ethique et neuroreanimation.

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Ethique et neuroréanimation
(Nice juin 2010)
Olivier Jonquet
Réanimation Médicale
Montpellier
De quoi s’agit-il ?
• Neurovasculaire : ischémie ou hémorragie
• Traumatologie crâne et/ou rachis
• Maladies neuromusculaires
-acquises : Guillain-Barré
myasthénie
neuropathies de réanimation
SLA
-génétiques : myopathies…
• Accident aigu chez un sujet jusque là stable
-dément, Alzheimer
-état végétatif persistant
-IMC enfant ou adulte
• Gestion prélèvements en vue de greffe
• ………
La Réanimation
• La réanimation est l’ensemble des moyens humains et matériels destinés
à prendre en charge chez une personne la défaillance que l’on espère
transitoire d’un ou plusieurs organes
• Situations
- accident aigu sur sujet sain et restitutio ad integrum
- accident aigu sur sujet sain ou affecté d’une maladie chronique et nécessité,
au décours, d’une assistance respiratoire totale ou partielle voire d’une
dialyse chronique
- accident aigu et évolution vers l’impasse thérapeutique
- évolution terminale d’une maladie chronique : « on sait qu’il va mourir mais
quand même », « faites tout ce qu’il faut, mais surtout qu’il ne souffre pas
et…surtout pas d’acharnement ! »
- adressé pour mourir en Réanimation
Que puis je faire?
Que dois je faire ?
Que puis je espérer?
E. Kant
• Avant d’engager la réanimation
• En cours de réanimation
• Après la réanimation
Problème : attitude généralisable ?
• L’activité médicale est un va et vient
incessant entre le singulier et le général
• L’homme, la personne est un être
-singulier, unique
-social, être de relation
-dans une histoire : un passé
un présent à gérer
un avenir à envisager
L Stevens CCM 2002; 30 : 290-296
Situations cliniques
Accidents ischémiques
Cas clinique n°1 : Gi… Marie 76 ans
• 22/08/20…
retrouvée à son domicile en coma CGS=6
intubée à la prise en charge
Hospitalisée dans un centre hospitalier général
• TDM cérébrale : ischémie du lobe cérébelleux droit
tronc basilaire calcifié
• Antécédents : -fibrillation auriculaire sous AVK (INR 1,6)
-diabète non insulino-dépendant
-hyperthyroïdie
-hypertension artérielle
• Mutée en réanimation médicale
Cas clinique n°1 Gi…Marie
• IRM cérébrale avec angio-IRM :
-infarctus .de la partie inférieure des deux
hémisphères cérébraux
.de la partie latérale droite de la
protubérance annulaire
.du pédoncule cérébelleux moyen droit
.de la jonction bulbo-protubérantielle
droite
-occlusion du tiers inférieur du tronc basilaire
Cas clinique n°1 Gi…Marie
• Echec thrombolyse in situ
• Mise sous héparinothérapie
• Evolution neurologique : CGS 3
pupilles intermédiaires
réactives
réflexes de toux
• Scanner à J6 pas de dilatation ventriculaire
• Mutée dans le CHG d’origine le 31/08/2004
• Extubation le 17/09/2004
• Décès le 01/10/2004
Y Béjot Neurology2009; 72 : 346-353
F Santoli Intensive care med 2001; 27 : 1141-1146
Accidents hémorragiques
B…B née en 1961
-1993 : gliome opéré
-2008 Syndrome des antiphospholipides
-Avril 2008 chute et TC : hématome sous
arachnoïdien frontal gauche
-Avril 2010 fracture tibia : ostéosynthèse
-Le 29 mai confusion, bradypsychie, clonies
-Nuit du 29 au 30 mai Glasgow 7
-TDM : hémorragie
B…B née en 1961
-1993 : gliome opéré
-2008 Syndrome des antiphospholipides
-Avril 2008 chute et TC : hématome sous
arachnoïdien frontal gauche
-Avril 2010 fracture tibia : ostéosynthèse
-Le 29 mai confusion, bradypsychie, clonies
-Nuit du 29 au 30 mai Glasgow 7
-TDM : hémorragie
A Roch Crit care Med 2003: 2651-2656
A Roch Crit care Med 2003: 2651-2656
Eléments de décision pour ventiler un patient
avec un AVC
• Ventilation à proposer dans les situations suivantes
-Intervention chirurgicale ou artériographie interventionnelle envisagée pour
améliorer l’évolution de l’AVC
-Traitement de complications intercurrentes et absence de lésions cérébrales
étendues
