Histoire des États germaniques :
Le Saint-Empire
Huitième cours :
L’éclatement de l’empire
1 La Suisse
— Soulignons un élément intéressant concernant la postérité politique du Saint-Empire : la grande variété des
systèmes de gouvernement qui se sont établis sur ses terres. D’une façon générale, les territoires orientaux ont
adoptés des formes de gouvernement plus centralisés et plus autoritaires, même si les monarchies absolutistes
de Prusse et d’Autriche présentent de nombreuses différences.
À l’inverse, à l’ouest, les modèles politiques des États issus de l’empire sont nettement plus libéraux et
pluralistes. Cependant, ici aussi il y existe de grandes différences entre la monarchie constitutionnelle qui
s’imposera aux Pays-Bas et le système confédéral de la publique helvétique.
— L’éclatement du territoire de l’empire est un lent processus dont le début est difficile à dater. Ses
premières manifestations sur le plan administratif remontent sans doute à la reconnaissance de l’hérédité des
possessions territoriales dès le XIIe siècle, mais tant qu’un empereur puissant est aux commandes, l’unité
pourra être maintenue.
Mais les déboires de Frédéric II avec la papauté ont assurément accéléré le processus, surtout qu’avec la
fin des Hohenstaufen, les électeurs, et leurs considérations parfois très égoïstes, s’imposent.
— C’est dans la seconde moitdu XIIe siècle que le premier geste de rupture sera posé (même si à l’époque,
cela n’est pas évident), alors que certains territoires de l’actuelle Suisse cident de s’associer pour contrer
linfluence des Habsbourg.
Sous l’influence des paysans libres (nombreux dans les Alpes) du canton d’Uri, qui obtint l’immédiateté
impériale sous Frédéric II pour son rôle dans l’aménagement du Col de Saint-Gothard, les cantons de
Schwytz et de Nidwald forment une alliance pour s’opposer aux volontés des Habsbourg (alors que Rodolphe
est empereur), qui cherchent à étendre leur influence et leur contrôle.
— C’est ainsi que nait politiquement ce qui deviendra la Suisse : un pacte qui ne sera découvert qu’au XVIIIe
siècle est alors signé entre les représentants des trois cantons (d’où le nom de Confédération des trois
cantons) en août 1291, auquel se joindra éventuellement un quatrième, le demi-canton d’Obwald, formant du
même souffle le canton d’Unterwald avec le Nidwald.
— Sans évidemment utiliser le mot de constitution, le pacte fédéral de 1291, fixe quelques éléments
concernant le droit, mais il s’agit avant tout un pacte militaire d’assistance mutuelle entre les signataires.
— Cette clause militaire sera par ailleurs rapidement mise à l’épreuve : en novembre 1315, dans la région de
Zurich, une force d’à peine 1 500 hommes libres des communes inflige une défaite à une armée de 3 000 à
5 000 hommes envoyés par Léopold 1er d’Autriche, pour tenter de reprendre le contrôle politique de terres
dont il se dit le maître, alors que depuis 1309, les cantons ont obtenu l’immédiateté impériale. La légende de
Guillaume Tell, sans doute inspirée des événements, nait d’ailleurs à cette époque.
— Ce succès militaire remarquable entraine une consolidation de l’alliance, alors qu’est signé le 9 décembre
1315 le pacte de Brunnen entre les trois cantons. À la différence du texte de 1291, le pacte de Brunnen est
rédigé en allemand et il est le premier à utiliser le terme de Confédérés (Eidgenossen) pour caractériser les
membres du pacte.
— À partir de ce succès, d’autres cantons vont manifester leur désir de se joindre au pacte, soit par l’alliance
directe avec lui, soit par l’établissement d’alliance avec l’un des membres du pacte. De 1332 à 1481, l’union
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militaire va s’étendre pour devenir éventuellement la Confédération des huit cantons, qui englobe alors, en
plus des trois membres fondateurs, Lucerne, Zurich, Glaris, Zoug et Berne.
Dans la foulée de l’accroissement du nombre de membres et des luttes continuelles avec les Habsbourg,
d’autres actes légaux sont signés entre les membres de la Confédération, comme la charte des prêtres de
1370, qui poursuit la construction d’une entité politique commune très lâche et pose les bases, très novatrice
pour l’époque, de l’égalité juridique des habitants, nobles ou roturiers, en les soumettant à une uniformisation
des normes légales des membres.
— Au tournant du XVe siècle, les Habsbourg sont toujours maîtres de nombreux territoires jouxtant ceux de
la Confédération, mais les difficultés financières de Vienne vont permettre aux cantons d’accroître leur
domination des terres alpines.
