Histoire des États germaniques : Le Saint-Empire Huitième cours : L’éclatement de l’empire Huitième cours : L’éclatement de l’empire 1 — La Suisse 2 — Les Pays-Bas 3 — L’Autriche 4 — La Prusse 5 — Les autres « États » 1 — La Suisse • Notons la grande variété des systèmes de gouvernement qui se sont établis sur les terres du Saint-Empire. • D’une façon générale, les territoires orientaux ont adoptés des systèmes centralisés et autoritaires, alors qu’à l’ouest, les modèles politiques sont plus libéraux et pluralistes. • L’éclatement du territoire de l’empire est un lent processus dont le début est difficile à dater. • Ses premières manifestations remontent à la reconnaissance de l’hérédité des fiefs (XIIe siècle), mais tant qu’un empereur puissant est aux commandes, l’unité pourra être maintenue. • Les déboires de Frédéric II avec la papauté ont accéléré le processus et avec la fin des Hohenstaufen, les électeurs et leurs considérations s’imposent. • Dans la seconde moitié du XIIIe siècle sera posé le premier geste de rupture par certains territoires de l’actuelle Suisse qui s’associent contre les Habsbourg. • C’est alors que les paysans libres du canton d’Uri, qui obtint l’immédiateté impériale sous Frédéric II, forment une alliance avec les cantons de Schwytz et de Nidwald. • Ainsi nait ce qui deviendra la Suisse : un pacte est alors signé entre les représentants des trois cantons (d’où le nom de Confédération des trois cantons) en août 1291. • Sans utiliser le mot de constitution, le pacte fédéral fixe quelques éléments concernant le droit, mais il s’agit avant tout d’un pacte militaire d’assistance mutuelle. • Le pacte est mis à l’épreuve en 1315, dans la région de Zurich, alors que 1 500 « hommes libres » des communes infligent une défaite à l’armée de Léopold 1er d’Autriche. • La légende de Guillaume Tell, sans doute inspirée des événements, nait à cette époque. • Ce succès militaire entraine une consolidation de l’alliance et le 9 décembre 1315 est signé le pacte de Brunnen entre les trois cantons. • Ce pacte de Brunnen rédigé en allemand est le premier texte à utiliser le terme de Confédérés (Eidgenossen) pour caractériser les membres du pacte. • Dès lors, d’autres cantons vont manifester leur désir de se joindre au pacte, soit par l’alliance directe, soit par établissement d’alliance avec l’un ou l’autre des membres du pacte. • De 1332 à 1481, l’union militaire va s’étendre pour devenir la Confédération des huit cantons, qui englobe alors, en plus des trois membres fondateurs, Lucerne, Zurich, Glaris, Zoug et Berne. • D’autres actes légaux sont signés entre les membres, comme la Charte des prêtres de 1370, qui poursuit la construction d’une entité politique commune très lâche et pose les bases, très novatrice pour l’époque, de l’égalité juridique des habitants en les soumettant à une uniformisation des normes légales. • Au tournant du XVe siècle, les Habsbourg sont encore maîtres de nombreux territoires jouxtant la Confédération, mais les difficultés de Vienne vont permettre aux cantons d’accroître leur domination. • Par les armes, l’économie ou la diplomatie, les communes libres des cantons s’emploient à étendre leur influence aux territoires environnants. • D’autres unions locales, regroupant un ou plusieurs cantons, membre ou non de la Confédération, s’établissent un peu partout. • Peu à peu, la Confédération en vient à constituer un État dans l’État, avec ses normes juridiques et ses structures politiques. • Mais l’opposition aux Habsbourg et la domination de ces derniers sur l’empire vont entrainer dès le XVe siècle un désir de se détacher. • Les guerres de Bourgogne (1474-1477) voient les Confédérés devenir un facteur politique important, alors qu’ils tentent d’imposer leur autonomie . • Grâce à une série de batailles, les Confédérés imposent une « paix perpétuelle » en 1475 à l’Autriche, avant de défaire les armées bourguignonnes. • Deux traités (Fribourg et Zurich) sont aussi signés pour délimiter le territoire de la Confédération. • L’adhésion de nouveaux membres donne naissance à une nouvelle mouture de l’organisation, la Confédération des treize cantons, • Celle-ci connait une crise de croissance, alors que le développement économique créé des distorsions entre villes et campagnes. La bourgeoisie accapare de plus en plus le pouvoir politique au détriment des communes paysannes. • En 1499, a l’issue de la guerre de Souabe menée par les Confédérés contre la Ligue de Souabe, soutenue par l’empereur Maximilien, la paix de Bâle fut signée, qui pavait la voie à leur indépendance. • La Confédération, alors peuplé de 1,2 million d’habitants, est déjà multiethnique. • Cette multiethnicité sera cause d’un conflit quand les cantons français prendront part au côté de la France aux guerres d’Italie, alors que les cantons allemands défendront le Saint-Empire. • La défaite de ces derniers, lors de la bataille de Marignan contre François 1er, marque la