imagerie de la sclerose en plaque chez l`enfant

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IMAGERIE DE LA
SCLEROSE EN PLAQUE
CHEZ L’ENFANT:
A PROPOS DE 2 CAS
L. LAHMAR, I. ELHAJJEM, H. LOUATI, L. BEN HASSINE,
W. DOUIRA, I. BELLAGHA
Service de Radiologie de Hôpital d’Enfants de Tunis
INTRODUCTION
 La SEP est une pathologie inflammatoire
chronique du systéme nerveux central caractérisée
par une destruction des gaines de myéline par
plaques disséminées dans l’espace et dans le
temps.
 C’est la plus fréquente des leucoencéphalites de
l’adulte jeune .
 Même si elle est beaucoup plus rare chez
l’enfant, on doit y penser et elle peut être
diagnostiquée dés les premières années de vie.
OBJECTIFS
L’objectif de notre étude est de montrer les
aspects en IRM de la SEP
chez l’enfant et
d’insister sur les particularités pédiatriques.
MATERIELS ET METHODES
Nous rapportons deux observations de SEP chez
l’enfant:
CAS 1:
 Enfant âgé de 12 ans suivi pour diabéte mal
équilibré.
 Admis pour installation brutale d'une
hémiparésie droite évoluant depuis 2 jours sans
fièvre et sans signes d'acidocétose diabétique.
CAS 2:
Fille âgée de 15 ans ,sans ATCD particuliers,
hospitalisée en urgence dans un tableau brutal
fait de: diplopie, strabisme avec troubles de la
marche évoluant depuis une semaine.
Les 2 enfants ont été explorés par une TDM
cérébrale en urgence sans injection de produit
de contraste puis par une IRM cérébromédullaire (machine général électrique 1,5
tesla).
Ils ont été explorés par des séquences multi
planaires en T2, T1, FLAIR, diffusion et T1
après injection de Gadolinium à l'étage cérébral
et des séquences T1, T2 sans et avec injection
du gadolinium à l’étage médullaire.
RESULTATS
La TDM cérébrale était normale dans le 1er cas
et a montré une hypodensité temporale droite
dans le 2ème cas.
L’IRM cérébrale a révélé dans les deux cas des
lésions focales multiples de formes ovalaires ou
arrondies de la substance blanche péri
ventriculaire sus et sous tentorielle, au niveau du
corps calleux et au niveau de la moelle cervicale
pour le 1er patient.
Ces lésions sont hyper intenses en T2, FLAIR et
hypo intenses en T1.
Certaines lésions se rehaussent après injection de
gadolinium de façon annulaire ou nodulaire.
Le diagnostic de SEP a été évoqué.
Les patients ont été adressés au service de
neurologie avec une bonne évolution sous
traitement.
Coupe axiale FLAIR
coupe axiale T2
coupe axiale diffusion B1000
Hypersignaux T2 et FLAIR nodulaires pédonculaire et thalamique
gauches bien limitée sans effet de masse associé (
)
Coupe axiale FLAIR
Coupe axiale T2
Hypersignaux T2 et FLAIR de forme ovalaire de la substance blanche
périventriculaire dont le grand axe est perpendiculaire à la paroi
ventriculaire (
)
Coupe axiale FLAIR
Coupe axiale T2
Hypersignaux T2 et FLAIR nodulaires de la substance blanche sous
corticale (fibres en U) (
).
Coupe sagittale T2
Hypersignaux nodulaires T2 et FLAIR du genou et du corps du corps
calleux (
).
Coupes axiales T1 après injection de gadolinium
Rehaussement annulaire incomplet (
) de la lésion thalamique
gauche et nodulaire de la lésion pédonculaire gauche ( ).
Rehaussement hétérogène de
la lésion de la moelle
cervicale (
).
Coupe sagittale T1 après injection de Gadolinium
DISCUSSION
La SEP est une maladie inflammatoire auto-
immune du systéme nerveux central caractérisée
par
des
lésions
démyélinisantes
focales,
multiples de tailles variables à la fois récentes et
anciennes, localisées au niveau de la substance
blanche sus et sous tentorielle et médullaire.
 Maladie invalidante des jeunes .
 Touche environ 2.000.000 personnes dans le
monde.
 Touche 2 femmes /1 homme
 Âge: 20 à 40 ans.
