état d`agitation chez un patient de réanimation non intubé

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PRISE EN CHARGE
D’UN ETAT D’AGITATION
CHEZ UN PATIENT DE
REANIMATION NON INTUBE
DESC REANIMATION MEDICALE
NICE JUIN 2010
DAUMAS Aurélie
DES MED INT
L ’AGITATION
• Symptôme
• Hétérogène dans ses présentations
cliniques et dans ses causes
• Trouble comportemental avec une
augmentation de l'excitation du
sujet, une incapacité à rester
tranquille, une augmentation de la
réactivité aux stimuli, une irritabilité
et des activités motrices et verbales
inadéquates
DELIRIUM
• Understanding international differences in
terminology for delirium and other types of acute
brain dysfunction in critically ill patients Morandi
A et al, Intensive Care Med 2008
• Syndrome défini
American Psychiatric Association, DSM 4th ed.
1994
• Perturbation de la conscience avec diminution des
capacités d’attention
Troubles cognitifs
Installation rapide et évolution fluctuante
Etiologies variées
Troubles associés : humeur, sommeil et fonctions
psychomotrices
LITTÉRATURE SUR DELIRIUM
• Delirium as a Predictor of Mortality in Mechanically
Ventilated Patients in the Intensive Care Unit
JAMA, April 14, 2004
• Delirium in Mechanically Ventilated Patients: Validity
and Reliability of the Confusion Assessment Method
for the Intensive Care Unit (CAM-ICU)
JAMA, Dec 2001
• Effect of Sedation With Dexmedetomidine vs
Lorazepam on Acute Brain Dysfunction in Mechanically
Ventilated Patients: The MENDS Randomized
Controlled Trial
JAMA, December 12, 2007
• …..
FACTEURS PREDISPOSANTS
• Age élevé
• Troubles préexistants des fonctions
cognitives, Troubles psychiatriques
• Troubles de la vision, de l’audition
• Toxicomanie (tabac, alcool, hypnotiques et
autres drogues)
• Dénutrition
• Gravité de la pathologie d’admission
FACTEURS FAVORISANTS
• Contribuent au développement d’un état
d’agitation
• Mais ne sont ni nécessaires, ni
suffisants à son apparition en
réanimation
LA DOULEUR
• Ressentie par 40 à 60 % des patients après
un séjour en réanimation
Simini B. Patients’ perceptions of intensive
care. Lancet 1999
• Due à la pathologie motivant l’admission en
réanimation ou aux soins de réanimation
• Intensité reliée à l’importance de
l’agitation
LE BRUIT
• Omniprésent en réanimation
• L’International Noise Council a fixé des
limites de bruit à ne dépasser de 45 dB
pour le jour, 40 dB le soir et 20 dB la nuit
quasiment toujours dépassées
• Le bruit de fond en réanimation est supérieur à 50
dB et les bruits de crête supérieurs à 70 voire 80 dB
avec une fréquence de survenue de l’ordre d’une fois
par minute
Venhard J. Étude du bruit dans un service de
réanimation.
Réanim Urgences 1997
TROUBLES DU
SOMMEIL
• Paramètre important à ne pas négliger
• Relation entre l’absence de sommeil et les
troubles du comportement
Easton C. Sensory-perceptual alterations :
delirium in the intensive care unit. Heart Lung
1988
• L’absence de sommeil chez des volontaires sains se
manifeste par une anxiété, une irritabilité et une
désorientation en 2 à 5 js. Si la privation de sommeil se
poursuit, un état d’hallucination voire de paranoïa
apparaît
• L’enregistrement polysomnographique note des
altérations du sommeil paradoxal chez des volontaires
sains soumis à des niveaux sonores comparables à ceux
de la réanimation
Autres
FACTEURS FAVORISANTS
• L’absence de fenêtre en réanimation
avec la perte du cycle nycthéméral
• L’intensité lumineuse forte et constante
• L’environnement agressif
• La dépendance vis-à-vis des machines
• L’isolement sensoriel
ETIOLOGIES
• Les facteurs liés au patient,
à l’environnement et aux thérapeutiques
de la réanimation sont souvent mis en
avant pour expliquer l’état d’agitation
• MAIS ce ne sont le plus souvent que des
éléments qui amplifient les effets d’une
pathologie sous-jacente qui doit être
recherchée de principe
CAUSES ORGANIQUES
• NEUROLOGIQUES
Hématomes post-traumatiques,
hémorragie méningée, AVC, processus
expansif IC, épilepsie, encéphalite
• METABOLIQUES
Hypoglycémie, hyponatrémie,
hyperosmolarité plasmatique,
hypophosphorémie grave, insuffisance
hépatocellulaire, insuffisance rénale,
hypercalcémie
MAIS AUSSI…..
