2. Quelle(s) spécialisation(s) pour les PED ? En tant que groupe, les PED participent au commerce international : en 2008, ils représentent, toutes régions et tous produits confondus, près de 38% des exportations mondiales de marchandise et 25% de celles de services, pour 80% de la population mondiale. Mais la part du continent africain reste marginale (y compris avec les pays exportateurs de pétrole) alors que la Chine est devenue le 2ème exportateur mondial. Remarques : (1) Les PED restent plus dépendants des pays industrialisés pour les marchés d’exportation, que ne le sont les pays industrialisés des PED . (2) Augmentation de leur dépendance vis à vis des exportations en tant que sources de richesse. (3) Les situations sont très différentes entre PED. D’où l’importance : - de la spécialisation - de la maîtrise des pays sur leur insertion dans le commerce international. Structure du commerce international de marchandises par grands groupes de produits et par zone, en 2001 Produits agricoles Produits des ind. extractives Produits manufacturés Amérique du Nord exportations importations 10 6 8 12 77 79 Amérique latine exportations importations 18 9 22 11 60 77 Europe de l’ouest exportations importations 9 10 7 11 81 76 Europe centrale et orientale exportations importations 9 11 33 14 56 75 Afrique exportations importations 15 15 57 12 25 71 Moyen Orient exportations importations 3 13 74 8 22 75 Asie exportations importations 7 10 8 18 83 70 Structure des exportations d’une sélection de produits par origine (%), 2000 Produits Origine 2001 Total Pays développés Pays en développement PECO 64.1 31.2 4.7 Produits de base y compris combustibles Pays développés Pays en développement PECO 49.2 43.3 7.5 Produits manufacturés Pays développés Pays en développement PECO 69.0 27.5 3.5 Produits alimentaires Pays développés Pays en développement PECO 63.9 33.2 2.9 Minerais Pays développés Pays en développement PECO 55.2 37.3 7.5 Combustibles Pays développés Pays en développement PECO 32.8 55.8 11.4 Chimiques Pays développés Pays en développement PECO 79.7 17.5 2.8 Machines et matériel de transport Pays développés Pays en développement PECO 71.6 25.5 2.9 Articles manufacturés divers Pays développés Pays en développement PECO 60.3 34.9 4.8 Fibres, filés, textile et habillement Pays développés Pays en développement PECO 37.2 58.6 4.2 2.1. Produits agricoles et miniers 2.1.1. Tendances générales a. La situation des PED est très diversifiée Caractéristique importante : certains pays dépendent de leurs exportations de quelques produits agricoles. Tableau suivant : Pays les moins avancés tributaires des exportations de produits primaires hors combustibles (moyenne 1998-2000), IDH et rang / 177 (2005) Pays Part des p. primaires / exportations Principaux produits exportés IDH Rang /177 Zambie 99, 8 Cuivre 0, 407 165 Mauritanie 99, 5 Minerai de fer 0, 486 153 Tchad 95, 0 Coton 0,368 171 Mali 94, 5 Coton 0, 338 175 Benin 93, 7 Coton 0, 428 163 Rép. centrafricaine 88, 2 Diamants, café 0, 353 171 Comores 82, 9 Vanille, clous de girofle 0 556 132 Rép. Démo. Du Congo 82, 1 Diamants, cuivre, bois 0, 391 167 Burkina Faso 79, 0 Coton 0, 342 174 Niger 73, 3 Uranium 0, 311 177 Guinée 56, 7 Bauxite, alumine, or 0, 445 160 Myanmar 54, 0 Pierres précieuses (rubis..), pétrole 0, 581 130 Rép. Dém. Pop. lao 51, 0 Café, étain 0, 553 133 bois, coton, b. Cette dépendance touche particulièrement l’Afrique subsaharienne 2.1.2. Caractéristiques des exportations de produits agricoles et miniers a. Une croissance lente b. Une courbe des prix défavorable Des « pics » périodiques Mais un déclin sur le long terme Déclin des prix des matières premières, 1980 - 2002 Diminution (0 – 25 %) Diminution (25 – 50 %) Banane - 4.4 Aluminium Engrais - 23.1 Cuivre Minerai de fer - 19.5 Coton Phosphate - 21.6 Maïs Thé - 7.5 Blé - 27.2 - 30.9 - 47.6 - 41.6 - 45.2 Diminution (plus de 50 %) Cacao Café Riz Sucre Caoutchouc - 71.2 - 64.8 - 60.9 - 76.6 - 59.6 Eléments inquiétants : - l’effondrement des prix dure plus longtemps que les pics de hausse - la magnitude de la chute des prix est plus importante que celle des hausses Les causes de la faiblesse des prix des matières premières : (1)Une surproduction structurelle. Cas particuliers des produits agricoles demande et offre rigides (2) Le problème des gains de productivité (3)Une faible valeur