Soins de santé mentale primaires 1- Anxiété, Stress & Troubles du sommeil. Introduction Professeur Philippe Corten ULB - 2006 Introduction Recherche d’états modifiés de conscience Us, abus, dépendance, intoxication Quand un trouble devient-il pathologique ? Epidémiologie La recherche d’états modifiés de conscience est un phénomène – Universel – Ubiquitaire – Typiquement humain La recherche d’états modifiés de conscience Substances modifiant l’état de conscience – – – – – – – – – – – – – – Chocolat et sucreries Café et thé Tisanes Tabac Alcool Cannabis Anxiolytiques et somnifères Anti-douleurs Morphine Codéine Amphétamines et ecstasy Cocaïne Héroïne … Comportements modifiant l’état de conscience – – – – – – – La colère Les joies Faire l’amour Le sport La transe initiatique La méditation transcendantale … Origines de la recherche d’états modifiés de conscience Approches scientifiques – Le principe de plaisir – Le circuit de la récompense Approches ethno-sociologiques – La métaphysique la place des morts et des esprits – La religion la sacralisation des rites de consommation La laïcisation des événements de vie – La socialisation des modes de consommation Promouvoir l’interaction sociale Améliorer ses performances intellectuelles et physiques La place accordée aux artistes L’appartenance à un groupe – La consommation personnelle Modifier son humeur Soigner sa maladie Se rebeller Les états modifiés de conscience Il est illusoire de penser que des humains ne rechercheraient plus d’états modifiés de conscience – Quelles substances? Limitation des risques – ! Glissement d’une substance vers une autre La diminution de la consommation de tabac aux USA a entraîné une x par 600 des amphétamines Diminution alcool => augmentation anxiolytiques? – Quel comportement peut remplacer une substance ? ! A priori ! Puritanisme La recherche d’états modifiés de conscience Nos relations à la drogue – Qu’est-ce qu’une drogue? Pas de définition univoque Différencier substance illégale et drogue Drogue = généralement substance ou comportement => dépendance plus qu’une simple assuétude Usage dur – Pureté de la substance – Rapidité de son action (intraveineuse ou inhalation) – La durée de son action (plus elle est courte plus elle est addictive) – Il n’y a pas de drogues dures ou douces en soi, – Mais un usage doux ou dur de drogues => Le tabac est une drogue dure De l’usage à l’abus Différencier – Consommation Usage contrôlé et occasionnel – Assuétude Usage contrôlé et habituel – Toxicomanie Usage non contrôlé et habituel Critères généraux des troubles liés à une substance Intoxication 1. Syndrome 2. Réversible Spécifique à une substance Dû à une prise récente Changements comportementaux inadaptés cliniquement significatifs Abus 1. Utilisation Répétée Inadéquate ou exagérée d’une substance Avec altération du fonctionnement Sans dépendance 2. Au moins 1 des manifestations dans les 12 derniers mois Incapacité de remplir ses obligations majeures Utilisation dans des situations où cela peut être dangereux Problèmes judiciaires répétés Utilisation malgré problèmes liés à la substance Critères généraux des troubles liés à une substance Dépendance 1. 2. Usage Répété Avec altération du fonctionnement Tolérance Avec au moins 3 des manifestations suivantes dans les 12 derniers mois Quantité + Effet – Sevrage ou comportements d’évitement de sevrage Quantité exagérée plus longtemps que prévu Craving ou efforts infructueux pour diminuer ou contrôler Temps passé à obtenir la substance ou à récupérer Abandon d’activités sociales, professionnelles ou relationnelles à cause de la substance Poursuite de l’utilisation malgré problèmes Critères généraux des troubles liés à une substance Sevrage 1. Syndrome spécifique dû à l’arrêt d’une substance 2. Souffrance cliniquement significative De l’usage à l’abus Il n’y a pas de corrélation entre le nombre d’usagers et le nombre de toxicomanes – Exemple alcool Belgique: – Consommateurs: 95% – Alcooliques: 4% USA – Consommateurs: 60% – Alcooliques: 10% De l’usage à l’abus Une toxicomanie découle de la conjonction de – La présence d’une substance – La vulnérabilité du sujet – Une situation donnée Vulnérabilité: Anxiété Dépression Stress Situation: Contexte: Présence du Banalisation produit Co-alcooliques Accessibilité Stress du produit Evénements de vie Tentation Offre Quand un trouble devient-il pathologique? DSM IV Souffrance clinique significative Durant trop longtemps Ayant impact exagéré sur le