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WWW.PROFESSIONSANTE.CA AVRIL - MAI 2011 VOL. 58 N° 2 QUÉBEC PHARMACIE 3
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Le soleil se couche doucement sur le lac encore
gelé. C’est le début avril. Le petit village de caba-
nes et de 4 x 4 de pêcheurs sur glace a disparu.
C’est encore presque tout blanc, mais ça ne sau-
rait tarder. Il y a des crevasses grisâtres çà et là.
En amont, sous le pont, déjà l’eau est libre et sert
de piste d’atterrissage aux canards et aux berna-
ches. Cet après-midi, on a même fait des projets
de jardins et de... pétunias, bien sûr.
Pendant ce temps, dans les rues de Montréal,
les étudiants sont dans la rue et manifestent
contre le dégel... des frais de scolarité. J’avoue
que je suis assez en faveur de cette mise à niveau.
J’enrage juste en pensant que la décision aurait
dû être prise et appliquée depuis bien long-
temps. Le sous-nancement de nos universités
est un mal qui ronge l’éducation depuis trop
d’années.
Naïvement, je pensais que cette augmentation
aurait un effet instantané sur le budget de
la Faculté de pharmacie de l’Université de
Montréal. En fait, l’augmentation annoncée par
le gouvernement provincial sera de 350 $ par
année. De ce montant, 35 % est retenu pour les
bourses et 19 % par la gestion de l’Université de
Montréal. Il reste donc pour la Faculté 46 % du
montant de l’augmentation, soit 160 $ par étu-
diant. Au bout de cinq ans, la Faculté aura
625 000 $ de plus. Faramineux !
Mais ce qui m’a littéralement jeté par terre,
c’est le calcul tordu eectué présentement (en
fait depuis 2007) pour constituer la cagnotte de
chaque faculté. Et là, je vous avertis, ça va être
aride comme un cours d’analyse pharmaceuti-
que. Les droits de scolarité étant les mêmes pour
toutes les disciplines, le ministère de l’Éduca-
tion, des Loisirs et des Sports (MELS) octroie un
montant d’environ 3330 $ chaque fois qu’un
étudiant à temps complet réussit 30 crédits. Ce
montant-étalon est alors pondéré selon un
savant calcul pour chacune des facultés. La pon-
dération suit la grille du MELS pour les coûts
moyens de formation par discipline calculés en
2002 mais appliqués depuis 2007.
Le programme de Lettres a donc une pondé-
ration de 1 alors que celui de médecine dentaire
bénécie de la plus haute cote, soit 9. Médecine
dentaire reçoit donc 9 fois 3330 $ pour chaque
étudiant qui réussit 30 crédits. Les program-
mes d’audiologie et de réadaptation sont
pondérés à 2,3 et la médecine à 4,1. Et nous ?
Un tout petit 1,4 !
Plus de 1000 étudiants, 33 professeurs dont
9 chercheurs boursiers, 13 professeurs de clini-
que, 4 professeurs invités, 15 responsables de
formation professionnelle, 12 chargés de cours,
plus de 1000 cliniciens associés, 17 cadres,
25 techniciens, un Pharm.D., un baccalauréat
en sciences biopharmaceutiques, un diplôme
d’études supérieures en développement du
médicament, une maîtrise en développement
du médicament, une maîtrise en pratique pro-
fessionnelle, 1000 inscriptions par année au
programme de perfectionnement professionnel
au cours des 10 dernières années, 150 publica-
tions, 60 doctorants, un programme de mise à
niveau pour les étudiants étrangers (septembre
2011), le programme d’appoint au Pharm.D.
(2012), tout ça pour 1,4 et environ 10 millions de
dollars !* Une aubaine ! Je n’ose même pas
demander s’il reste assez d’argent pour payer le
chauage du pavillon.
Notre faculté est montrée comme un exemple
de gestion. Réussir à développer de nouveaux
programmes comme le Pharm.D. et le bacca-
lauréat en sciences biopharmaceutiques dans ce
contexte aussi serré financièrement tout en
maintenant une qualité élevée d’enseignement
et de recherche est un tour de force. Nous avons
la chance d’avoir une fondation, des chaires et
de généreux donateurs tant organisationnels
que particuliers, mais on est loin des traditions
de la communauté anglophone à cet égard. Il est
clair que cela ne pourra pas durer éternellement.
Le doyen et son équipe auront beau réduire les
dépenses par des décisions crève-cœur (l’aboli-
tion de la compensation des cliniciens associés
dans les pharmacies communautaires en est un
exemple) ou en étant créatifs (négocier des frais
institutionnels obligatoires avec les étudiants
dans le but de maintenir la structure des labora-
toires avec un ratio étudiants-tuteurs adéquats),
d’autres doivent aussi prendre pleinement
conscience de la situation. Il faudra bien que le
MELS se penche sur cette pondération aber-
rante et l’ajuste selon de nouveaux critères plus
près de la réalité, et ce, rapidement.
Je ne descendrai pas dans la rue pour mani-
fester pour ou contre le gel ou le dégel. Je n’ai ni
la prétention ni le pouvoir, à moi toute seule,
d’inuencer le cours des choses. Mais je crois
fermement qu’il est important, comme profes-
sion, d’être conscient de ce que vivent nos facul-
tés. Et puis, qui sait... vous avez peut-être, vous,
un ou une ministre parmi vos patients...
* Données tirées du Rapport annuel 2009-2010 de
la Faculté de pharmacie de l’Université de Montréal.
Dégel du gel