Par les armes, l’économie ou la diplomatie, les communes libres des cantons s’emploient à étendre leur
influence aux territoires environnants, comme Zurich, riche ville marchande, qui acquiert des terres pour
assurer sa sécurité alimentaire. D’autres unions locales, regroupant un ou plusieurs cantons, membre ou non
de la Confédération, s’établissent un peu partout
— Peu à peu, la Confédération, regroupant des États membres du Saint-Empire, en vient à constituer un État
dans l’État, avec ses propres normes juridiques et ses propres structures politiques. Mais l’opposition quasi
permanente des Habsbourg au pouvoir des cantons, allau fait que le centre de gravité de l’empire penche
du côté des Habsbourg, va entrainer s le XVe siècle un désir de se détacher d’un empire qui n’apporte rien.
Les guerres de Bourgogne (1474-1477) vont voir les Confédérés devenir un facteur politique important,
alors qu’ils tentent d’imposer leur autonomie dans le cadre d’un chassé-croisé complexe réunissant le duc de
Bourgogne, Charles le Téméraire, le roi de France Louis XI, de même que le duc d’Autriche Sigismond.
— Dans une série de batailles locales, les Confédérés, dont la valeur militaire est exceptionnelle, parviennent
à imposer une « paix perpétuelle » en 1475 à l’Autriche, avant de défaire les armées bourguignonnes. Deux
traités (Fribourg et Zurich) sont aussi signés pour délimiter le territoire de la Confédération.
— L’adhésion de nouveaux membres à l’union donne naissance à une nouvelle mouture de l’organisation, la
Confédération des treize cantons, qui connait cependant une crise de croissance, alors que le développement
économique créé des distorsions entre les villes et les campagnes, pendant que la bourgeoisie accapare de
plus en plus le pouvoir politique au détriment des communes paysannes.
En 1499, a l’issue de la guerre de Souabe (dont les causes demeurent aujourdhui confuses raisons
fiscales ou plus simplement territoriales) menée par les Confédérés contre la Ligue de Souabe, soutenue par
l’empereur Maximilien, la paix de Bâle fut sige, qui sans régler clairement le statut politique de la
Confédération, pavait la voie à son indépendance.
— Le territoire de la Confédération est alors peuplé d’environ 1,2 million d’habitants et le caractère
multiethnique du territoire est déjà affirmé. Cette multiethnici (qui inclut aussi des populations italiennes)
sera par ailleurs la cause d’un conflit lorsque les cantons français prendront part au côté de la France aux
guerres d’Italie, alors que les cantons allemands défendront le Saint-Empire.
La faite de ces derniers, lors de la bataille de Marignan contre François 1er, marque la fin de la
participation de la Confédération aux guerres européennes, les cantons se contentant de vendre leur force
militaire sous forme de mercenaires.
— C’est d’ailleurs la France, avec qui en 1516, est signée une paix perpétuelle, qui devient le principal client
des mercenaires suisses, alors que toute la Confédération, dans le contexte de l’affaissement politique de
l’empire, glisse dans la zone d’influence française, d’où elle ne sortira qu’à la faveur de la volution.
La réforme protestante donnera lieu ici à une guerre civile, appelée les guerres de Kappel, alors que les
cantons favorables à la réforme (menés par Zurich et par Zwingli) et ceux favorables au catholicisme
s’affrontent pour le contrôle des cantons mixtes. Le 16 novembre 1531, après la mort de Zwingli et grâce à la
médiation de la France, une seconde paix nationale est signée, qui met fin au conflit.
— Au cours des années 1530, ce sera au tour des cantons romans d’être happé par les conflits religieux, alors
que le calvinisme s’étend depuis le. Cependant, cette fois, les armes ne parleront pas, pas plus d’ailleurs
lorsque la contre-réforme se manifestera la décennie suivante.
De sorte que la petite Confédération suisse, très complexe sur le plan religieux (plusieurs confessions
protestantes et le catholicisme) restera miraculeusement à l’écart de la guerre de Trente Ans : lafiance des
catholiques à l’endroit de Vienne et celle des protestants à l’endroit de la Suède permettra aux Suisses de
demeurer unis, même lorsque leur neutralité sera violée dans la foulée de la guerre.
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— Il est d’autant plus étonnant de voir le démon confessionnel agiter cette étonnante création politique qu’est
la Suisse plus tard au XVIIe et même au XVIIIe siècle, sans pourtant que ces guerres de Villmergen ne
remettent en question lintégrité du pays.
