Présentation

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Histoire des États
germaniques : Le
Saint-Empire
Huitième cours :
L’éclatement de l’empire
Huitième cours :
L’éclatement de l’empire
1 — La Suisse
2 — Les Pays-Bas
3 — L’Autriche
4 — La Prusse
5 — Les autres « États »
1 — La Suisse
• Notons la grande variété des systèmes de
gouvernement qui se sont établis sur les terres du
Saint-Empire.
• D’une façon générale, les territoires orientaux ont
adoptés des systèmes centralisés et autoritaires,
alors qu’à l’ouest, les modèles politiques sont plus
libéraux et pluralistes.
• L’éclatement du territoire de l’empire est un lent
processus dont le début est difficile à dater.
• Ses premières manifestations remontent à la
reconnaissance de l’hérédité des fiefs (XIIe siècle),
mais tant qu’un empereur puissant est aux commandes,
l’unité pourra être maintenue.
• Les déboires de Frédéric II avec la papauté ont
accéléré le processus et avec la fin des Hohenstaufen,
les électeurs et leurs considérations s’imposent.
• Dans la seconde moitié du XIIIe siècle sera posé le
premier geste de rupture par certains territoires de
l’actuelle Suisse qui s’associent contre les Habsbourg.
• C’est alors que les paysans libres du canton d’Uri, qui
obtint l’immédiateté impériale sous Frédéric II, forment
une alliance avec les cantons de Schwytz et de
Nidwald.
• Ainsi nait ce qui deviendra la Suisse : un pacte est
alors signé entre les représentants des trois cantons
(d’où le nom de Confédération des trois cantons) en
août 1291.
• Sans utiliser le mot de constitution, le pacte fédéral fixe
quelques éléments concernant le droit, mais il s’agit
avant tout d’un pacte militaire d’assistance mutuelle.
• Le pacte est mis à l’épreuve en 1315, dans la région de
Zurich, alors que 1 500 « hommes libres » des
communes infligent une défaite à l’armée de Léopold 1er
d’Autriche.
• La légende de Guillaume Tell, sans doute inspirée des
événements, nait à cette époque.
• Ce succès militaire entraine une consolidation de
l’alliance et le 9 décembre 1315 est signé le pacte de
Brunnen entre les trois cantons.
• Ce pacte de Brunnen rédigé en allemand est le premier
texte à utiliser le terme de Confédérés (Eidgenossen)
pour caractériser les membres du pacte.
• Dès lors, d’autres cantons vont manifester leur désir
de se joindre au pacte, soit par l’alliance directe, soit
par établissement d’alliance avec l’un ou l’autre des
membres du pacte.
• De 1332 à 1481, l’union militaire va s’étendre pour
devenir la Confédération des huit cantons, qui
englobe alors, en plus des trois membres fondateurs,
Lucerne, Zurich, Glaris, Zoug et Berne.
• D’autres actes légaux sont signés entre les membres,
comme la Charte des prêtres de 1370, qui poursuit la
construction d’une entité politique commune très lâche et
pose les bases, très novatrice pour l’époque, de l’égalité
juridique des habitants en les soumettant à une
uniformisation des normes légales.
• Au tournant du XVe siècle, les Habsbourg sont encore
maîtres
de
nombreux
territoires
jouxtant
la
Confédération, mais les difficultés de Vienne vont
permettre aux cantons d’accroître leur domination.
• Par les armes, l’économie ou la diplomatie, les
communes libres des cantons s’emploient à étendre leur
influence aux territoires environnants.
• D’autres unions locales, regroupant un ou plusieurs
cantons, membre ou non de la Confédération,
s’établissent un peu partout.
• Peu à peu, la Confédération en vient à constituer un
État dans l’État, avec ses normes juridiques et ses
structures politiques.
• Mais l’opposition aux Habsbourg et la domination de ces
derniers sur l’empire vont entrainer dès le XVe siècle un
désir de se détacher.
• Les guerres de Bourgogne (1474-1477) voient les
Confédérés devenir un facteur politique important, alors
qu’ils tentent d’imposer leur autonomie .
• Grâce à une série de batailles, les Confédérés imposent
une « paix perpétuelle » en 1475 à l’Autriche, avant
de défaire les armées bourguignonnes.
• Deux traités (Fribourg et Zurich) sont aussi signés pour
délimiter le territoire de la Confédération.
• L’adhésion de nouveaux membres donne naissance à
une nouvelle
mouture de l’organisation,
la
Confédération des treize cantons,
• Celle-ci connait une crise de croissance, alors que le
développement économique créé des distorsions entre
villes et campagnes. La bourgeoisie accapare de plus
en plus le pouvoir politique au détriment des communes
paysannes.
• En 1499, a l’issue de la guerre de Souabe menée par les
Confédérés contre la Ligue de Souabe, soutenue par
l’empereur Maximilien, la paix de Bâle fut signée, qui
pavait la voie à leur indépendance.
• La Confédération, alors peuplé de 1,2 million
d’habitants, est déjà multiethnique.
• Cette multiethnicité sera cause d’un conflit quand les
cantons français prendront part au côté de la France
aux guerres d’Italie, alors que les cantons allemands
défendront le Saint-Empire.