fin de la participation de la Confédération aux guerres européennes, les cantons se contentant dès lors de se vendre en tant que mercenaires. • C’est d’ailleurs la France, avec qui en 1516, est signée une paix perpétuelle, qui devient le principal client des mercenaires suisses. • La Confédération, dans le contexte de l’affaissement de l’empire, glisse dans la zone d’influence française, d’où elle ne sortira qu’à la faveur de la révolution. • La réforme protestante donnera lieu à une guerre civile, (les guerres de Kappel), alors que cantons favorables à la réforme (menés par Zurich et par Zwingli) et ceux favorables au catholicisme s’affrontent pour le contrôle des cantons mixtes. • Le 16 novembre 1531, après la mort de Zwingli et grâce à la médiation de la France, une seconde paix nationale est signée, qui met fin au conflit. • Au cours des années 1530, ce sera au tour des cantons romans d’être happé par les conflits religieux, alors que le calvinisme s’étend depuis Bâle. • Mais les armes ne parleront pas, et pas plus lorsque la contre-réforme se manifestera la décennie suivante. • De sorte que la Confédération, très complexe sur le plan religieux, restera à l’écart de la guerre de Trente Ans : la méfiance des catholiques à l’endroit de Vienne, celle des protestants envers la Suède, permettront aux Suisses de demeurer unis. • Il est d’autant plus étonnant de voir le démon confessionnel agiter la Suisse au XVIIe et XVIIIe siècles, sans que ces guerres de Villmergen ne remettent en question l’intégrité du pays. • Entre temps, l’indépendance complète de la Confédération des treize cantons sera entérinée par les traités de Westphalie, même si depuis 1499, les cantons ne siégeaient plus à la Diète d’empire. • Malgré cette séparation de longue date et malgré la présence de minorités linguistiques importantes, la Suisse est restée (pour sa partie alémanique, à tout le moins) une composante culturelle du monde germanique. 2 — Les Pays-Bas • Par le traité de Verdun (843), les Pays-Bas actuels avaient été confiés à Lothaire, constituant le nord de la Francia media, mais le traité de Merseen (870) les rattacha à la Francia orientalis et ils intégrèrent l’empire lors de sa résurrection. • Dans l’intervalle, les territoires furent victimes de la poussée continentale des Normands. • La particularité de ces territoires, au tournant du millénaire, est leur très faible population, une part considérable de la zone étant marécageuse. • L’ingéniosité et l’ardeur des habitants permirent rapidement d’assécher de nombreuses zones marécageuses, afin de les rendre propres à l’agriculture. • Ce sens de l’entreprise explique la situation économique et sociale de ces territoires, car on y trouve de nombreuses exploitations agricoles à l’extérieur des villages (donc des communes paysannes) et conséquemment indépendantes de ceux-ci. • De même, dès le XIIe siècle, cette zone contestée par les descendants des Carolingiens est mal contrôlée par l’empire. • La majorité de la population était frisonne à l’an mil, puis d’autres populations germaniques s’y installent, fondant des villes de textile et de commerce. • C’est l’une des premières zones de l’empire à connaitre l’émancipation des villes, leur richesse leur permettant de s’imposer à leurs maîtres territoriaux. • Mais cette richesse n’a pas permis l’émergence de ligues urbaines solides et favorisé la multiplication des guerres féodales par lesquelles l’empereur perd peu à peu le contrôle. • Puis ces territoires suscitèrent la convoitise des grands-ducs bourguignons, qui en prirent peu à peu le contrôle à partir de 1369, lorsque Philipe le bon épousa la fille du comte de Flandre. • Par mariage, héritage, achat ou conquête, la domination bourguignonne s’étendit tous ces territoires, même s’ils continuèrent de relever de l’autorité impériale. • C’est au cours de cette période bourguignonne que les territoires des futurs Pays-Bas sont dotés d’une unité administrative, alors que Charles le Téméraire tente d’unifier ses possessions. • Mais le fort esprit d’indépendance de la région et le conflit entre Louis XI et Charles ne permettront pas la mise en place d’un gouvernement central. • Après la mort de Charles, le mariage de Maximilien et de Marie fit des territoires bourguignons la propriété des Habsbourg, mais provoqua une guerre avec la France. • Cette guerre se solda par un partage territorial, alors que les territoires du nord furent maintenus sous souveraineté habsbourgeoise. • Charles Quint, à la fin de son règne, divisa ses territoires en deux groupes : à son frère, il laissa les terres autrichiennes, la Bohême et la Hongrie, alors qu’il confia à son fils l’Espagne, les territoires italiens et les PaysBas, relevant encore de la souveraineté de l’empire. • Unifiés au Luxembourg et aux territoires belges au sein des 17 provinces des Pays-Bas espagnols par la pragmatique sanction (1549), les territoires du nord, en majorité protestants (calvinistes et anabaptistes, surtout), rejetèrent la sujétion à la couronne espagnole, catholique. • En 1567, un Conseil des Troubles est mis en place pour sanctionner les émeutiers iconoclastes de 1566, calvinistes responsables du pillage des églises catholiques des Flandres. • Ces événements entrainent une division entre catholiques et protestants au sein des participants de la révolte des Gueux, menée par Guillaume d’Orange contre la mainmise espagnole. • Il sont aussi à l’origine de la guerre de quatre-vingts ans, qui aboutira à l’indépendance des provinces protestantes. • Dans la foulée de ce conflit, au cours duquel la lutte entre les armées du nord, périodiquement appuyées par la France ou le Royaume-Uni, se juxtapose à une guerre civile religieuse entre calvinistes et catholiques, est signé le Traité d’Utrecht en 1579, premier acte de naissance des Pays-Bas modernes. • Parrainée par Guillaume d’Orange, cette union était la réponse protestante à la consolidation des catholiques au sein de l’Union d’Arras, réunissant des territoires plus au sud et proclamant leur fidélité à la couronne espagnole catholique. • Sur la base du traité d’Utrecht fut élaboré en 1581 l’Acte de La Haye, par lequel les États généraux néerlandais proclamèrent leur souveraineté et l’indépendance des Provinces-Unies, confédération des sept provinces protestantes du nord. • Ces gestes ne mirent pas fin aux conflits avec la couronne espagnole, et il fallut attendre la conclusion de la paix de Westphalie en 1648 pour que l’indépendance des Provinces-Unies soit reconnue. • Le système politique en place dès avant l’indépendance était basé sur les États généraux néerlandais, assemblée représentant les classes dominantes, bourgeoises et nobles, des différents territoires du nord. • Chaque territoire disposait d’un pensionnaire assurant les fonctions gouvernementales, mais seul celui de la Hollande était considéré comme légitime par les autres États d’Europe. Les sept provinces-unies (1700) • Jusqu’au début du XIXe siècle, alors que le pays deviendra une monarchie, le système politique connaitra une évolution saccadée, opposant les États généraux au stathouder, qui se prétend héritier du pouvoir central après l’Acte de La Haye. • Soulignons la prépondérance politique, économique et culturelle de la Hollande sur les autres membres, grâce à sa situation géographique et à la présence sur son territoire des principales villes (Amsterdam, Rotterdam et La Haye, entre autres). • Les XVIe et XVIIe siècles furent pour les ProvincesUnies une période de grandes réalisations, grâce à la puissance de la bourgeoise commerçante. • Deux éléments (l’explosion artistique et la puissance coloniale) illustrent cette grandeur, qui doit beaucoup à la situation géographique de ces territoires, excentrés mais bénéficiant d’un large accès maritime. • Cette combinaison permettra à la population de développer une puissance commerciale et militaire, capable de s’opposer aux grands états territoriaux de la Renaissance, pour faire des Pays-Bas l’une des grandes puissances européennes de l’ère moderne. • Grâce à la richesse de ses marchands, qui peuvent se consacrer au mécénat, le XVIe siècle voit l’émergence de l’école hollandaise en peinture, de Rembrandt à Reubens, qui va faire au nord de l’Europe ce que les écoles italiennes de la renaissance feront au sud, soit déterminer toute l’esthétique de l’époque. • Et il y a l’empire colonial, conséquence et cause de l’indépendance politique des territoires. • Avant même 1648, la puissance maritime des PaysBas, développée pour le commerce et pour faire face à la puissance navale espagnole, trouve dans la projection coloniale un domaine naturel d’expansion. • Compte tenu de la faible population (quelques millions d’habitants au tournant du XVIIe siècle), il n’est pas question de développer des colonies de peuplement et les autorités vont plutôt favoriser l’établissement de comptoirs commerciaux. • Mais dans certains cas (Inde néerlandaise et Guyane Hollandaise, par exemple), le contrôle territorial prendra aussi des formes politiques. • La fondation en 1624 sur l’Hudson de la ville de Neue Amsterdam témoigne des grandes capacités de projection économique des Pays-Bas. • Ce « siècle d’or » des Pays-Bas verra aussi une autre forme d’accroissement du territoire, alors que le pays, grâce à sa grande richesse commerçante, se couvre d’un autre symbole de l’esprit entrepreneurial néerlandais, les moulins à vent. • Manquant de terre, les habitants gagneront au fil des siècles plus de 6 000 km2 sur la mer, grâce à 10 000 moulins à vent, qui ont pour fonction, entre autres, d’assécher les berges de la mer du Nord, alors que des digues sont construites pour protéger ces polders. • En perdant le contrôle en 1648 de ces terres riches d’une population entreprenante, l’empire se retrouve repoussé loin du centre commercial de l’Europe du XVIIe siècle, la mer du Nord, ce qui l’empêchera de participer à la poussée coloniale européenne. • Ainsi, le traité de Westphalie met fin à une domination politique devenue au fil des siècles très théorique. • Cependant, et même si les langues parlées sur les terres néerlandaises se distinguent au fil des siècles de ce qui deviendra la langue allemande, les sonorités de celles-ci nous rappellent l’origine bien germanique de ces territoires si particuliers. 