Effets résonnants en physique cinétique Effet Landau Gérard Belmont LPP Ondes dans les plasmas sans collision Dans les plasmas sans collision, certaines ondes (Langmuir, Alfvén, son, etc…) se propagent presque comme si le milieu était collisionnel, à une différence près : Elles sont (plus ou moins) amorties bien que la viscosité soit nulle ainsi que tous les effets dissipatifs "normaux" (i.e. dus aux collisions) ==> deux questions importantes : Pourquoi ces ondes se propagent elles ? Pourquoi sont elles amorties ? On dit que l'amortissement est dû aux effets "résonnants" Mais qu'est ce ?? Effets résonnants = effets essentiellement cinétiques Si, dans la fonction de distribution globale, certaines particules ne réagissent pas comme l’ensemble des autres ==> problème a priori pas réductible à l’évolution de seulement quelques moments de f(v) ==> effets essentiellement cinétiques C’est le cas de tous les phénomènes "résonnants" où l’effet des champs variables à une certaine fréquence est beaucoup plus fort sur les particules d'une vitesse v = vr Résonances avec des ondes planes : résonances Landau w - k//v// = 0 (champ E//), résonances cyclotron : w - k//v// = nwc (champ E^), Résonances avec des géométries plus complexes : résonances de rebond, etc… Effet Landau = prototype des effets résonnants C'est l'effet résonnant le plus "simple": Il existe même sans champ magnétique. On le trouve pour des ondes a priori faciles à calculer (Langmuir, son), au moins en fluide. Le calcul cinétique complet date des débuts de la physique des plasmas (Landau, 1946) Mais le calcul, même dans ce cas "simple", est mathématiquement assez délicat (Fourier-Laplace, intégration dans le plan complexe, …) et peu favorable à la compréhension intuitive de ce qui se passe ==> Dans les livres et les sites de vulgarisation (ou de niveau élémentaire), il est généralement remplacé par des explications heuristiques, qui induisent effectivement des idées plus intuitives, mais hélas généralement erronées Je vais essayer d'en donner une idée compréhensible, mais pas trop fausse… L’onde sonore Un exemple élémentaire instructif : l'onde sonore (moins traditionnel que l'onde de Langmuir mais plus adapté à la comparaison avec l'intuition fluide ordinaire) Essayons de comprendre Pourquoi elle se propage avec/ sans collision Pourquoi elle est amortie Comment f(v) se déforme pour assurer propagation et amortissement des perturbations de densité/ vitesse/ pression Calcul de l’onde sonore fluide Equations du mouvement des ions et des électrons linéarisées : Ions : -mit2(n1) +giTi2(n1) = -noq 2 (F1) Électrons : geTe2(n1) = noq 2 (F1) Hypothèses : Equations de fermeture polytropes (p = ng) pour les deux espèces + Quasi-neutralité (ni ~ ne) Elimination du potentiel F1 : ==> mit2(n1) = (giTi + geTe) 2(n1) Calcul de l’onde sonore fluide (2) + Fourierisation ==> Modes "propres" (n1 et toutes les autres variables sont en ei(kx-wt)) w2/k2 = cs2 = (giTi + geTe) / mi ==> deux modes propres (un dans chaque sens) Solution générale à partir d’une condition initiale quelconque = superposition linéaire des deux. Les coefficients de chaque mode dépendent de deux paramètres, par exemple deux conditions initiales. Possibilité de remplacer Fourier par Laplace pour introduire directement les conditions initiales NB. A partir d'une seule condition initiale imposée (par exemple sur n1 avec condition quelconque sur u1), fort peu de chances d'obtenir une seule onde Même calcul en cinétique Au lieu de tirer n1 de l'équation de moment des ions, moyennant une équation polytrope, il faut calculer f1 en repartant directement de Vlasov t(f1) + v x(f1) = q/mi x(F1) f o'(v) Et en déduire n1 par intégration sur les vitesses Si on veut appliquer la même méthode que précédemment (Fourier), il faut supposer qu'il existe des solutions pour lesquelles la distribution perturbée f1(v) varie en ei(kx-wt) pour toutes les