-Possibilités de récupération (sujet jeune)
• Ventilation si possible à éviter
-Infarctus massif hémisphérique ou étendu du (au) tronc cérébral sans
chirurgie ou radio interventionnelle envisagée
-Capacités de récupération fonctionnelles a priori faibles (grand âge, démence
vasculaire, Alzheimer)
-Comorbidités (cancer…)
• Dans tous les autres situations discussion au cas par cas
-Age, état neurologique et comorbidités
-Avis parents et proches
-Convictions des intervenants
H Chabriat Actualités en réanimation et urgences 2004
Decision making in severe stroke : a suggested approach
JAMA ; 2005 : 725-733
•
Provide structured interactions
-Health care proxy and advance directive clarification
-Identify key decision makers and meet in quiet
-Build partnership with patient and family
-Identify decision points in advance : feeding tubes, tracheostoy, posthospital care
-Establish clear follow-up plans/communication times
• Be mindful of potential decision making biases
-Optimistic or pessimistic prognoses
-Inadequate communication of treatment evidence
-Selective presentation of information
-Misunderstanding patients values and expectations
-Undervaluing future patient health state
• Expect and manage conflict
-Agonizing with families is part of the process
-Physician vs physicians, physicians vs family, physician vs team
• Communicate prognosis with continued treatment
-If patient ventilated, approximate 1-year mortality is 70%
-Among survivors, no slight disability may be possible
-Modify estimate based on patients details
-Provide range and avoid to be vague
-Include elements of treatment burden
Decision making in severe stroke : a suggested approach
JAMA ; 2005 : 725-733
•
•
•
•
•
Elicit patient’s valued life activities
-Time with family and friends, autonomy, recreation, others
-Probe positions on « life worth living » and states considered « worse than
death »
-Include spirituals and ethical dimensions of these values
Will deficits and treatments burdens interfere with future valued life
activities?
-If Yes, estimate probabilities and range
If appropriate, explain alternatives to continued treatment
-Withholding from further escalation of treatment (CPR)
-Withdrawal of life sustaining therapies
-Explain process of withdrawal, estimated survival and comfort measures
Consider use of time-limited trials
-To improve estimates of prognosis
-To better understand the benefits and burdens of therapies
-To provide time to achieve consensus about the goals of care
-To allow families to work through grief and let go of loved ones
Be familiar with state laws and institutional policies
-Particularly with regard to artificial nutrition and hydratation
Etat végétatif persistant
« Après deux ou trois semaines, ceux (des comateux) qui survivent
commencent à ouvrir les yeux au début uniquement en réaction à
des stimuli douloureux ; ensuite en réaction à des stimuli plus
légers. Peu après, surviennent des périodes où les yeux restent
ouverts en l’absence de toute stimulation extérieure ; à d’autres
périodes les patients semblent dormir. (…)
Lorsque les yeux sont ouverts, ils ne montrent aucun signe
d’attention. Bien que des mouvements oculaires laissent parfois
penser que les yeux accompagnent des mouvements d’objets
extérieurs, l’observation méticuleuse de ce phénomène ne confirme
pas cette interprétation optimiste; Il semble qu’il s’agisse d’un éveil
sans conscience. »
Jennett B, Plum F. Persistent vegetative state after brain damage : a syndrom in search of a name;
Lancet 1972 ; 734-7
Etat végétatif persistant
ne pas confondre avec :
conscience Cycle V/S motricité respiration souffrance EEG
•
Coma
non
non
•
Locked-in
syndrome
oui
oui
oculo
moteurs
•
Mutisme
akinétique
oui
oui
pauvres
•
Démence
oui
oui
variable
•
Mort
cérébrale
non
non
abolie
mét.cérébral
+/-
non
δ/θ
oui
oui
normal
oui
oui
ralenti
non spéc
?
