Premières littéraires 2007.2008 DECOUVERTE DE LA PHILOSOPHIE QUELLE EST L’IMAGE COMMUNE DU PHILOSOPHE ? Le philosophe , c’est un doux mélange d’intello et de baba-cool ! QUELLE EST L’IMAGE COMMUNE DE LA PHILOSOPHIE? Il y a dès lors DEUX IMAGES DE LA PHILOSOPHIE UNE PRISE DE TÊTE OU UNE TÊTE DANS LES NUAGES Conséquences! On tient la PHILOSOPHIE 1. pour une activité purement intellectuelle 2. qui concerne des choses ABSTRAITES 3. sur lesquelles on se pose des QUESTIONS qu’on ne se pose que rarement, pour ne pas dire jamais! Des questions que seuls des philosophes peuvent en fait se poser! 4. Questions que l’on va examiner en PROFONDEUR! 5. pour n’avoir au final AUCUNE REPONSE! 6. Donc pour une ACTIVITE INUTILE !! D’où le fameux: La philosophie, ça ne sert à rien! Les premiers détracteurs de la philosophie sont Le père de la philosophie occidentale est SOCRATE 1. Aristophane qui dans la pièce Les Nuées, Cette image de la philosophie 2. est aussi vieille que la philosophie! Et donc la critique de la 3 philosophie est aussi vieille que la philosophie! représente Socrate suspendu dans un panier, toisant le commun des mortels. Calliclès, un personnage imaginé par Platon dans le dialogue le Gorgias qui dit à Socrate que « la philosophie est une chose charmante à condition qu’on adonne modérément quand on est jeune ». Mais la pratiquer encore à l’âge adulte est « une véritable ruine pour l’homme ». . Anytos, Mélétos et Lychon qui vont déposer plainte contre Socrate pour: - Corruption de la jeunesse: à force de philosopher avec les jeunes, Socrate finit par les détourner de l’essentiel. Par exemple, le fils d’Anytos a fini par préférer la philosophie au commerce! Et il est toujours dangereux que la jeunesse se pose des questions qu’on ne se pose pas d’habitude! - Impiété: les Grecs ont cru que Socrate était un faiseur de nouveaux Dieux et qu’il négligeait les Dieux officiels de la Cité. HISTOIRE DE SOCRATE SOCRATE Né en 469 à Athènes Père: sculpteur Mère: sage-femme Profession: sans (Socrate n’est pas un sophiste !) Caractéristique physique: laideur Signes particuliers: -possède un Daïmon -n’a jamais rien écrit! ( C’est son disciple Platon qui s’est chargé de retranscrire les dialogues de son maître, avec une certaine liberté et part d’invention!) -prétend ne savoir qu’une seule chose, c’est qu’il ne sait rien. (C’est ce qu’on appelle la docte ignorance) Passion: amoureux de la sagesse (philos: amour, sophia: sagesse) Activités: adepte du dialogue philosophique oral sur la place publique ou au hasard des rencontres; maître en maïeutique ( l’art d’accoucher les esprits de leur ignorance ignorée et de leur savoir tout aussi ignoré) Mis en procès en 399 , à l’âge de 70 ans Refusant la défense rédigée par un grand avocat, Lysias, Socrate s’est défendu seul en racontant sa vie. Il n’avait rien préparé car il était convaincu de gagner , de la sagesse du peuple athénien… Il a été reconnu coupable par 281 voix contre 221. Et condamné à mort, car au moment de décider de la peine, il a proposé d’avoir pour punition d’être nourri au Prytanée, honneur réservé aux champions olympiques. L’humour de Socrate n’a fait qu’agacer les juges, 60 votent en plus pour sa mort. Il meurt le 7 mai 399 en buvant la cigüe, poison mortel. Il est entouré par ses disciples. Avant de mourir, Socrate dit: « Criton, nous devons un coq à Asclépios : payez-le, ne l'oubliez pas. » Si Socrate confie à son ami Criton la tâche d'offrir un coq à Asclèpios, c'est pour signifier sa gratitude à l'égard du dieu de la médecine pour avoir guéri son âme du mal d'être unie à un corps. Pour Platon, le corps est « le tombeau de l’âme». Philosopher, c’est apprendre à mourir! SENEQUE (4 av. JC - 65 ) 1. Il boit la cigüe; mais celle-ci est éventée, il n’arrive pas à s’empoisonner. 