4 ème degré

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PARALYSIES
PERIPHERIQUES
GENERALITES
•
Définition
Les paralysies périphériques sont aussi appelées « syndromes neurogènes périphériques », et se
caractérisent par une paralysie flasque.
Ce sont des atteintes sensitivo-moto-trophiques consécutives à une lésion :
- soit du motoneurone de la corne antérieure médullaire, ou une lésion spinale
- soit axonale : la lésion axonale est caractérisée par une topographie systématisée, c’est-à-dire
qu’un nerf a sous sa dépendance un territoire défini
Une lésion tronculaire se caractérisera par des problèmes sensitifs et moteurs concomitants.
•
Rappels anatomo-histologiques
Un nerf véhicule à la fois la motricité, toutes les sensibilités et ce qui est végétatif ; ainsi, un nerf est
toujours mixte.
Au niveau de la moelle épinière, on trouve 2 racines :
- une racine antérieure : c’est la racine motrice, qui part de la corne antérieure de la substance grise
- une racine postérieure : c’est la racine sensitive, qui arrive à la corne postérieure de la substance
grise
Au niveau du foramen inter-vertébral, les 2 racines se rejoignent ( nerf mixte), puis donne 2 branches :
- une branche antérieure : elle représente la majorité du contingent nerveux qui sort du foramen
inter-vertébral et est à destination de la musculature segmentaire
- une branche postérieure : elle est représentée par le nerf postérieur de Luska et est à destination
des muscles axiaux et des articulaires postérieures (sensibilité)
le nerf : rappel anatomique
a. fissure médiane ventrale
d. ganglion spinal
g. nerf postérieur de Luska
b. sillon collatéral ventral
e. nerf spinal
h. branche antérieure du nerf spinal
c. racine postérieure sensitive
f. racine antérieure motrice
Remarque : nerf postérieur de Luska = branche postérieure du nerf spinal
Sur le plan histologique, ces troncs nerveux sont constitués de fascicules nerveux qui sont noyés dans
l’endonèvre (tissu conjonctif), chaque fascicule étant regroupé par le périnèvre. Le fascicule nerveux est
entouré par la gaine de myéline et les cellules de Schwann ; aux points d’interruption de la gaine de
myéline, on trouve les nœuds de Ranvier. Enfin, l’épinèvre vient entourer le tout et former ainsi la gaine
conjonctive des nerfs.
la fibre nerveuse et ses gaines
A. axone
B. gaine de myéline
C. gaine de Schwann
D. nœud de Ranvier
coupe de nerf périphérique
A. épinèvre
B. périnèvre
C. fibre nerveuse
D. vasa nervorum
E. endonèvre
Enfin, au niveau nerveux, il faut distinguer 2 types principaux de fibres :
- les fibres non myélinisées, de petit calibre
- les fibres myélinisées, de gros calibre
•
Rappels physiologiques
Un nerf a donc une triple fonction : motrice, sensitive et végétative. De plus, il respecte la métamérie, selon
la ou les racines dont il est issu.
La conduction nerveuse varie selon les fibres empruntées par l’influx nerveux :
- les fibres non myélinisées, de petit calibre, ont un système de conduction de l’influx nerveux qui
se fait de proche en proche
- les fibres myélinisées, de gros calibres, utilisent le système de conduction saltatoire par
l’intermédiaire des nœuds de Ranvier, pour conduire l’influx nerveux
•
Rappels anatomo-pathologiques
En cas d’atteinte nerveuse traumatique, on va trouver des tableaux particuliers de :
- neurapraxie
- axonotmésis
- neurotmésis
Il existe 2 classifications de tableaux cliniques : celle de Seddon et celle de Suderland
 classification de Seddon
Interruption fonctionnelle de la conduction nerveuse : NEURAPRAXIE
Il s’agit d’un blocage physiologique de la conduction nerveuse, on parle de « sidération ». Au niveau
anatomique, il n’y a pas d’interruption du nerf, ni de l’axone, ni des enveloppes conjonctives, donc il n’y a
pas de dégénérescence.
La récupération se fait entre quelques jours et 12 semaines au maximum et dans ce cas, le nerf reste
excitable.
Interruptions lésionnelles : AXONOTMESIS & NEUROTMESIS
AXONOTMESIS : il y a interruption de la gaine de myéline et de l’axone, mais les gaines conjonctives de
protection sont conservées. Il se déroule alors le phénomène de la dégénérescence wallérienne :
- la partie du nerf sous-jacente à la section va dégénérer totalement, laissant la gaine conjonctive
vide (tunnel pour la repousse nerveuse)
- la partie sus-jacente à la lésion dégénère elle aussi, à partir du moignon nerveux distal, jusqu’au
nœud de Ranvier sus-jacent (le 1er nœud qu’elle rencontrera)
Cette dégénérescence wallérienne met 3 à 4 semaines à se constituer, et, à la fin de ce laps de temps, le nerf
est inexcitable, mais la régénération est possible.
