L’infirmière en milieu carcéral Introduction Partie 1 : Milieu carcéral Partie 2 : L’infirmière en milieu carcéral Partie 3 : Cas concrets Conclusion Bernadette Aucomte, IFSI Diaconesses Laura Narbonne, IFSI J.-B. Pussin Alix Laporte Many, IFSI Saint Joseph Ivana Lekic, IFSI CRF Suzanne Pérouse Jang Martel, IFSI CRF Suzanne Pérouse Guide de survie de l’infirmière en milieu carcéral Lixou Jangounet Lolotte Nadette Ivanouschka Première partie : Le milieu carcéral Question 1 Quelle est l’origine du mot maton ? – 1 Vient de échec et mat, le maton est donc celui qui met en échec les détenus – 2 Vient du verbe mater au sens de « regarder sans être vu » – 3 Vient du verbe mater au sens de « rendre définitivement docile un individu en affirmant sévèrement son autorité » – 4 Vient de matrone, mère de famille d’âge mûr et d’allure imposante maton vient du verbe mater au sens de regarder sans être vu Question 2 Pour manger chaud, il est utile d’avoir… – 1 des totos – 2 des bobos – 3 des gogos – 4 des yoyos Des totos : résistances électriques pour chauffer les plats Question 3 En général, comment un détenu s’adresset-il à un surveillant pénitentiaire ? – 1 en l’appelant par son prénom – 2 en l’appelant Monsieur – 3 en l’appelant « surveillant » – 4 il ne s’adresse pas à lui, il l’ignore… Il l’appelle « surveillant » Question 4 Qu’appelle-t-on un « primaire » ? – 1 une personne qui n’a jamais passé le cap du CM2 – 2 une personne agressive, asociale souvent placée en isolement – 3 une personne venant du secteur primaire (agriculture) par opposition aux cols blancs du tertiaire – 4 une personne qui arrive pour la première fois en prison Une personne primo-arrivante en prison, donc + fragile Question 5 Comment les détenus surnomment-ils les infirmières ? – 1 Les panseuses – 2 Les nurses – 3 Il faut leur demander… – 4 Les bonnes mères On n’en a aucune idée, il faut leur demander ! Question 6 • Selon la loi, quelles sont les normes d’une cellule de détenu ? Réponse : • Selon la loi, toute cellule doit être individuelle et d’une superficie de 9m2 avec un lit individuel et une literie appropriée. • Si plusieurs détenus doivent cohabiter, il faut une cellule de 12 à 14 m2 pour deux personnes et de 15 à 19 m2 pour trois personnes. • Un prévenu et un condamné ne sont pas sensés partager la même cellule, ni des individus impliqués dans la même affaire. • Si un détenu néglige l’entretien de sa cellule, refuse une fouille, occasionne des dégâts délibérés, est une faute passible de 15 jours de cellule disciplinaire selon la loi. • D’où promiscuité et problème d’hygiène et de sécurité. Deuxième partie : L’infirmière en milieu carcéral Question 7 La relation d’aide : - 1 est innée - 2 repose sur des savoirs : théories, expériences - 3 nécessite sur une réflexion éthique - 4 toute relation soignant-soigné est une relation d’aide Réponse : B et C • La relation d’aide est un soin de haute technicité qui fait partie du traitement infirmier en soins généraux et psychiatriques. • Demeure un concept récent qui nécessite de se rapporter aux apports des théoriciens C.Rogers et S.Freud • Relève du rôle propre engageant une réflexion éthique. Question 8 Qui est habilité à distribuer des médicaments en milieu carcéral ? - 1 Le personnel médical et paramédical - 2 Les membres de l’administration pénitentiaire - 3 Les détenus - 4 La famille lors des parloirs Réponse : 1 • La distribution de médicaments se rapporte au secret médical, seul le personnel soignant est habilité à les donner. • Avant 1994, leur préparation et leur distribution dépendait des surveillants pénitentiaires, préparé dans des petites fioles en verre qui contenait tout le traitement des 24h. • Depuis l’arrivée des UCSA, les professionnels de santé prennent en charge