— Entre temps, l’inpendance complète de la Confédération des treize cantons sera entérinée par les traités
de Westphalie, même si depuis 1499, les cantons ne siégeaient plus à la Diète d’empire. Cependant, malgré
cette séparation de longue date, et malgré la présence sur le territoire de minorités linguistiques importantes,
la Suisse est restée (pour sa partie alémanique, à tout le moins) une composante culturelle du monde
germanique.
2 Les Pays-Bas
— Dans le cadre du traité de Verdun (843), les Pays-Bas actuels avaient été confiés à Lothaire, constituant la
partie la plus au nord de la Francia media, mais par le traité de Merseen (870), ces territoires furent confiés à
la Francia orientalis et conséquemment, intégrèrent l’empire lors de sa résurrection. Dans l’intervalle, les
territoires furent victime de la poussée continentale des Normands.
La particularité de ces territoires, au tournant du millénaire, est leur très faible population, une part
considérable de la zone étant marécageuse. Cependant, l’ingéniosité et l’ardeur au travail des habitants
permirent en un ou deux siècles d’assécher de nombreuses zones marécageuses, afin de les rendre propres à
l’agriculture.
— Ce sens aigu de l’entreprise de la population explique peut-être la situation économique et sociale
particulière de ces territoires au sein de l’empire, alors qu’on y trouve de nombreuses exploitations agricoles
à lextérieur des villages (donc des communes paysannes) et conséquemment inpendantes de ceux-ci. Dès
le XIIe siècle, cette zone contestée par les deux descendants de l’empire carolingien est mal contrôlée par
l’empire.
— La majorité de la population était encore frisonne à l’an mil, mais peu à peu d’autres populations
germaniques s’y installent, fondant de nombreuses villes, surtout en Flandre et dans le Brabant, dont l’activité
est basée sur le textile et le commerce. C’est l’une des premières zones de l’empire à connaitre
l’émancipation des villes, alors que les richesses de ces dernières leur permettent de s’imposer à leurs maîtres
territoriaux.
— Cependant, cette richesse, alliée à la situation politique de l’empire, na pas permis ici la consolidation de
ligues urbaines solides, mais bien au contraire favorisé la multiplication des guerres féodales par lesquelles,
étant incapable de jouer son rôle d’arbitre, lempereur perd peu à peu le contrôle du territoire.
Dans le contexte de la montée en puissance de la Bourgogne, les territoires des Pays-Bas suscitèrent la
convoitise des grands-ducs bourguignons, qui en prirent peu à peu le contrôle à partir de 1369, lorsque
Philipe le bon épousa la fille du comte de Flandre.
— Par mariage, héritage, achat ou conquête, la domination bourguignonne s’étend peu à peu sur les territoires
des actuels Pays-Bas, même si ceux-ci continuent de relever officiellement de l’autorité impériale.
C’est au cours de la période bourguignonne que ces territoires se voient dotés d’une unité administrative,
alors que Charles le Téméraire tente d’unifier l’ensemble de ses possessions. Cependant, le fort esprit
d’indépendance de la gion et le conflit entre Louis XI et Charles ne permettront pas la mise en place d’un
gouvernement central.
Après la mort de Charles, le mariage de Maximilien et de Marie fit des territoires bourguignons la
propriété des Habsbourg, mais provoqua une guerre avec la France, qui se solda par un partage territorial,
alors que les territoires du nord furent maintenus sous souveraineté habsbourgeoise.
Charles Quint, à la fin de son règne, divisa les territoires qu’il contrôlait en deux groupes : à son frère, il
laissa les terres autrichiennes, la Bohême et la Hongrie, alors qu’il confia à son fils l’Espagne, les territoires
italiens et les Pays-Bas, ces derniers relevant cependant toujours de la souveraineté de l’empereur.
Unifiés administrativement avec le Luxembourg et les territoires belges contemporains au sein de ce que
l’on nomme les 17 provinces des Pays-Bas espagnols par la pragmatique sanction de 1549, les territoires du
nord, en majorité protestants (calvinistes et anabaptistes, surtout), rejetèrent rapidement la sujétion à la
couronne espagnole, catholique.
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— En 1567, un tribunal d’exception, le Conseil des Troubles, est mis en place pour poursuivre et sanctionner
les responsables des émeutes iconoclastes de 1566, lors desquelles des insurgés calvinistes pillèrent des
églises catholiques des Flandres.