2. Il demande qu’on lui ouvredeles veines, sa Sur ordre Néron, femme fait de même, Sénèque dut en se suicider. maisdelemourir sang comme ne coule Il décida pas assez vite, ni pour Socrate. lui, ni pour elle. 3. Il demande une étuve Mais les choses ne se sont bouillante pour pasprovoquer passées comme prévues! un arrêt cardiaque, il arrive enfin à mourir mais ces dernières paroles ne sont pas passées à la postérité: on a perdu la tablette sur lesquelles elles avaient été inscrites! Morale de ces histoires Il y a des fois où vraiment le sort s’acharne! Le « premier philosophe » est aussi le premier martyr de la philosophie! Mais un martyr prêt à mourir car, pour lui, l’essentiel n’est pas de vivre mais de penser, de méditer. Et pour cela, le corps est finalement un obstacle: il détourne de la pensée, de la méditation pour d’autres occupations plus terre à terre: satisfaire les besoins et se faire plaisir, agir, vivre quoi! C’est pourquoi…. Si pour Hegel, Socrate est un «héros de l'humanité» , pour Nietzsche , c’est plutôt un «fatigué de la vie» pour qui la guérison de l'âme par la mort est préférable à la guérison du corps. NIETZSCHE ( 1844 – 1900) « Socrate voulait mourir : ce ne fut pas Athènes, ce fut lui-même qui se donna la ciguë, il força Athènes à la lui donner... » écrit-il dans Le crépuscule des idoles. Bilan Non seulement la philosophie ne sert à rien, mais en plus: 1. Il peut être dangereux de la pratiquer 2. Elle est nuisible, car elle serait contraire à la vie 3. Elle serait une perte de temps car stérile et douloureuse 4. Elle pourrait même attenter à notre bonheur comme le pensaient Du Bellay et Voltaire! DU BELLAY, LES REGRETS, 1558 Je me ferai savant en la philosophie, En la mathématique et médecine aussi : Je me ferai légiste, et d'un plus haut souci Apprendrai les secrets de la théologie : Du luth et du pinceau j'ébatterai ma vie, De l'escrime et du bal. Je discourais ainsi, Et me vantais en moi d'apprendre tout ceci, Quand je changeai la France au séjour d'Italie. O beaux discours humains ! Je suis venu si loin, Pour m'enrichir d'ennui, de vieillesse et de soin, Et perdre en voyageant le meilleur de mon âge. Ainsi le marinier souvent pour tout trésor Rapporte des harengs en lieu de lingots d'or, Ayant fait, comme moi, un malheureux voyage. VOLTAIRE Histoire du Bon Bramin, 1758 « Le bramin me dit un jour : « Je voudrais n'être jamais né. » Je lui demandai pourquoi. Il me répondit : « J'étudie depuis quarante ans, ce sont quarante années de perdues; j'enseigne les autres, et j'ignore tout : cet état porte dans mon âme tant d'humiliation et de dégoût que la vie m'est insupportable. Je suis né, je vis dans le temps, et je ne sais pas ce que c'est que le temps; je me trouve dans un point entre deux éternités, comme disent nos sages, et je n'ai nulle idée de l'éternité. Je suis composé de matière; je pense, je n'ai jamais pu m'instruire de ce qui produit la pensée ; j'ignore si mon entendement est en moi une simple faculté, comme celle de marcher de digérer, et si je pense avec ma tête comme je prends avec mes mains. Non seulement le principe de ma pensée m'est inconnu, mais le principe de mes mouvements m'est également caché : je ne sais pourquoi j'existe Cependant on me fait chaque jour des questions sur tous ces points : il faut répondre; je n'ai rien de bon à dire; je parle beaucoup, et je demeure confus et honteux de moi-même après avoir parlé …suite L'état de ce bon homme me fit une vraie peine : personne n'était ni plus raisonnable ni de meilleure foi que lui. Je conçus que plus il avait de lumières dans son entendement et de sensibilité dans son coeur, plus il était malheureux. Je vis le même jour la vieille femme qui demeurait dans son voisinage : je lui demandai si elle avait jamais été affligée de ne savoir pas comment son âme était