
1
INTRODUCTION
La stœchiométrie écologique permet une approche différente de l‟approche classique
utilisée en écologie pour étudier les relations trophiques. En effet, alors que les interactions
entre les organismes et des organismes avec leur milieu sont souvent analysées à des échelles
allant de l‟individu à l‟écosystème, la stœchiométrie écologique propose une approche basée
sur les éléments chimiques. Cette discipline étudie ainsi l‟équilibre des éléments chimiques au
sein des organismes dans leur milieu. Elle s‟intéresse également aux flux d‟énergie et de
matière au sein des écosystèmes (Sterner et Elser, 2002). Les études sont principalement
centrées sur le carbone (C) l‟azote (N) et le phosphore (P), considérés comme des éléments
essentiels à la structure et au développement cellulaire. L‟utilisation des ratios de ces trois
éléments chimiques permet une meilleure compréhension des réseaux trophiques et des
écosystèmes sur plusieurs échelles, du contenu macromoléculaire aux processus écologiques
dans leur globalité (Persson et al., 2010).
Deux principes fondamentaux régissent la stœchiométrie écologique : la conservation
de la matière (les quantités de chaque élément sont conservées dans les transferts réalisés au
sein des chaînes trophiques) et l‟homéostasie. Initialement, l‟homéostasie est la capacité que
peut avoir un système quelconque à conserver son équilibre de fonctionnement en dépit des
contraintes qui lui sont extérieures. Le terme a été repris en biologie et défini comme la
capacité des organismes à garder leur composition en éléments constante indépendamment
des changements de composition chimique pouvant intervenir dans leur environnement et les
ressources utilisées (Kooijman, 1995). Les organismes peuvent ainsi être caractérisés par une
homéostasie stricte, c‟est-à-dire que les changements de stœchiométrie de la ressource
n‟induisent pas de variation dans la composition de l‟organisme. C‟est le cas de la majorité
des hétérotrophes qui, par des mécanismes pré-ingestion (sélection de la nourriture) et post-
ingestion (excrétion) (Hall, 2009 ; Persson et al., 2010) sont capables de réguler leur
concentration interne en éléments. A l‟inverse, les organismes autotrophes peuvent présenter
des variations de leur stœchiométrie en réponse aux changements de composition du milieu
(Droop, 1974 ; Ågren, 2004, 2008). La stœchiométrie des organismes non-homéostatiques
peut suivre celle de la ressource selon une relation 1 : 1 ou diverger de cette relation, les ratios
des organismes augmentant plus ou moins rapidement que ceux de la ressource (Rhee, 1978).
Ces variations sont notamment possibles grâce à une « consommation de luxe » qui leur
permet de stocker différents éléments en excès dans l‟environnement (Klausmeier et al, 2004,
2008).