Cicatrisation et problèmes d`infection après extraction des

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Pratique quotidienne · formation complémentaire
Cicatrisation et
problèmes
d’infection après
extraction des
troisièmes molaires
Dr Andreas Filippi
L’extraction chirurgicale des
troisièmes molaires incluses
ou mal positionnées est
l’une des interventions les
plus fréquemment effectuées en chirurgie dentaire.
Des complications inflammatoires apparaissent nettement plus souvent, en
particulier dans la mandibule, après ce type d’intervention qu’après toutes autres
opérations dentaires. Le
présent article montre, à
partir de données bibliographiques, l’évolution physiologique de la cicatrisation
après extraction des troisièmes molaires avec ostéotomie d’une part et traite
des problèmes postopératoires d’autre part. Les différents types de traitement et
la prévention contre les infections sont également
discutés.
Klinik für zahnärztliche Chirurgie, -Radiologie, Mund- und
Kieferheilkunde, Zentrum für Zahnmedizin
der Universität Basel
Mots clés:
ostéotomie, troisièmes molaires, infection, cicatrisation
Adresse pour la correspondance:
Priv.-doc. D r Andreas Filippi
Klinik für zahnärztliche Chirurgie, -Radiologie, Mund- und
Kieferheilkunde, Zentrum für Zahnmedizin
Universität Basel
Hebelstrasse 3, 4056 Bâle
Tél. 061/267 26 09
Fax 061/267 26 07
E-mail: [email protected]
Traduction: Dr Angelika Kieser, Zurich
(Illustrations et bibliographie voir texte allemand, page 847)
Introduction
L’inclusion et la malposition des troisièmes molaires font partie
des problèmes de percée dentaire les plus fréquents chez l’homme (SCHULZE 1964). Ceci est en général dû au manque de place
(TETSCH & WAGNER 1982) car la percée des troisièmes molaires a
lieu après celle de toutes les autres dents. D’autres facteurs entrent néanmoins en jeu dans certains cas, par exemple: des altérations pathologiques (kystes, tumeurs, hyperplasie des tissus,
infections), facteurs traumatiques et héréditaires tels qu’affections générales liées à des inclusions multiples de dents (TETSCH
& WAGNER, SAILER & PAJAROLA 1996). L’extraction chirurgicale
des troisièmes molaires incluses ou mal positionnées est en
général indiquée, cette indication dépend toutefois de l’âge, des
pathologies clinique et radiologique et de l’anamnèse générale
du patient. Dans l’ensemble, l’extraction des dents de sagesse
est une des interventions chirurgicales les plus fréquentes en
chirurgie dentaire. Différentes techniques sont décrites; elles
sont présentées en détail dans la littérature spécialisée.
Cicatrisation physiologique après extraction
et ostéotomie
Cicatrisation osseuse
Après l’extraction d’une dent, la plaie se remplit de sang. Un
caillot se forme par coagulation: il est constitué d’érythrocytes et
de leucocytes dans les mêmes proportions que dans le sang
(AMLER et al. 1960, AMLER 1973), il est parcouru par un réseau de
fibrines. Ce caillot, de rouge à brun-rouge au début (fig. 1) prend
dès le jour suivant une couleur plutôt grise (fig. 2) (MEYER 1956);
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sa surface est constituée de leucocytes (PIETROKOVSKI 1967). Le
coagulum se lie à l’épithélium interne de revêtement de la gencive (MEYER 1956). Un tissu de granulation se forme le long des
parois alvéolaires – d’abord dans le fundus – à partir du deuxième ou troisième jour après l’opération; il est caractérisé par des
cellules endothéliales prolifiques, des capillaires et un grand
nombre de granulocytes. Le coagulum est totalement remplacé
par le tissu de granulation en sept jours environ (SCHROEDER
1991). Le tissu conjonctif se forme à partir de la périphérie et
remplace en 20 jours environ le tissu de granulation (AMLER
1969). Le nouvel os commence à se former sur les parois alvéolaires six à sept jours après l’opération (SCHROEDER 1991). La
plaie osseuse est comblée de tissu osseux immature dans les
38 jours environ. L’os mûrit totalement en deux à trois mois et
forme un trabécule (AMLER 1973); la maturité de l’os est complète après trois ou quatre mois (EVIAN et al. 1982). Les processus de transformation dans le limbe alvéolaire ne se produisent
qu’après plusieurs mois. La structure osseuse environnante ne
devient transparente à la radiographie qu’après 100 jours environ (AMLER 1969).