 Bien que décrite depuis des années, la SEP
reste une pathologie mal comprise avec un
pronostic réservé et de traitement difficile.
 Elle représente la première cause de handicap
non traumatique acquis chez l’adulte jeune.
 L’existence de cas pédiatriques a été longtemps
remise en cause.
Actuellement, il est estimé que 2 à 5% des
patients ayant
une SEP sont symptomatiques
avant l’âge de 16 ans.
 La SEP évolue par des poussées suivies de
rémissions avec ou sans séquelles .
 Les signes inauguraux les plus évocateurs
sont: la névrite optique rétrobulbaire, la myélite
aigue avec para parésie et troubles sensitifs
installés entre quelques heures et quelques
jours.
 L’imagerie, grâce à l’IRM, est devenue la clé
de voûte du diagnostic et du suivi thérapeutique
de la SEP.
 Les critères de MacDonald lui confèrent
actuellement une place fondamentale dans le
diagnostic de la SEP.
 En effet, le diagnostic de SEP repose sur la
dissémination spatiale et temporelle des lésions.
 L’IRM démontre aisément la dissémination
spatiale des lésions.
 La dissémination temporelle est surtout basée sur
la clinique et la notion de poussées, mais l’IRM
apporte des données capitales, en démontrant la
coexistence de plaques anciennes et récentes
actives et l’apparition de nouvelles plaques
actives, et ceci souvent en l’absence de toute
nouvelle poussée clinique.
Critères IRM de diagnostic de SEP
chez l’adulte
Les lésions de SEP présentent des caractéristiques
de forme et de localisation qui permettent
généralement d'orienter le diagnostic.
Forme
Les
lésions
apparaissent
comme
des
hypersignaux T2 ou FLAIR ovoïdes, radiaires par
rapport aux ventricules (perpendiculaires aux
parois ventriculaires) mesurant plus de 3 mm.
Localisation
Localisées préférentiellement au sein de la
substance blanche para-ventriculaires (au contact
du ventricule latéral), et de la substance blanche
juxta-corticale (fibres en U).
Les lésions du corps calleux et de la jonction
callosomarginale sont caractéristiques et sont
mieux analysées sur les coupes sagittales FLAIR
(aspect en « crête de coq »).
 On
retrouve
également
des
lésions
infratentorielles (plancher du 4e ventricule,
pédoncule cérébelleux moyen et à la surface du
pont).
 Plus rarement on peut retrouver des lésions au
sein du cortex et des noyaux gris centraux, en
particulier le thalamus.
 Les lésions récentes, où les phénomènes
inflammatoires sont les plus actifs, prennent une
forme en cocarde en T2, et peuvent apparaître en
discret hyposignal en T1 se rehaussant après
injection de gadolinium, prenant un aspect
nodulaire ou en anneau complet ou plus souvent
incomplet.
 La prise de contraste régresse généralement en
moins de 4 semaines mais peut persister jusqu'à
3 mois. L'hyposignal T1 régresse en moins de 3
mois.
Lésions cérébrales atypiques
 Formes pseudotumorales de SEP où les lésions
sont de grande taille, hétérogènes en T2 et
FLAIR, prenant le contraste de manière
hétérogène. La séquence de diffusion retrouve
fréquemment un aspect hétérogène de ces lésions
avec des zones d'ADC diminué, alors que l'ADC
est généralement augmenté dans les lésions
typiques de SEP récentes ou anciennes .
 Ce qui permettra de redresser le diagnostic est la
disproportion entre la taille de la lésion et l'effet
de masse qui est modéré.
Lésions médullaires
 Fréquemment associées aux lésions cérébrales,
et peuvent permettre de conforter le diagnostic
lorsque les critères ne sont pas remplis au niveau
cérébral.
 Elles se présentent comme un hypersignal T2,
périphérique, au sein de la substance blanche,
mais les limites avec la substance grise sont
souvent non respectées.
 Localisées préférentiellement dans les cordons
postérieurs et latéraux de la moelle, ne dépassant
pas 50 % de sa surface dans le plan axial et
s'étendant sur moins de 2 segments vertébraux en
hauteur.
 Les lésions récentes présentent les mêmes
caractéristiques qu'au niveau cérébral avec une
prise de contraste transitoire après injection de
gadolinium. Elles peuvent même dans ce cas
déformer les contours médullaires.
