Notions / Concepts / Prise de vue
Idéalisme et réalisme / De Berkeley (1685-1753) à Kant (1724-1804)
1. L’idéalisme de Berkeley repose essentiellement sur l'affirmation selon laquelle il serait absurde d'admettre
l'existence d'une réalité, telle que la matière, dont nous ne saurions nous former aucune idée.
•Comment affirmer, en effet, ce qu'on ne peut même pas concevoir ?
•Chaque fois, donc, que nous parlons de matière, ou, de façon plus générale, d'une chose extérieure à l'esprit,
nous ne pensons rien.
•En effet, si nous pensions quelque chose, cette chose serait encore l'objet d'une pensée et, de ce fait,
deviendrait intérieure à l'esprit.
•Ne nous efforçons donc pas de dépasser l'idée vers un réel qui subsisterait en soi : un tel effort serait vain.
•Cette critique de ce que l'on a appelé le « chosisme » a été souvent reprise en philosophie. L'idéalisme de
Léon Brunschvicg s'en inspire largement ; et, quand Sartre déclare que l'être du phénomène se réduit au
phénomène d'être, Sartre se borne à reprendre l'idée de Berkeley selon laquelle « être, c'est être perçu ».
Pour Berkeley, comme pour bon nombre d’idéalistes, la chose en soi n’existe pas ou est sans importance.
2. Refusant l'idéalisme, Kant a toujours maintenu la doctrine de la chose en soi.
•La chose en soi, c'est l'être, inconnaissable et premier, extérieur à l'esprit et indépendant de lui. C'est à une
telle réalité que toute conscience humaine croit et se réfère.
•Ce n'est donc plus par rapport à la seule intériorité que notre pensée peut être dite vraie.
•Même si la connaissance se trouve ainsi limitée au plan des phénomènes au-delà desquels, se situe la chose
en soi.
•C'est en cette notion d'en-soi ou d'extériorité à l'esprit que se rejoignent tous les caractères de la réalité.
•L'imaginaire ne s'oppose au réel que parce qu'il n'existe qu'en moi, et non en soi.
Pour Kant, croire à la réalité, c'est croire que notre esprit n'est ni la source ni la mesure de tout,
que l'être existe en lui-même, et donc qu'il faut, malgré nos désirs, nous y soumettre.