A l’EMG, on observe une activité de dénervation : fibrillations, potentiels lents de dénervation. Cependant,
un examen EMG n’a aucune valeur s’il est réalisé dans les 3-4 1ères semaines après l’accident (pendant la
dégénérescence wallérienne).
NEUROTMESIS : il y a interruption de tout le nerf (gaines conjonctives, axone et myéline). On assiste
alors à une dénervation et à une dégénérescence du segment nerveux sous-jacent à la section dans le sens
proximo-distal, qui se propage jusqu’au bout du nerf.
Dans ces conditions, le chirurgien doit obligatoirement remettre bout à bout le nerf et suturer les gaines
pour faire en sorte que le nerf ait une gaine (tunnel) qui guide sa repousse. Le cas échéant, le nerf ne va plus
être guidé et il va former un névrome à l’extrémité sectionnée du nerf.
REGENERATION
Elle se fait dans le sens proximo-distal, à la vitesse moyenne d’1 mm/j :
- au niveau des troncs nerveux : 2 à 3 mm/j
- au niveau des nerfs distaux : 0.5 mm/j
Cette repousse nerveuse est évaluée par le signe de Tinel : à la percussion du trajet du nerf, le sujet va
ressentir une décharge électrique au niveau de la repousse nerveuse ; cette sensation irradie souvent vers la
partie distale du membre.
 classification de Suderland
Il classe les lésions nerveuses en 5 degrés :
- 1er degré : la NEURAPRAXIE : on a un bloc de conduction localisé, les structures nerveuses sont
conservées, il n’y a pas de lésion axonale et la récupération prend de quelques minutes à 12
semaines
- 2nd degré : l’AXONOTMESIS : on a une lésion axonale, mais les gaines conjonctives sont
conservées (endonèvre et périnèvre). La repousse nerveuses est complète, ainsi que la récupération
- 3ème degré : on observe une cicatrisation au sein de l’endonèvre. Il y a bien une régénération, mais
certains fascicules ne vont pas retrouver leur trajet ; ainsi, la régénération n’est jamais totale ni
complète
- 4ème degré : les lésions internes sont plus importantes, mais les enveloppes externes sont
conservées. Cependant, la cicatrisation des éléments internes empêche l’axone de retrouver sa
gaine, et elle empêche la régénération du nerf
- 5ème degré : la section du nerf est complète, et il n’y a aucune récupération s’il n’y a pas de
chirurgie effectuée
Remarques :
- les 2ème, 3ème et 4ème degrés sont des stades différents de l’axonotmésis selon Suderland
- les 4ème et 5ème degrés nécessite une intervention chirurgicale pour permettre la régénération
- dans les 2ème, 3ème, 4ème et 5ème degrés, on retrouve le signe de Tinel
SEMIOLOGIE – CLINIQUE
•
Déficits
 troubles moteurs
Ils se manifestent par des paralysies ou des parésies, complètes ou dissociées. Toutes les motilités sont
altérées, qu’elles soient volontaires, automatiques ou réflexes.
La topographie des paralysies est segmentaire, à systématisation radiculaire, tronculaire ou plus globale,
bilatérale, symétrique ou non.
La déficience musculaire est cotée de 0 à 5 par le testing musculaire.
 troubles du tonus
Le tonus est toujours altéré dans les paralysies périphériques. On retrouve soit une hypotonie, soit une
flaccidité.
On observe :
- une augmentation de la passivité
- une augmentation de l’extensibilité (mobilisation passive)
- une diminution de la tonicité
Ces troubles du tonus sont appréciés à la palpation et à la mobilisation passive.
 amyotrophie
Elle est toujours présente dans les paralysies périphériques, et apparaît relativement tôt. Elle évolue vers
une fibrose musculaire, où le muscle va perdre ses caractéristiques propres s’il n’est pas entretenu. Il faut
environ 1 an pour que les muscles amyotrophiés retrouvent leurs caractéristiques.
 troubles trophiques et vasomoteurs
Ils vont plutôt intéresser des nerfs comme le nerf médian (au niveau du membre supérieur) et le nerf
sciatique poplité interne (au niveau du membre inférieur).
Il se développe des causalgies : sensations d’écrasement, d’étau, de brûlures.
 troubles des réflexes
Les réflexes ostéo-tendineux et cutanés sont abolis ou diminués. On ne retrouve pas de signe de Babinski
dans les paralysies périphériques. La contraction idiomusculaire est conservée, puis elle s’estompe petit à
petit, et disparaît.
 troubles sensitifs
Ils se manifestent par une anesthésie ou une hypoesthésie, qui atteignent toutes les sensibilités. Ils sont à
topographie tronculaire ou radiculaire ; dans le dernier cas, on trouve des douleurs irradiantes dans le
territoire de la racine nerveuse quand il y a augmentation du liquide céphalo-rachidien, et d’autres pressions
(ex : à la toux, rire, à la défécation), et ces douleurs irradiantes se sur-ajoutent à l’anesthésie.