faite. Elle ne comprit seulement pas ma question : elle n'avait jamais réfléchi un seul moment de sa vie sur un seul des points qui tourmentaient le bramin; elle croyait aux métamorphoses de Vitsnou de tout son cœur, et pourvu qu'elle pût avoir quelquefois de l'eau du Gange pour se laver, elle se croyait la plus heureuse des femmes. » Que faire? En rester là, ne serait-ce pas céder: 1. À un argument d’autorité? DONC 2. À nosCe tendances retournaturelles? aux origines n’a On a une paresse naturelle qui nous détourne de la peine de méditer, fait aque confirmer d’autant plus qu’on peu d’amour pour les vérités abstraites. On préfère les vérités sensibles, concrètes, comme Saint Thomas, on l’image commune ne croit que ce que l’on voit. 3. À la confusion? négative de la Nous condamnons la philosophie en utilisant un philosophe? philosophie Si Du Bellay, Voltaire et Nietzsche l’ont dit alors il n’y a qu’à s’incliner! 4. À l’ignorance? Savons-nous vraiment ce qui nous est utile? L’UTILE ? L’utile, c’est ce qui est un moyen pour atteindre une fin. Par exemple: pour planter un clou, un marteau est utile! Autre exemple: pour porter un meuble, un ami costaud est utile! Ici la fin est pratique, technique et le marteau comme l’ami ne sont que des outils, des USTENSILES qui n’ont alors de valeur que relativement à ce but. ( pas de valeur en soi!) - Un marteau ne pouvant plus planter un clou car il est cassé, n’a plus aucune valeur utilitaire, donc plus de valeur du tout! - Un ami ne pouvant plus porter de meuble car il a une jambe dans le plâtre, n’a plus de valeur utilitaire, mais… N’ a-t-il pour autant plus aucune valeur pour moi comme le marteau? Non! - Il a encore une valeur affective pour moi: certes, il ne me sert à rien pour porter ce meuble, mais je n’ai pour autant plus aucun sentiment pour lui, je n’oublie pas pour autant les moments partagés, nos points communs, notre complicité… Cette inutilité présente n’abolit pas le passé et laisse ouvert le futur: bien d’autres choses à partager et meubles à porter! - Il a encore une valeur absolue en soi: certes, mon ami peut avoir une valeur pour moi, par rapport à tel ou tel but, mais il a en tant qu’être humain, une valeur absolue. Cette valeur est sa dignité: elle vient du fait qu’il est un être pensant, conscient et libre. Il est un JE avant d’être un TU pour un autre Je! KANT ( 1724- 1804) « Que l’homme puisse posséder le Je dans sa représentation: voilà qui l’élève à l’infini audessus des autres êtres vivants sur la terre. Il est par là une personne, c’est-à-dire un être tout distinct par le rang et la dignité, de choses, tel des animaux dépourvus de raison, dont on peut disposer à sa guise ». Anthropologie au point de vue pragmatique CONCLUSION 1. La valeur d’un ami ne se réduit pas à sa capacité à atteindre pour moi des buts d’ordre pratique ou technique : autant acheter un marteau ou louer un manitou! 2. Si la valeur des choses ne se réduit pas toujours à leur valeur de moyen pour atteindre ce type de but ( je peux aussi collectionner les marteaux!); la valeur des êtres ne s’y réduit jamais: un ami qui découvrirait que je le réduis à un marteau, me quitterait sur le champs pour me punir de mon irrespect! Il aurait raison! 3. Si je ne pouvais emmener sur une île déserte que l’un ou l’autre: c’est mon ami que j’emmènerais avec moi! Donc l’utile ne se réduit pas l’UTILITAIRE, - l’utilitaire peut être inutile: que va m’apporter un marteau si je veux partager une joie ou une peine? - l’inutilitaire peut être utile: j’ai besoin de mon ami impotent, je l’aime! QU’EST-CE DONC QUE L’UTILE PUISQU’ON NE PEUT PAS LE REDUIRE A L’UTILITAIRE? propose cette définition: « Rien donc ne peut être bon sinon ce qui s’accorde avec notre nature et par la suite SPINOZA ( 1632.1677) plus une chose s’accorde avec notre