3 — L’Autriche • L’Autriche est, de tous les territoires germaniques, celui qui a joué le rôle le plus important dans l’évolution de l’empire. • Ce rôle n’est pas univoque, parfois positif, mais à terme négatif, alors que la confusion des couronnes impériale et habsbourgeoise entrainera la subordination des intérêts de la première à celui de la seconde. • Avant 800, le territoire de l’actuelle Autriche se trouve sous la domination de Tassilon de Bavière. • Une fois rattachée, la Bavière sera rapidement christianisée, grâce à l’existence d’une civilisation urbaine précoce. Salzbourg est fondé en 791, Vienne quelques décennies plus tard. • Au cours du IXe et du Xe siècle, le territoire autrichien est la proie de guerres entre Germains, Slaves et Hongrois, qui se soldent par la mise en place en 976 d’une dynastie (les Babenberg) qui régnera jusqu’à la fin du XIIIe siècle sur un territoire élargi à l’est et au sud. • En 1276, à la mort du dernier duc de Babenberg, ses possessions sont disputées entre roi de Bohême et roi de Hongrie, ce qui provoque une guerre aux termes de laquelle Ottokar II de Bohême s’impose. • Celui-ci régnera sur la majorité du territoire de l’actuelle Autriche jusqu’en 1278, alors que l’empereur Rodolphe parvient à le vaincre dans le cadre d’un conflit qui touche l’ensemble impérial. • En 1282, Rodolphe cède à son fils ainé Albert le contrôle du territoire autrichien, fondant la dynastie habsbourgeoise de l’Autriche et les bases de la confusion des couronnes. • De 1291 à 1411, les territoires autrichiens s’étendent à d’autres provinces pour former ce qui devient la 2e plus vaste principauté du Saint-Empire. • L’Autriche s’impose graduellement comme l’un des centres politique et culturel de l’empire, alors que les princes s’emploient à faire de Vienne une ville aussi importante que Prague. • Après une division en 1411, entre les fils de Léopold IV, du territoire familial, Frédéric III parvient à les réunifier et lègue à son fils Maximilien l’ensemble autrichien. • À partir de Maximilien, les Habsbourg s’étendent bien au-delà de l’Autriche, les nombreux mariages transformant le domaine habsbourgeois en puissance européenne. • C’est sous Maximilien que la confusion des couronnes devient particulièrement néfaste, alors que l’empereur utilise la couronne impériale pour lutter contre la France et défendre ses possessions italiennes. • De nombreux princes germaniques refusent alors de suivre l’empereur dans cette politique qui ne concerne que les intérêts habsbourgeois. • Il en est de même de l’extension, dans la foulée de la bataille de Mohács en 1526, du domaine des Habsbourg aux territoires de Hongrie et de Bohême. • Même si en 1521, Charles Quint avait dissocié la couronne impériale de celle des Habsbourg, le couronnement de Ferdinand en 1556 rétablit la confusion des couronnes, qui ne seront plus dissociées à partir de ce moment. • Le XVIe et le XVII siècle voient la poursuite de la consolidation de la puissance autrichienne dans la foulée de l’effacement de l’Empire ottoman. • En 1683, une armée turque de 200 000 hommes assiège Vienne, qui résiste d’abord seule, abandonnée par les princes allemands. • Peu à peu, Léopold parvient à convaincre certains princes germaniques et polonais à lui venir en aide pour repousser l’agression, qui se transforme en contreoffensive. • La poussée offensive se poursuivra jusqu’à Belgrade et la Transylvanie, en passant par Budapest. Le royaume de Hongrie est reconstitué sous la conduite des Habsbourg, sans être intégré à l’empire. • Cette reconquête favorise le pouvoir impérial, mais elle sera utilisé par Vienne pour consolider sa puissance patrimoniale à l’extérieur de l’ensemble impérial. • À la fin du XVIIe siècle, sous la conduite du brillant Eugène de Savoie, la couronne d’Autriche poursuit son expansion et en 1697, après sa victoire à Zenta contre l’Empire ottoman, il impose une paix qui couronne sa poussée, le sultan reconnaissant alors la domination habsbourgeoise en Hongrie et la souveraineté de Vienne sur la Transylvanie. • Avec l’ajout de ces populations non germaniques, la couronne habsbourgeoise devient maitresse d’un territoire multinational dans lequel l’élément germanique est de moins en moins important. • Cependant, la subordination de ces territoires favorisera l’extension de l’influence de la culture germanique. • Une fois libérée temporairement de la menace turque à l’est, la famille habsbourgeoise sera confrontée à une autre menace majeure, à l’ouest cette fois, alors que la mort