• La défaite de ces derniers, lors de la bataille de
Marignan contre François 1er, marque la fin de la
participation de la Confédération aux guerres
européennes, les cantons se contentant dès lors de se
vendre en tant que mercenaires.
• C’est d’ailleurs la France, avec qui en 1516, est signée
une paix perpétuelle, qui devient le principal client des
mercenaires suisses.
• La Confédération, dans le contexte de l’affaissement de
l’empire, glisse dans la zone d’influence française,
d’où elle ne sortira qu’à la faveur de la révolution.
• La réforme protestante donnera lieu à une guerre civile,
(les guerres de Kappel), alors que cantons favorables à
la réforme (menés par Zurich et par Zwingli) et ceux
favorables au catholicisme s’affrontent pour le contrôle
des cantons mixtes.
• Le 16 novembre 1531, après la mort de Zwingli et grâce
à la médiation de la France, une seconde paix
nationale est signée, qui met fin au conflit.
• Au cours des années 1530, ce sera au tour des cantons
romans d’être happé par les conflits religieux, alors que
le calvinisme s’étend depuis Bâle.
• Mais les armes ne parleront pas, et pas plus lorsque la
contre-réforme se manifestera la décennie suivante.
• De sorte que la Confédération, très complexe sur le
plan religieux, restera à l’écart de la guerre de Trente
Ans : la méfiance des catholiques à l’endroit de Vienne,
celle des protestants envers la Suède, permettront aux
Suisses de demeurer unis.
• Il est d’autant plus étonnant de voir le démon
confessionnel agiter la Suisse au XVIIe et XVIIIe
siècles, sans que ces guerres de Villmergen ne
remettent en question l’intégrité du pays.
• Entre temps, l’indépendance complète de la
Confédération des treize cantons sera entérinée par
les traités de Westphalie, même si depuis 1499, les
cantons ne siégeaient plus à la Diète d’empire.
• Malgré cette séparation de longue date et malgré la
présence de minorités linguistiques importantes, la
Suisse est restée (pour sa partie alémanique, à tout le
moins) une composante culturelle du monde
germanique.
2 — Les Pays-Bas
• Par le traité de Verdun (843), les Pays-Bas actuels
avaient été confiés à Lothaire, constituant le nord de la
Francia media, mais le traité de Merseen (870) les
rattacha à la Francia orientalis et ils intégrèrent l’empire
lors de sa résurrection.
• Dans l’intervalle, les territoires furent victimes de la
poussée continentale des Normands.
• La particularité de ces territoires, au tournant du
millénaire, est leur très faible population, une part
considérable de la zone étant marécageuse.
• L’ingéniosité et l’ardeur des habitants permirent
rapidement d’assécher de nombreuses zones
marécageuses, afin de les rendre propres à
l’agriculture.
• Ce sens de l’entreprise explique la situation
économique et sociale de ces territoires, car on y trouve
de nombreuses exploitations agricoles à l’extérieur
des villages (donc des communes paysannes) et
conséquemment indépendantes de ceux-ci.
• De même, dès le XIIe siècle, cette zone contestée par
les descendants des Carolingiens est mal contrôlée par
l’empire.
• La majorité de la population était frisonne à l’an mil,
puis d’autres populations germaniques s’y installent,
fondant des villes de textile et de commerce.
• C’est l’une des premières zones de l’empire à connaitre
l’émancipation des villes, leur richesse leur permettant
de s’imposer à leurs maîtres territoriaux.
• Mais cette richesse n’a pas permis l’émergence de
ligues urbaines solides et favorisé la multiplication des
guerres féodales par lesquelles l’empereur perd peu à
peu le contrôle.
• Puis ces territoires suscitèrent la convoitise des
grands-ducs bourguignons, qui en prirent peu à peu le
contrôle à partir de 1369, lorsque Philipe le bon épousa
la fille du comte de Flandre.
• Par mariage, héritage, achat ou conquête, la domination
bourguignonne s’étendit tous ces territoires, même
s’ils continuèrent de relever de l’autorité impériale.
• C’est au cours de cette période bourguignonne que les
territoires des futurs Pays-Bas sont dotés d’une unité
administrative, alors que Charles le Téméraire tente
d’unifier ses possessions.
• Mais le fort esprit d’indépendance de la région et le
conflit entre Louis XI et Charles ne permettront pas la
mise en place d’un gouvernement central.
• Après la mort de Charles, le mariage de Maximilien et
de Marie fit des territoires bourguignons la propriété des
Habsbourg, mais provoqua une guerre avec la France.
• Cette guerre se solda par un partage territorial, alors
que les territoires du nord furent maintenus sous
souveraineté habsbourgeoise.
• Charles Quint, à la fin de son règne, divisa ses territoires
en deux groupes : à son frère, il laissa les terres
autrichiennes, la Bohême et la Hongrie, alors qu’il confia
à son fils l’Espagne, les territoires italiens et les PaysBas, relevant encore de la souveraineté de l’empire.
• Unifiés au Luxembourg et aux territoires belges au
sein des 17 provinces des Pays-Bas espagnols par la
pragmatique sanction (1549), les territoires du nord, en
majorité protestants (calvinistes et anabaptistes,
surtout), rejetèrent la sujétion à la couronne
espagnole, catholique.
