Combien d`œufs peut pondre une femelle d`insecte

LA REPRODUCTION ET LA CROISSANCE DES INSECTES
58
Combien d’œufs peut pondre une femelle d’insecte ?
Le chorion des œufs d’insectes apparaît la plupart
du temps lisse, mais vu au microscope il présente sou-
vent, en relation avec l’absorption de l’oxygène mais aussi comme moyen
de défense, des microsculptures, des points, des lignes, des dessins plus ou
moins géométriques, des épines. Certains sont même poilus ! La couleur
et la forme des œufs varient également beaucoup : ronds, ovales, hémi-
sphériques, coniques, en ballon de rugby, cylindriques, en tonnelet, en dôme.
Certains sont plats, ou même rectangulaires.
Diverses espèces protègent leurs œufs dans une structure particulière.
La plus connue est probablement l’oothèque (« boîte à œufs » en grec) de
la mante religieuse, une enveloppe spongieuse qui les protège du froid et
de certains prédateurs. D’autres travaillent à l’économie, comme certai-
nes cochenilles dont le corps desséché de la mère morte sert de protec-
tion aux œufs.
(55 Combien d’œufs peut pondre une femelle
d’insecte ?
Tout dépend du mode de vie et de la stratégie de reproduction des espèces.
Quand les mères prennent soin de leur progéniture, comme les abeilles et
les guêpes solitaires accumulant des réserves pour leurs larves dans un
nid, ou les perce-oreilles surveillant leurs œufs et leurs larves, ce nombre
peut osciller d’une demi-douzaine à quelques dizaines.
La plupart des espèces, qu’elles soient végétariennes ou carnivores, doi-
vent anticiper des pertes énormes durant le développement des larves
Punaise se nourrissant
d'œufs de doryphore
59
Que se passe-t-il dans un œuf d’insecte ?
et pondent quelques centaines d’œufs. La pié-
ride du chou, par exemple, en pond envi-
ron 400, en lots d’une cinquantaine en
moyenne. Pour que l’espèce se main-
tienne, il faut que ces 400 œufs don-
nent au moins deux individus qui
remplaceront le couple parent.
Donc 398 individus peuvent dis-
paraître au stade d’œuf, de larve,
de chrysalide ou d’adulte n’ayant
pas eu le temps de se reproduire,
c’est-à-dire que la piéride peut
supporter une mortalité de 99,5 %
avant reproduction !
Les espèces exposées à une morta-
lité très importante, pour arriver à se
maintenir, peuvent pondre quelques mil-
liers d’œufs. Mais le record est détenu sans
conteste par les insectes sociaux. Les chiffres
dépassent toute mesure. Une reine d’abeille
peut ainsi pondre par exemple 15 000 œufs en une
semaine. C’est énorme, mais bien modeste par rapport
aux 300 000 œufs hebdomadaires d’une reine de fourmi légionnaire.
La reine de termite pond jusqu’à un œuf à la minute, avec un record
mesuré de 86 000 œufs en 24 heures soit quasiment un par seconde.
Sachant qu’une reine d’abeille peut vivre quatre à cinq ans, une reine
de termite 20 ans, une reine de fourmi 30 ans, les chiffres cumulés sont
faramineux.
Il faut toutefois les relativiser en ayant conscience que l’intensité de la
ponte varie au cours de l’année, pouvant s’interrompre totalement en
hiver, par exemple. Et ne pas oublier que dans les sociétés d’insectes,
seule la reine pond. Elle cumule en quelque sorte toutes les pontes des
ouvrières stériles dont le renouvellement est indispensable au maintien
de la colonie.
(56 Que se passe-t-il dans un œuf d’insecte ?
Au départ, l’embryon est représenté par une cellule unique, issue généra-
lement (mais pas toujours, puisque nous avons évoqué des cas de repro-
duction sans présence de mâles) du mélange des gènes de la femelle et du
mâle. La division classique en deux, quatre, huit, etc. s’accompagne d’une
première division spatiale au sein de l’embryon. Celui-ci se développe en