sans enfant de Charles II d’Espagne provoque l’extinction des Habsbourg d’Espagne et une guerre de succession. • De 1701 à 1714, la maison d’Autriche utilisera les ressources qu’elle pourra puiser dans l’Empire pour tenter de maintenir sa domination sur la péninsule ibérique. Ces ressources seront gaspillées en pure perte, car à l’issu du conflit, les Bourbons de France s’empareront du trône d’Espagne. • Profitant de la situation, les Turcs relèvent la tête, provoquant une nouvelle offensive d’Eugène de Savoie, qui fois pousse encore plus loin dans les Balkans, • En 1718, par le traité de Passarovac, la Porte doit abandonner la Serbie, le Banat et la Valachie à la couronne autrichienne, qui s’installe alors profondément dans les Balkans. • Mais la puissance habsbourgeoise n’est pas alors que territoriale, car Vienne s’impose en ce début de XVIIIe siècle comme le centre d’attraction culturel et intellectuel de l’Europe centrale, sous la conduite d’Eugène de Savoie, qui tente d’imposer une unité politique à l’ensemble de ces territoires bigarrés. • De sorte qu’au moment où s’éteint la lignée dynastique directe des Habsbourg, l’Autriche, s’impose comme l’une des deux puissances à même de prétendre à la construction d’un État allemand moderne. Les Habsbourg en 1700 • Mais sa grande diversité ethnique fera en sorte de permettre à une autre grande puissance de l’Empire de s’imposer éventuellement comme le centre de la réunification des terres germaniques. 4 — La Prusse 4.1 — Origine de la maison des Hohenzollern • Tout comme les autres grandes dynasties, celle des Hohenzollern, appelée à jouer un rôle fondamental, est originaire de l’ouest, mais ne deviendra puissante que grâce à ses territoires de l’est. • C’est en Souabe, à proximité du mont Staufen, que se trouve le mont Zollern, où on trouve encore le château familial, dont la construction remonte à plus de 1000 ans et c’est de là que commença l’ascension de la dynastie. • Le premier grand Zollern, Frédéric 1er (1139-1200), proche de l’empereur, obtient par son mariage le burgraviat de Nuremberg, en plus de procéder à l’acquisition de divers autres territoires. • Compte tenu de sa fidélité à Barberousse, Frédéric 1er sera éventuellement fait prince d’empire. • Après sa mort, ses deux fils diviseront le domaine familial, le cadet conservant le Zollern et l’aîné obtenant le burgraviat de Nuremberg et quelques territoires associés. • Cette division fonde les deux branches de la famille. Celle du cadet, qui restera catholique, régnera sur divers territoires de l’ouest de l’Allemagne, ainsi qu’en Bavière. • Elle se divisera à son tour en différentes branches, dont l’une se poursuit aujourd’hui avec à sa tête Michel 1er, qui prétend au trône de Roumanie. • Mais c’est la branche ainée, qui deviendra protestante, qui est à l’origine de la puissance prussienne. Proche de l’empereur Frédéric II, Conrad (1186-1261), à titre de burgrave de Nuremberg, a pour tâche d’administrer les possessions de la couronne dans la région. • L’ascension de la famille se poursuit sous Frédéric III de Nuremberg (1220-1297), alors que Rodolphe de Habsbourg confirme son titre princier à Frédéric, qui étend aussi un peu les possessions familiales. • Son cadet, Frédéric IV (1287-1332) occupera par la suite la charge, tout en restant très proche des différents empereurs, peu importe leur origine familiale. • De sorte que Louis IV lui confiera diverses fonctions (comme un vicariat impérial en Tuscie), accroissant l’autorité de la famille. • Jena II (1320-1357) sera le premier Hohenzollern à établir des liens avec la marche du Brandebourg, alors que Louis de Bavière, à qui appartient le territoire, lui demande de l’épauler. • Après Frédéric V (1333-1398), premier burgrave de rang royal élevé à cette dignité par l’empereur Charles IV, les domaines familiaux sont divisées entre ses fils et le burgraviat est donné à Frédéric VI (1397-1440). • Grâce à la proximité des Hohenzollern avec les institutions impériales, Frédéric VI obtient de Sigismond le margraviat du Brandebourg en 1415. • Frédéric devient alors Frédéric 1er de Brandebourg et la base de la puissance familiale est posée, d’autant qu’avec le territoire vient la dignité de prince électeur. • Après une suite de règnes qui voit la poursuite de l’expansion territoriale, un coup de chance va favoriser la famille : sécularisée en 1525 sous les conseils de Luther par le dernier grand maître de l’ordre Teutonique, la Prusse tombe dans l’escarcelle de la branche ainée des Hohenzollern en 1618. • Grâce à d’autres héritages, les maîtres de la Prusse et du Brandebourg obtiennent aussi des territoires situés dans la région du Bas-Rhin (Clèves et Ravensburg), dont la situation géographique permettra de combler une déficience de territoires de l’est, relativement pauvres. • Au cours des XVIe et XVIIe siècles, les chefs de la maison de Hohenzollern vont s’employer à donner une cohérence à un ensemble désormais très disparate et à reprendre aux noblesses locales, généralement pauvres, les droits et les pouvoirs territoriaux que ces derniers ont au fil du temps usurpés. 