• Globe vésical (vérifier que la sonde ne soit
pas clampée)
• Fécalome
• Traumatisme méconnu..
• Pathologies endocriniennes
INSUFFISANCE D’APPORT
D’OXYGENE AU CERVEAU
• Etats de choc
• Troubles respiratoires avec hypoxie,
hypercapnie voire hypocapnie sévère
SEPSIS
• Svt multifactoriel
MEDICAMENTS
•
•
•
•
•
•
•
•
•
•
•
•
Anticonvulsivants
Corticoïdes
Antihistaminiques H2
Digitaliques
Atropine et anticholinergiques
Lidocaïne
Barbituriques
Méthyldopa
Benzodiazépines
Morphine
Céphalosporines
Oméprazole
INTOXICATIONS
•
•
•
•
•
Alcool
Amphétamines et substances apparentées
Cannabis, cocaïne, hallucinogènes, opiacés
Solvants volatils
Hypnotiques et anxiolytiques
SYNDROMES DE SEVRAGE
• Sevrage alcoolique +++
• Sevrage nicotinique Y penser
• Amphétamines et substances
apparentées
• Cannabis, cocaïne, hallucinogènes,
opiacés
• Hypnotiques et anxiolytiques (3 à 8 jours
après l’arrêt des BZD à demi-vie longue)
SEVRAGE
DE LA SEDATION-ANALGESIE
• La plupart des agents de la sédationanalgésie sont incriminés
• Risque de sevrage aux agents de
sédation et d'analgésie semble maximal
chez les patients ayant subi une
sédation intraveineuse continue d'au
moins 7 jours avec des posologies
élevées
• Un autre facteur favorisant est l'arrêt
brutal
DYSFONCTIONNEMENT
CÉRÉBRAL POSTOPÉRATOIRE
• Etat d’agitation survenant en moyenne
dans les 3 premiers jours post op
• Svt multifactoriel
• Type de chirurgie incriminé
CEC / chirurgie carotidienne
• Sévérité de l’état cardiaque et
complexité de l’intervention chirurgicale
corrélées à l’incidence
EVALUER L’ETAT D’AGITATION
• Evaluation objective difficile
• Echelles cliniques validées reproductibles d’un
observateur à l’autre
1. Sedation Agitation Scale (SAS)
2. RICHMOND AGITATION SEDATION SCALE (RASS)
3. Confusion Assessment Method for the Intensive
Care Unit (CAM-ICU)
Sedation Agitation Scale (SAS)
7
Agitation
dangereuse
Essaie d’arracher la SI et les cathéters, tente
d’enjamber les barrières du lit, tourne dans tous
les sens, mobilise plusieurs personnes pour la
contention
6
Très agité
Non calmé par la voix, mord la sonde d’intubation,
nécessite d’être attaché
5
Agité
Anxieux ou modérément agité, essaie de s’asseoir
dans le lit, calmé par la voix
4
Calme et coopérant
3
Sédaté
Difficile à réveiller par la voix
2
Très sédaté
Éveil à la stimulation douloureuse seulement
1
Non éveillable
Réponse faible ou absent à la douleur
Sessler et al 2002
Evaluation of delirium in critically ill patients:
validation of the Confusion Assessment Method for
the Intensive Care Unit (CAM-ICU)
Ely et al CCM 2001
• Feature 1. Acute Onset of Mental Status Changes or
Fluctuating Course
- Fluctuation de l’état de conscience dans les dernières 24 heures ?
- Variations de GCS, scores de sédation / agitation ?
• Feature 2. Inattention
- Difficultés à focaliser et maintenir l’attention ?
=> tests visuels et auditifs
• Feature 3. Disorganized Thinking
- Pensée désorganisée avec conversation incohérente, idées
embrouillées, illogiques, changements de sujet ?
- Capable de répondre à ces questions ?