• En 1567, un Conseil des Troubles est mis en place
pour sanctionner les émeutiers iconoclastes de 1566,
calvinistes responsables du pillage des églises
catholiques des Flandres.
• Ces événements entrainent une division entre
catholiques et protestants au sein des participants de
la révolte des Gueux, menée par Guillaume d’Orange
contre la mainmise espagnole.
• Il sont aussi à l’origine de la guerre de quatre-vingts
ans, qui aboutira à l’indépendance des provinces
protestantes.
• Dans la foulée de ce conflit, au cours duquel la lutte
entre les armées du nord, périodiquement appuyées par
la France ou le Royaume-Uni, se juxtapose à une
guerre civile religieuse entre calvinistes et
catholiques, est signé le Traité d’Utrecht en 1579,
premier acte de naissance des Pays-Bas modernes.
• Parrainée par Guillaume d’Orange, cette union était la
réponse protestante à la consolidation des
catholiques au sein de l’Union d’Arras, réunissant des
territoires plus au sud et proclamant leur fidélité à la
couronne espagnole catholique.
• Sur la base du traité d’Utrecht fut élaboré en 1581 l’Acte
de La Haye, par lequel les États généraux néerlandais
proclamèrent leur souveraineté et l’indépendance
des Provinces-Unies, confédération des sept provinces
protestantes du nord.
• Ces gestes ne mirent pas fin aux conflits avec la
couronne espagnole, et il fallut attendre la conclusion
de la paix de Westphalie en 1648 pour que
l’indépendance des Provinces-Unies soit reconnue.
• Le système politique en place dès avant
l’indépendance était basé sur les États généraux
néerlandais, assemblée représentant les classes
dominantes, bourgeoises et nobles, des différents
territoires du nord.
• Chaque territoire disposait d’un pensionnaire
assurant les fonctions gouvernementales, mais seul
celui de la Hollande était considéré comme légitime
par les autres États d’Europe.
Les sept provinces-unies (1700)
• Jusqu’au début du XIXe siècle, alors que le pays
deviendra une monarchie, le système politique connaitra
une évolution saccadée, opposant les États généraux
au stathouder, qui se prétend héritier du pouvoir central
après l’Acte de La Haye.
• Soulignons la prépondérance politique, économique
et culturelle de la Hollande sur les autres membres,
grâce à sa situation géographique et à la présence sur
son territoire des principales villes (Amsterdam,
Rotterdam et La Haye, entre autres).
• Les XVIe et XVIIe siècles furent pour les ProvincesUnies une période de grandes réalisations, grâce à la
puissance de la bourgeoise commerçante.
• Deux éléments (l’explosion artistique et la puissance
coloniale) illustrent cette grandeur, qui doit beaucoup
à la situation géographique de ces territoires,
excentrés mais bénéficiant d’un large accès
maritime.
• Cette combinaison permettra à la population de
développer une puissance commerciale et militaire,
capable de s’opposer aux grands états territoriaux de la
Renaissance, pour faire des Pays-Bas l’une des
grandes puissances européennes de l’ère moderne.
• Grâce à la richesse de ses marchands, qui peuvent se
consacrer au mécénat, le XVIe siècle voit l’émergence
de l’école hollandaise en peinture, de Rembrandt à
Reubens, qui va faire au nord de l’Europe ce que les
écoles italiennes de la renaissance feront au sud, soit
déterminer toute l’esthétique de l’époque.
• Et il y a l’empire colonial, conséquence et cause de
l’indépendance politique des territoires.
• Avant même 1648, la puissance maritime des PaysBas, développée pour le commerce et pour faire face à
la puissance navale espagnole, trouve dans la
projection
coloniale
un
domaine
naturel
d’expansion.
• Compte tenu de la faible population (quelques millions
d’habitants au tournant du XVIIe siècle), il n’est pas
question de développer des colonies de peuplement et
les autorités vont plutôt favoriser l’établissement de
comptoirs commerciaux.
• Mais dans certains cas (Inde néerlandaise et Guyane
Hollandaise, par exemple), le contrôle territorial
prendra aussi des formes politiques.
• La fondation en 1624 sur l’Hudson de la ville de Neue
Amsterdam témoigne des grandes capacités de
projection économique des Pays-Bas.
• Ce « siècle d’or » des Pays-Bas verra aussi une autre
forme d’accroissement du territoire, alors que le pays,
grâce à sa grande richesse commerçante, se couvre
d’un autre symbole de l’esprit entrepreneurial
néerlandais, les moulins à vent.
• Manquant de terre, les habitants gagneront au fil des
siècles plus de 6 000 km2 sur la mer, grâce à 10 000
moulins à vent, qui ont pour fonction, entre autres,
d’assécher les berges de la mer du Nord, alors que
des digues sont construites pour protéger ces polders.
• En perdant le contrôle en 1648 de ces terres riches
d’une population entreprenante, l’empire se retrouve
repoussé loin du centre commercial de l’Europe du
XVIIe siècle, la mer du Nord, ce qui l’empêchera de
participer à la poussée coloniale européenne.
• Ainsi, le traité de Westphalie met fin à une domination
politique devenue au fil des siècles très théorique.