4.2 — Frédéric-Guillaume 1er de Brandebourg (16201688) • Après plusieurs autres règnes sans couleurs, qui voient le Brandebourg se ranger du côté des protestants pendant la réforme, Frédéric-Guillaume 1er de Brandebourg succède à son père en 1640. • Neveu du roi suédois Gustave-Adolphe, l’électeur s’illustre comme un chef de guerre hors pair, ce qui lui permet en 1648 d’obtenir de nombreux territoires à l’ouest du Brandebourg (l’évêché de Magdebourg) et à l’est (la Poméranie orientale). • Calviniste, Frédéric-Guillaume, premier grand Hohenzollern de Prusse, va s’employer à lutter contre les « États » de ses territoires. Maniant ruse, diplomatie et force, il parvient à imposer son pouvoir absolu sur ses terres. • Il réorganise ses possessions en imposant une organisation centralisée, dont la manifestation la plus remarquable sera la constitution d’une armée de 30 000 hommes, force considérable, alors que la population de ses territoires n’atteint pas le million. • Le développement de la puissance de la Prusse est d’autant plus remarquable que dans la foulée de la guerre de Trente Ans, les possessions des Hohenzollern avaient été particulièrement touchés par les destructions et la dépopulation. • Cette puissance lui permet une grande indépendance, à une époque où la puissance impériale s’étiole. Soucieux de ses intérêts, il met sa puissance au service du plus offrant, l’empereur ou la France. • Frédéric Guillaume est avant tout préoccupé de la menace suédoise, qui détient la Poméranie occidentale et d’autres territoires adjacents à ceux de la famille Hohenzollern sur la rive sud de la Baltique. • Une série de batailles remportée contre la Suède permet au Grand Électeur de s’imposer comme la première puissance militaire de la région et de s’affranchir du roi de Pologne. • Même si, par crainte d’une guerre avec la France, il dut abandonner une part des terres qu’il avait conquises par la paix de Saint-Germain (1679), sa puissance lui permet d’intégrer le jeu européen. • Le Grand Électeur n’était pas préoccupé que par la guerre et il est considéré comme le père de la marine prussienne. Outre l’aspect militaire, son intérêt pour la puissance maritime avait des origines économiques, alors que la traite des esclaves bat son plein. • Homme de conviction et d’intérêt, le Grand Électeur tendra la main à la communauté huguenote de France, après que, par la révocation de l’édit de Nantes, ces derniers aient été contraints d’abandonner ou leur culte, ou leur pays. • Par l’Édit de Potsdam, il invite ses coreligionnaires sur ses États et plusieurs dizaines de milliers de personnes s’établissent alors un peu partout, mais particulièrement à Berlin, dont la population doubla alors. • Appartenant pour une bonne part aux franges les plus entreprenantes de la bourgeoise de France méridionale, les émigrés français jouèrent un rôle fondamental dans l’essor technique, industriel et culturel de Berlin et du Brandebourg au cours des décennies suivantes. • Lorsqu’il s’éteint en 1688, le Grand Électeur laisse à son fils un territoire dont la superficie a été multipliée par quatre et dont la population approche désormais les deux millions d’habitants. • En un règne, la famille Hohenzollern s’est élevée au rang des grandes puissances européennes. 4.3 — Frédéric 1er (1657-1713), roi en Prusse • Si, selon certains historiens, le règne du fils de Frédéric Guillaume 1er, Frédéric 1er, fut pâle et sans consistance, d’autres en revanche considèrent que les intérêts de Frédéric, plus intellectuel que son aïeul, en vinrent en compenser les faiblesses d’un État qui demeurait essentiellement administratif et militaire. • Dépensier et ambitieux, il eut la bonne idée de laisser à son épouse, Sophie-Charlotte de Hanovre, beaucoup d’initiative culturelle et intellectuelle. • Car si Berlin est à la mort du premier Grand Électeur une ville populeuse et industrieuse, c’est un désert culturel et c’est à Sophie-Charlotte que revient le mérite d’avoir transformé la capitale du Brandebourg en un centre intellectuel qui, s’il ne peut rivaliser avec la capitale des Habsbourg, posera les bases de l’explosion culturelle du XVIIIe siècle. • Le grand Leibniz, proche ami et conseiller de la brillante Hanovrienne, lui vint en aide pour la fondation à Berlin d’une Académie des beaux-arts (1696) et d’une autre des sciences (1700). • La consolidation du siècle suivant portant ses fruits et les États de Frédéric devenant plus riches, le mécénat pratiqué par le couple royal en vint à attirer de grands artistes et de grands intellectuels de l’époque, pendant que Berlin subit une cure architecturale pour la rendre digne de sa nouvelle stature. • La ville de Halle (Saale) devint un centre universitaire important et un lieu d’expérimentation sociale, alors