nature, plus elle est utile » Donc l’utile, c’est ce qui me correspondrait! Voilà pourquoi le marteau ne me comble pas et l’ami davantage! NOUVEAU PROBLEME MAINTENANT QUE NOUS SAVONS CE QU’EST L’UTILE, POUR ALLER PLUS LOIN IL NOUS FAUT SAVOIR QUI NOUS SOMMES, POUR SAVOIR CE QUI S’ACCORDE OU NON AVEC NOTRE NATURE ! PETITE REMARQUE On se rend compte qu’alors que nous étions en train de soupçonner que la philosophie ne servait à rien, et qu’on s’opposait à ceux qui en font: 1.on en avait une pour la et les critiquer: il faut avoir une certaine conception de la vie , de soi, des autres, de l’utile pour la critiquer… 2. on est en train d’en faire : puisqu’on vient de définir l’utile, de réfléchir sur l’utile, puisqu’on est poussé à se demander qui nous sommes, ce qu’est l’homme Voilà des questions qu’on ne se pose pas d’habitude, des questions essentielles qui exigent une analyse en profondeur !!! Frappé du bonheur de cette pauvre créature, je revins à mon philosophe, et je lui dis : « N'êtes-vous pas honteux d'être malheureux, dans le temps qu'à votre porte il y a un vieil automate qui ne pense à rien, et qui vit contentdu ? - Vous raison, mede répondit-il ; je mese suis L’histoire bonavezbramin Voltaire dit cent fois que je serais heureux si j'étais aussi sot que ma termine de manière étonnante! voisine, et cependant je ne voudrais pas d'un tel bonheur.» (…) Il est donc clair, disais-je, qu'il faudrait choisir de n'avoir pas le sens commun, pour peu que ce sens commun contribue à notre mal-être. » Tout le monde fut de mon avis, et cependant je ne trouvai personne qui voulût accepter le marché de devenir imbécile pour devenir content. De là je conclus que, si nous faisons cas du bonheur, nous faisons encore plus de cas de la raison. Mais, après y avoir réfléchi, il paraît que de préférer la raison à la félicité, c'est être très insensé. NOTRE NATURE? Ma nature, c’est ce qui me définit, ce qui fait que je suis ce que je suis et que je me distingue de ce que je ne suis pas. C’est l’ensemble de mes caractéristiques: 1. Essentielles par opposition à des caractéristiques accidentelles ( que j’ai mais que je ne pourrais ne pas avoir sans que pour autant je ne sois plus moi!) 2. Distinctives par opposition à des caractéristiques partagées avec d’autres (que j’ai en commun avec vous qui ne suffise donc pas à dire qui je suis; on se définit aussi en se distinguant des autres!) Ma nature et notre nature? Pour savoir ce qui m’est utile, il faut que je connaisse : 1. - ma nature individuelle ( qui est différente de la vôtre) 2. - ma nature en tant qu’être humain: bien que différents des uns des autres nous appartenons tous à la même espèce: l’espèce humaine. (c’est en tout cas ce que l’on pense depuis le XVIIIème siècle, la différence de culture n’est plus une différence de nature!) C’est celle-ci que nous allons définir pour voir ce qui nous est utile en tant qu’homme et pas seulement en tant qu’individu. QUELLE EST LA NATURE DE L’HOMME ? Qu’est-ce qui distingue l’homme des objets? Moi Je suis un être vivant, animé je suis le résultat d’une histoire et j’évolue dans l’histoire Je suis plus difficile à définir et je ne suis pas défini avant mon existence Cette table - Elle est inerte, sans vie - Elle est finie, sans histoire - Elle est aisément définissable et définie avant d’exister (un plan capable de supporter quelque chose avec pied) J’ai une marge d’évolution parce que je ne suis pas fini au départ Je sais que j’ai à devenir ce que je ne suis pas encore pleinement, parce que je suis conscient du monde qui m’entoure ( de cette table!) et de moi-même. Alors que nous, êtres humains, nous luttons sans cesse pour cette reconnaissance . que l’homme existe en soi et pour soi, qu’il est un sujet. - Elle est dès le départ ce qu’elle est, elle n’a pas à devenir table - Elle ignore cet avantage car elle n’est pas consciente, elle ne pense pas - C’est ce qui fait qu’elle n’a pas non plus besoin de la reconnaissance des autres tables pour se sentir être On dit . qu’elle existe en soi, qu’elle est un objet. Je pense donc je ne suis pas une table Ce sont : la vie, l’histoire et la conscience qui me distingue de la table! Mais suis-je pour autant le seul à posséder ces caractéristiques? Qu’est-ce qui distingue l’homme des autres êtres vivants, des animaux en particulier? Deux attitudes possibles sur cette question! 