oui
oui
ralenti
non spéc
diminué
variable
non
plat
absent
abolie
non
(refl.spinaux)
diminué
quasi normal
Kirsch RML 2008
Evolution après arrêt cardiaque
Kirsch RML 2008
Potentiels évoqués somesthésiques
Kirsch RML 2008
Mismatch negativity ou « négativité de discordance »
VJM Wijnen Clinical Neurophysiology 2007
C Fischer CCM 2006
Kirsch RML 2008
Pronostic coma post anoxique
Arrêts de soins ou de thérapeutiques actives
•
•
Karen Ann Quinlan (1976) Arrêt de la Court Suprême du New Jersey : jeune
femme en état végétatif persistant
dépendante d’une ventilation mécanique
Un patient a le droit de refuser la ventilation mécanique; en cas d’incapacité
(état végétatif persistant,EVP), ses parents peuvent se substituer au patient
La ventilation mécanique a été arrêtée
Nancy Cruzan après un accident de voiture en 1983 est en EVP avec une
autonomie respiratoire, dépend d’une alimentation par sonde gastrique. Ses
parents demandent l’arrêt de l’alimentation
1ère instance accepte
Court Suprême du Missouri rejette la demande(1988)
Les parents font appel à la Court Suprême des USA(1990)
• Terry Schiavo 1990-2005
Terry Schiavo
Arrêt de l’alimentation par
sonde
Sclérose latérale amyotrophique
histoire
• Madame X 34 ans
• Première consultation 03/01/ 2008 adressée
par le centre de référence SLA pour prise en
charge respiratoire
• SLA début pendant la grossesse
• Accouchement dans le 18/10/07 sans
problème
• Depuis dyspnée à la parole
diminution de force de la toux
histoire
• A l’examen diminution
toux hypodynamique
SpO2 94%
• EFR : CV 49% (2L) : dégradation par rapport
aux résultats de novembre
• GDSg pH 7,43, PaO2 84 PaCO2 43
• Oxymètrie SpO2<90% pendant 39% du temps
d’enregistrement
histoire
• Février 2008 adaptation à une VNI par masque
nasal
• Bonne compliance
• Dégradation de la fonction respiratoire
• Dépendance de la VNI plus de 15h/jour
• Douleurs musculaires, fasciculations
• Fausses routes, cyanose
• CV 560mL soit 14% de la normale
histoire
• Situation malade
-vit maritalement à côté de Montpellier
-parents dans la région Midi Pyrénées, très
présents
-tensions perceptibles entre conjoint et parents
-la patiente veut continuer à voir grandir son
enfant
histoire
• De notre côté réticences car
-la trachéotomie améliore transitoirement le
confort
-sujétion vis-à-vis des aides (aspirations)
-progression inéluctable
-nécessité d’une prise en charge coordonnée
24h/24, 365 jours par an à domicile par réseau
médico-social (SIAD, kiné, assistance sociale,
soins palliatifs…)
histoire
• Décision :
-trachéotomie
-sonde de gastrostomie
-prise en charge par réseau de soins palliatifs
midi pyrénées et d’une HAD local
-prestataire associatif
tous
Bourke lancet neurol 2006
Pas d’atteinte
bulbaire
Atteinte bulbaire
1-La VNI améliore la survie des patients atteints de SLA
2-La VNI améliore la survie des patients sans atteinte bulbaire
VNI ET QUALITE DE VIE
• Amélioration du score SF-36 (questionnaire de qualité de vie)
Bourke Neurology 2003 / Lyall Neurology 2001
• Amélioration cognitive [troubles mnésiques]
Newsom-Davis J Neurol Neurosurg Psychiatry 2001
tous
SAQLI symptoms
Bourke lancet neurol 2006
Pas d’atteinte bulbaire
Atteinte bulbaire
Bourke SC, Neurology 2003; 61:171-177.
Patients admis en réanimation pour IRA
Etude rétrospective française (1993 – 2002)
Intubés = 92 patients
Etiologies d’IRA: pneumopathie = 49
neuromusculaire « terminale » = 30
atélectasie = 5
inhalation = 3
EP / TS / ACR / Péritonite / Postgastrostomie
Insevrables = 87 (95%)
Beuret P, Réanimation 2002;11-suppl 3:SO 16
Que dit la loi?
Droits des malades et à la fin de vie
c’est le titre
Accepter la mort, respecter la vie
c’est le principe
La loi « fin de vie »
-ne traite pas de l’euthanasie!
-accepte le fait de la mort , ne pas tuer
- Condamnation de l’obstination déraisonnable
-Logique de la loi BK de mars 2002: respect du refus de
traîtement
-“tout” traîtement: alimentation artificielle, hydratation?
-Légitimité du double effet
-Légitimité de la limitation/arrêt des soins actifs en
réanimation; irresponsabilité pénale
-Conditions: information/consentement; traçabilité;
collégialité
-La décision reste médicale; la famille est consultée
-Sépare le cas des malades en fin de vie ou non, conscients
ou non
dignité
• « Ce qui a un prix peut être aussi bien remplacé par quelque chose
d’autre, à titre d’équivalent ; au contraire, ce qui est supérieur à tout prix,
ce qui par suite n’admet pas d’équivalent, c’est ce qui a une dignité »
Emmanuel Kant (fondement de la métaphysique des mœurs)
• Reprend l’ opposition de Sénèque : dignitas/pretium
• Inhérent au seul fait d’être homme
-« tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droit »
Déclaration universelle des droits de l’homme (1948)
-« l’irréductible humain » Boutros Boutros Ghali
-« la dignité de l’homme tient à son humanité » CCNE(1991)
• Cette dignité ontologique ne peut et ne doit pas être confondue avec la
vision subjective de soi et des autres devant la maladie, la déchéance
physique, morale…
La loi « fin de vie »
-ne traite pas de l’euthanasie!
-Accepte le fait de la mort , ne pas tuer
- Condamnation de l’obstination déraisonnable
-Logique de la loi BK de mars 2002: respect du refus de
traîtement
-“tout” traîtement: alimentation artificielle, hydratation?