qu’écoles et orphelinats surgissent, manifestation de l’incubation, au sein de l’individualisme protestant, du souci très calviniste de l’implication sociale. • La politique étrangère de Frédéric 1er sera orientée vers une grande fidélité à l’empire, d’autant qu’en 1701, il obtiendra le titre de roi. • Comme la loi interdit le couronnement d’un roi territorial de l’empire (à l’exception de la Bohême), Frédéric fera valoir à Léopold 1er que sa Prusse ne faisant pas partie de l’empire, cette limitation ne le concerne pas. • Après hésitation et en échange de l’engagement de Frédéric de se tenir à ses côtés dans la lutte pour la succession d’Espagne, Léopold accepte de laisser le Grand Électeur se couronner à Königsberg le 18 janvier 1701, s’il consent à limiter ce titre au territoire prussien. • Frédéric devient alors roi en Prusse, et non roi de Prusse, car la majorité des possessions des Hohenzollern se trouve sous l’autorité de l’empereur. • Le roi en Prusse, continue de faire de l’Armée le fer de lance de son État et grâce à l’utilisation intelligente de celle-ci, il parvient à poursuivre l’œuvre familiale en étendant son pouvoir à d’autres territoires, lui permettant d’améliorer la cohésion de ses domaines. 4.4 — Le roi-sergent Frédéric Guillaume 1er (1688-1740) • À la mort de Frédéric 1er, son fils Frédéric Guillaume 1er lui succède. Le 2e roi en Prusse a laissé dans l’histoire une image très négative et c’est en bonne partie à son règne qu’est associé le militarisme prussien. • Colérique, despotique et violent, ce qui ne l’empêchait pas d’être très pieux, le roi-sergent, comme son beaufrère, le roi d’Angleterre l’appelait, partageait la passion de son grand-père pour la puissance militaire, mais il n’avait pas la même envergure intellectuelle. • Dès le début de son règne, le roi augmenta sa puissance militaire, en faisant passer celle-ci de 40 000 à 80 000 hommes et en la réformant pour en faire un instrument politique docile et efficace. • Non content d’enrôler des hommes de ses territoires, il s’employait à attirer chez lui de partout des colosses qu’il soumettait à un entrainement violent et sadique, pour en faire des machines de guerre. • Le roi aimait tellement son armée qu’il évita de la mettre en danger : son long règne ne vit la participation active des forces prussiennes qu’à un seul conflit, contre la Suède et en alliance avec la Russie de Pierre le Grand, alors que tout danger était écarté, après la bataille de Poltava. • Pour prix de sa participation, la Prusse obtient par le traité de Nystad de 1721 une partie de la Poméranie occidentale depuis longtemps convoitée. • En éliminant la Suède de la rive sud de la Baltique, la paix de Nystad permit de même à la Prusse de se débarrasser d’un compétiteur sérieux, ce qui permettra la poursuite de l’expansion de l’État prussien. • La passion militaire du roi est si forte que toutes ses actions et ses réformes intérieures sont tournées vers la consolidation de la puissance militaire. • Le roi transforme la Prusse en caserne : il fut le premier dirigeant européen à introduire une forme de conscription, obligeant tous les fils de paysans et d’artisans, à l’exception des aînés, à servir dans les régiments de leur canton d’origine, les meilleurs étant versés dans les forces armées « nationales ». • Alors que les ouvriers des manufactures et les bourgeois étaient exemptés de ce service militaire, les fils de la noblesse devaient servir comme cadets, porteétendards ou officiers, selon leur capacité. • L’économie de la Prusse est alors tout entière orientée vers la puissance de l’État et de son bras armé. • Appliquant la doctrine mercantiliste en vogue, le roi mit sur pied un Directoire général s’apparentant à un ministère des Finances pour gérer l’économie des territoires prussiens, un trésor bien garni étant vu comme une nécessité stratégique. • Avare, le roi réclamait que tout le monde mette l’épaule à la roue, de sorte que, par exemple, une fois leur journée d’exercice terminée, les soldats rentraient dans leur caserne pour tricoter des chaussettes pour leur usage et la vente au public, au profit du trésor... • C’est donc de cet État militarisé, bien géré économiquement et déjà sur la voie du développement culturel qu’héritera la personnalité allemande la plus fascinante du XVIIIe siècle : Frédéric II, roi de Prusse, en 1740. 