1. La première, c’est considérer qu’il y a en tout homme un animal et qu’il n’y a entre l’homme et les autres animaux qu’une différence de degré: l’homme n’est qu’un animal supérieur 2. La seconde, c’est considérer qu’il y a entre l’homme et l’animal, une différence de nature et que l’homme se doit de ne pas faire la bête! Les arguments de la première attitude Les animaux eux aussi parlent! Si tous les animaux communiquent entre eux ( abeilles dauphin,..), si mon chien me comprend, Kanzi est même capable de manier des signes semblables à nos mots. Il maîtrise 1000 signes, comprend la parole humaine, compose des phrases, des énoncés injonctifs surtout … Les animaux manipulent eux aussi des outils et développent des savoir-faire Même si la nature a donné aux animaux des stratégies instinctives de survie, (De ce point de vue là, ils sont bien plus avantagés que nous! beaucoup d’animaux sont capables de manipuler des outils et même de reproduire et aménager des savoir-faire. LES ANIMAUX ONT EUX AUSSI UNE VIE DE - IlsL’ESPRIT sont présents au monde qui les entoure, ils semblent savoir ce qui leur arrive : l’animal sait quand le danger , la mort est là par exemple! Il est un être sensible, capable de souffrance - Certains animaux ont aussi une reconnaissance de leur image spéculaire (chimpanzé, orque, dauphin..).Expérience d’une tâche faite endormi et reconnue dans le miroir. - Selon Rousseau, les animaux sont capables de pitié, par identification. C’est ce qu’il dit dans Le discours sur l’origine et les fondements de l’inégalité entre les hommes, pour souligner que les hommes l’ont perdu avec le développement de l’amour propre et de la raison avec la société: « Péris si tu veux, je suis en sécurité », voilà la devise de l’homme en société! Certains animaux sont même des artistes… Kanzi a vendu une de ses peintures 1500$. Lors d’une exposition en Iowa, 13 sur 16 de ses œuvres ont été vendues dans les deux premiers jours .Il s’agit de peintures faites tantôt avec les doigts, tantôt avec des pinceaux, et que les évaluateurs classent dans « l’art abstrait ». Mais Kanzi a du chemin à faire pour égaler son maître : le regretté Congo, un chimpanzé, qui a vendu trois de ses peintures pour la somme record de 25 000$. Donc animal = homme Car Animal = acteur dans le processus adaptatif, acteur qui sélectionne, traite les informations sur le milieu. Animal = sujet d’une vie Charles DARWIN dira, en ce sens, en 1872: « Quiconque admet le principe général de l’évolution affirme que chez les animaux supérieurs, les facultés mentales, quoique si différentes par le degré, sont néanmoins de même nature que celles de l’espèce humaine et susceptibles de développement » DISTINGUER HOMME ET ANIMAL, C’EST FAIRE DU SPECISME, car SUJET/OBJET! Les arguments de la deuxième attitude Ceux qui soutiennent la première attitude confondent: - Communiquer (manipuler des signaux) - avoir une conscience immédiate et un sentiment de soi - avoir une activité mentale et de la mémoire - Parler (utiliser et comprendre des signes comme des signes) - avoir une pleine conscience de soi : posséder le Je dans sa propre représentation - avoir une capacité symbolique permettant de manipuler des signes, des concepts et voir des possibilités, même