• Cependant, et même si les langues parlées sur les
terres néerlandaises se distinguent au fil des siècles de
ce qui deviendra la langue allemande, les sonorités de
celles-ci nous rappellent l’origine bien germanique
de ces territoires si particuliers.
3 — L’Autriche
• L’Autriche est, de tous les territoires germaniques, celui
qui a joué le rôle le plus important dans l’évolution de
l’empire.
• Ce rôle n’est pas univoque, parfois positif, mais à
terme négatif, alors que la confusion des couronnes
impériale et habsbourgeoise entrainera la subordination
des intérêts de la première à celui de la seconde.
• Avant 800, le territoire de l’actuelle Autriche se trouve
sous la domination de Tassilon de Bavière.
• Une fois rattachée, la Bavière sera rapidement
christianisée, grâce à l’existence d’une civilisation
urbaine précoce. Salzbourg est fondé en 791, Vienne
quelques décennies plus tard.
• Au cours du IXe et du Xe siècle, le territoire autrichien
est la proie de guerres entre Germains, Slaves et
Hongrois, qui se soldent par la mise en place en 976
d’une dynastie (les Babenberg) qui régnera jusqu’à la
fin du XIIIe siècle sur un territoire élargi à l’est et au sud.
• En 1276, à la mort du dernier duc de Babenberg, ses
possessions sont disputées entre roi de Bohême et roi
de Hongrie, ce qui provoque une guerre aux termes de
laquelle Ottokar II de Bohême s’impose.
• Celui-ci régnera sur la majorité du territoire de l’actuelle
Autriche jusqu’en 1278, alors que l’empereur Rodolphe
parvient à le vaincre dans le cadre d’un conflit qui
touche l’ensemble impérial.
• En 1282, Rodolphe cède à son fils ainé Albert le
contrôle du territoire autrichien, fondant la dynastie
habsbourgeoise de l’Autriche et les bases de la
confusion des couronnes.
• De 1291 à 1411, les territoires autrichiens s’étendent
à d’autres provinces pour former ce qui devient la 2e plus
vaste principauté du Saint-Empire.
• L’Autriche s’impose graduellement comme l’un des
centres politique et culturel de l’empire, alors que les
princes s’emploient à faire de Vienne une ville aussi
importante que Prague.
• Après une division en 1411, entre les fils de Léopold IV,
du territoire familial, Frédéric III parvient à les réunifier
et lègue à son fils Maximilien l’ensemble autrichien.
• À partir de Maximilien, les Habsbourg s’étendent bien
au-delà de l’Autriche, les nombreux mariages
transformant le domaine habsbourgeois en puissance
européenne.
• C’est sous Maximilien que la confusion des couronnes
devient particulièrement néfaste, alors que l’empereur
utilise la couronne impériale pour lutter contre la France
et défendre ses possessions italiennes.
• De nombreux princes germaniques refusent alors de
suivre l’empereur dans cette politique qui ne concerne
que les intérêts habsbourgeois.
• Il en est de même de l’extension, dans la foulée de la
bataille de Mohács en 1526, du domaine des
Habsbourg aux territoires de Hongrie et de Bohême.
• Même si en 1521, Charles Quint avait dissocié la
couronne impériale de celle des Habsbourg, le
couronnement de Ferdinand en 1556 rétablit la
confusion des couronnes, qui ne seront plus
dissociées à partir de ce moment.
• Le XVIe et le XVII siècle voient la poursuite de la
consolidation de la puissance autrichienne dans la
foulée de l’effacement de l’Empire ottoman.
• En 1683, une armée turque de 200 000 hommes
assiège Vienne, qui résiste d’abord seule, abandonnée
par les princes allemands.
• Peu à peu, Léopold parvient à convaincre certains
princes germaniques et polonais à lui venir en aide pour
repousser l’agression, qui se transforme en contreoffensive.
• La poussée offensive se poursuivra jusqu’à Belgrade et
la Transylvanie, en passant par Budapest. Le royaume
de Hongrie est reconstitué sous la conduite des
Habsbourg, sans être intégré à l’empire.
• Cette reconquête favorise le pouvoir impérial, mais elle
sera utilisé par Vienne pour consolider sa puissance
patrimoniale à l’extérieur de l’ensemble impérial.
• À la fin du XVIIe siècle, sous la conduite du brillant
Eugène de Savoie, la couronne d’Autriche poursuit son
expansion et en 1697, après sa victoire à Zenta contre
l’Empire ottoman, il impose une paix qui couronne sa
poussée, le sultan reconnaissant alors la domination
habsbourgeoise en Hongrie et la souveraineté de
Vienne sur la Transylvanie.
• Avec l’ajout de ces populations non germaniques, la
couronne habsbourgeoise devient maitresse d’un
territoire
multinational
dans
lequel
l’élément
germanique est de moins en moins important.
• Cependant, la subordination de ces territoires favorisera
l’extension de l’influence de la culture germanique.
• Une fois libérée temporairement de la menace turque à
l’est, la famille habsbourgeoise sera confrontée à une
autre menace majeure, à l’ouest cette fois, alors que la
mort sans enfant de Charles II d’Espagne provoque
l’extinction des Habsbourg d’Espagne et une guerre
de succession.
