UN DOKUMENT OTTOMAN INÉDIT CONCERNANT 55
rapport sommaire (telhîs) élaboré par le Grand Vizir, il a été classifié dans la
catégorie des documents appartenant à la chancellerie Âmedî, parce qu-il a été la
conséquence d’une lettre arrivée au Grand Vizirat de la part de Rákóczi.
b) La date du document n’est pas mentionnée dans le texte même du
document ce qui nous cause beaucoup de difficultés. Selon le catalogue de
BOA, le document date de l’année « 1132 » (A. H.), c’est-à-dire de l’intervalle
14.11.1719- 1.11.1720 (A.D.), sans d’autres explications (probablement, cette
date a été établie par comparaison avec les documents du même paquet). Or,
nous savons – grâce, par exemple, aux excellentes lettres de Mikes Kelemen, qui
faisait part de la suite du Prince – qu’à ce moment-là Rákóczi et sa suite
résidaient déjà, depuis environ deux ans, à Tekirdağ, sur les rives de la Mer de
Marmara (après Büyükdere, Yeniköy, Beykoz et, de nouveau, Yeniköy).6 Il est
vrai, dans le texte il y a cette mention très importante: « hâlâ Edirne’de meks
üzere olan Krâlzâde Rakoçi Ferenc tarafından », c’est –à –dire :« de la part
du Prince Royal Râkóczi Ferencz qui maintenant est en train de séjourner à
Edirne » . Or, le Prince fut « en train de séjourner à Edirne » avant le 28 octobre
1717, quand il est arrivé de France, via Gallipoli (Gelibolu), dans cette ancienne
capitale ottomane, où il a résidé environ dix mois, jusqu’au 16 août 1718. Alors
il arrivait pour la première fois dans l’Empire ottoman, sur l’invitation ottomane
et muni d’une lettre impériale (nâme-i hümâyûn) émise à la fin de 1716,7 en
pleine guerre habsbourg-ottomane. Même un dignitaire ottoman, Küçük Bahrî
Ağa, l’un des grands portiers (au sing. kapucıbaşı), a été envoyé en France, pour
louer un navire et s’occuper d’autres détails techniques et politiques,8a afin
d’assurer le voyage en pleine sûreté du Prince, dont l’arrivée dans le territoire
ottoman était attendue et désirée, comme pièce importante contre les Habsbourg
Au contraire, la lecture de notre document laisse l’impression que cette visite du
Prince à Edirne fût cette fois-ci un événement imprévu, même indésirable, qui
pourrait créer des difficultés politiques. En tout cas, Rákóczi a demandé, selon le
notre document, un sauf-conduit (…‘ahd kâ’imesi), duquel il n’aurait pas
besoin s’il arriverait directement de France (il en avait une lettre impériale).
Conformément au même document,le Prince venait à Edirne « pour (régler) ses
6 Mikes, Kelemen, Scrisori din Turcia (Lettres de Turquie), Editura Kriterion, Bucureşti, 1980,
p. 17–36.
7 Ahmed Refik (Altınay), Memâlik-i Osmâniyede Kral Rakoçi ve tevâbi-i (Le Roi Rákóczi et ses
sujets dans l’Empire ottoman), İstanbul , Hilâl Matbaası, 1333 (A.D. 1915), doc. no. 6, de la
première décade (evâil) du mois de Muharrem 1129/ 16.12. - 25. 12. 1716).
8a M. Tayyib Gökbilgin, « Rákóczi Ferenc II.ve Osmanlı Devleti Himâyesinde Macar Mültecileri
» (Rákóczi Ferenc II. et les réfugiés hongrois sous la protection de l’Empire ottoman), Türk-
Macar Kültür Münasebetleri Işığı Altında II.Rákóczi Ferenc ve Macar Mültecileri Sempozyumu
(31 Mayis- 3 Haziran 1976) İstanbul Üniversitesi Edebiyat Fakültesi/Rákóczi Ferencz II and
the Hungarian Refugees in the Light of Turco-Hungarian Cultural Relations (31 May-3 June
1976). University of İstanbul, Faculty of Letters, İstanbul, 1976, pp. 1–17.
8bis Voir infra la note 19.