Cicatrisation de la muqueuse buccale
L’épithélialisation des alvéoles, ou de la cavité de l’ostéotomie, a
lieu à partir de la gencive limitrophe et est terminée après une
période de sept à dix jours (MEYER 1965, KRÜGER 1989). Elle est
fondée sur une combinaison de migration, de division et de différenciation des cellules (ANDERSEN 1978). La migration cellulaire commence 12 à 24 heures après l’intervention (KÜHNAU 1962,
ORDMAN & GILLMAN 1966, MCMINN 1969, MARTINEZ 1972, WINTER 1972, GOTEINER et al. 19977, PANG et al. 1978, STENN & DELPAMA 1988, CLARK 1990, STENN & MALHOTRA 1992). Les cellules
du stratum basal dans la zone bordant la plaie perdent leur attache fixe, se libèrent et commencent leur migration vers la surface actuelle de l’alvéole en cours de cicatrisation.
La fibrine liquéfiée forme un type de «gouttière». Une couche
plane cunéiforme de cellules se déplace du stratum basal et du
stratum suprabasale des bords de la plaie vers le centre de la cavité. La pointe est constituée d’une seule couche suivie de plusieurs. La division des cellules migrantes n’a pas lieu. Les cellules de l’épithélium peuvent uniquement soit se diviser soit
migrer (MESSER & LEBLOND 1960, BULLOUGH & RYTÕMAA 1965,
PLAGMANN & LANGE 1970, KRAWCZYK 1971). Les nouvelles cellules se forment dans le bord intact de la plaie (WINTER 1972,
KIRSCHNER & STRIETZEL 1976). L’activé cellulaire est alors nettement plus élevée que celle de la muqueuse non lésée (HARRISON
1991) et atteint un maximum vers le deuxième jour après l’intervention (SCHILIEPHAKE et al. 1994). Les lambeaux d’épithélium se déplacent vers le centre de la plaie et fusionnent entre
eux (HARRISON 1991, SCHROEDER 1991). La phase active de cicatrisation n’est terminée que lorsque toutes les cellules épithéliales sont totalement en contact entre elles (ABERCROMBIE &
MIDDLETON 1968, HARRISON 1991). L’activité mitotique ne commence dans la nouvelle couche épithéliale – dont l’épaisseur
n’est que de quelques cellules – que lorsque le tissu conjonctif
nouvellement formé dans l’alvéole est en contact avec le revêtement épithélial fusionné. L’épaisseur de l’épithélium augmente
alors et reprend sa structure stratifiée (ANDERSEN 1978).
Problèmes de cicatrisation après extraction
et ostéotomie
L’extraction des molaires de la mandibule en particulier présente un taux nettement plus élevé de complications inflamma-
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toires postopératoires que celle des molaires de la mâchoire supérieure (PAPE 1986, REICHART 1995). La mandibule est particulièrement exposée, surtout en raison de la rétention des produits
de décomposition et de dégradation, des résidus de produits alimentaires et de la salive d’une part et d’un traumatisme opératoire plus important dû à la structure osseuse plus compacte de
la mandibule et à une vascularisation légèrement plus faible
d’autre part (TETSCH & WAGNER 1982, KRÜGER 1989). Le problème de cicatrisation apparaît en premier lieu lorsque le coagulum
ne se forme pas ou lorsqu’un coagulum formé est détérioré par
une fibrinolyse (BIRN 1972a, BIRN 1973, MERCIER & PRECIOUS
1992). Une fibrinolyse est générée par la colonisation des microorganismes de la cavité buccale d’une part et des processus histochimiques du tissu traumatisé d’autre part (EYRICH 1994). Les
principaux acteurs de la fibrinolyse sont les granulocytes (EDINGER & TILSNER 1984); le nombre élevé de micro-organismes et le
traumatisme opératoire étendu entraînent une migration renforcée des granulocytes. En outre, les activateurs plasminogènes