Ces événements entrainent de facto une division au sein des participants de la révolte des Gueux, menée
par Guillaume d’Orange, stathouder de Hollande, contre la mainmise espagnole sur les territoires du nord,
entre catholiques et protestants, et le déclenchement de la guerre de quatre-vingts ans, qui aboutira à
lindépendance des provinces protestantes.
Dans la foulée de ce long conflit, au cours duquel la lutte entre les armées du nord, périodiquement
appuyées par la France ou le Royaume-Uni, se juxtapose à une guerre civile religieuse opposant les
calvinistes aux catholiques, est sig le Trai d’Utrecht en 1579, considéré comme le premier acte de
naissance des Pays-Bas
Parrainée par Guillaume dOrange, cette union était la réponse protestante à la consolidation des
catholiques par la formation de l’Union d’Arras, réunissant des territoires plus au sud (autour de l’actuelle
Belgique) et proclamant leur fidélité à la couronne espagnole catholique.
C’est sur la base du traité d’Utrecht qu’en 1581 fut élaboré l’Acte de La Haye, par lequel les États
généraux néerlandais proclamèrent leur souveraineté et l’indépendance des Provinces-Unies, confédération
des sept provinces (Hollande, Zélande, Gueldre, Overijssel, Frise, Groningue et Utrecht) protestantes du nord.
Ces gestes politiques ne mirent bien sûr pas fin aux conflits avec la couronne espagnole, et il fallut
attendre la conclusion de la paix de Westphalie en 1648 pour que l’indépendance des Provinces-Unies soit
reconnue par l’Espagne et le Saint-Empire.
Le système politique en place dès avant l’indépendance était ba sur les États généraux néerlandais,
assemblée représentant les classes dominantes, bourgeoises et nobles, des différents territoires du nord.
Chaque territoire disposait d’un pensionnaire devant assurer les fonctions gouvernementales, mais seul celui
de la Hollande était considéré comme interlocuteur légitime par les autres États d’Europe.
Jusqu’au début du XIXe siècle, alors que le pays deviendra une monarchie constitutionelle, le système
politique connaitra une évolution saccadée, opposant les États généraux des diverses provinces au stathouder,
qui se prétend héritier du pouvoir central après lActe de La Haye.
Dans cet ensemble, il convient de souligner la prépondérance politique, économique et culturelle de la
Hollande sur les autres membres, car grâce à sa situation ographique, le long des côtes de la mer du nord,
elle concentre les principales villes du territoire (Amsterdam, Rotterdam et La Haye, entre autres).
— Indépendamment des tribulations politiques et militaires, les XVIe et XVIIe siècles furent pour les
Provinces-Unies une période de grandes alisations, grâce à la puissance de la bourgeoise commerçante.
Deux éléments (l’explosion artistique et la puissance coloniale) illustrent cette grandeur, qui doit beaucoup à
la situation géographique de ces territoires, excentrés par rapport à l’empire et bénéficiant d’un large accès
maritime.
Cette combinaison permettra à la population, moins soumise à partir du XVe siècle aux guerres féodales,
de velopper une puissance commerciale, puis militaire, capable de s’opposer aux grands états territoriaux
de la Renaissance, pour faire des Pays-Bas l’une des très grandes puissances européennes de l’ère moderne.
Grâce à la richesse de ses grandes familles marchandes, qui peuvent alors se consacrer au mécénat, le
XVIe siècle voit l’émergence de l’école hollandaise en peinture, de Rembrandt à Reubens qui, s’appuyant sur
l’école primitive flamande (XVe siècle) va faire au nord de l’Europe ce que les écoles italiennes de la
renaissance feront au sud, soit déterminer toute l’esthétique de l’époque.
Et il y a bien sûr l’empire colonial, à la fois conséquence et cause de l’indépendance politique des
territoires. Car avant même le traité de 1648, la puissance maritime des Pays-Bas, développée d’abord pour le
commerce et pour faire face à la puissance navale espagnole, trouve dans la projection coloniale un domaine
naturel d’expansion.
Évidemment, compte tenu de sa faible population (quelques millions d’habitants au tournant du XVIIe
siècle), il n’est pas question pour les Pays-Bas de velopper des colonies de peuplement et les autorités
politiques et commerçantes vont plutôt favoriser l’établissement de comptoirs commerciaux, même si dans
certains cas (Inde néerlandaise et Guyane Hollandaise, par exemple), le contrôle territorial prendra aussi des
formes politiques.
La fondation en 1624 sur l’Hudson de la ville de Neue Amsterdam témoigne de même des grandes
capacités de projection économique des Pays-Bas.