en dehors de toute nécessité Ils confondent aussi - Être dans le temps et soumis au temps - Y être avec la conscience d’y être, avec la conscience du passé et faire son histoire - Que seul l’homme distingue le bien et le mal, Que seul l’homme a le choix du bien comme du mal Que l’homme est libre et donc responsable ET ils oublient: - Que l’animal est innocent - - Que l’animal est prisonnier de son instinct , de la nature et donc irresponsable - Ils oublient donc que seul l’homme -a une pensée conceptuelle: capable de penser des choses abstraites ( le Bien et le Mal ne sont que des idées extraites de comparaisons, de raisonnements!) -a une raison, c’est-à-dire la faculté de juger librement ( les animaux ont un jugement mais non libre, déterminé par la nature en eux) DONC LE PROPRE DE L’HOMME, C’EST BIEN LA PENSEE, CAR : IL EST LE SEUL A LA POSSEDER , DONC C’EST UNE FACULTE DISTINCTIVE MAIS EST-CE UNE FACULTE ESSENTIELLE DE L’HOMME? C’est ce que pense MARC-AURELE, philosophe stoïcien (121-180) « Ce n’est pas de transpirer comme les plantes qui a du prix, ni de respirer comme les bestiaux et les bêtes sauvages, ni d’être impressionné par l’imagination, ni d’être manœuvré comme une marionnette par les inclinations, ni de se rassembler en troupeau ni de se nourrir, car c’est même chose que de rejeter les résidus de la nourriture. Alors, qu’est-ce qui a du prix ? Le respect et l’estime pour ta propre pensée feront de toi un homme satisfait de soi-même » LE PROPRE DE L’HOMME C’est donc qu’il est le seul à posséder la faculté d’abstraction conceptuelle C’est donc le seul à penser et à s’interroger et à avoir le souci du sens et du vrai… Mais c’est aussi le seul à ne pas pouvoir faire usage de ce qui le caractérise Un animal ne peut pas ne pas être ce qu’il est, ne peut pas ne pas suivre son instinct Donc c’est le seul à devoir réaliser ce qu’il est et à pouvoir devenir ce qu’il est! MAIS L’HOMME A ALORS LE PRIVILEGE SUIVANT ROUSSEAU Cette faculté de « perfectibilité », de se perfectionner est aussi ce qui fait que l’homme seul est « sujet à devenir imbécile » et à pouvoir « retomber plus bas que la bête ellemême » NO STRESS! Tous les jours, on pense et fait usage de cette faculté conceptuelle, symbolique -car on parle et manipule des signes -car on élabore, invente des stratégies, utilise des outils -car on fait des petits bilans sur soi -car on forme des concepts et s’appuient sur eux pour juger ce qui nous entoure, y compris la philosophie -car on a des valeurs qui orientent notre action et notre vie - car on cherche du sens CONCLUSION Même si la philosophie s’accorde finalement avec notre nature d’être pensant Même si elle nous serait donc finalement utile, au sens de Spinoza, Il est en un sens superflu de s’y adonner car: - On est tous déjà philosophe - On pense déjà tous par soi-même parce qu’on en a besoin pour survivre, pour vivre parce que nous sommes des hommes, héritiers d’un processus de cérébralisation, de juvénilisation et de culturation… LE PHILOSOPHE N’EST PAS LE SEUL A ÊTRE HOMME, A S’EFFORCER DE DEVENIR HOMME ! PEUT-ON NE PAS PENSER ? SI ON ENTEND PAR PENSER… Avoir une activité mentale On pense tout le temps! On est toujours en train de se rappeler, de se projeter, de calculer, de ressentir Alors NON , on ne peut pas ne pas penser!! Sauf Quand on dort ( le rêve n’est pas de la pensée, ni un espace de liberté) Si on était lobotomisé Mais si on entend par penser Penser par soi-même Manipuler des concepts avec un souci de vérité Alors OUI , on peut ne pas penser et même peut-être traverser toute son existence sans penser! C’est ce que montre la fameuse allégorie de la caverne de Platon au livre VII de La république Allégorie de la caverne Il s’agit d’une allégorie qui est une image de notre situation initiale; nous sommes ces