartenant `a M, qui est un sous-ensemble de M. On peut donc ´enum´erer les parties denses en
une suite D0,D1,. . . Soit pune condition quelconque. On d´efinit p0comme un raffinement de p
qui est dans D0, puis p1comme un raffinement de p0qui est dans D1,etc. Soit Gl’ensemble
des conditions pv´erifiant (∃i)(pi$p). Par construction, Gest M-g´en´erique sur (P,$).
On obtient ainsi la notion d’extension g´en´erique d’un mod`ele de ZFC, qui est
parall`ele `a celle d’extension alg´ebrique. Le r´esultat d´ecoule de la possibilit´e de
d´ecrire `a l’int´erieur du mod`ele de base Mtous les ´el´ements du mod`ele M[G].
2c’est-`a-dire ont un raffinement commun