contenus dans la salive, les proactivateurs, les enzymes fibrinolytiques directs et la lysine produite par les bactéries contribuent
à la dégradation du coagulum. La relation entre le traumatisme
opératoire et l’infection de la plaie est prouvée (KLAMMT &
SCHUBERT 1986). Le problème de cicatrisation après une extraction chirurgicale d’une dent présente un tableau clinique échelonné en fonction de l’étendue de l’infection. Une douleur progressive apparaît habituellement de deux à quatre jours après
l’opération, (MÜLLER 1990, REICHART 1995). Les maux avec élancements, tout d’abord localisables, irradient dans un état avancé
sur toute la moitié de la mâchoire jusque dans l’oreille et dans la
région temporale, ils se transforment ensuite en une douleur
lancinante. L’examen de la plaie montre souvent un coagulum
détérioré purulent (fig. 3 et 4). Les bords de la plaie sont oedémateux et très sensibles à la palpation. Un foetor ex ore est également observé (REICHART 1995). Des structures osseuses sont
libres et sont couvertes de débris gris-vert. Les ganglions lymphatiques environnants sont souvent impliqués. L’état général
peut être atteint en fonction du degré de l’infection: des états
allant de subfébriles à fébriles peuvent apparaître.
Histopathologiquement, un réseau de fibrines détérioré avec infiltrat leucocytaire est présent dans la plaie et dans les cavités
avoisinantes de moelle osseuse. On ne trouve aucun signe d’une
nouvelle formation osseuse. Dans le cas d’une ostéite grave, des
séquestres osseux apparaissent avec une exsudation inflammatoire plus ou moins importante (fig. 5). Les signes sont alors
comparables à ceux d’une ostéomyélite aiguë (KIRSCHNER 1996).
Le nombre de structures neuronales touchées – tout d’abord les
nerfs dentaires et puis la branche nerveuse principale – augmente avec la progression de l’inflammation osseuse (SCHROLL
1983); il en résulte une périnévrite accompagnée de fortes douleurs irradiantes. Une hypoesthésie et une anesthésie (signe de
Vincent) apparaissent ensuite lors de pénétration d’exsudat purulent dans le canal mandibulaire.
Classification des infections aiguës
postopératoires
La littérature cite et classe les degrés cliniques et histologiques
d’infections inflammatoires postopératoires après extraction de
dents de différentes manières. La désignation «Dolor post extractionem» décrit uniquement les symptômes. La désignation
«dry socket» provenant de la langue courante anglo-américaine
décrit également un symptôme et n’est pas un diagnostic correct. Les signes montrent une perte du coagulum mais avec pro-
Cicratisation et problèmes d’infection après extraction des troisièmes molaires
duction d’exsudat (EYRICH 1994). Une autre répartition différencie l’alvéolite simple, l’alvéolite granulomateuse et l’avéolite
sèche (HJOERRING HANSEN 1960). Une autre répartition des
signes en différents stades de la cicatrisation différencie l’ostéite
alvéolaire, l’ostéite suppurée, l’ostéite nécrotique et la cicatrisation fibreuse (AMLER 1973). Une autre nomenclature se réfère
à l’étendue de l’inflammation; une différence est faite entre les
ostéites circonscrites superficielles, moyennes et profondes
(MEYER 1956, KIRSCHNER 1996). Etant donné que l’étendue de
l’affection est importante pour les symptômes cliniques, la dernière répartition citée semble être la mieux adaptée (EYRICH
1994). Outre la gravité de l’affection, on distingue après l’apparition des problèmes de cicatrisation l’infection immédiate de
l’infection tardive (MERCIER & PRECIOUS 1992).