• Feature 4. Altered Level of Consciousness
RISQUES LIES A L’AGITATION
• Mise en jeu de la vie du patient, risque
d’arrachement des dispositifs endovasculaires
artériels ou veineux ou des drains thoraciques
amenant leur cortège de complications
propres
• Inadaptation, inconfort du patient aux soins
• Difficultés à réaliser les actes thérapeutiques
• Utilisation excessive d’agents sédatifs
• Augmentation de la morbi-mortalité, de la
durée de séjour et du coût
• Danger pour le personnel, conditions de travail
difficiles
MESURES environnementales
• Présence de fenêtres / Horloge dans le
box / Préservation du cycle Jour/Nuit
• Réduction du bruit
• Communication avec le patient
• Objets familiers, photos
• Facilité l’accès de la famille, aide à
perception (lunettes, appareils auditifs)
• Evaluation et prise en charge adaptée de la
douleur
• Prise en charge psychologique, relaxation,
musicothérapie
TRAITEMENT
• Le traitement de la cause du symptôme
est bien sûr essentiel
• Cependant, un traitement
symptomatique de l’agitation est
pratiquement toujours indispensable
pour permettre d’assurer les soins et
protéger le patient des conséquences
délétères de cette agitation
LA CONTENTION PHYSIQUE
• Son utilisation ne doit être que
temporaire
• Risques lésionnels et psychologiques
bien documentés
APPROCHE
PHARMACOLOGIQUE
• Plusieurs solutions thérapeutiques
existent, mais aucune recommandation
• Pas de médicament idéal
• Pharmacocinétique
pharmacodynamique
mal connues
Patel R et al,
Crit Care Med 2009
NEUROLEPTIQUES
• Efficacité et profil pharmacocinétique
très variable d’1 molécule à l’autre
• Effet antipsychotique, sédatif
• EI: Signes extrapyramidaux, effets
anticholinergiques, QT, T.de Pointe,
Syndrome malin
• Halopéridol (Haldol*) : per os, IV activité
antipsychotique+++, pic 15min à 3-6h, ½ vie
24-48h Bolus 2 à 5 mg / 20-30 min
(titration) entretien = dose bolus / 24 h
mais risque d’accumulation
• Lévomépromazine (Nozinan*) : per os, IM
sédatif+++ pic 60min à 1-3h, ½ vie 15-80h
• Rispéridone (Risperdal*) : gttes, pic 1h, ½
vie 24h
• Olanzapine (Zyprexa*) : velotabs, pic 58h, ½ vie 30-40h
BENZODIAZEPINES
• Efficacité et profil pharmacocinétique
très variable d’1 molécule à l’autre
• Effet sédatif, anxiolytique,
anticonvulsivant, myorelaxant
• Avantage: antagoniste spécifique
• EI: HypoTA, Dépression respiratoire +++
• Diazépam (Rivotril*): ½ vie prolongée,
métabolites actifs, pic plasmatique retardé
• Lorazépam (Temesta*): pic plasmatique
2h, ½ vie 10h, pas de métabolite actif mais
pas de forme injectable, Posologie 1-5mg
• Midazolam (Hypnovel*): rapidité d’action,
½ vie courte 2-3 h, Bolus 2-5 mg
+/- 0,05 à 0,1 mg/kg/h IVSE
NL+BZD > NL ou BZD
• Permet d’administrer de plus faibles
doses de chacun
• Potentialisation des effets
• Diminution des EI
Restlessness in intensive care unit: think
to the nicotinic withdrawal syndrome
D. Tran-Van
Annales françaises d'anesthésie
et de réanimation juin 2004
• Patiente tabagique
sédation difficile
d'une agitation au réveil et d'un échec du
sevrage de la ventilation mécanique
• Pose d'un timbre transdermique de
nicotine
• Facile d'utilisation et peu onéreux
permet d'atteindre un taux plasmatique de
nicotine suffisant pour réduire le
syndrome de sevrage en quatre à cinq
heures
ALPHA 2-AGONISTES
• Clonidine (Catapressan*)
• Action sédative très intéressante sans
effet dépresseur respiratoire
• Effet sympatholytique puissant
• L’association BZD et clonidine ne permet
pas le contrôle des hallucinations et
comporte des effets hémodynamiques
(bradycardie, hypotension) significatifs
CONCLUSION
•
•
•
•
•
•
Symptôme fréquent
Evaluation objective nécessaire
Enquête étiologique systématique
Mesures environnementales
Contention physique à éviter
Drogues d’action rapide avec peu d’EI à
privilégier
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