Alcool : feuille d’information La consommation d’alcool est largement répandue dans notre société. La majeure partie de la population en fait un usage responsable. Une consommation d’alcool chronique peut entraîner des problèmes de santé et augmenter le risque de développer différents cancers. Il est donc important de boire le moins d’alcool possible. Qu’est-ce que l’alcool ? Effets dans l’organisme L’alcool pur (alcool éthylique ou éthanol) est un liquide incolore qui dégage une odeur prononcée et qui brûle la gorge quand on en boit. L’éthanol est le produit de la fermentation d’amidon ou de sucres sous l’action de levures. On le trouve en quantité variable dans les boissons alcooliques. L’alcool peut également être élaboré par synthèse avec de l’eau et de l’éthylène. Dans le langage courant, le terme d’ « alcool » désigne généralement des boissons comme le vin, la bière ou l’eau-de-vie et non l’alcool pur (éthanol). La consommation d’alcool a des effets immédiats tels que sensation de chaleur, bien-être, détente et de gaieté. A mesure que la quantité absorbée augmente, il s’y ajoute des symptômes tels que baisse de la concentration, augmentation de la propension à prendre des risques, troubles de l’équilibre et de la vue. L’ingestion de quantités importantes d’alcool peut entraîner des paralysies, une perte de connaissance, voire un arrêt respiratoire et la mort. En règle générale, la teneur en alcool est indiquée en pourcentage volumétrique (% vol.). Avec une densité de 0,79 g/cm3, l’alcool est plus léger que l’eau. Un décilitre de vin à 10 % vol., par exemple, contient 7,9 grammes d’alcool pur. A l’instar des graisses, des hydrates de carbone et des protéines, l’alcool est un pourvoyeur d’énergie ; un gramme d’éthanol apporte 7 kilocalories (kcal). Absorption et élimination dans le corps L’alcool est absorbé par l’ensemble du tractus gastro-intestinal. Les muqueuses de la bouche, du pharynx et de l’œsophage en absorbent 2 %, l’estomac 5 à 10 % et l’intestin le reste. L’alcool est éliminé à 90–95 % par le foie ; les 5 à 10 % restants sont évacués par le biais de la transpiration, de la respiration et de l’urine. Lors de la dégradation de l’alcool, il se forme de l’acétaldéhyde, une substance considérée comme cancérigène. L’alcool influence le métabolisme et peut endommager pratiquement tous les organes en cas de consommation chronique et excessive. Le foie et le pancréas sont les premiers touchés. L’abus d’alcool augmente également le risque d’hypertension, de maladies cardiaques et d’inflammations de la muqueuse de l’estomac. Il augmente encore la vulnérabilité aux infections et endommage le système nerveux. La consommation d’alcool accroît par ailleurs le risque de développer certains cancers. En plus des effets physiques, la consommation excessive d’alcool peut entraîner des problèmes psychiques et sociaux. Alcool et risque de cancer L’alcool augmente le risque de différents cancers. On estime qu’il est à l’origine de 4 à 8 % de tous les cancers. En d’autres termes, sur 37 000 nouveaux cas annuels de cancer en Suisse, 1500 à 3000 sont imputables à la consommation d‘alcool. La consommation d’alcool augmente le risque de développer un cancer de la bouche, du pharynx, du larynx, de l’œsophage, du côlon, du foie et du sein. Le risque est majoré même si la consommation est faible et augmente avec la quantité ingérée. Il Absorption dans le corps Elimination dans le corps Bouche, pharynx, œsophage 2 % Foie 90–95 % (le reste est évacué par le biais de la transpiration, de la respiration et de l’urine) estomac 5 à 10 % intestin 88-93 % n’existe pas de seuil en deçà duquel on peut avoir la certitude que le risque de cancer n’augmentera pas. Le risque de cancers du sein et de l’œsophage, ainsi que de cancers de la cavité buccale et du pharynx s’accroît déjà lorsqu’on consomme un verre d’alcool par jour. Le type d’alcool consommé n’a pas d’importance, ce qui est déterminant, c’est la quantité d’alcool pur ingérée. Causes Les processus responsables du risque accru de cancer dans l’organisme n’ont pas encore été pleinement élucidés. Un scénario possible est que l’alcool endommage les cellules de la muqueuse de l’œsophage ou de l’intestin et qu’il exerce une influence