Les troubles sensitifs se manifestent aussi sous forme de paresthésies ou de dysesthésies.
•
Répercussions fonctionnelles
 au niveau des membres supérieurs
Vont être touchés :
- l’orientation du membre dans l’espace
- l’approche
- le réglage de la distance
- l’ouverture de la main
- les prises
 au niveau du membre inférieur
Vont être touchés :
- l’appui
- la marche (boiteries)
- les activités supérieures de la marche (saut, course) et les escaliers
L’équilibre et les AVQ seront aussi altérés.
•
Examen complémentaire : l’électrodiagnostic
L’électrodiagnostic n’a aucun intérêt avant 1 mois ; il faut attendre que la dégénérescence wallérienne soit
constituée.
 EMG de détection
On observe une activité de repos de dénervation avec :
- un potentiel bref de fibrillation (pour les muscles paralysés)
- un potentiel lent de dénervation
 EMG de stimulation
Un muscle partiellement ou totalement dénervé est inexcitable au courant faradique ; il se contracte
lentement au courant galvanique (qui dure minimum 300 ms) lors de l’ouverture du circuit.
 EMG de stimulo-détection
On observe une diminution de la vitesse de conduction motrice et sensitive.
REEDUCATION
Elle passe par 3 étapes qui suivent l’évolution du patient.
•
Étape 1 : début de l’atteinte
Les paralysies périphériques peuvent être dues à plusieurs causes :
- une contusion
- une élongation
- une rupture de fascicule
- une section nerveuse
A chaque fois qu’il y a une plaie, le neurochirurgien va réaliser une exploration nerveuse, pour vérifier
l’état des nerfs.
 bilans
Les bilans vont concerner :
La sensibilité
Il va objectiver une diminution de la sensibilité, ou des troubles comme les paresthésies ou des
dysesthésies.
Le plan orthopédique
- inspection : on recherche les axes articulaires, les attitudes vicieuses par rupture de la balance
musculaire : on va avoir des muscles sains (forts) qui vont être rétractés (installation en course
interne) et des muscles paralysés (faibles) qui vont se laisser étirer par les muscles forts, ceci
entraînant un inconfort pour le patient. De plus, à chaque fois que le patient cherche une position
antalgique, il favorise la contraction des muscles forts, donc il renforce son attitude vicieuse. A la
longue, les muscles forts deviennent de plus en plus courts, et les muscles faibles paralysés vont se
rétracter (par fibrose musculaire)
- goniométrie : on utilise les mesures d’angles ou la centimétrie
- T.M.R. : - extensibilité : elle est augmentée, donc attention lors de la mobilisation, en particulier
des muscles poly-articulaires
- tonicité : elle est diminuée, le volume musculaire diminue
- passivité : elle est augmentée
La motilité active
On réalise l’Évaluation Manuelle de la Fonction Musculaire ou testing, en utilisant les cotations + et -.
Exemple 1 :
1 = la contraction musculaire est visible mais il n’y a pas de mouvement
1+ = le mouvement débute sans pesanteur, mais ne se termine pas
2- = le mouvement se réalise presque dans toute l’amplitude
2+ = le mouvement débute contre la pesanteur mais ne se termine pas
3- = le mouvement se fait contre pesanteur mais pas dans toute l’amplitude
Sur le plan de la motilité active réflexe, on trouve des ROT diminués ou abolis.
La trophicité
Souvent, on va avoir une peau qui s’amincit, qui devient écailleuse, avec des phanères qui se dégradent
(poils qui tombent). Il y a une déminéralisation osseuse si le patient est alité trop longtemps, et on observe
une amyotrophie suivie d’une fibrose musculaire à long terme.
Le fonctionnel
Bilan des AVQ.
La psychologie
 objectifs et moyens
Lutte contre les troubles trophiques
On utilise toutes les manœuvres hyper-hémiantes pour augmenter la vascularisation (pétrissages lents et
pressions glissées).
Entretien orthopédique
On réalise des mobilisations en veillant à la douleur et à la rupture de la balance musculaire.
Éveil musculaire
On entretien l’image motrice du patient (contractions musculaires). Avant le travail, il faut réchauffer les
muscles (par IR, fangothérapie, enveloppes chauffantes, massages hyper-hémiants,…).
Pour la contraction, on favorisera le passage d’une contraction sub-liminaire à une contraction supraliminaire (= pas décelable  décelable).
Il faudra détendre les muscles forts, les étirer dans toutes les articulations qu’ils peuvent croiser.