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Ce « siècle d’or » des Pays-Bas verra aussi une autre forme d’accroissement original du territoire, alors
que le pays, grâce à sa grande richesse commerçante, se couvre d’un autre symbole de l’esprit entrepreneurial
néerlandais, les moulins à vent.
— Manquant de terre, les habitants du pays gagneront au fil des siècles plus de 6 000 kilomètres carrés sur la
mer, grâce à la construction de 10 000 moulins à vent, qui ont pour fonction, entre autres, d’assécher les
berges de la mer du Nord, alors que des digues sont construites pour protéger ces nouveaux territoires, que
l’on nomme des polders.
En perdant le contrôle en 1648 de ces terres riches d’une population depuis toujours très entreprenante,
l’empire se retrouve repoussé loin du centre commercial de l’Europe du XVIIe siècle, la mer du Nord, ce qui
l’empêchera de participer à cette époque à la poussée coloniale européenne, même sil ne s’agit pas bien r
de la seule cause de cette absence dans la course coloniale.
D’autant que le traité de Westphalie met fin à une domination politique devenue au fil des siècles très
théorique. Cependant, et même si les langues parlées sur les terres erlandaises se distinguent au fil des
siècles de ce qui deviendra la langue allemande, les sonorités de celles-ci nous rappellent l’origine bien
germanique de ces territoires si particuliers.
3 LAutriche
L’Autriche est sans aucun doute de tous les territoires germaniques celui qui a joué le rôle le plus
important dans l’évolution de l’empire, quoique ce rôle ne soit pas univoque, parfois positif, mais à terme
négatif, alors que la confusion des couronnes impériale et habsbourgeoise entrainera la subordination des
intérêts de la première à celui de la seconde.
— Avant la refondation impériale, le territoire de l’actuelle Autriche se trouve sous la domination de Tassilon
de Bavière. Une fois rattachée à l’empire, la Bavière (et donc l’Autriche) sera rapidement christianisée, grâce
à l’existence d’une civilisation urbaine précoce, qui témoigne de la forte influence sur ces territoires de la
civilisation romaine. Salzbourg est fondé en 791, Vienne quelquescennies plus tard.
Au cours du IXe et du Xe siècle, le territoire autrichien est la proie de guerres opposant les populations
germaniques, slaves et hongroises, lesquelles se soldent par la mise en place en 976 d’une dynastie (les
Babenberg) qui régneront jusqu’à la fin du XIIIe siècle sur un territoire largement élargi à l’est et au sud.
— En 1276, à la mort du dernier duc de Babenberg, ses possessions sont disputées entre le roi de Bohême et
le roi de Hongrie, ce qui provoque une guerre aux termes de laquelle Ottokar II de Bohême s’impose.
Celui-ci régnera sur la majorité du territoire de l’actuelle Autriche jusqu’en 1278, alors que l’empereur
Rodolphe parvient à le vaincre dans le cadre d’un conflit qui touche l’ensemble impérial. En 1282, Rodolphe
cède à son fils ainé Albert le contrôle du territoire autrichien, fondant la dynastie habsbourgeoise de
l’Autriche et du même souffle, les bases de la confusion des couronnes, même si Rodolphe lui-même, pour
protéger les domaines patrimoniaux des Habsbourg s’employa à distinguer les deux couronnes en ne
recommandant pas son aîné pour le trône impérial auprès des électeurs.
De 1291 à 1411, sous la conduite des princes habsbourgeois, les territoires autrichiens s’étendent à
d’autres provinces pour former peu à peu ce qui devient la 2e plus vaste principauté du Saint-Empire.
L’Autriche s’impose ainsi graduellement comme l’un des centres politique et culturel de ce dernier, alors que
les princes successifs s’emploient à faire de Vienne une ville aussi importante que Prague.
Après une division en 1411, entre les fils de Léopold IV, du territoire familial entre les trois fils de ce
dernier, qui donne naissance à trois branches distinctes des Habsbourg, Frédéric III parvient à réunifier au
cours de son règne les différents territoires et lègue à son fils Maximilien l’ensemble autrichien.
À partir du règne de Maximilien, la maison habsbourgeoise s’étend bien au-delà de l’Autriche, alors que
ses mariages et ceux de ses enfants transforment le domaine habsbourgeois en puissance euroenne, bien au-
de des frontières du monde germanique.
C’est aussi sous Maximilien que la confusion des couronnes devient particulièrement faste à l’empire,
alors que l’empereur utilise la couronne impériale pour lutter contre la France et défendre ses possessions
italiennes. De nombreux princes germaniques refusent alors de suivre lempereur dans cette politique qui ne
concerne à leurs yeux que les intérêts habsbourgeois.
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