négative sur le métabolisme de différentes substances nutritives saines. L’acétaldéhyde, qui se forme lors de la production de boissons alcooliques et lors de la dégradation de l’alcool dans le corps, peut endommager le patrimoine génétique (ADN), ce qui peut entraîner la survenue d’un cancer. Actuellement, il n’est pas possible d’évaluer la part imputable à l’acétaldéhyde dans l’effet cancérigène des boissons alcooliques. La consommation d’alcool influence l’équilibre hormonal et peut entraîner une production accrue d’œstrogènes ou d’autres hormones qui jouent un rôle important dans l’apparition du cancer du sein. Le surpoids constitue un facteur de risque important pour différents cancers. Les boissons alcooliques représentent une source de calories qu’il ne faut pas sous-estimer et favorisent l’apparition du surpoids. L’alcool inhibe la combustion des graisses et peut, en stimulant l’appétit, entraîner l’absorption de calories supplémentaires. Il peut donc aussi augmenter le risque de cancer de façon indirecte, en favorisant les kilos excédentaires. Association alcool – tabac L’alcool et le tabagisme augmentent le risque de cancers de la bouche, du larynx et de l’œsophage. Chez les personnes qui associent ces deux facteurs, le risque de cancer est encore plus élevé que chez les simples fumeurs ou les simples buveurs. Décès liés à l’alcool en 2011 (classe d’âge: 15 à 74 ans) 2% Accidents, blessures, suicides 32 % 10% 32% 27% Cancers 29 % Cirrhoses hépatiques 27 % Troubles psychiques 10 % Autres 2% 29% Les maladies cardiovasculaires ne figurent pas dans le graphique, car la part des décès dus à l’alcool et celle des décès évités grâce à l’effet protecteur d’une consommation modérée d’alcool s’équilibrent à peu de chose près (-1%). Des bénéfices pour la santé ? Plusieurs études ont mis en évidence qu’une consommation modérée d‘alcool (un à deux verres standard, c’est-à-dire 1 décilitre de vin, 3 décilitres de bière ou 2 centilitres d’alcool fort par jour) peut diminuer le risque d’infarctus du myocarde et d’attaque cérébrale. Les effets de l’alcool sur la santé dépendent toutefois aussi de l’état général et du poids de la personne considérée. De nombreuses organisations définissent une consommation d’alcool d’un verre standard par jour au maximum chez les femmes et de deux verres standard au maximum chez les hommes comme présentant un faible risque. Est considéré comme « verre standard » une quantité de boisson alcoolique contenant 10 à 12 grammes d’alcool pur, soit par exemple 3 décilitres de bière ou 1 décilitre de vin. Ces quantités constituent des valeurs indicatives maximales. Les personnes qui boivent peu d’alcool ou pas d’alcool du tout ne devraient pas augmenter leur consommation pour autant. Recommandations de la Ligue contre le cancer Pour de nombreuses personnes, les boissons alcooliques font partie intégrante d’un bon repas ou d’un événement convivial. La grande majorité de la population suisse a une consommation qui présente un faible risque pour la santé ou ne boit pas du tout d’alcool. Globalement, les bénéfices de l’alcool pour la santé sont considérés comme inférieurs aux préjudices occasionnés. En 2011, 1768 décès étaient imputables à l’alcool en Suisse dans la tranche d’âge des 15 à 74 ans. Durant ce même laps de temps, l’effet préventif d’une consommation modérée d’alcool a permis d’éviter 168 décès (avant tout par maladie cardiovasculaire). Décès liés à l’alcool Compte tenu de ce qui précède, la consommation d’alcool en Suisse a entraîné 1600 décès chez les 15 à 74 ans en 2011. Sur ce nombre, 62 % étaient liés à une consommation élevée d’alcool. Pratiquement trois quart des décès concernaient des hommes, un quart environ des femmes. Sur les décès imputables à l’alcool, 32 % sont liés à des blessures et des accidents, 29 % à des cancers, 27 % à des affections du foie et 10 % à des maladies psychiques. Pour préserver la santé, la Ligue suisse contre le cancer recommande de limiter sa consommation d’alcool, d’intercaler régulièrement des journées sans alcool et de privilégier les boissons sans alcool. En ayant une alimentation équilibrée, en pratiquant une activité physique suffisante, en buvant peu d’alcool et en ne fumant pas, on met tous