ajoutée (4) La concurrence : Conséquences : - détérioration des termes de l’échange - Le déclin des prix sur le long terme, conjugué à leur forte volatilité, engendre une très forte instabilité économique générale impossibilité pour les gouvernements ou les agents particuliers de s’engager dans des dépenses, de prévoir des investissements ou de prévoir le remboursement de leur dette. pauvreté, déstructuration des communautés.... c. Les systèmes de commercialisation La plupart des marchés internationaux de matières premières sont dominés par quelques FMN : systèmes complexes de transformation, logistique et de commercialisation . Exemple du cacao : Fin des offices publics de commercialisation Échec de la plupart des accords de matières premières d. Les politiques commerciales des pays développés - Non accès aux marchés - Soutien interne, production subventions à leur propre - Progressivité des droits de douane/protection effective Exemple : les PED produisent plus de 90% des graines de cacao, moins de la moitié du beurre de cacao, 1/3 de la poudre et 4% du chocolat SURTOUT : ne pas oublier que beaucoup de PED, surtout PMA, sont importateurs de produits primaires, combustibles et produits alimentaires. 2.1.3. Le cas particulier des produits miniers (combustibles ou non) Certaines caractéristiques sont propres aux produits miniers et renforcent les conséquences de la dépendance sur ce type d’exportations beaucoup plus déstabilisatrices que pour d’autres produits : - activités à forte intensité en capital - activités sujettes à des cycles prospérité-récession plus brutaux et plus importants que pour les autres matières premières vulnérabilité des pays - La richesse engendrée par l’exploitation des ressources minières est sans commune mesure avec les revenus des produits de base agricoles dans des pays dont les institutions, les systèmes de régulation et de contrôle sont peu efficaces, l’afflux de ressources peut aggraver les problèmes ; en particulier, conflits civils, menaces sur l’environnement ... - Enfin, plus que d’autres, ces produits sont soumis à un phénomène particulier : le « dutch disease » : Une augmentation rapide des exportations d’un produit entraîne une appréciation réelle de la monnaie, une perte de compétitivité pour les exportations traditionnelles du pays et une déstructuration de ces secteurs. Trois mécanismes en action : - Expansion d’un secteur échangeable souvent source de « rente » (le pétrole) - Expansion du secteur des non échangeables (= protégé de la concurrence internationale : services..) souvent peu efficaces - Destruction du secteur échangeable traditionnel (si c’était l’agriculture ..crise alimentaire) 2.2. Produits manufacturés et services Si les PED dans leur ensemble ne sont pas absents du commerce international des produits manufacturés, ils ne représentaient en 2006 que 33% des exportations mondiales, 25,5 % des machines et matériels de transport, contre 58,5% des articles textiles et d’habillement (près de 70 %). 2.2.1. Comment les PED s’insèrent-ils dans les marchés industriels mondiaux ? a. Tendances globales La part de marché des PED s’est accrue dans le secteur des produits manufacturés, alors que parallèlement celle des pays industrialisés diminuait. Mais cette croissance n’est partagée par tous les pays, et pour tous les produits : - six PED (Chine, Corée, Taiwan, Singapour, Malaisie et Mexique) concentrent plus des 2/3 des exportations, à la fois de moyenne et haute technologie. - de nombreux pays ont pénétré les marchés internationaux de ces produits, seulement comme sites de montage de produits intermédiaires préalablement importés. Les chiffres sur les exportations globales ne rendent pas compte de la « qualité » des exportations Exemple du Mexique b. Le système de production global : L’exemple de Toyota Equipements électriques Thaïlande Philippines Moteurs diesel Equipement électrique Pièces embouties Transmissions Transmissions Transmissions PE Moteurs diesel Equipement électrique Moteurs essence Pièces embouties Transmissions T T Malaisie Transmissions Equipement électrique Transmissions Equipement électrique PE Indonésie Moteurs essence Pièces embouties La question des zones franches Ces zones franches fournissent aux investisseurs les structures dont ils ont besoin, mais surtout des incitations fiscales importantes. Or