• De 1701 à 1714, la maison d’Autriche utilisera les
ressources qu’elle pourra puiser dans l’Empire pour
tenter de maintenir sa domination sur la péninsule
ibérique. Ces ressources seront gaspillées en pure
perte, car à l’issu du conflit, les Bourbons de France
s’empareront du trône d’Espagne.
• Profitant de la situation, les Turcs relèvent la tête,
provoquant une nouvelle offensive d’Eugène de Savoie,
qui fois pousse encore plus loin dans les Balkans,
• En 1718, par le traité de Passarovac, la Porte doit
abandonner la Serbie, le Banat et la Valachie à la
couronne autrichienne, qui s’installe alors profondément
dans les Balkans.
• Mais la puissance habsbourgeoise n’est pas alors que
territoriale, car Vienne s’impose en ce début de XVIIIe
siècle comme le centre d’attraction culturel et
intellectuel de l’Europe centrale, sous la conduite
d’Eugène de Savoie, qui tente d’imposer une unité
politique à l’ensemble de ces territoires bigarrés.
• De sorte qu’au moment où s’éteint la lignée dynastique
directe des Habsbourg, l’Autriche, s’impose comme
l’une des deux puissances à même de prétendre à la
construction d’un État allemand moderne.
Les Habsbourg en 1700
• Mais sa grande diversité ethnique fera en sorte de
permettre à une autre grande puissance de l’Empire
de s’imposer éventuellement comme le centre de la
réunification des terres germaniques.
4 — La Prusse
4.1 — Origine de la maison des Hohenzollern
• Tout comme les autres grandes dynasties, celle des
Hohenzollern, appelée à jouer un rôle fondamental, est
originaire de l’ouest, mais ne deviendra puissante que
grâce à ses territoires de l’est.
• C’est en Souabe, à proximité du mont Staufen, que se
trouve le mont Zollern, où on trouve encore le château
familial, dont la construction remonte à plus de 1000 ans
et c’est de là que commença l’ascension de la dynastie.
• Le premier grand Zollern, Frédéric 1er (1139-1200),
proche de l’empereur, obtient par son mariage le
burgraviat de Nuremberg, en plus de procéder à
l’acquisition de divers autres territoires.
• Compte tenu de sa fidélité à Barberousse, Frédéric 1er
sera éventuellement fait prince d’empire.
• Après sa mort, ses deux fils diviseront le domaine
familial, le cadet conservant le Zollern et l’aîné
obtenant le burgraviat de Nuremberg et quelques
territoires associés.
• Cette division fonde les deux branches de la famille.
Celle du cadet, qui restera catholique, régnera sur
divers territoires de l’ouest de l’Allemagne, ainsi qu’en
Bavière.
• Elle se divisera à son tour en différentes branches,
dont l’une se poursuit aujourd’hui avec à sa tête Michel
1er, qui prétend au trône de Roumanie.
• Mais c’est la branche ainée, qui deviendra protestante,
qui est à l’origine de la puissance prussienne. Proche
de l’empereur Frédéric II, Conrad (1186-1261), à titre de
burgrave de Nuremberg, a pour tâche d’administrer les
possessions de la couronne dans la région.
• L’ascension de la famille se poursuit sous Frédéric III de
Nuremberg (1220-1297), alors que Rodolphe de
Habsbourg confirme son titre princier à Frédéric, qui
étend aussi un peu les possessions familiales.
• Son cadet, Frédéric IV (1287-1332) occupera par la
suite la charge, tout en restant très proche des
différents empereurs, peu importe leur origine familiale.
• De sorte que Louis IV lui confiera diverses fonctions
(comme un vicariat impérial en Tuscie), accroissant
l’autorité de la famille.
• Jena II (1320-1357) sera le premier Hohenzollern à
établir des liens avec la marche du Brandebourg,
alors que Louis de Bavière, à qui appartient le territoire,
lui demande de l’épauler.
• Après Frédéric V (1333-1398), premier burgrave de
rang royal élevé à cette dignité par l’empereur Charles
IV, les domaines familiaux sont divisées entre ses fils
et le burgraviat est donné à Frédéric VI (1397-1440).
• Grâce à la proximité des Hohenzollern avec les
institutions impériales, Frédéric VI obtient de
Sigismond le margraviat du Brandebourg en 1415.
• Frédéric devient alors Frédéric 1er de Brandebourg et
la base de la puissance familiale est posée, d’autant
qu’avec le territoire vient la dignité de prince électeur.
• Après une suite de règnes qui voit la poursuite de
l’expansion territoriale, un coup de chance va favoriser
la famille : sécularisée en 1525 sous les conseils de
Luther par le dernier grand maître de l’ordre Teutonique,
la Prusse tombe dans l’escarcelle de la branche
ainée des Hohenzollern en 1618.
• Grâce à d’autres héritages, les maîtres de la Prusse et
du Brandebourg obtiennent aussi des territoires situés
dans la région du Bas-Rhin (Clèves et Ravensburg),
dont la situation géographique permettra de combler
une déficience de territoires de l’est, relativement
pauvres.
• Au cours des XVIe et XVIIe siècles, les chefs de la
maison de Hohenzollern vont s’employer à donner une
cohérence à un ensemble désormais très disparate
et à reprendre aux noblesses locales, généralement
pauvres, les droits et les pouvoirs territoriaux que ces
derniers ont au fil du temps usurpés.