prisonniers! où chaque élément symbolise quelque chose d’autre, vaut pour autre chose il faut donc décrypter ce que veut nous dire ici Platon ALLONS-Y! LE PRISONNIER Ces prisonniers ont des chaines qui les empêchent de bouger et un gros maillon au cou qui les empêche de bouger la tête pour se voir entre eux et eux-mêmes. Ils sont condamnés à ne regarder que le mur du fond de la caverne devant eux et cela depuis toujours. QUE REPRESENTENT SES CHAÎNES? le corps qui nous maintient au sol, notre propre corps qui peut nous tenir prisonnier de ses sensations, si on croit que voir, c’est savoir. Les sens nous disent comment les choses nous apparaissent, non ce qu’elles sont. Elles représentent Si je me fie au sens, c’est le soleil qui tourne autour de la terre et la pleine lune est une sphère de 1 m de diamètre, le bâton se brise en entrant dans l’eau, les ombres sur le fonds de la caverne n’en sont pas, d’autant plus si je n’ai jamais rien vu d’autre. ce qui fait qu’on ne peut regarder ailleurs ni autrement, à savoir les chaînes de nos habitudes et de la vie collective. En société, nous sommes enchaînés les uns aux autres. Cela permet l’apparition d’une opinion commune, à laquelle on va adhérer par confort, par souci d’intégration, par conformisme, mais aussi par paresse, par intérêt, par désir. une vie collective dominée par des valeurs techniques et le paraître. Dans l’allégorie, les prisonniers n’ont pas le souci du vrai, ils ne se battent que pour les honneurs, c’est à celui qui sera le plus habile, le plus rapide à reconnaître les ombres, non à celui qui sera le plus sage, le plus savant. Un feu allumé au dehors sur une hauteur fait que des ombres se projettent sur le fond de la caverne. LE FEU QUE REPRESENTE CE FEU? Il représente Il représente des chaînes que peuvent aussi être celles d’un conditionnement Ce feu qui est à l’origine de l’ombre et de l’erreur pour les prisonniers, c’est un feu allumé et entretenu par des hommes. Ces hommes manipulent ceux qui sont dans la caverne en leur donnant à voir ce qu’ils ont décidé de leur faire voir, de leur faire croire. Ils décident de la pensée de ces prisonniers. le muret empêche de voir des ombres d’hommes que sont les porteurs. Les prisonniers ne peuvent voir que des ombres d’objets et que des ombres d’ombres d’hommes que seraient des statuettes d’hommes par ex. Les statuettes qui dépassent du mur QUE REPRESENTE CE THEÂTRE? Il représente un moyen pour Platon de nous expliquer sa théorie sur la réalité. Une théorie très particulière! Pour lui, notre monde n’est qu’une copie d’un autre monde, qui en est le modèle. Ce monde, c’est le monde INTELLIGIBLE Le monde qui nous entoure, c’est le monde SENSIBLE Voilà comment Platon voit les choses • MONDE INTELLIGIBLE: • Un monde éternel d’idées Dieu, Démiurge Pensée • MONDE SENSIBLE • Apparaître des idées dans la matière et à nos sens • MONDE INTELLIGIBLE • Retrouver l’idée derrière l’apparaître Être face à la réalité Âme dansce que veut nous dire PlatonOmbre Voilà avec Sortie de la le monde de la C’est pourquoi Socrate n’avaitcaverne pas peur de mourir! intelligible copie l’allégorie Mourir, c’est se libérer du corps , de la connaissance sensible. L’âme retourne dans le monde intelligible! Philosopher, c’est , métaphoriquement, apprendre à mourir dans le sens où il s’agit: 1. Il s’agit de ne plus « penser » avec son corps. Incarnation: Voir la Ilchute s’agitdans donc de sortir de la connaissance sensible copie, puis Allégorie 2. lePour penser avec son esprit, corps le modèle Il s’agit donc de passer à une connaissance intelligible, de retrouver l’idée , l’être derrière l’apparaître 3. S’il y a des copies d’hommes ( statuettes, peintures,..), des hommes différents, il n’y a qu’une seule idée d’homme, que je peux retrouver par ma pensée Prisonnier de