-Légitimité du double effet
-Légitimité de la limitation/arrêt des soins actifs en
réanimation; irresponsabilité pénale
-Conditions: information/consentement; traçabilité;
collégialité
-La décision reste médicale; la famille est consultée
-Sépare le cas des malades en fin de vie ou non, conscients
ou non
Loi relative aux Droits des malades et à la fin de vie”
Ass. Nationale (04-05)
Article 1 (CSP art. L.1110-5 alinea 2)
Le refus de l’acharnement thérapeutique
« Ces actes (investigations ou traitements) ne doivent pas être
poursuivis par une obstination déraisonnable. Lorsqu’ils
apparaissent inutiles, disproportionnés ou n’ayant d’autre effet que
le seul maintien artificiel de la vie, ils peuvent être suspendus ou ne
pas être entrepris. Dans ce cas le médecin sauvegarde la dignité du
mourant et assure la qualité de vie en dispensant les soins visés à
l’article L. 1110-1O. »
La loi « fin de vie »
-ne traite pas de l’euthanasie!
-Accepte le fait de la mort , ne pas tuer
- Condamnation de l’obstination déraisonnable
-Logique de la loi BK de mars 2002: respect du refus de
traîtement
-“tout” traîtement: alimentation artificielle, hydratation?
-Légitimité du double effet
-Légitimité de la limitation/arrêt des soins actifs en
réanimation; irresponsabilité pénale
-Conditions: information/consentement; traçabilité;
collégialité
-La décision reste médicale; la famille est consultée
-Sépare le cas des malades en fin de vie ou non, conscients
ou non
Autonomie
• Auto : soi-même
nomos : loi
• L’autonomie n’est pas la libre disposition de soi ou l’expansion indéfinie des
désirs, mais le fait de se donner une loi qui soit universalisable
• « Ma » loi ne peut être que « La » loi.
• L’autonomie est la soumission à une loi rationnelle universalisable
• Relation médecin-malade rencontre bienveillance-autonomie et recherche par
le malade et avec le malade d’une solution rationnelle, ajustée à une situation
singulière (J Ricot)
• Dérives possibles de la « libre disposition » de mon corps : vente d’organes,
location d’utérus, dopage, toxicomanie, mutilation, suicide médicalement
assisté…
• La médecine devient alors prestataire de service
Loi relative aux Droits des malades et à la fin de vie”
Ass. Nationale (04-05) Art 7
Art. L.1111-11 du CSP. « Toute personne majeure peut rédiger
des directives anticipées pour le cas où elle serait un jour hors
d’état d’exprimer sa volonté. Ces directives anticipées
indiquent les souhaits de la personne relatifs à sa fin de vie
concernant les conditions de limitation ou l’arrêt de
traitement. Elles sont révocables à tout moment.
A condition qu’elles aient été établies moins de trois ans avant
l’état d’inconscience de la personne, le médecin en tient
compte pour toute décision d’investigation ou de traitement
la concernant… »
La loi « fin de vie »
-ne traite pas de l’euthanasie!
-Accepte le fait de la mort , ne pas tuer
- Condamnation de l’obstination déraisonnable
-Logique de la loi BK de mars 2002: respect du refus de
traîtement
-“tout” traîtement: alimentation artificielle, hydratation?
-Légitimité du double effet
-Légitimité de la limitation/arrêt des soins actifs en
réanimation; irresponsabilité pénale
-Conditions: information/consentement; traçabilité;
collégialité
-La décision reste médicale; la famille est consultée
-Sépare le cas des malades en fin de vie ou non, conscients
ou non
Loi relative aux Droits des malades et à la fin
de vie”
Ass. Nationale (04-05)
Article 2 (L.1110-5)
Le double effet
LA THEORIE du DOUBLE EFFET
Thomas d’Aquin


Un acte a 2 effets, l’un bon, voulu, l’autre, indirect, mauvais, non voulu
Ex.: l’effet antalgique de la morphine (voulu) qui peut accélérer le décès du
patient par dépression des centres respiratoires (non voulu)
Cinq conditions :
1. l’acte n’est pas mauvais en lui même
2. l’effet indirect mauvais n’est pas voulu, même s’il est prévu
3. l’effet indirect mauvais n’est pas lui-même le moyen d’atteindre l’effet
bon
4. le bienfait effet bon > effet mauvais
5. aucun autre acte ne permet d’atteindre l’effet bon voulu
La loi « fin de vie »
-ne traite pas de l’euthanasie!
-Accepte le fait de la mort , ne pas tuer
- Condamnation de l’obstination déraisonnable
-Logique de la loi BK de mars 2002: respect du refus de
traîtement
-“tout” traîtement: alimentation artificielle, hydratation?