Complications inflammatoires tardives
L’infection peut prendre une évolution chronique et n’être remarquée qu’après quelques semaines par une tuméfaction des
tissus mous, la formation de fistules et la suppuration (SCHROLL
1983), elle peut également passer dans une phase chronique
après deux à trois semaines d’un stade aigu. Un certain nombre
de patients opérés présente après une évolution postopératoire
tout d’abord normale un abcès appelé «tardif» (fig. 6). Ces abcès
apparaissent en général de trois à six semaines après l’opération. Il n’est pas rare qu’aucun signe clinique significatif ne soit
révélé par les antibiogrammes. Il n’a pas été démontré avec certitude s’il s’agit effectivement d’une inflammation chronique
avec exacerbation aiguë, d’une infection tardive ou d’une réaction à des corps étrangers tels que résidus de fraisage, résidus
alimentaires ayant pénétré ou résidus des points. La fréquence
de ces «abcès tardifs» est nettement inférieure à 5% selon la
littérature (VAN GOOL et al. 1977, VAN DER ZWAN et al. 1982,
EYRICH 1994).
Fréquence des infections postopératoires
La fréquence des infections après extraction des troisièmes
molaires indiquée dans de nombreuses études, varie entre 1%
(GOLDBERG et al. 1985) et 73% (BIRN 1973). Ces importantes
variations proviennent surtout des problèmes fondamentaux
lors de la planification et de l’exploitation des études cliniques
(EYRICH 1994). D’une part, les taux de complication relevés dans
les études rétrospectives sont nettement inférieurs à ceux des
études prospectives, pour des concepts comparables. A titre
d’exemple, citons les études des services chirurgicaux des cliniques universitaires de Zurich et de Giessen. Pour des groupes
comparables de patients, les études de Zurich indiquent une
fréquence prospective des complications inflammatoires postopératoires de 5,33% (KLEMMER-MELCHES 1993) et une fréquence rétrospective de 0,6% seulement (KANZLER 1993), les études
de Giessen indiquent quant à elles respectivement 11,5% (EYRICH
1994) et 2,3% (KLATT-BENDEL 1992). Une autre cause des écarts
observés est la comparaison de populations hétérogènes de
patients; de trop nombreux facteurs d’influence entraînent
d’importantes variations dans les résultats. Les infections apparaissent nettement plus fréquemment lors d’indications thérapeutiques (maux cliniques, altération pathologique radiologique) des troisièmes molaires que lors d’extraction prophylactique (AL-KATHEEB et al. 1991), elles sont deux à trois fois plus
fréquentes lors d’ostéotomie que lors d’extraction (OHM 1967,
VAN GOOL et al. 1977). D’autres facteurs d’influence sont l’âge
du patient (HERZ 1982, CHIAPASCO et al. 1995, SIEBERT et al. 1995),
l’étendue du traumatisme opératoire (KLAMMT et al. 1985,
KLAMMT & SCHUBERT 1986) et l’importance de la plaie (GOETZKE
& KLAMMT 1991). Les infections apparaissent nettement plus
fréquemment chez les femmes que chez les hommes (VAN DER
ZWAN et al. 1982, KLAMMT et al. 1985, KLAMMT & SCHUBERT 1986,
EYRICH 1994, COHEN & SIMECEK 1995). Une relation avec la prise
de contraceptifs oraux a été prouvée (SWEET & BUTLER 1978,
CATELLANI et al. 1980, NORDENRAM & GRAVE 1983, KLAMMT et al.
1985, EYRICH 1994, SIEBERT et al. 1995). Les fumeurs sont plus
souvent atteints d’infections (SWEET & BUTLER 1978, SWEET &
BUTLER 1979, KLAMMT et al. 1985, MEECHAN et al. 1988, JONES &
TRIPLETT 1992, LARSEN 1992, EYRICH 1994, SIEBERT et al. 1995).
Une influence du type de malposition des troisièmes molaires
incluses et déplacées sur l’apparition de complications inflammatoires a également été observée (EYRICH 1994); les déplacements verticaux sont plus fréquemment concernés. Une corrélation entre l’infection postopératoire et la durée de l’intervention chirurgicale est différemment évaluée (KLAMMT & SCHUBERT
1986, EYRICH 1994). La technique opératoire et les instruments
chirurgicaux employés pour l’ostéotomie ont également une influence. Grâce à l’emploi de fraises avec refroidissement interne
pour les ostéotomies (KIRSCHNER & MEYER 1975), les complications infectieuses apparaissent plus rarement (TETSCH &
SCHNEIDER 1977). L’expérience du chirurgien a également une
influence sur la fréquence des infections (SISK et al. 1986, LARSEN
1992). Enfin, le type de fermeture de la plaie et le traitement
postopératoire jouent également un rôle sur la fréquence des
infections postopératoires.
