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militaire va s’étendre pour devenir éventuellement la Confédération des huit cantons, qui englobe alors, en
plus des trois membres fondateurs, Lucerne, Zurich, Glaris, Zoug et Berne.
— Dans la foulée de l’accroissement du nombre de membres et des luttes continuelles avec les Habsbourg,
d’autres actes légaux sont signés entre les membres de la Confédération, comme la charte des prêtres de
1370, qui poursuit la construction d’une entité politique commune très lâche et pose les bases, très novatrice
pour l’époque, de l’égalité juridique des habitants, nobles ou roturiers, en les soumettant à une uniformisation
des normes légales des membres.
— Au tournant du XVe siècle, les Habsbourg sont toujours maîtres de nombreux territoires jouxtant ceux de
la Confédération, mais les difficultés financières de Vienne vont permettre aux cantons d’accroître leur
domination des terres alpines.
— Par les armes, l’économie ou la diplomatie, les communes libres des cantons s’emploient à étendre leur
influence aux territoires environnants, comme Zurich, riche ville marchande, qui acquiert des terres pour
assurer sa sécurité alimentaire. D’autres unions locales, regroupant un ou plusieurs cantons, membre ou non
de la Confédération, s’établissent un peu partout
— Peu à peu, la Confédération, regroupant des États membres du Saint-Empire, en vient à constituer un État
dans l’État, avec ses propres normes juridiques et ses propres structures politiques. Mais l’opposition quasi
permanente des Habsbourg au pouvoir des cantons, allié au fait que le centre de gravité de l’empire penche
du côté des Habsbourg, va entrainer dès le XVe siècle un désir de se détacher d’un empire qui n’apporte rien.
— Les guerres de Bourgogne (1474-1477) vont voir les Confédérés devenir un facteur politique important,
alors qu’ils tentent d’imposer leur autonomie dans le cadre d’un chassé-croisé complexe réunissant le duc de
Bourgogne, Charles le Téméraire, le roi de France Louis XI, de même que le duc d’Autriche Sigismond.
— Dans une série de batailles locales, les Confédérés, dont la valeur militaire est exceptionnelle, parviennent
à imposer une « paix perpétuelle » en 1475 à l’Autriche, avant de défaire les armées bourguignonnes. Deux
traités (Fribourg et Zurich) sont aussi signés pour délimiter le territoire de la Confédération.
— L’adhésion de nouveaux membres à l’union donne naissance à une nouvelle mouture de l’organisation, la
Confédération des treize cantons, qui connait cependant une crise de croissance, alors que le développement
économique créé des distorsions entre les villes et les campagnes, pendant que la bourgeoisie accapare de
plus en plus le pouvoir politique au détriment des communes paysannes.
— En 1499, a l’issue de la guerre de Souabe (dont les causes demeurent aujourd’hui confuses — raisons
fiscales ou plus simplement territoriales) menée par les Confédérés contre la Ligue de Souabe, soutenue par
l’empereur Maximilien, la paix de Bâle fut signée, qui sans régler clairement le statut politique de la
Confédération, pavait la voie à son indépendance.
— Le territoire de la Confédération est alors peuplé d’environ 1,2 million d’habitants et le caractère
multiethnique du territoire est déjà affirmé. Cette multiethnicité (qui inclut aussi des populations italiennes)
sera par ailleurs la cause d’un conflit lorsque les cantons français prendront part au côté de la France aux
guerres d’Italie, alors que les cantons allemands défendront le Saint-Empire.
— La défaite de ces derniers, lors de la bataille de Marignan contre François 1er, marque la fin de la
participation de la Confédération aux guerres européennes, les cantons se contentant de vendre leur force
militaire sous forme de mercenaires.
— C’est d’ailleurs la France, avec qui en 1516, est signée une paix perpétuelle, qui devient le principal client
des mercenaires suisses, alors que toute la Confédération, dans le contexte de l’affaissement politique de
l’empire, glisse dans la zone d’influence française, d’où elle ne sortira qu’à la faveur de la révolution.
— La réforme protestante donnera lieu ici à une guerre civile, appelée les guerres de Kappel, alors que les
cantons favorables à la réforme (menés par Zurich et par Zwingli) et ceux favorables au catholicisme
s’affrontent pour le contrôle des cantons mixtes. Le 16 novembre 1531, après la mort de Zwingli et grâce à la
médiation de la France, une seconde paix nationale est signée, qui met fin au conflit.
— Au cours des années 1530, ce sera au tour des cantons romans d’être happé par les conflits religieux, alors
que le calvinisme s’étend depuis Bâle. Cependant, cette fois, les armes ne parleront pas, pas plus d’ailleurs
lorsque la contre-réforme se manifestera la décennie suivante.
— De sorte que la petite Confédération suisse, très complexe sur le plan religieux (plusieurs confessions
protestantes et le catholicisme) restera miraculeusement à l’écart de la guerre de Trente Ans : la méfiance des
catholiques à l’endroit de Vienne et celle des protestants à l’endroit de la Suède permettra aux Suisses de
demeurer unis, même lorsque leur neutralité sera violée dans la foulée de la guerre.