 On peut également rencontrer des formes
pseudotumorales au niveau médullaire.
Particularités de la SEP chez l ’enfant
 Faible fréquence par rapport à l’adulte.
 La clinique initiale peut évoquer une encéphalite
avec parfois un épisode infectieux inaugural.
Les anomalies du LCS sont inconstantes
 Les critères IRM fiables chez l’adulte ne sont
pas aussi pertinents.
 L’évolution et le pronostic sont différents et les
possibilités thérapeutiques différent en fonction
de l’âge (organisme en croissance) .
 Ces particularités reconnus de la SEP de l’enfant
et le problème de diagnostic différentiel avec
l’éncéphaloméylite aigue disséminée ont conduit
«the national multiple sclerosis society » et
d’autres équipes à mener des travaux dans le but
d’identifier les éléments de diagnostic clinique et
neuroradiologique de la SEP.
 Ils ont montrés que la SEP pédiatrique est
caractérisée par la présence
de multiples
épisodes démyélinisants séparés dans le temps et
dans l’espace sans limite inférieure d ’âge .
 Une IRM montrant les critères classiques de
MacDonald est valable pour affirmer la
dissémination spatiale.
 La présence de bandes oligonales ou une
élévation du taux d’IgG dans le LCS associé à 2
lésions dont 1 cérébrale en IRM prouve
également la dissémination spatiale.
 En l’absence d’une récidive clinique , une
nouvelle lésion en T2 ou prenant le contraste
3mois après le début clinique est un critère de
dissémination temporelle.
 En cas de présentation clinique évoquant
fortement
une
encéphalomyélite
aigue
disséminée, la survenue d’une récidive clinique
est l’argument nécessaire pour affirmer une SEP.
 Ils ont montré que pour les grands enfants
proche de l’adulte (14,5 ans ), les lésions sont
proche des plaques décrites chez l’adulte ce qui
est le cas de nos patients alors que chez les plus
jeunes (âge moyen de 9 ans) l’aspect des lésions
est plus trompeur.
 Comme chez l’adulte, les prises de contraste sont
considérées comme un témoin de lésions actives.
La présence simultanée de lésions rehaussées et
sans prise de contraste signe l’âge différent des
plaques.
A
défaut
pédiatriques,
des
les
données
lésions
spécifiquement
médullaires
sont
interprétés comme celles présentes chez l’adulte.
 L’aspect typique est celui d’hypersignaux T2 à
limite nette, multiples, hauteur < 2 corps
vertébraux. La localisation cervicale est la plus
fréquente.
 Comme chez l’adulte, il peut exister des formes
pseudotumorales de SEP A notre connaissance,
aucun cas de sclérose concentrique de Balo n’a
été rapporté chez l’enfant.
DIAGNOSTICS DIFFERENTIELS
 Le principal diagnostic différentiel devant une
première atteinte aiguë démyélinisante est
l’encéphalomyélite aiguë disséminée.
 Neuromyélite optique de Devic.
 Maladie de Lyme: le diagnostic repose sur les
sérologies spécifiques
 Certaines maladies métaboliques à écarter grâce
à un bilan biologique complet (pathologies
mitochondriales en particulier).
 Le syndrome d’activation du macrophage: les
signes cliniques généraux et des examens
biologiques spécifiques (activité cytotoxique
lymphocytaire, expression de la perforine…)
permettent d’affirmer le diagnostic.
 Les vascularites cérébrales (Behçet, LED…) se
discutent rarement chez des grands enfants.
 Thyroïdite et encéphalopathie de Hashimoto:
diagnostic exceptionnel caractérisé par la
présence d’anticorps anti thyroïdiens.
CONCLUSION
 La SEP de l’enfant est une réalité clinique rare
mais dont le diagnostic précoce est important
pour débuter des thérapeutiques qui améliorent la
qualité de vie des jeunes patients.
 L’IRM est l’examen complémentaire clé compte
tenu d’une moindre spécificité des données
biologiques que chez l’adulte.
 Les critères d’imagerie quoique encore en
discussion doivent être connus pour évoquer le
diagnostic.
 La présentation parfois très proche de celle
d’une encéphalomyélite aigue disséminée doit
inciter à un suivi de plusieurs années chez les
enfants plus jeunes pour ne pas méconnaitre une
SEP.
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