Ponte de piéride
du chou
LA REPRODUCTION ET LA CROISSANCE DES INSECTES
60
Peut-il y avoir des jumeaux chez les insectes ?
périphérie de l’œuf, les réserves restant au centre, avec deux pôles bien
défi nis : une couche régulière, ébauche du futur corps, et un amas de
noyaux qui sera à l’origine des cellules sexuelles.
Au fur et à mesure de son développement, la forme de l’embryon se
structure. Il prend l’aspect d’une bande, au sein de laquelle se creuse
une gouttière qui se referme. Puis la segmentation commence à appa-
raître, la chaîne nerveuse et le tube digestif s’ébauchent, suivis des mus-
cles, du cœur, des tissus graisseux et la cavité générale de l’animal, qui
abritera les organes baignant dans le sang, nit de se former.
La formation des appendices sur les différents articles débute de l’avant
vers l’arrière : les pièces de la bouche, les antennes, les trois paires de
pattes et enfi n les appendices abdominaux, qui avortent (sauf ceux des
articles terminaux donnant les cerques et certains organes copulateurs).
La jeune larve est entièrement formée lorsque le vitellus nourricier com-
mence à s’épuiser. Quand sa cuticule est formée, elle aspire le reste de
vitellus et elle occupe alors toute la place dans l’œuf. Le temps de l’éclo-
sion est venu.
Voir aussi la question 49
(57 Peut-il y avoir des jumeaux chez les insectes ?
Les jumeaux, qu’ils soient faux (deux cellules différentes se développant
côte à côte) ou vrais (une seule cellule ayant un accident au cours de sa
première division et se séparant en deux cellules identiques se dévelop-
pant côte à côte), sont théoriquement possibles chez les insectes mais le
système de développement dans un œuf les condamne à ne jamais pou-
voir éclore. En effet, la réserve de nourriture que représente le vitellus
est calculée pour un individu. Les jumeaux ne peuvent aller au-delà de
la moitié de leur développement embryonnaire et l’œuf avorte. Le pro-
blème ne se pose pas pour les mammifères puisque la mère fournit via
le cordon ombilical la nourriture nécessaire aux deux embryons.
Mais les insectes ont su s’adapter à toutes les conditions au cours de
l’évolution, et certaines espèces ont inventé une stratégie de reproduc-
tion bien plus économe que les jumeaux qui se limitent à deux individus
pour le prix d’un seul. Cette stratégie s’appelle la polyembryonie et s’ob-
serve chez les insectes parasites des plantes ou des animaux. Le prin-
cipe est simple. Si je suis minuscule et que je ponds dans le corps d’une
très grosse chenille qui peut nourrir plusieurs milliers de mes larves,
j’ai intérêt à pondre tous mes œufs dans cette proie. Mais si elle dispa-
raît pour une raison quelconque, par exemple mangée par un oiseau,
je perds tout. J’ai donc intérêt à pondre dans plusieurs chenilles pour
répartir les risques.
61
Comment la jeune larve sort-elle de son œuf ?
Les Serphides, un groupe de petites guêpes parasites, ont trouvé le moyen
de combiner les avantages des deux stratégies. Les femelles pondent un
œuf unique dans les différentes proies qu’elles arrivent à parasiter. Mais
dans chacun de ces œufs se développeront de nombreux embryons,
jusqu’à 3 000 pour un seul œuf ! Les Serphides sont des alliés précieux de
l’agriculture, car cette démographie explosive leur permet de briser très
rapidement la pullulation d’un ravageur. Certains Cynipidés, guêpes para-
sites des végétaux sur lesquels ils forment des galles, font encore mieux
puisqu’un seul œuf peut donner jusqu’à un million d’embryons.
(58 Comment la jeune larve sort-elle de son œuf ?
Quand l’embryon a consommé toutes les réserves de l’œuf, son dévelop-