valeurs de v (pas seulement les moments n1, v1, p1). Alors : (v - w/k ) f1 = q/mi F1 f o'(v) Même calcul en cinétique (2) (v - w/k ) f1 = q/mi F1 f o'(v) Comment déduire la perturbation de densité n1 à partir de cette équation_? : On est a priori tenté d'en déduire : mi n1 = qF1 fo'(v)/(v - w/k) dv Mais, pour une onde purement propagative (w réel), l'intégrale est divergente en v = w/k ( rôle de la vitesse divergente) Valeur principale ? Signification physique ? Onde amortie ? Pourquoi ? Si oui, suffit il de garder la même intégrale avec w complexe ? Même calcul en cinétique (3) Détermination plus propre de la perturbation f1 : Si la dépendance spatiale k est imposée, dépendance en temps = equa.dif. linéaire du 1er ordre v f1 -i t(f1)/k = q/mi F1 f o'(v) (v - w/k) f1 = q/mi F1 f o'(v) Les solutions s'écrivent, au sens des distributions : f1 = q/mi F1 f o'(v)/ (v - w/k) + an1d(v - w/k) Solution générale = solution particulière (forcée par le champ électrique) + solution générale sans second membre (balistique). On voit que le voisinage de v = w/k demande un traitement soigné. Ces particules résonnantes ne sont pas forcées par le champ à osciller à w, même si F1 et n1 ont cette fréquence: elles peuvent simplement rester à vitesse constante C'est le comportement balistique (qu'on voit en simulation) qu'il ne faut pas oublier Même calcul en cinétique (4) En intégrant, le système précédent s'écrit : Ions : n1 = q/miF1 Zp'(vf) + an1 Électrons : geTe n1 = noq F1 Avec Zp'(vf) = VP fo'(v)/(v - vf) dv En éliminant le potentiel électrique : n1 = geTe/mi n1/no Zp'(vf) + an1 Si fo Maxwellienne et vf réel, Zp est la partie réelle d'une fonction célèbre et tabulée (la fonction de Fried et Conte) Une infinité de modes propres réels, chacun très improbable n1 = geTe/mi n1/no Zp'(vf) + an1 Ceci n'est une équation de dispersion que si on fixe a ==> sinon, une infinité de solutions dépendant de a (pourcentage de particules résonnantes) Résultat en accord avec le nombre infini de degrés de liberté Choix arbitraire a = 0 (seulement la partie principale, cf. Vlasov) : aucune particule de f1 n'a la vitesse résonnante v = vf ==> résultat proche du fluide. A peu près valable seulement quand vf >> Vth Mais chacun de ces modes a une perturbation f1 très singulière autour de v = vf. Aucune condition initiale raisonnable ne peut exciter un seul de ces modes Les conditions initiales raisonnables excitent toujours un continuum de modes Chaque valeur de a correspond à une perturbation f1 particulière, mais toujours singulière ==> Les perturbations régulières sont nécessairement une superposition linéaire d'une infinité de ces modes Résultat remarquable : Avec un k fixé, pour toutes les conditions initiales "raisonnables", si on impose une onde se propageant dans un seul sens (au voisinage de la solution fluide), on obtient une évolution qui, après une période transitoire, retombe toujours le même comportement asymptotique qui est une décroissance en e - gt (dû au mélange de phases) Ce comportement universel est appelé "amortissement Landau" Calcul(s) de l'effet Landau • Méthode classique (Landau) Calcul complet et explicite à partir de la condition initiale sur f1 et de la transformation de Laplace, déformations de contour dans le pan complexe pour la transformée inverse, etc… • Plus proche de l'expérience Calculer directement sur la superposition des modes réels, imposer une varaiation en e-iwt avec w complexe pour les grandeurs macroscopiques et chercher quelles sont les distributions "raisonnables" qui le permettent. On voit mieux ainsi le rôle des particules résonnantes et des autres df = qFo/(v – vs1) * [ fo'(v) [exp(-ikvs1t) - exp(-ikvt) /2] - (1/2ip) (Zp'(v) - 2Ti/Te) exp(-ikvt) ] Remarques diverses Amortissement g proportionnel à fo' Instabilités aussi (f'o > 0) Autres résonances : cyclotron, miroir, rebonds, etc… Même problématique FIN (Pour aujourd'hui)