-Légitimité du double effet
-Légitimité de la limitation/arrêt des soins actifs en
réanimation; irresponsabilité pénale
-Conditions: information/consentement; traçabilité;
collégialité
-La décision reste médicale; la famille est consultée
-Sépare le cas des malades en fin de vie ou non, conscients
ou non
La loi « fin de vie »
-ne traite pas de l’euthanasie!
-Accepte le fait de la mort , ne pas tuer
- Condamnation de l’obstination déraisonnable
-Logique de la loi BK de mars 2002: respect du refus de
traîtement
-“tout” traîtement: alimentation artificielle, hydratation?
-Légitimité du double effet
-Légitimité de la limitation/arrêt des traitements actifs ;
irresponsabilité pénale
-Conditions: information/consentement; traçabilité;
collégialité
-La décision reste médicale; la famille est consultée
-Sépare le cas des malades en fin de vie ou non, conscients
ou non
Décider/décision
• Couper en tranchant : langage juridique
• Nicolas de Baye (1403) : décision : emprunt au terme latin
caedere. Le juge est celui qui doit trancher, couper court aux
tergiversations.
• En médecine :
-processus plus diffus qui va de l’information au traitement et à
son suivi : micro décisions successives.
-la décision est le résultat d’un consensus né d’une relation.
-la décision se fait en situation d’incertitude : aller retour entre
singulier/général
-la décision en urgence
P Le Coz petit traité de la décision médicale Le Seuil
« La réalité du champ de bataille
est qu’on n’y n’étudie pas ;
simplement on fait ce que l’on
peut pour appliquer ce qu’on sait.
Dès lors, pour y pouvoir un peu, il
faut savoir beaucoup et bien.
Ferdinand FOCH
Principes bioéthiques : 4
Childress et Beauchamps Principles of Biomedical Ethics
• Bienfaisance : accomplir au profit du patient un bien qu’il
puisse reconnaître comme tel
• Non malfaisance : épargner au patient un préjudice moral ou
physique qui ne ferait pas sens pour lui.
• Autonomie : s’engager à faire participer le patient au
processus décisionnel
• Justice : processus distributif visant à optimiser le rapport
coûts/bénéfices escomptés.
Principe de justice
Le principe de justice est à égalité avec les trois autres alors
que la justice fonde et habite les trois autres.
Aristote parle de la justice comme la disposition qui nous rend
susceptible d’accomplir des actes justes et nous fait désirer les
accomplir… La justice est une vertu absolument complète.
Il est évident que tous les actes conformes aux lois sont, en
quelque façon, justes…si la loi a été faite convenablement.
Ethique à Nicomaque
• La justice est d’abord une vertu individuelle
P Le Coz Petit traité de la décision médicale Le Seuil
Situations/contexte
L’équipe médicale sujette à émotions (#sensiblerie)
-respect
-compassion.
-crainte : l’espérance est une disposition de l’âme à se persuader que
ce qu’elle désire adviendra…la crainte est une autre disposition
qui lui persuade que ce qu’elle désire n’adviendra pas. Descartes
Les Passions de l’âme
Crainte sans espérance=désespoir
Espérance sans la crainte =assurance
-inquiétude : système d’alarme qui avertit du risque de sacrifier une
valeur à laquelle on tient
P Le Coz Petit traité de la décision médicale Le Seuil
Les règles
• Elles donnent corps à un principe éthique
• Elles sont au service d’une finalité
• Dans un staff :
-le contexte
-les éléments objectifs de la situation
-la confraternité
• L’information : simple appropriée, loyale…
P Le Coz Petit traité de la décision médicale Le Seuil
« Dans une assemblée pour
délibérer, il faut un nombre
impair.
Trois c’est déjà trop…
Ferdinand FOCH
Code de déontologie (décret du 6 sept. 1995)
Art. 37 : “ En toutes circonstances, le médecin doit s’efforcer de
soulager les souffrances de son malade, l’assister moralement
et éviter toute obstination déraisonnable dans les
investigations ou les thérapeutiques ”
Art. 38 : “ ... il n’a pas le droit de provoquer délibérément la
mort ”
Article 37 du code de déontologie médicale
« Dans les cas prévus aux articles L. 1111-4 et L. 1111-13, lorsque le patient est hors
d'état d'exprimer sa volonté, le médecin ne peut décider de limiter ou d'arrêter les
traitements dispensés sans avoir préalablement mis en œuvre une procédure collégiale
dans les conditions suivantes :
- La décision est prise par le médecin en charge du patient, après concertation avec
l'équipe de soins si elle existe et sur l'avis motivé d'au moins un médecin, appelé en
qualité de consultant. Il ne doit exister aucun lien de nature hiérarchique entre le
médecin en charge du patient et le consultant. L'avis motivé d'un deuxième consultant
est demandé par ces médecins si l'un d'eux l'estime utile.