pement est terminé. La jeune larve occupe toute la cavité intérieure et
elle doit parvenir à rompre la coquille pour se libérer. Celle-ci étant très
rigide pour protéger effi cacement l’œuf, la larve n’a pas la force suffi -
sante pour la briser et s’en extraire. Aussi la nature a prévu des solutions
originales pour faciliter cette sortie.
L’œuf de mouche, par exemple, est parcouru par un sillon de moindre
résistance qui l’ouvre en deux. Celui du phasme, selon le même principe,
s’ouvre par une sorte de clapet rond et la larve semble sortir comme un
diable de sa boîte. Certaines larves sont équipées d’un « ouvre-boîte »,
une épine ou une lame dentée qui facilite la rupture du chorion. D’autres
bénéfi cient d’une arme chimique, une enzyme qui dissout la coquille.
Éclosion
de larves
de punaise
du chou
LA REPRODUCTION ET LA CROISSANCE DES INSECTES
62
Comment les insectes grandissent-ils ?
La coquille est souvent abandonnée par les larves qui se dispersent pour
chercher leur nourriture. Mais parfois le premier repas est constitué par
le chorion, qui contient des substances précieuses pour les larves. Bel
exemple de recyclage intégral : rien ne se perd, rien ne se crée, tout se
transforme.
(59 Tous les insectes naissent-ils d’un œuf ?
Le développement normal des insectes passe par le stade de l’œuf,
pondu à l’extérieur par la très grande majorité des femelles. Un petit
nombre d’espèces sont ovovivipares. Cela signifie que les œufs ne sont
pas pondus à l’extérieur. Ils restent dans le corps de la femelle, mais
l’embryon se développe à l’intérieur de la coquille, sans aucun échange
nourricier avec la femelle. Celle-ci, au lieu de pondre des œufs, expulse
les larves nouveau-nées. Elle semble accoucher comme un mammifère
mais le processus de développement de l’embryon est complètement
différent.
Cette stratégie est adoptée par la grosse mouche à damier, fréquente
près de l’homme, dont les asticots mangent les cadavres. Alors que sa
compétitrice, la mouche bleue, pond des œufs qui éclosent au bout de
deux jours, elle libère de son abdomen des larves bien formées et vigou-
reuses qui s’attablent aussitôt. Quand les provisions sont comptées,
cette avance de deux jours est précieuse aux asticots pour boucler leur
développement avant qu’elles ne s’épuisent.
La mouche tsé-tsé, responsable de la propagation de la maladie du som-
meil en Afrique, a franchi un pas supplémentaire dans cette stratégie.
Non seulement l’œuf se développe dans le corps de la mère, mais la
jeune larve y reste confinée et se nourrit de sécrétions glandulaires, un
liquide nourricier équivalent au lait des mammifères. Elle mue plusieurs
fois dans le corps de sa mère qui donne naissance à une larve âgée, se
transformant aussitôt en nymphe.
(60 Comment les insectes grandissent-ils ?
À cause de leur squelette externe rigide, les insectes ont une croissance
discontinue, qui se fait brusquement au moment des mues, c’est-à-dire
de l’abandon de l’ancienne peau devenue trop petite pour en acqué-
rir une nouvelle plus grande. Le nombre de mues est fixe chez chaque
espèce, et peut varier considérablement. Il est de deux à six chez la
grande majorité des insectes. Chaque mue marque l’apparition d’un
stade larvaire particulier. Le premier stade est issu de l’œuf, le dernier
stade se transforme en adulte ou en nymphe.
1 / 8 100%

Combien d`œufs peut pondre une femelle d`insecte

La catégorie de ce document est-elle correcte?
Merci pour votre participation!

Faire une suggestion

Avez-vous trouvé des erreurs dans linterface ou les textes ? Ou savez-vous comment améliorer linterface utilisateur de StudyLib ? Nhésitez pas à envoyer vos suggestions. Cest très important pour nous !