ILFM 2008-2009
Corrigé du devoir d’histoire n°1
La romanisation de la Gaule
Correcteur : M. Vincent Badré
Remarques générales du correcteur :
La plupart des copies prennent la forme d’un développement suivi et globalement bien
organisé. Cette forme permet de mettre en valeur la clarté et la cohérence de la pensée.
Elle limite cependant la quantité de faits que vous pouvez présenter dans un temps
limité.
La forme du plan détaillé au sens strict a été choisie par une minorité d’entre vous. Si elle
permet de vérifier que les éléments essentiels sont abordés de manière structurée, elle
comporte elle aussi un risque : elle pousse à ne pas mentionner les éléments précis et les
exemples indispensables qui permettraient pourtant de donner de la chair à la
présentation historique et d’appuyer les idées que vous défendez. Il faut toujours
adjoindre au moins un exemple précis à chaque idée clef mentionnée dans le plan
détaillé.
Les fautes d’orthographe ont été sanctionnées par la perte de plusieurs points, en
fonction de leur gravité. J’ai signalé et corrigé celles qui m’ont sauté aux yeux en vous
lisant, sans que cette recherche soit absolument systématique.
Certains passages de vos devoirs ont été reformulés, avec une proposition de rédaction
plus adaptée.
Un bon nombre des copies sont très détaillées au début du développement et pas du tout
à la fin. Cela indique que vous avez sans doute une difficulté de gestion du temps. C’est
un élément important à prendre en compte puisque vous vous destinez à l’enseignement.
Il me semble qu’il faut nettement séparer les jugements moraux ou de qualité et les
adjectifs ou les appréciations péjoratives ou trop louangeuses à propos des personnages
dont vous parlez. Signaler aux élèves les implications morales d’un épisode historique fait
partie de la mission d’un enseignant, mais en leur montrant bien que la réflexion morale
et l’histoire sont deux domaines du savoir distincts qu’il ne faut pas mélanger.
N’oubliez pas de mettre vos noms sur vos copies, même si elles sont présentées
uniquement sous forme informatique.
Proposition de corrigé du devoir d’histoire : la romanisation de la Gaule.
Les divers peuples celtiques se sont installés sur le territoire de la Gaule, depuis -450 au moins.
Alors qu’ils menaçaient Rome au temps de l’expédition de l’Eduen Brennus en – 390 avant Jésus-
Christ, ils sont progressivement soumis à la puissance romaine à partir de 121, puis lors de la
guerre de la guerre des Gaules entre – 58 et -50 avant Jésus-Christ.
Le processus de fusion culturelle qui a suivi cette conquête n’a cependant pleinement été réalisé
qu’au IIIe siècle.
Développement du commerce avec la Méditerranée avant la conquête.
Les échanges commerciaux entre la Méditerranée et la Gaule sont anciens ; le vase trouvé à Vix et
vraisemblablement fabriqué en d’Italie du sud vers 530 en moigne. Il manifeste une
pénétration par les Alpes et la vallée de la Saône et est sans doute lié à une route terrestre du
commerce de l’étain anglais remplacée au Ve siècle par la voie maritime de l’Atlantique
Au premier siècle avant Jésus-Christ des agglomérations fortifiées comme Bibracte ou Gergovie
se développent sur des hauteurs proches des grandes routes commerciales.
Après avoir subi une influence grecque en particulier à partir de la fondation de
Massilia/Marseille vers 600 avant J.C. la côte méditerranéenne et la vallée du Rhône deviennent
une possession romaine dès 121 avant notre ère sous le nom de « Provincia ».
La conquête romaine.
Entre ces provinces annexées s’étendant de Tolosa/Toulouse au Léman et peuplées d’Allobroges
ou de Voconces et le cours du Rhin, le reste de la Gaule est occupé par un grand nombre de
peuples, des Eduens aux Vénètes et des Parisii aux Arvernes.
Les traces archéologiques laissées par ces peuples manifestent une grande unité culturelle pendant
la période dite de la Tène qui commence vers 450. Le style des objets décrits sur le site
éponyme de la Tène se retrouve dans des bijoux de même type couverts à Bibracte et jusqu’en
Bohême.
Ce sont les divisions entre peuples gaulois qui permettent à César de développer sa conquête. Il
s’appuie sur des alliés traditionnels de Rome tels que les Eduens de Bibracte et repousse les
Suèves et les Helvètes en 58. Resté en Gaule, il écrase successivement le soulèvement des
Belges et des Vénètes, passe en Grande Bretagne puis au-delà du Rhin.
Le soulèvement de tous les peuples du pays par Vercingétorix en 52 manifeste l’unité culturelle
des Gaulois et réalise une première expérience d’unité politique. Victorieux à Gergovie,
Vercingétorix est vaincu à Alésia, ce qui conduit à une rapide soumission des peuples de la Gaule
aux Romains.
La politique des empereurs, au service d’une intégration progressive.
L’influence de la culture romaine sur les Gaulois devient importante en Gaule Narbonnaise dès -
121. Elle se réalise par l’arrivée de commerçants romains tels que le personnage de M. Fonteius
connu pour avoir eu Cicéron pour avocat et par la diffusion de noms romains chez les bonnes
familles de peuples comme les Voconces.
César étend cette influence au nord de la Gaule en réduisant de nombreux vaincus en esclavage,
mais aussi en octroyant la citoyenneté.
Dans une province imparfaitement pacifiée, Auguste fonde en 43 la ville de Lugdunum et y établit
le « Concile des Gaules » composé de représentants des différents peuples des quatre provinces.
