Arthur Rimbaud, Poésies, octobre 1870,
Le mal
Tandis que les crachats rouges de la mitraille
Sifflent tout le jour par l’infini du ciel bleu ;
Qu’écarlates ou verts, près du roi qui les raille,
Croulent les bataillons en masse dans le feu ;
Tandis qu’une folie épouvantable, broie
Et fait de cent milliers d’hommes un tas fumant ;
- Pauvres morts ! dans l’été, dans l’herbe, dans ta joie,
Nature ! ô toi qui fis ces hommes saintement !...
- Il est un Dieu, qui rit aux nappes damassées
Des autels, à l’encens, aux grands calices d’or ;
Qui dans le bercement des hosannah s’endort,
Et se réveille, quand des mères, ramassées
Dans l’angoisse, et pleurant sous leur vieux bonnet noir,
Lui donnent un gros sou lié dans leur mouchoir !
Que remarquez-
vous concernant
la syntaxe ?
la ponctuation ?
On remarque
que l’ensemble
du poème tient
en une seule
phrase : il n’y a
qu’un seul point
(d’exclamation),
à la fin.
Quels sont les groupes fonctionnels dans cette phrase
unique qui compose le poème ?
Tandis que les crachats rouges de la mitraille
sifflent tout le jour par l’infini du ciel bleu ;
Qu’écarlates ou verts, près du roi qui les raille,
Croulent les bataillons en masse dans le feu ;
Tandis qu’une folie épouvantable, broie
Et fait de cent milliers d’hommes un tas fumant ;
- Pauvres morts ! dans l’été, dans l’herbe, dans ta joie,
Nature ! ô toi qui fis ces hommes saintement !... -
- Il est un Dieu, qui rit aux nappes damassées
Des autels, à l’encens, aux grands calices d’or ;
Qui dans le bercement des hosannah s’endort,
Et se réveille, quand des mères, ramassées
Dans l’angoisse, et pleurant sous leur vieux bonnet noir,
Lui donnent un gros sou lié dans leur mouchoir
Les conjonctions « tandis que »
indiquent des CCT.
Une incise indépendante
insérée dans le texte est
signalée par les tirets.
Les fonctions essentielles sont à
la fin :
La phrase est de type déclaratif,
mais elle a une forme rare : la
forme emphatique, qui utilise le
présentatif
«il est […] qui », où
« il est un dieu qui rit » (+COI)
remplace la forme simple
«un dieu rit »
«s’endort » (+ CCT)
et « se réveille »
La conjonction « quand » indique
un dernier CCT.
On obtient l’analyse suivante,
où l’on utilise les
codes de couleur
habituels :
verbe
sujet
COI
CCT (dans ce texte
les compléments
circonstanciels sont
des CCTemps, sauf
au vers 11, CCL)
remarque : l’incise
n’a pas de fonction
grammaticale, elle
est indépendante.
Tandis que les crachats rouges de la mitraille
Sifflent tout le jour par l’infini du ciel bleu ;
Qu’écarlates ou verts, près du roi qui les raille,
Croulent les bataillons en masse dans le feu ;
Tandis qu’une folie épouvantable, broie
Et fait de cent milliers d’hommes un tas fumant ;
- Pauvres morts ! dans l’été, dans l’herbe, dans ta joie,
Nature ! ô toi qui fis ces hommes saintement !...
-Il est un Dieu, qui rit aux nappes damassées
Des autels, à l’encens, aux grands calices d’or ;
Qui dans le bercement des hosannah s’endort,
Et se réveille, quand des mères, ramassées
Dans l’angoisse, et pleurant sous leur vieux bonnet noir,
Lui donnent un gros sou lié dans leur mouchoir !
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