- La décision prend en compte les souhaits que le patient aurait antérieurement
exprimés, en particulier dans des directives anticipées, s'il en a rédigé, l'avis de la
personne de confiance qu'il aurait désignée ainsi que celui de la famille ou, à défaut,
celui d'un de ses proches.
- Lorsque la décision concerne un mineur ou un majeur protégé, le médecin recueille en
outre, selon les cas, l'avis des titulaires de l'autorité parentale ou du tuteur, hormis les
situations où l'urgence rend impossible cette consultation.
Procès de Périgueux mars 2007
Le Docteur Laurence Tramois prescrit 7 g de KCl
sur madame Paulette Drouais. La prescription
est effectuée par Chantal Chanel, infirmière.
Le Docteur Tramois est jugée pour complicité
d’empoisonnement
L’infirmière Chantal Chanel est poursuivie pour
empoisonnement.
Procès au cours de la campagne présidentielle…
Agitation médiatique, lobbies pro-euthanasie…
Verdict 18 mars 2007
Laurence Tramois un an de prison avec sursis
Chantal Chanel acquittée…
Chantal Chanel (IDE)
Dr Laurence Tramois
Chantal Sébire, 52 ans
Esthésio/neuro/blastome
A refusé le traitement chirurgical quand
cela était possible
A refusé les traitements antalgiques et un
Accompagnement
« Suivie » par l’association pour le droit de
mourir dans la dignité…
Demande l’euthanasie à la justice
Refus du tribunal, contraire à la loi, à la
déontologie médicale
Le 19 mars 2008 retrouvée morte
Affaire Sébire : Evaluation 2008
Propositions 1 à 3 : MISSIONS OBSERVATOIRE
Faire connaître la législation sur les droits des malades
et la fin de vie ainsi que la législation sur les soins
palliatifs
Mener des études sur la réalité des situations médicales
de la fin de vie, fournir à la HAS des éléments
d’information sur les pratiques médicales de la fin de
vie, afin d’alimenter les indicateurs qualitatifs élaborés
par la HAS.
Elaborer un rapport au Parlement faisant état des
problèmes liés à la fin de vie en France et comportant
des études thématiques
Propositions 4 et 5 :
Instituer entre les parquets généraux, les espaces
éthiques régionaux et interrégionaux et les CHU
des conventions destinées à mettre en place des
échanges entre praticiens, personnels de santé,
juristes et magistrats sur les questions soulevées
par la fin de vie
Adresser une circulaire de politique pénale à
l’attention de l’ensemble des parquets rappelant
les dispositions de la loi du 22 avril 2005 et la
nécessité de choisir avec discernement les outils
procéduraux et juridiques à leur disposition.
Proposition 6 et 7 :
Élargir le recours à la procédure collégiale aux
patients, par l’intermédiaire des directives
anticipées, et à la personne de confiance.
Motiver les éventuels refus médicaux opposés aux
directives anticipées et à la personne de confiance.
Proposition n° 8
Désigner dans chaque région, un médecin référent d’unité
ou d’équipe mobile de soins palliatifs, pour apporter sa
compétence dans des situations complexes ou
conflictuelles entre une équipe soignante, d’une part, et
le patient et ses proches, d’autre part.
Charger le service de la ligne Azur de communiquer les
coordonnées du médecin référent. Celui-ci pourra être
saisi par le patient, par ses proches ou par les soignants.
Proposition n° 9
Engager une étude portant sur l’institution à titre
expérimental sur un territoire donné d’un congé
d’accompagnement. Ce congé d’une durée de quinze
jours serait attribué à un parent accompagnant à
domicile un patient en fin de vie.
Proposition de loi votée en première lecture à
l’unanimité à l’AN …
3 semaines, 48 euros/j sur tout le territoire.
Proposition 10 et 11 :
Développer l’enseignement de l’éthique en le
diffusant dans les études médicales, en
développant la réflexion éthique pendant les stages
et en imposant des questions d’éthique lors de
l’examen classant national.
Créer, pour enseigner et diffuser la culture
palliative, des chaires de soins palliatifs, pour
disposer, à moyen terme, d’une dizaine de chaires
autonomes et à plus long terme, d’une chaire par
faculté de médecine.
Proposition n° 12 :
Préciser dans le code de déontologie médicale les
modalités des traitements à visée sédative qui
doivent accompagner les arrêts de traitement de
survie lorsque la douleur du patient n’est pas
évaluable.
(CDS)
Proposition 13 à 16 :
Créer des USP avec pour objectif une unité par région
à compter du 1/01/2010 et une unité dans chaque
département au 01/01/2013.