4.2 — Frédéric-Guillaume 1er de Brandebourg (16201688)
• Après plusieurs autres règnes sans couleurs, qui voient
le Brandebourg se ranger du côté des protestants
pendant la réforme, Frédéric-Guillaume 1er de
Brandebourg succède à son père en 1640.
• Neveu du roi suédois Gustave-Adolphe, l’électeur
s’illustre comme un chef de guerre hors pair, ce qui lui
permet en 1648 d’obtenir de nombreux territoires à
l’ouest du Brandebourg (l’évêché de Magdebourg) et à
l’est (la Poméranie orientale).
• Calviniste,
Frédéric-Guillaume,
premier
grand
Hohenzollern de Prusse, va s’employer à lutter contre
les « États » de ses territoires. Maniant ruse,
diplomatie et force, il parvient à imposer son pouvoir
absolu sur ses terres.
• Il réorganise ses possessions en imposant une
organisation centralisée, dont la manifestation la plus
remarquable sera la constitution d’une armée de
30 000 hommes, force considérable, alors que la
population de ses territoires n’atteint pas le million.
• Le développement de la puissance de la Prusse est
d’autant plus remarquable que dans la foulée de la
guerre de Trente Ans, les possessions des
Hohenzollern avaient été particulièrement touchés par
les destructions et la dépopulation.
• Cette puissance lui permet une grande indépendance,
à une époque où la puissance impériale s’étiole.
Soucieux de ses intérêts, il met sa puissance au
service du plus offrant, l’empereur ou la France.
• Frédéric Guillaume est avant tout préoccupé de la
menace suédoise, qui détient la Poméranie occidentale
et d’autres territoires adjacents à ceux de la famille
Hohenzollern sur la rive sud de la Baltique.
• Une série de batailles remportée contre la Suède
permet au Grand Électeur de s’imposer comme la
première puissance militaire de la région et de
s’affranchir du roi de Pologne.
• Même si, par crainte d’une guerre avec la France, il dut
abandonner une part des terres qu’il avait conquises par
la paix de Saint-Germain (1679), sa puissance lui
permet d’intégrer le jeu européen.
• Le Grand Électeur n’était pas préoccupé que par la
guerre et il est considéré comme le père de la marine
prussienne. Outre l’aspect militaire, son intérêt pour la
puissance maritime avait des origines économiques,
alors que la traite des esclaves bat son plein.
• Homme de conviction et d’intérêt, le Grand Électeur
tendra la main à la communauté huguenote de
France, après que, par la révocation de l’édit de Nantes,
ces derniers aient été contraints d’abandonner ou leur
culte, ou leur pays.
• Par l’Édit de Potsdam, il invite ses coreligionnaires
sur ses États et plusieurs dizaines de milliers de
personnes s’établissent alors un peu partout, mais
particulièrement à Berlin, dont la population doubla alors.
• Appartenant pour une bonne part aux franges les
plus entreprenantes de la bourgeoise de France
méridionale, les émigrés français jouèrent un rôle
fondamental dans l’essor technique, industriel et
culturel de Berlin et du Brandebourg au cours des
décennies suivantes.
• Lorsqu’il s’éteint en 1688, le Grand Électeur laisse à
son fils un territoire dont la superficie a été multipliée
par quatre et dont la population approche désormais les
deux millions d’habitants.
• En un règne, la famille Hohenzollern s’est élevée au
rang des grandes puissances européennes.
4.3 — Frédéric 1er (1657-1713), roi en Prusse
• Si, selon certains historiens, le règne du fils de Frédéric
Guillaume 1er, Frédéric 1er, fut pâle et sans
consistance, d’autres en revanche considèrent que les
intérêts de Frédéric, plus intellectuel que son aïeul,
en vinrent en compenser les faiblesses d’un État qui
demeurait essentiellement administratif et militaire.
• Dépensier et ambitieux, il eut la bonne idée de laisser
à son épouse, Sophie-Charlotte de Hanovre,
beaucoup d’initiative culturelle et intellectuelle.
• Car si Berlin est à la mort du premier Grand Électeur
une ville populeuse et industrieuse, c’est un désert
culturel et c’est à Sophie-Charlotte que revient le mérite
d’avoir transformé la capitale du Brandebourg en un
centre intellectuel qui, s’il ne peut rivaliser avec la
capitale des Habsbourg, posera les bases de
l’explosion culturelle du XVIIIe siècle.
• Le grand Leibniz, proche ami et conseiller de la brillante
Hanovrienne, lui vint en aide pour la fondation à Berlin
d’une Académie des beaux-arts (1696) et d’une autre
des sciences (1700).
• La consolidation du siècle suivant portant ses fruits et les
États de Frédéric devenant plus riches, le mécénat
pratiqué par le couple royal en vint à attirer de grands
artistes et de grands intellectuels de l’époque,
pendant que Berlin subit une cure architecturale pour la
rendre digne de sa nouvelle stature.
• La ville de Halle (Saale) devint un centre universitaire
important et un lieu d’expérimentation sociale, alors
qu’écoles et orphelinats surgissent, manifestation de
l’incubation, au sein de l’individualisme protestant, du
souci très calviniste de l’implication sociale.