les atouts de son côté. Consommation moyenne en Suisse En Suisse, la consommation annuelle moyenne d’alcool pur s’élève à un peu moins de 10 litres par personne de quinze ans et plus (état : 2012). La Suisse se situe ainsi dans la moyenne sur le plan européen. La consommation d’alcool est en légère baisse depuis quelques années dans notre pays. Plus de 80 % des personnes de quinze ans et plus consomment de l’alcool, 15 % environ sont abstinentes. Chez près de 5 % des personnes de quinze ans et plus, la quantité d’alcool ingérée est considérée comme présentant des risques (plus de 20 grammes d’alcool pur par jour chez les femmes, respectivement 40 grammes d’alcool pur par jour chez les hommes). Les hommes boivent plus souvent et plus d’alcool que les femmes. La part des consommateurs quotidiens est plus élevée en Suisse romande et au Tessin. Ces deux régions présentent également une consommation moyenne par habitant supérieure à celle de la Suisse alémanique. Informations complémentaires www.addictionsuisse.ch www.bag.admin.ch/themen/drogen www.ich-spreche-ueber-alkohol.ch/fr Consommation de boissons alcooliques par habitant en Suisse en litres (années 1971 à 2012) Sources: Régie fédérale des alcools (RFA) (2013). L’alcool en chiffres 2013 et calculs d’Addiction Suisse sur la base de: Régie fédérale des alcools (RFA). Consommation de boissons alcooliques par habitant en Suisse des années concernées. Office fédéral de la statistique (OFS). Statistique de l’état annuel de la population (ESPOP) des années concernées. Teneur en alcool Vin 11% 44.5 45.3 49.3 49.4 45.7 43.4 43.5 43.5 43.1 41.8 40.9 40.2 38.8 38.3 39.3 38.6 37.9 38.2 37.0 36.0 Bière 4.8% 74.8 68.9 70.0 69.3 66.0 59.1 58.6 57.8 57.1 55.5 58.1 57.0 55.0 56.8 57.4 58.0 57.3 56.6 57.0 56.5 Cidre 4.5% 6.5 5.4 5.1 4.6 3.4 2.8 2.6 2.6 2.5 2.3 2.3 2.2 1.9 1.8 1.7 1.6 1.5 1.4 1.8 1.8 Spiritueux 40% 5.3 5.0 5.4 4.9 4.1 3.7 3.6 3.9 **4.0 4.0 4.0 3.9 3.8 3.9 4.0 4.0 3.9 3.9 3.9 3.9 Total alcool pur Par habitant 11.0 10.5 11.2 10.9 10.0 9.2 9.2 9.2 9.0 9.0 8.9 8.5 8.6 8.8 8.7 8.6 8.5 8.5 8.4 Par habitant dès 15 ans 14.4 13.4 13.6 13.1 12.0 11.2 11.1 11.2 11.0 10.8 10.9 10.6 10.1 10.2 10.3 10.2 10.1 10.0 10.0 9.9 9.2 (100% vol.) *71-75 *76-80 *81-85 *86-90 *91-95 *96-00 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 *moyenne des années cumulées **chiffre révisé Source: Addiction Suisse Références bibliographiques Eidgenössische Alkoholverwaltung (EAV). (2013) Pro-Kopf-Konsum alkoholischer Getränke in Litern in der Schweiz im Zeitvergleich von 1971 bis 2012. Parkin DM, Boyd L., Walker LC. (2011) The fraction of cancer attributable to lifestyle and enviromental factors in the UK in 2010. British Journal of Cancer, S77–S81. International Agency For Research On Cancer (IARC). (2007) Attributable causes of cancer in France in the year 2000. Lyon: IARC. Bagnardi V. et al. (2013) Light alcohol drinking and cancer: a meta-analysis. Annals of Oncology 24: 301–308. Gapstur, S. (2013) Does drinking alcohol increase the risk of cancer? Atlanta: American Cancer Society. Marmet S., Gmel G., Gmel G., Frick H., Rehm J. (2013) Alcohol-attributable mortality in Switzer­land between 1997 and 2011. Lausanne: Addiction Suisse. Impressum Editrice Ligue suisse contre le cancer Effingerstrasse 40 case postale 8219 3001 Berne tél. 031 389 91 00 fax 031 389 91 60 [email protected] www.liguecancer.ch Auteure Kerstin Zuk, dipl. –oec. –troph., collaboratrice spécialisée Alimentation à la Ligue suisse contre le cancer à Berne Conseils scientifiques Karin Huwiler, Dr med., collaboratrice scientifique à la Ligue suisse contre le cancer à Berne Gmel G., Kuendig H., Notari L., Gmel C., Flury R. (2013) Suchtmonitoring Schweiz – Konsum von Alkohol, Tabak und illegalen Drogen im Jahr 2012. Lausanne: Sucht Schweiz, 2013. Cette feuille d’information est également disponible en allemand et en italien. Commandes : par téléphone au 0844 85 00 00 ou par courriel à [email protected] World Cancer Research Fund (WCRF) / American Institute for Cancer Research (AICR). (2007) Food, Nutrition, Physical Activity, and the Prevention of Cancer: a Global Perspective. Washington DC: AICR. © Août 2014, Ligue suisse contre le cancer, Berne 1ère édition LSC / 08.2014