5 — Les autres « États » • À côté des ces territoires, qui formeront la base des différents États du monde germanique, d’autres, moins importants, seront ou bien intégrés dans l’un ou l’autre de ces États (la Bavière ou les duchés saxons, par exemple), ou formeront leurs propres États, seul (le Luxembourg), ou avec d’autres (la Belgique). • La Belgique actuelle n’est qu’en partie liée au SaintEmpire, car le sud a presque toujours été situé dans la sphère d’influence du royaume de France. En revanche, le territoire situé au nord a évolué sous l’influence du monde germanique, tout comme le Luxembourg. • Jusqu’à la réforme luthérienne, ces territoires évoluent d’une façon semblable à celle que l’on observe sur les territoires des futures Provinces-Unies. • Ici aussi, , c’est le commerce qui fait de cette zone des territoires très riches, dominés par une bourgeoise puissante et très indépendante. • La formation de l’Union d’Arras et celle de la Ligue d’Utrecht en 1579 met en place la première différentiation, religieuse, entre les territoires au sud et au nord de la Belgique, ces derniers voyant quelques villes rejoindre la Ligue d’Utrecht. • Les traités de Westphalie laissent entre les mains des Habsbourg d’Espagne, puis de ceux d’Autriche, les dix provinces catholiques du sud, qui comprennent aussi le territoire du duché du Luxembourg. Cet ensemble territorial changera par la suite souvent de mains jusqu’à la Révolution française. • Plus à l’est, et appelées à intégrer l’Allemagne du XIXe siècle, la Bavière et la Saxe ont toutes deux conservé une autonomie importante en s’appuyant sur la richesse patrimoniale de leurs maîtres. • L’adjonction de la Saxonie et de la Bavière permit à Charlemagne de fonder un empire se distinguant territorialement de celui des Mérovingiens, ces deux territoires disposant d’une population importante et dans le cas de la Bavière, d’une grande richesse, allié à un niveau de développement supérieur à celui des autres territoires carolingiens. • Comme les autres grands duchés à l’origine de l’empire, la Bavière va connaitre une série de modifications territoriales, d’autant que son intégrité territoriale ne sera pas protégée avant l’octroi de la dignité électorale en 1623. • L’histoire de la Bavière depuis le moyen-âge est intimement liée à celle de la dynastie des Wittelsbach, qui a dominé le territoire jusqu’au XIXe siècle et dont est issu l’empereur Louis IV, puis le célèbre Louis II, roi de Bavière du XIXe siècle. • Cette famille, aussi liée à l’histoire du Palatinat, prend le contrôle de ce qui reste de la Bavière dès 1180, lorsque Barberousse confie le territoire à Otton de Wittelsbach. • Inversant la logique de démantèlement territorial, les Wittelsbach vont accroître leurs possessions au fil des siècles, ajoutant à leur domaine la Hollande et le Tyrol, entre autres. • La proximité des possessions des Habsbourg et des Wittelsbach provoquera entre les deux familles une grande rivalité qui s’éteindra temporairement dans le cadre de la Réforme, les deux se retrouvant à la tête du parti catholique et l’empereur pouvant compter sur l’appui de son puissant voisin. • C’est en récompense à cet appui que Maximilien de Bavière obtient en 1623 le titre d’Électeur pour en priver l’électeur du Palatinat, Wittelsbach lui aussi, pour cause d’appui au protestantisme. La Bavière en 1648 • Malgré cette pause, la rivalité des deux familles ne s’éteindra pas, ce dont témoigne le rattachement de la Bavière à la fin du XIXe siècle à l’empire des Hohenzollern. • Les duchés saxons ont pour leur part connu une évolution saccadée depuis le rattachement de la Saxonie de Widukind à l’empire de Charlemagne. • Ce terme de « duché de Saxonie » disparait au fil de l’émiettement territorial, alors que les territoires répondant à ce nom se trouvent par la suite éloignés de la mer Baltique, où ils se trouvaient à l’origine. • L’une des principautés héritières du duché médiéval de Saxonie, la Saxe-Wittenberg, est en 1356 transformée en Électorat de Saxe et conséquemment, son territoire sera dès lors protégé. • Lorsque la dynastie d’Ascanie s’éteint (1423), Sigismond confie l’électorat de Saxe à la dynastie de Wettin. • Les différentes branches de cette dynastie peupleront de nombreux trônes d’Europe : les Windsor en sont issus, ainsi que la famille régnante en Belgique depuis 1831, de même que, au long de l’histoire, certains rois de Pologne, de Bulgarie et du Portugal. • En Allemagne, les possessions des différentes branches des Wettin sont très importantes, mais aucune, malgré sa relative petitesse, ne l’est autant que l’Électorat de Saxe. • Tout au long de la domination de Wettin, les domaines familiaux se développent, ce qui permettra en 1485, à la mort de Frédéric II de Saxe, la division du domaine familial, sans que bien sûr l’Électorat ne soit touché. • La Saxe, joua un rôle très important dans la réforme, Frédéric III ayant été le fondateur de l’université de Wittenberg où enseigne Luther, puis le protecteur de ce dernier après sa mise au ban de l’empire. L’Électorat (rouge) et le Duché (jaune) de Saxe • Autant les Wittelsbach sont liés au parti catholique, autant les Wettin sont liés aux protestants. • Les successeurs de Frédéric s’illustreront par la suite comme les meneurs du parti protestant, poussant Charles Quint en 1547 à retirer à Jean-Frédéric 1er de Saxe (et à la branche aîné des Wettin) le contrôle de l’Électorat, confié dès lors à la branche cadette, qui conservera le territoire et la dignité électorale jusqu’en 1806.