On utilisera les étirements vibrés pour obtenir la contraction musculaire.
On utilisera l’électrothérapie en réveil musculaire pour entretenir la contractilité des muscles faibles, en
sachant que les muscles pathologiques ne répondent qu’à une impulsion de longue durée (300 ms
minimum) : on utilisera donc des courants rectangulaires.
•
Étape 2 : récupération
On parle de récupération lorsque la cotation au testing des muscles paralysés est à 1 + / 2- minimum.
 bilans
Les bilans vont concerner :
- la sensibilité
- la trophicité
- le plan musculaire : testing +++
- le fonctionnel : préhension et marche
 objectifs
Lutte contre la tendance rétractile
- musculaire : s’il y a une fibrose qui s’est installée, entretien de l’élasticité et de l’extensibilité musculaire.
- capsulo-ligamentaires :
- au niveau de la main : MP en extension (on perd de la flexion), IPP et IPD en flexion (on perd de
l’extension) : ceci est dû à l’adhérence de la plaque palmaire et des ligaments latéraux au niveau
des MCP (les ligaments passent en arrière de l’axe articulaire  perte de flexion) et des IPP et IPD
(les ligaments passent en avant de l’axe articulaire  perte d’extension)
- au niveau de l’épaule : on perd l’abduction et la rotation externe par rétraction des ligaments
coraco-huméraux et gléno-huméraux
- au niveau de la hanche : on perd la rotation interne et l’extension
- au niveau du pied : on perd la flexion dorsale, l’éversion et l’extension de l’hallux
La rééducation motrice
Elle est analytique. Pour passer des muscles de 2 à 3, on utilisera la suspension thérapie, avec utilisation des
suspensions pendulaires, décentrées et latérales.
L’appareillage pourra être levé lorsque :
- les muscles du MS seront cotés à 3 (travail contre pesanteur)
- les muscles du MI seront cotés à 4 (travail contre pesanteur et résistance)
On réalise un travail musculaire actif d’abord excentrique (qui recrute le maximum d’unités motrices), puis
le travail statique, et le travail concentrique. On peut aussi faire du travail pliométrique.
La rééducation sensitive
La sensibilité précède toujours la motricité, et ainsi, la récupération des sensibilités sera indissociable de la
récupération motrice. On réalise une cotation de la sensibilité qui permet de voir s’il y a une ré-innervation
et d’orienter la rééducation :
- pallesthésie (sensibilité vibratoire)
- sensibilité algique
- sensibilité thermique
- sensibilité discriminative (« je touche où / comment / combien »…)
- sensibilité tactile
- graphesthésie
La sensibilité est surtout importante au niveau de la paume des mains et de la plante des pieds :
- au niveau des mains : on rééduque les sensibilités superficielles (algique, thermique et tactile),
ainsi que la stéréognosie (utilisation d’une dizaine d’objets usuels à ramener vers soi les YF dans un
ordre indéterminé puis dans un ordre donne) et l’hylognosie
- au niveau des pieds : le patient doit reconnaître les surfaces d’appui (mousse, moquette,
graviers,…), une marche rapide, des changements de direction, des jeux de ballons, ainsi que la
marche dans toutes ses composantes (% du cycle de marche)
La réadaptation fonctionnelle
Elle est indissociable de la rééducation motrice et concerne les MI, les MS et le patient appareillé. On
réalise des sollicitations musculaires dans leur recrutement habituel :
- mobilisation
- freinage
- stabilisation
Pn réalise aussi la réadaptation cardio-respiratoire du patient, ainsi que l’entraînement à l’utilisation de
l’appareillage dans ses AVQ.
 moyens
Les moyens seront :
- analytiques
- globaux : PNF
- travail sensori-moteur, en sachant que le SNC se fatigue rapidement, qu’il apprend peu et qu’il
oublie vite
- pliométriques : travail excentrique  travail concentrique (« à rebond »)
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Étape 3 : phase de séquelles
Les séquences peuvent être d’ordre :
- moteur
- sensitif
- trophique
mais elles entraîneront toujours des séquelles orthopédiques.
Les séquelles motrices sont combattues par les transplants tendineux : avant la transplantation on renforce
le muscle, après l’intervention on rééduque le muscle dans la fonction pour laquelle il a été transplanté, en
travaillant d’abord en isométrique, puis en concentrique et enfin en excentrique.
Les séquelles orthopédiques sont traitées par arthrodèse (blocage d’une articulation dans une position de
fonction) : arthrodèse sub-talaire, arthrodèse du coude,…
Les séquelles sensitives sont minorées par l’appareillage du patient (il protège le patient contre ses
mauvaises perceptions sensitives) et par l’éducation du patient (enseigner le port de gants quand il est près
d’une source de chaleur,…).
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