totalement ce domaine. L’infirmier(e) prépare des piluliers qu’il distribue de façon journalière ou hebdomadaire. Chaque patient reçoit son traitement individuellement dans sa cellule. C’est dans la journée un moment important d’échange entre le soignant et le soigné. • L’administration de traitements (notamment les psychotropes) doit être contrôlée et attentive aux réels besoins du détenu demandeur (risque d’échange, stockage, ou racket). Question 9 • Quelles sont les trois principales missions de l’infirmière en milieu carcéral ? Réponse : La mission donnée aux professionnels de santé travaillant dans les UCSA et les SMPR est triple : - Assurer les soins directs aux détenus - Mettre en place un projet d’éducation à la santé - Participer avec les autres acteurs intervenant en milieu carcéral à la deuxième grande finalité (avec la garde) de la prison, la réinsertion des détenus. Question 10 • Quels sont les 3 types de pathologies rencontrées dans le monde carcéral ? Réponse : • Celles découvertes à l’entrée : VIH, diabète, HTA, tuberculose, gale, conséquences du stress • Celles aggravées par la détention: diabète, HTA, problèmes cardio-vasculaires et psychosomatiques • Celles induites en prison : troubles de la vision, maladies de peau (mauvaise hygiène), blessures (agressions entre détenus et automutilations), ingestions de corps étrangers, tentatives de suicide (médicaments, pendaison) dont 50% en quartier disciplinaire. La prison, ça me rend malade… Troubles neuro : sevrage, épilepsie Troubles visuels, olfactifs, dentaires, auditifs (bruit +++) Troubles cardiaques : cardiopathie, HTA Troubles pneumo : asthme, tabac, tuberculose Atteinte dermato : manque d’hygiène, eczéma, psoriasis, auto-mutilation Troubles infectieux : VIH, hépatite Désorientation temporo-spatiale Troubles psychiatriques (dépression, anxiété généralisée, névrose traumatique, agoraphobie, schizophrénie…) Troubles gastro : douleurs, constipation Troubles métaboliques : diabète Atteinte ortho : fractures, manque de mobilité Auxquelles s’ajoutent les tentatives de suicide, les grèves de la faim, le stress, période de sevrage Question 11 • Faut-il connaître ou non la raison d’incarcération de son patient pour lui assurer une bonne prise en charge ? Réponse : • L’administration pénitentiaire est tenu à la confidentialité quant au motif d’incarcération du détenu. • De même, selon le code de déontologie médicale français, les professionnels de santé sont contraints de taire les informations personnelles concernant les patients qu’ils ont collectés au cours de leurs activités. • En cas de connaissance du motif d’incarcération par l’IDE, il faut apprendre à gérer ses émotions et ses éventuelles réactions (colère, peur, incompréhension, parfois dégoût) de façon à établir une relation de neutralité affective qui pourrait être influencée par les faits. Question 12 • Avec quel type de professionnels l’infirmière en milieu carcéral doit-elle collaborer ? Réponse : • Les surveillants : Ils côtoient la personne détenue quotidiennement et gèrent chacun de ses déplacements au sein de la prison, ils sont chargés de maintenir l’ordre et la discipline, tout en devant également agir en faveur de la réinsertion des personnes incarcérées. • L’équipe pluridisciplinaire : médecins, kinés, psychologues, ergothérapeutes, diététiciennes… • Les conseillers d’insertion et de probation : fonctionnaires de l’administration pénitentiaire ayant pour fonction de rétablir le dialogue entre la société et le délinquant et de préparer la réinsertion des détenus. • L’équipe pédagogique : enseignants issus de l’éducation nationale ou membres d’associations (GENEPI) venant assurer une continuité dans la scolarisation des mineurs afin de favoriser leur réinsertion. Question 13 • Le détenu a-t-il accès à son dossier médical ? Réponse : • Comme chaque citoyen, les détenus ont accès à leur dossier médical (loi du 4 mars 2002) et peuvent obtenir une copie (service payant). • L’équipe soignante peut proposer au détenu la présence d’une tierce personne lors de la consultation du dossier. • Celle-ci est imposée lorsque les risques médicaux figurant dans le dossier sont particulièrement graves. Question 14 La relation d'aide instaurée lors des consultations infirmières peut parfois éviter la mise en place d'un traitement médicamenteux. Vrai ou faux? Réponse : Vrai. Il est fréquent que ces quelques instants d'échange fassent réaliser que les maux décrits par le patient ne sont que la traduction d'un mal-être. Ecouter, et tenir compte de la souffrance de l'autre, c'est déjà permettre, surtout en prison, de traiter la moitié des symptômes. Troisième partie : Dans la pratique… Question 15 Vous animez un atelier de réflexion autour d'un thème ciblé sur la santé avec un groupe de détenus. Quel est votre but? • • • • Informer Leur faire avouer leurs motifs d’incarcération Eduquer Laisser à chacun la possibilité d’exprimer ses angoisses et interrogations • Ramener votre science pour montrer qui est le plus fort ici! Réponse : informer, éduquer et laisser à chacun la possibilité d’exprimer ses angoisses et interrogations Question 16 Quel est l'atout indispensable pour un apport de soins adapté et personnalisé? - L'observation - Avoir des ancêtres détenus - Avoir été soi-même détenu dans une vie antérieure - L'écoute - Avoir visionné toutes les saisons de "Prison break" en boucle - Le dialogue et l’empathie Réponse : observation, écoute et dialogue avec empathie Question 17 Pour accéder aux cellules, il est nécessaire d‘être accompagné: -D'un ange gardien -D'un surveillant -De l’occupant de la cellule -Du livre du code pénal -De Rachida Dati -De Valérie ou de Nadine Question 18 En consultation infirmière vous reconnaissez votre voisin qui immédiatement vous demande de rassurer son épouse : • A - vous faites mine de ne pas le reconnaître. • B - vous lui expliquez que ceci n’est pas possible car vous êtes tenu au secret professionnel. • C - vous êtes d’accord car ça n’ira pas bien loin… • D - après son départ vous en parlez en équipe afin de résoudre ce problème. Réponse : • B- Vous êtes tenu au secret professionnel (CSP. Art. R4312-4) et vous en informez la personne détenue. • D- Vous en parlez en équipe Question 19 • Un détenu vous agresse verbalement, comment réagissez-vous? - Vous sautez par la fenêtre (PS: attention aux barreaux !) - Vous déclenchez l’alarme - Vous appelez le surveillant - Vous négociez afin de faire baisser la pression. - Vous l’ignorez Question 20 • Monsieur Robert Fleury, n° d’écrou 3340457 se présente à l’UCSA, comment vous adressez-vous à lui ? - Bonjour Monsieur Fleury - N° 3340457 s’il vous plait - Salut Béber ! Bien ou bien ? Réponse : « Bonjour Monsieur Fleury » Un détenu est un citoyen comme un autre, il a le droit au respect. Bravo à l’équipe victorieuse et merci à tous pour votre participation active ! Pour vous récompenser, voici une petite annonce qui pourrait vous intéresser… Etablissement pénitencier de Fox River recherche jeunes infirmières diplômées d’Etat pour contrat à durée indéterminée… Conclusion "la prison est l'affaire de tous, et nombre de parcours humains estimables connaissent un passage en détention. La vie ne s‘arrête pas derrière les lourdes portes des prisons. Les détenus, les proches, les amis, ceux qui travaillent en prison : parlons de la prison ,nous parlerons de notre société. Nous parlerons de la souffrance et de la solidarité." Devers Gilles (avocat à Lyon). Soins et prison : il reste tant à faire. Objectif soins, n°152 janv 2007