Prisonnier du le Voilà ce que c’est que penser, lace n’est pas se faire Penser une idée monde modèle! sensible de quelque chose, c’estconnaissance retrouver l’idée! sensible Le soleil qui brille au loin éclaire la scène. Même si la caverne reste dans la pénombre, elle n’est pas plongée dans une obscurité totale. LE SOLEIL QUE REPRESENTE CE SOLEIL ? Il représente La cause, C’est grâce à lui qu’il y a visibilité et vision. Sans lui, qu’il est difficile de regarder en face, tout serait plongé dans l’obscurité. C’est grâce à lui que les choses peuvent nous apparaître sous différentes formes, y compris des ombres. C’est la cause de tout Et comme on ne connaît les choses que par leur cause, on ne les connaît qu’en remontant par la pensée jusqu’à l’Idée. Le soleil, c’est donc l’idée! Où sommes-nous au plus près de la réalité ? Monde sensible Connaissance sensible Monde intelligible Monde extérieur - copie de Caverne Copie de copie de copie de l’idée d’homme copie de l’idée d’homme - copie de l’idée d’homme Idée d’homme, de l’Homme Monde intelligible Connaissance intelligible Imaginons qu’on détache un prisonnier et qu’on le force à sortir de la caverne. COMMENT VA-T-IL REAGIR , à votre avis? LA SORTIE Il va mal réagir! Résultat: il va vouloir rebrousser Il vachemin, d’abord avoir mal aux parce qu’on va le revenir dansyeux, la caverne, faire passer de la pénombre à la lumière: dans l’opinion commune, dans la éblouissement douloureux! non-pensée: Il va ensuite avoir mal à la tête, parce qu’on va - je ne quesescehabitudes que je vois, que » remettre encrois question de « penser ce qu’on dit, je ne veux pas de la Il va être dérangé par le fait qu’il va être obligé de vérité, j’ai d’autres priorités! J’ai penser! autre chose à faire qu’à me mettre à penser! - En plus, ça ne sert à rien! Ce qui veut dire …. J’ai d’autres choses à faire que de me mettre à philosopher! Imaginez pour finir que le prisonnier soit allé jusqu’au soleil, malgré tout ! Et qu’il veuille revenir dire à ses compagnons de caverne ce qu’il a vu, ressenti dans l’ascension vers l’idée qu’ils sont dans l’illusion! Voilà lanouveau réponse de Platon! Et s'il lui faut entrer de en compétition, pour juger ces ombres, avec les prisonniers qui n'ont point quitté leurs chaînes, dans le moment où sa vue est encore confuse et avant que ses yeux se soient remis (or l'accoutumance à l'obscurité demandera un temps assez long), n'apprêtera-t-il pas à rire à ses dépens, et ne diront-ils pas qu'étant allé làhaut il en est revenu avec la vue ruinée, de sorte que ce n'est même pas la peine d'essayer d'y monter? Et si quelqu'un tente de les délier et de les conduire en haut, et qu'ils le puissent tenir en leurs mains et tuer, ne le tuerontils pas? Cela ne vous rappelle-t-il pas quelqu’un? Epilogue On en revient à la même idée que celle d’où nous étions parti! Voilà, c’est ça de faire de la philo!! On tourne en rond à force de couper les cheveux en quatre Mais on a progressé: 1. On s’est rendu compte que la philosophie pouvait s’accorder avec la nature de l’homme et était même en tant qu’activité de la pensée, l’activité la plus humaine, la plus utile. 2. On s’est rendu compte que, même si on a une activité mentale permanente, on ne pense pas toujours comme on pouvait le croire 3. Même si la pensée est douloureuse, se rendre compte que l’on ne pense pas l’est aussi! DONC on a - soit le désir de penser On ne désire que ce dont on pense manquer -soit la volonté de penser malgré l’absence de désir Si on désire l’agréable, on veut ce qui nous est utile pour nous, on ne peut pas vouloir n’être qu’une chose, qu’animal! Et c’est donc par mauvaise foi qu’on se dit encore qu’on est déjà philosophe et que la philosophie ne sert à rien, qu’on peut ne pas se prendre la tête, qu’on peut ne pas avoir le souci du vrai!