Développer les lits identifiés de soins palliatifs (LISP)
dans les secteurs de moyen et de long séjours, afin
que le taux de couverture des LISP soit le même
dans les différents secteurs.
Publier le décret d’application relatif à la
rémunération des soins palliatifs à domicile.
Développer les structures d’hospitalisation de répit,
afin de soulager les proches qui prennent en charge
un malade en fin de vie à domicile.
Propositions 17 et 18
Développer des indicateurs prenant en compte la
qualité des soins dispensés dans les établissements
de santé et évaluant les pratiques médicales au
regard de la proscription de l’obstination
déraisonnable sur la base par exemple des éléments
suivants : codage et justification des actes médicaux
; durée de séjour en unité de soins palliatifs ; prise
en compte des situations de précarité et de co
morbidité.
Affecter une partie significative des tarifs versés au
titre des lits identifiés de soins palliatifs, au
développement des soins palliatifs.
Proposition 19 et 20
Mieux prendre en compte la durée des séjours
dans le financement par la tarification à l’activité
(T2A).
Généraliser en 2011 la tarification à l’activité, sous
la forme recommandée par la mission, aux
secteurs de long et moyen séjours.
En cours : saisine du CCNE
La suite
La pénurie de dons d’organe
• Le don à cœur arrêté
• La « mort » pour autrui
Non-heart beating donation (NHBD)
The Maastricht classification
I Brought in dead
II Unsuccessful resuscitation
III Awaiting cardiac arrest
Cardiac arrest after brain-stem
IV
death
Cardiac arrest in a hospital
V
inpatient
But premier de la réanimation
• Prendre en charge par des moyens techniques lourds des
patients en défaillance d’organes mettant en jeu le pronostic
vital
• Maintien de la vie en respectant la dignité de la personne
• Contribue à la restauration des fonctions vitales en vue de la
guérison ou d’une qualité de vie la meilleure possible
• En situation de fin de vie : limitation ou arrêt de
thérapeutiques actives, éviter une obstination
thérapeutique déraisonnable (Loi Léonetti)
Extension de la mission de la réanimation
• Prise en charge des patients en état de mort encéphalique en vue d’un
don d’organes
• Il ne s’agit plus, alors, de soigner la personne pour contribuer à lui
redonner un état de santé acceptable
• Il s’agit, ici, de se préoccuper, chez un patient déclaré mort, du maintien
des fonctions des différents organes en vue d’un prélèvement sur un
donneur en état de mort encéphalique à cœur battant
• Cette procédure constitue la source principale de greffons
• MAIS déficit croissant de donneurs du fait de l’augmentation des
indications et de la diminution des donneurs potentiels
• CONSEQUENCES : durée d’attente augmente
mortalité sur liste d’attente
Solutions proposées
• Transplantation donneurs vivants
• Techniques de partage du greffon
• Protocoles de greffes cellulaires
• Prélèvement d’organes sur cœur arrêté
Donneur cœur arrêté
• L’arrêt des manœuvres de réanimation après lequel
la mort est déclarée marque une rupture de
traitement.
• Cette rupture fait apparaître à quel point
l’appareillage et les gestes qu’il va subir n’ont de sens
que dans l’intérêt d’un autre
• Pour la famille et l’équipe soignante le fait
d’intervenir sur un corps ayant les caractéristiques
d’un cadavre peut donner l’impression d’une
profanation
Réflexions éthiques (1)
• A)Le corps mort
-il n’est plus une chair, corps investi par la personne
-mais conserve les traces de la chair et le respect du à la
personne se transporte sur son cadavre.
La loi entérine et consacre cette attitude de respect en fixant
obligations et interdits
-il en résulte une tension entre cette attitude respect et la
considération pragmatique voire utilitariste du corps qui
préside à la recherche d’organes et tissus utilisables
-chemin étroit entre instrumentalisation et vision sacrificielle
Réflexions éthiques (2)
B) Problème de la temporalité dans la mort encéphalique et par
arrêt cardiaque
-mort encéphalique : processus progressif, elle est définie
légalement, autorisant l’arrêt de la réanimation alors que les
manoeuvres de support vital se poursuivent ; la rupture entre
le traitement curatif et celui visant au prélèvement d’organes
n’apparaît pas
-mort par arrêt cardiaque ; validité du constat lié à la conviction
de l’inefficacité des manoeuvres de réanimation
Réflexions éthiques (3)
OR, pour l’équipe soignante et pour les proches interrogations sur :
-durée suffisante et la qualité des manœuvres initiales, adaptation des critères
d’arrêt au cas particulier des patients.
Veut-on sauver le patient ou se procurer des organes?
-reprise des mêmes manœuvres dans une autre finalité après un temps d’arrêt
prédéfini.