celles-ci pèsent sur les recettes des gouvernement : les PED doivent investir dans les infrastructures économiques, dans le capital humain s’ils veulent améliorer la qualité de leur production. Or, il est difficile de générer les revenus nécessaires à de tels investissements publics quand le secteur le plus dynamique est celui d’une zone échappant à la fiscalité c. Quels enseignements L’intégration au commerce mondial de produits manufacturés peut être porteuse de croissance solide et l’accueil d’IDE peut en être un vecteur, si au moins une des deux conditions est remplie : - un pays ne peut prétendre attirer un IDE de qualité s’il ne se consacre pas à l’amélioration du capital humain - les gouvernements doivent abandonner les stratégies passives relatives à l’IDE (Chine, Inde) Pourquoi l’intégration dans le commerce international n’a-t-elle pas apporté les résultats espérés en termes de croissance, revenus, ... ? - Les emplois ont pu être créés, mais restent limités pour une grande part à de la main d’œuvre non qualifiée, de plus en plus féminine, pour de bas salaires. - La composition de la production : activités à faible valeur ajoutée 2.2.2. Les services La fragmentation de la production industrielle s’est accompagnée d’autres changements importants ; en particulier, certains services, qui auparavant ne pouvaient être fournis que par des entreprises nationales, peuvent aujourd’hui être commercialisés au niveau international. Assistance technique, saisie de données comptables, back office pour de grandes compagnies d’assurances, prise de rendez-vous médicaux, vente par téléphone,.... : la délocalisation de services est de plus en plus poussée. Conséquences ? - Les entreprises des pays industrialisés externalisent la production, mais pas la propriété intellectuelle ; à long terme, la réponse à ce mouvement réside dans l’éducation, la recherche et l’innovation. - L’affectation d’une main d’oeuvre qualifiée principalement aux activités offshore peut priver certains pays de la disponibilité de cette main d’oeuvre (en situation de pénurie) pour leurs propres besoins économiques. - l’investissement dans les réseaux à fibres optiques et d’autres matériels informatiques est-il suffisant (et le réseau électrique est-il fiable) pour permettre aux travailleurs de se connecter à Internet ? Sinon qui en a la charge ?...... - Le pays a-t-il des moyens suffisants pour faire respecter les droits de propriété intellectuelle (pour les produits financiers sophistiqués) et la confidentialité des données et pour assurer la sécurité ? Le tourisme Pour les PMA dont l’économie est tributaire des recettes du tourisme, les incidences de la crise de 2008 pourraient être graves. Exemples : - les Maldives, où les exportations de voyages représentent 56 pour cent du PIB, on s’attend à ce que les recettes liées aux voyages diminuent de plus de 20 pour cent en 2009 Conclusion : La participation des PED (au moins de certains) au commerce international apparaît « inéquitable » : - Toutes les spécialisations ne se « valent » pas les gains du commerce ne sont pas équitables. Dans de nombreux pays « l’ouverture » est liée à une réduction de la pauvreté dérisoire et à des niveaux d’inégalité très élevés. Pour des pays ayant intégré les marchés industriels internationaux, la libéralisation rapide des importations agricoles a particulièrement accru la marginalisation de la population rurale pauvre, en partie en raison des niveaux élevés d’inégalité initiale. - Les prix ne sont pas « équitables : Pour la plupart des produits de base, agricoles ou miniers, le marché n’est pas concurrentiel (dominé par quelques firmes multinationales) pas de transparence, les petits producteurs sont dans une situation d’incertitude totale.. Même remarque pour l’exportation de produits manufacturés dans le cadre d’un système de production global commerce intra-firme déconnecté du marché. Une participation « équitable » au commerce international ne doit pas simplement vouloir dire intégration aux marchés industriels et de services, mais même dans une spécialisation dans des produits agricoles ou miniers : - Accès à l’information, transparence des marchés et des systèmes de prix.. - Accès aux technologies pour une production de qualité (qualité des produits et des modes de production), accès aux capitaux... - Accès aux marchés étrangers ..