L’Histoire insolite d’un syndrome oublié par la médecine
Dépisté par les dermatologues. Très bien décrit (hémorragies, hypermobilité,
proprioception, dysautonomie) en 1900 par Ehlers, réduit à une étirabilité
excessive de la peau par Danlos, pourtant bien inconstante ( % des cas) dont
l’absence reste encore, hélas, un moyen abusif courant d’élimination du
diagnostic.
Réduit par les rhumatologues (Brighton) à une mobilité exagérée des articulations
(contorsionnistes) en tout cas non douloureuse.
Enfermé par les généticiens dans une classification (Berlin, Villefranche) aux critères
exigeants, sur un mode histoclinique (11 puis 6, puis 3 types) qui est mis en défaut
par l’observation clinique et les données histologiques récentes (Gand, Sept. 2012).
Orphelin de la plupart de ses nombreux symptômes, faussement qualifié de maladie
rare, il est exposé à des confusions constantes avec les syndromes plus en vogue:
dystrophie musculaire, Gougerot-Sjögren, sclérose en plaque, asthme, polyarthrite,
thyroïdite d’Hashimoto, fibromyalgie et surtout trouble psychopathologique
(dépression, somatisation, syndrome bipolaire) exprimé par l’habituel : « c’est
dans la tête ».
Banalisé par les patients et par les médecins :« tout le monde a çà ! » (fatigue,
douleur, constipation, sueurs…) le pathologique apparait normal.
Son diagnostic, privé d’appui génétique, biologique ou d’imagerie est tardif (20 ans
en moyenne chez les femmes), ce qui se traduit par une errance et négation
médicales décevante, humiliante et dangereuse (chirurgie, accouchements.) qui
ajoutent de la iatrogénie aux souffrances occasionnées par le syndrome lui-
même.