• La politique étrangère de Frédéric 1er sera orientée
vers une grande fidélité à l’empire, d’autant qu’en
1701, il obtiendra le titre de roi.
• Comme la loi interdit le couronnement d’un roi territorial
de l’empire (à l’exception de la Bohême), Frédéric fera
valoir à Léopold 1er que sa Prusse ne faisant pas partie
de l’empire, cette limitation ne le concerne pas.
• Après hésitation et en échange de l’engagement de
Frédéric de se tenir à ses côtés dans la lutte pour la
succession d’Espagne, Léopold accepte de laisser le
Grand Électeur se couronner à Königsberg le 18
janvier 1701, s’il consent à limiter ce titre au territoire
prussien.
• Frédéric devient alors roi en Prusse, et non roi de
Prusse, car la majorité des possessions des
Hohenzollern se trouve sous l’autorité de l’empereur.
• Le roi en Prusse, continue de faire de l’Armée le fer de
lance de son État et grâce à l’utilisation intelligente de
celle-ci, il parvient à poursuivre l’œuvre familiale en
étendant son pouvoir à d’autres territoires, lui
permettant d’améliorer la cohésion de ses domaines.
4.4 — Le roi-sergent Frédéric Guillaume 1er (1688-1740)
• À la mort de Frédéric 1er, son fils Frédéric Guillaume 1er
lui succède. Le 2e roi en Prusse a laissé dans l’histoire
une image très négative et c’est en bonne partie à son
règne qu’est associé le militarisme prussien.
• Colérique, despotique et violent, ce qui ne l’empêchait
pas d’être très pieux, le roi-sergent, comme son beaufrère, le roi d’Angleterre l’appelait, partageait la passion
de son grand-père pour la puissance militaire, mais il
n’avait pas la même envergure intellectuelle.
• Dès le début de son règne, le roi augmenta sa
puissance militaire, en faisant passer celle-ci de
40 000 à 80 000 hommes et en la réformant pour en
faire un instrument politique docile et efficace.
• Non content d’enrôler des hommes de ses territoires, il
s’employait à attirer chez lui de partout des colosses
qu’il soumettait à un entrainement violent et sadique,
pour en faire des machines de guerre.
• Le roi aimait tellement son armée qu’il évita de la
mettre en danger : son long règne ne vit la participation
active des forces prussiennes qu’à un seul conflit,
contre la Suède et en alliance avec la Russie de Pierre
le Grand, alors que tout danger était écarté, après la
bataille de Poltava.
• Pour prix de sa participation, la Prusse obtient par le
traité de Nystad de 1721 une partie de la Poméranie
occidentale depuis longtemps convoitée.
• En éliminant la Suède de la rive sud de la Baltique, la
paix de Nystad permit de même à la Prusse de se
débarrasser d’un compétiteur sérieux, ce qui
permettra la poursuite de l’expansion de l’État prussien.
• La passion militaire du roi est si forte que toutes ses
actions et ses réformes intérieures sont tournées vers
la consolidation de la puissance militaire.
• Le roi transforme la Prusse en caserne : il fut le
premier dirigeant européen à introduire une forme de
conscription, obligeant tous les fils de paysans et
d’artisans, à l’exception des aînés, à servir dans les
régiments de leur canton d’origine, les meilleurs étant
versés dans les forces armées « nationales ».
• Alors que les ouvriers des manufactures et les
bourgeois étaient exemptés de ce service militaire, les
fils de la noblesse devaient servir comme cadets, porteétendards ou officiers, selon leur capacité.
• L’économie de la Prusse est alors tout entière orientée
vers la puissance de l’État et de son bras armé.
• Appliquant la doctrine mercantiliste en vogue, le roi
mit sur pied un Directoire général s’apparentant à un
ministère des Finances pour gérer l’économie des
territoires prussiens, un trésor bien garni étant vu
comme une nécessité stratégique.
• Avare, le roi réclamait que tout le monde mette l’épaule
à la roue, de sorte que, par exemple, une fois leur
journée d’exercice terminée, les soldats rentraient
dans leur caserne pour tricoter des chaussettes pour
leur usage et la vente au public, au profit du trésor...
• C’est donc de cet État militarisé, bien géré
économiquement et déjà sur la voie du développement
culturel qu’héritera la personnalité allemande la plus
fascinante du XVIIIe siècle : Frédéric II, roi de Prusse,
en 1740.
5 — Les autres « États »
• À côté des ces territoires, qui formeront la base des
différents États du monde germanique, d’autres, moins
importants, seront ou bien intégrés dans l’un ou l’autre
de ces États (la Bavière ou les duchés saxons, par
exemple), ou formeront leurs propres États, seul (le
Luxembourg), ou avec d’autres (la Belgique).
• La Belgique actuelle n’est qu’en partie liée au SaintEmpire, car le sud a presque toujours été situé dans la
sphère d’influence du royaume de France. En revanche,
le territoire situé au nord a évolué sous l’influence du
monde germanique, tout comme le Luxembourg.
• Jusqu’à la réforme luthérienne, ces territoires évoluent
d’une façon semblable à celle que l’on observe sur
les territoires des futures Provinces-Unies.