Des inscriptions funéraires témoignent du parcours de Gaulois ayant servi dans son armée. Il
donna aussi son nom à plusieurs des centres urbains fondés en contrebas des anciens Oppida, tel
Augustodunum (Autun).
Dans un pays qui parle encore largement le gaulois, l’empereur Claude (41 54 ap J.C.) améliore
les routes traversant les Alpes, conquiert la (Grande) Bretagne et organise les provinces
frontalières de la Germanie, ce qui favorise la création de villes et de grands domaines agricoles
dans tout le nord de la Gaule.
Les tables claudiennes découvertes à Lyon reprennent un discours de l’empereur Claude, gravé
sur des plaques de bronze. Elles nous apprennent que l’octroi de la pleine citoyenneté romaine à
des notables gaulois devient possible, ce qui leur ouvrait l’accès au Sénat et favorisait leur
assimilation.
Les excès de Néron provoquent des révoltes en 68 70, mais sans qu’elles prennent la forme
d’une contestation de la présence romaine en tant que telle.
L’arrivée d’Antonin le Pieux, originaire de Gaule Narbonnaise montre la romanisation du pays,
comme les autres empereurs du IIe siècle, il se soucie d’embellir les villes de nombreux
monuments.
Romanisation du cadre de vie.
Les élites gauloises adoptent rapidement un mode de vie urbain imité du modèle romain. Le
développement des échanges favorise aussi l’émergence d’hommes nouveaux d’origine modeste,
enrichis et accédant aux honneurs municipaux ou à un rôle dans la vie de l’empire romain.
Dans les campagnes, les domaines traditionnels et ceux des colons romains, installés sur les
meilleures terres deviennent des villae important des céramiques produites par exemple sur le site
de la Gaufesenque et couvertes de décors raffinés.
Si la vigne progresse, les Gaulois conservent aussi des techniques agricoles plus avancées que
celles des Romains, avec par exemple des machines à moissonner les blés.
Des constructions souvent très vastes par rapport à la population unifient l’apparence des villes
de tout l’empire avec thermes, temples et forums.
La culture se romanise par les spectacles et par les écoles. Celles-ci fournissent des rhéteurs
connus comme Ausone, consul au IVe siècle.
Les villes brassent des flux commerciaux importants et les produits de l’industrie gauloise comme
les poteries de la Graufesenque. Le développement des échanges favorise un certain brassage des
populations, au point que les inscriptions découvertes à Lyon peuvent donner jusqu’à 22% de
noms grecs.
Maintien d’une spécificité culturelle
C’est au moment il s’affaiblit et se transforme que l’empire romain voit triompher
complètement sa langue. C’est en effet aux IIIe et IVe siècle que la Gaule commence à donner
des écrivains connus pour la qualité de leur langue latine comme Ausone et que les artisans
cessent de signer leurs productions en gaulois.
Si les dieux romains sont introduits en Gaule, la religion conserve des traits largement celtiques,
avec des dieux spécifiques comme Cernunnos à la ramure de cerf. L’interprétation qui assimile une
divinité locale à un des éléments du panthéon gréco-latin garde à des figures mixtes comme
Jupiter-Tarannis des traits nettement gaulois. Les temples ruraux ruraux gardent aussi les traits du
fanum celtique à plan quadrangulaire.
Des invasions qui révèlent l’achèvement de la romanisation.
A partir des premières incursions alamandes de 233, des peuples germaniques traversent la Gaule
à plusieurs reprises alors que des paysans ruinés, les bagaudes se soulèvent. Débordé par plusieurs
attaques simultanées de peuples barbares, l’empire romain n’arrive plus à repousser leurs
expéditions. Face à cette carence des empereurs, une dissidence de l’empire romain se constitue
entre 260 et 275. Postummus, un des néraux de Galien s’empare du pouvoir local et se charge
de protéger la Gaule des incursions barbares.
Le titre qui est donné sur ses monnaies à l’un de ses successeurs manifeste pourtant que l’identité
gallo-romaine est parfaitement constituée ; Victorinus est acclamé des titres de Restitutor galliarum
et de Restitutor Orbis.
Conclusion
La romanisation préparée par des contacts commerciaux est née d’une victoire militaire.
L’adoption d’une culture d’inspiration romaine par les Gaulois s’est faite par l’économie, le cadre
de vie et l’intégration des élites aux structures de l’empire, sans pour cela effacer totalement les
spécificités agraires et religieuses de la Gaule.
Cette culture gallo-romaine est celle du peuple de l’empire romain tardif qui se convertit
progressivement au christianisme et affronte les grandes invasions, en particulier après l’année
406.
En complément.
Dans la seconde moitié du Ve siècle Sidoine Apollinaire, évêque gallo-romain d’origine arverne
témoigne de l’opposition entre des habitants de la Gaule parlant latin, romanisés et christianisés
et les nouveaux venus des peuples germaniques.
« Je vis au milieu de hordes chevelues. Je dois supporter leur langage germanique et louer les chansons du Burgonde
gavé qui s’enduit les cheveux de beurre rance. Heureux tes yeux et tes oreilles, heureux aussi ton nez, toi qui n’a pas à
subir l’odeur de l’ail ou de l’oignon infecte que renvoient s le petit matin dix préparations culinaires ; toi qui n’es
pas assailli, avant même le lever du jour, comme si tu étais leur vieux grand-père ou le mari de leur nourrice, par une
foule de géants… »
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