On intervient sur une dépouille où toute activité organique s’est arrêtée ; cela
peut apparaître comme une profanation
-nécessité de réduire les délais pour obtenir des organes viables
.instrumentaliser un corps mort sans connaître les volontés du défunt
.interférer avec l’annonce du décès aux proches et le processus de deuil.
Réflexions éthiques (4)
• C) Rapport au corps et son instrumentalisation
-morcelé en un ensemble d’organes réutilisables
-la générosité liée au don d’organes peut signifier que l’on
n’ est pas un corps mais que l’on a un corps avec un ensemble
de pièces interchangeables
-problème du rapport au corps mais aussi du rôle de l’individu
par rapport à une communauté
-modification de la vision de la société face à la problématique
de l’instrumentalisation du corps en vue du don d’organes
avec
.soit diminution des refus
.soit une remise en cause globale du processus de don
Réflexions éthiques (5)
• D) Volonté du patient
-Dans l’esprit de la loi, qui ne dit mot consent au don : la loi
autorise l’intervention sur des cadavres sans avoir la certitude
que cela correspond à la volonté du défunt.
-dans les faits, la reprise du massage cardiaque et de la
ventilation puis l’équipement du donneur potentiel par des
techniques de perfusion (sonde de Gillot, CEC) devront être
réalisées avant que la non opposition préalable ait pu être
vérifiée.
La consultation du registre des refus au don n’aura pas eu lieu. Ce
qui contredit l’esprit de la loi qui l’instituait.
Réflexions ethiques (6)
E) Préservation du consensus social autour de la
transplantation d’organes
-absence de publicité autour du prélèvement à cœur arrêté
alors que le don d’organe est une priorité nationale
-décret et non loi.
-civisme ou altruisme? Le don est une démarche individuelle.
Le don reste un don et non un dû.
-information du public nécessaire pour préciser les différentes
modalités du don
-au niveau du registre national autorisation dissociée pour les
deux modes de prélèvements
Réflexions éthiques (8)
F) Différence entre les modalités de prélèvement chez le donneur en mort
encéphalique et le donneur à cœur non battant?
-respect de la volonté de la personne
.en cas de mort encéphalique la procédure de prélèvement est engagée
après avoir la certitude qu’il n’y a pas d’opposition du patient et de la
famille
.en cas de donneur à cœur arrêté la mise en place des techniques de
perfusion des organes la précède
Cependant, en réalité, chez le donneur en mort encéphalique, les soins
engagés sont poursuivis, non pour le bien du patient, mais pour préparer
le prélèvement en attendant la confirmation de l’absence de refus
Au plan symbolique, le ressenti est différent
Réflexions éthiques (9)
G) retentissement psychologique sur le personnel
-difficultés de passer chez le même patient en quelques minutes
d’un engagement thérapeutique maximum à une activité de
conservation d’organes
-faudra –t-il deux équipes différentes?
-nécessité d’une information soigneuse et une formation répétée
ainsi qu’une analyse et un suivi des répercussions psychologiques
sur les équipes
La mort pour autrui…???
Conclusion
Le moraliste est un amateur difficile. Il lui faut des combats
et même des chutes. Une morale sans déchirement, sans
péril, sans trouble, sans remord, sans nausée, cela n’a
pas de saveur.
Le désagréable, le tourment, le labeur, le vent contraire,
sont essentiels à la vie de cet art. Le mérite importe, et
non la conformité seule. (…)
Rien n’est simple. Il y a cependant une certaine pente
marquée par les instincts et les besoins…..
Paul Valéry (Tel Quel 1)
« Soigner. Donner des soins, c’est
aussi une politique. Cela peut-être
fait avec une rigueur dont la douceur
est l’enveloppe essentielle. Une
attention exquise à la vie que l’on
veille et surveille. Une précision
constante. Une sorte d’élégance dans
les actes, une présence et une
légèreté, une prévision et une sorte
de perception très éveillée qui
observe les moindres signes. C’est
une sorte d’œuvre, de poème (et qui
n’a jamais été écrit), que la
sollicitude intelligente compose »
Paul Valéry Mélange
Il y a au milieu même de la paix (et par
conséquent au milieu même de la guerre) de
formidables combats dans lesquels on est seul
engagé et dont le tumulte est silence pour le
reste du monde
Jean Giono
Pour saluer Melville
Pieter De Hooch 1629-1684 (1664)
Johannes Vermeer 1632-1675 (1662-1664)
La peseuse de perles (1662-1664)
La peseuse d’or (1664)
Bibliographie
• P Le Coz Petit traité de la décision médicale Le Seuil
• N Aumonier, B Beigner, Ph Letellier L’euthanasie
Que sais-je? PUF
• J Ricot Dignité et euthanasie Editions Pleins Feux
• J Ricot Philosophie et fin de vie Editions ENSP
• JM Boles, F Lemaire Fin de vie en réanimation Elsevier
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