fonctionnement bio-psycho-social INTRODUCTION AUX TROUBLES ANXIEUX Epidémiologie – impact social et économique Troubles anxieux Impact élevé sur les activités quotidiennes Source de beaucoup de souffrances pour les sujets (Anthony 1998) Incidences économiques substantielles – Dépenses de 42,3 milliards de $ par année – coûts directs/indirects des troubles anxieux (Greenberg 1999) – Coûts probablement similaires en Europe (Costa 1998, Martin 1998) Incapacité au travail accrue chez les patients souffrant de Dépression Majeure et de trouble panique Nombre moyen de jours d’incapacité au travail, pendant les 30 derniers jours 4,5 N=63 1,1 N=525 Dépression majeure + trouble panique Dépression majeure seule 0,9 N=66 Trouble Roy-Byrne et al (2000) panique seul Risque de tentatives de suicide chez les patients souffrant de troubles anxieux Odd ratio 7 6 5 4 3 2 1 0 PTSD Anxiété généralisée Trouble Panique Phobie Sociale N’importe quel trouble anxieux Kessler et al (1999) Epidémiologie – grandes études Grandes études épidémiologiques des troubles anxieux Etude ECA (Epidemiological Catchment Area) du National Institute of Mental Health, E.-U. Enquête nationale sur la comorbidité (NCS) aux E.-U. Etude de suivi de Munich en Europe Ainsi que Etude de l’OMS sur les problèmes psychologiques dans les soins de santé généraux (Sartorius 1996) Epidémiologie – différences dans les taux de prévalence Souvent, ces études obtiennent des taux de prévalence différents, en raison de L’utilisation de différents – outils de diagnostic – procédures d’échantillonnage – périodes de référence (p. ex. prévalence sur 6 mois vs. prévalence à vie) Des différences entre les échantillons cliniques et de la population L’inclusion ou l’exclusion de troubles “infraliminaires” Données épidémiologiques sur les troubles anxieux Les troubles anxieux sont le groupe le plus courant de troubles psychiatriques L’étude NCS a établi une prévalence à vie de 25% (hommes 19%, femmes 31%) Le deuxième groupe le plus courant était celui des troubles dépressifs (17%) L’étude ECA a établi une prévalence à vie des troubles anxieux de 14,6% Et une prévalence sur un an de 12,6% Prévalence à vie des troubles anxieux aux Etats-Unis Etude de prévalence Trouble anxieux ECA NCS Trouble panique 1,5% 3,5% Phobie sociale 2,4% 13,3% 4,1-6,6% 5,1% Trouble anxieux généralisé Prévalence des TOC dans différentes sociétés Robins (1984) E.-U. 2,5% Karno (1988) E.-U. 2,5% Bland (1988) Canada 3,0% La prévalence du TOC a été étudiée dans de nombreuses sociétés. Toutes les études, sauf au Taïwan, ont constaté une prévalence située entre 1,9 et 3,0%. Lindal (1993) Icelande 2,0% E.-U. 2,3% Canada 2,3% Valleni-Basile (1994) E.-U. 3,0% Chen (1993) Hong Kong 2,1% Epidémiologie des troubles paniques Prévalence à vie du trouble panique : 1 à 4% Enquête de l’OMS, prévalence moyenne actuelle 1,1% Etude ECA, prévalence de la maladie chez 1,4% - 8% des patients en soins primaires Panique “subsyndrome” plus fréquente Prévalence plus élevée dans le groupe d’âge des 24 à 44 ans Au moins deux fois plus courant chez la femme que chez l’homme Epidémiologie des troubles anxieux – soins primaires L’anxiété dans les soins primaires Troubles mentaux présents chez 20% des patients en soins primaires, mais 50 à 75% ne sont pas détectés Les troubles anxieux sont courants dans les soins primaires (dépassés seulement par les troubles de l’humeur) (Ansseau et al 2004) De nombreux patients se présentent avec des symptômes non-spécifiques plutôt que de l’anxiété Reconnaissance des troubles du CIM10 par les médecins généralistes Trouble Taux total de reconnaissance (%) Fourchette (%) Dépression 54,2 74,0 -19,3 Anxiété généralisée 46,1 74,0-13,4 Somatisation 64,1 100,0-0,0 Üstün et Sartorius (1995) Epidémiologie: Enquête Santé de la Population 1997 Santé Mentale en Belgique (1997) Psychiatrie 0.82% Hôpital général 2.33% Psychotropes 9.20% 31.00% GHQ12+ 0.00% 5.00% 10.00% 15.00% 20.00% 25.00% 30.00% 35.00% Epidémiologie Stress en Belgique (1997) Alcool Psychiatrie 0.38% Stress Psychiatrie 0.22% Alcool Hôp Gen 0.45% Stress Hop Gen 0.61% Tranquilisants 3.90% 4.90% Somnifères 0.00% 0.50% 1.00% 1.50% 2.00% 2.50% 3.00% 3.50% 4.00% 4.50% 5.00% Epidémiologie: Symptômes somatiques liés au stress en Belgique 12.0% 10.8% 10.0% 10.9% 10.8% 10.0% 8.5% 8.0% 7.1% 7.6% Plainte% 6.5% 6.0% Traitement% 4.0% 3.2% 2.7% 3.2% Ulcus Peau 2.0% 2.2% 0.0% Migraine Obesite Hypertension Dorsopathie http://homepages.ulb.ac.be/~phcorten