• Ici aussi, , c’est le commerce qui fait de cette zone des
territoires très riches, dominés par une bourgeoise
puissante et très indépendante.
• La formation de l’Union d’Arras et celle de la Ligue
d’Utrecht en 1579 met en place la première
différentiation, religieuse, entre les territoires au sud et
au nord de la Belgique, ces derniers voyant quelques
villes rejoindre la Ligue d’Utrecht.
• Les traités de Westphalie laissent entre les mains des
Habsbourg d’Espagne, puis de ceux d’Autriche, les
dix provinces catholiques du sud, qui comprennent
aussi le territoire du duché du Luxembourg. Cet
ensemble territorial changera par la suite souvent de
mains jusqu’à la Révolution française.
• Plus à l’est, et appelées à intégrer l’Allemagne du XIXe
siècle, la Bavière et la Saxe ont toutes deux conservé
une autonomie importante en s’appuyant sur la
richesse patrimoniale de leurs maîtres.
• L’adjonction de la Saxonie et de la Bavière permit à
Charlemagne de fonder un empire se distinguant
territorialement de celui des Mérovingiens, ces deux
territoires disposant d’une population importante et
dans le cas de la Bavière, d’une grande richesse, allié
à un niveau de développement supérieur à celui des
autres territoires carolingiens.
• Comme les autres grands duchés à l’origine de l’empire,
la Bavière va connaitre une série de modifications
territoriales, d’autant que son intégrité territoriale ne
sera pas protégée avant l’octroi de la dignité
électorale en 1623.
• L’histoire de la Bavière depuis le moyen-âge est
intimement liée à celle de la dynastie des Wittelsbach,
qui a dominé le territoire jusqu’au XIXe siècle et dont
est issu l’empereur Louis IV, puis le célèbre Louis II, roi
de Bavière du XIXe siècle.
• Cette famille, aussi liée à l’histoire du Palatinat, prend
le contrôle de ce qui reste de la Bavière dès 1180,
lorsque Barberousse confie le territoire à Otton de
Wittelsbach.
• Inversant la logique de démantèlement territorial, les
Wittelsbach vont accroître leurs possessions au fil
des siècles, ajoutant à leur domaine la Hollande et le
Tyrol, entre autres.
• La proximité des possessions des Habsbourg et des
Wittelsbach provoquera entre les deux familles une
grande rivalité qui s’éteindra temporairement dans le
cadre de la Réforme, les deux se retrouvant à la tête du
parti catholique et l’empereur pouvant compter sur
l’appui de son puissant voisin.
• C’est en récompense à cet appui que Maximilien de
Bavière obtient en 1623 le titre d’Électeur pour en
priver l’électeur du Palatinat, Wittelsbach lui aussi, pour
cause d’appui au protestantisme.
La Bavière en 1648
• Malgré cette pause, la rivalité des deux familles ne
s’éteindra pas, ce dont témoigne le rattachement de la
Bavière à la fin du XIXe siècle à l’empire des
Hohenzollern.
• Les duchés saxons ont pour leur part connu une
évolution saccadée depuis le rattachement de la
Saxonie de Widukind à l’empire de Charlemagne.
• Ce terme de « duché de Saxonie » disparait au fil de
l’émiettement territorial, alors que les territoires
répondant à ce nom se trouvent par la suite éloignés de
la mer Baltique, où ils se trouvaient à l’origine.
• L’une des principautés héritières du duché médiéval de
Saxonie, la Saxe-Wittenberg, est en 1356 transformée
en Électorat de Saxe et conséquemment, son territoire
sera dès lors protégé.
• Lorsque la dynastie d’Ascanie s’éteint (1423), Sigismond
confie l’électorat de Saxe à la dynastie de Wettin.
• Les différentes branches de cette dynastie peupleront de
nombreux trônes d’Europe : les Windsor en sont issus,
ainsi que la famille régnante en Belgique depuis 1831,
de même que, au long de l’histoire, certains rois de
Pologne, de Bulgarie et du Portugal.
• En Allemagne, les possessions des différentes
branches des Wettin sont très importantes, mais
aucune, malgré sa relative petitesse, ne l’est autant que
l’Électorat de Saxe.
• Tout au long de la domination de Wettin, les domaines
familiaux se développent, ce qui permettra en 1485, à la
mort de Frédéric II de Saxe, la division du domaine
familial, sans que bien sûr l’Électorat ne soit touché.
• La Saxe, joua un rôle très important dans la réforme,
Frédéric III ayant été le fondateur de l’université de
Wittenberg où enseigne Luther, puis le protecteur de ce
dernier après sa mise au ban de l’empire.
L’Électorat (rouge) et le Duché
(jaune) de Saxe
• Autant les Wittelsbach sont liés au parti catholique,
autant les Wettin sont liés aux protestants.
• Les successeurs de Frédéric s’illustreront par la suite
comme les meneurs du parti protestant, poussant
Charles Quint en 1547 à retirer à Jean-Frédéric 1er de
Saxe (et à la branche aîné des Wettin) le contrôle de
l’Électorat, confié dès lors à la branche cadette, qui
conservera le territoire et la dignité électorale jusqu’en
1806.
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