Soins postopératoires
Quatre possibilités de fermeture et de soin de la plaie sont discutées dans la littérature: la cicatrisation avec fermeture primaire de la plaie, la cicatrisation semi-fermée avec introduction
d’un drain, la cicatrisation ouverte sur la granulation libre au
moyen de compresses et la cicatrisation non contrôlée, sans soin
de la plaie. La cicatrisation plus rapide par une fermeture primaire est au prix de maux postopératoires nettement plus importants (tuméfaction, douleur, ouverture maximale limitée de
la bouche) et d’une apparition plus fréquente des infections
(MONNIER 1963, PILZ et al. 1973, DUBOIS et al. 1982, SCHROLL
1982, TETSCH & WAGNER 1982, HOLLAND et HINDLE 1984, FREITAG
1985, KRÜGER 19889, AYAD et al. 1995, BRANDES et al. 1995, SIEBERT
et al. 1995). Le traitement semi-fermé par drainage permet
l’écoulement des exsudats de la plaie, qui apparaissent surtout
lors d’une péricoronite survenue avant l’opération (fig. 7). Les
drains sont constitués de languettes de caoutchouc (AYAD et al.
1995) et de bandes de coton enduites de vaseline, avec ou sans
médicament. Des préparations désinfectantes locales et/ou
analgésiques comme l’iodoforme, le chlorophénol camphrémentholé, ou des préparations iodées PVP peuvent être appliquées sur les drains en coton (HAM 1964, TETSCH & WAGNER
1982, SCHWENGER 1995, SAILER & PAJAROLA 1996). Le retrait du
drain fait l’objet de différentes recommandations: il est effectué
entre le premier et le septième jour après l’opération (SCHROLL
1982, TETSCH & WAGNER 1982, KRÜGER 1989, MÜLLER 1990,
REICHART 1995, KIRSCHNER 1996). Concernant le traitement semi-fermé, on trouve des sous-formes de positionnement du
drain (SCHROLL 1982, TETSCH & WAGNER 1982, FRENKEL 1989,
KRÜGER 1989, KREKELER 1995) et de technique de suture (FREITAG
1985, DE BARBANDNER & CATTANEO 1988). Le traitement ouvert
de la plaie après ostéotomie par compresse (SCHMUZIGER 1962,
SAILER & PAJAROLA 1996) présente des complications inflamma-
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toires nettement plus rares que dans le cas d’une fermeture primaire (HELLNER et al. 1995, LOCHER et al. 1995, SAILER & PAJAROLA
1996): les durées de la cicatrisation et du traitement consécutif
sont toutefois prolongées (SCHROLL 1982, KRÜGER 1989, REICHART
1995). En raison du risque de nécrose des lambeaux, d’hémorragie secondaire et d’une cicatrice plus importante, la cicatrisation
non contrôlée, sans soin (SCHOW 1974), semble peut fondée et
n’est plus recommandée aujourd’hui.
actétylsalicylique, d’anesthésique local (PANKHURST et al. 1994)
ou d’éponges de collagène imprégnées de gentamicine (ECKSTEIN et al. 1989) a été indiquée pour les patients ayant une défense immunitaire réduite. L’application intraalvéolaire prophylactique d’acide acétylsalicylique est controversée (NORDENRAM
& BANG 1970), SCHULTE 1971, BIRN 1972b, KESKITALO & PERSSON
1973, KALLENBERGER & MARXER 1977, AHMED et al. 1979).
Facteurs d’influence postopératoires
Possibilités de prévention de l’infection
La littérature décrit différentes préparations et méthodes pour la
prévention des infections postopératoires, certaines d’entre
elles sont citées ici à titre d’exemple.
Certains auteurs favorisent la diminution préopératoire des
micro-organismes dans la cavité buccale par des solutions de
rinçage et des sprays antimicrobiens. Les préparations préférées
sont des solutions à 3% de peroxyde d’hydrogène, des solutions
à 0,01–0,02% de permanganate de potassium, des solutions à
0,1–0,2% de gluconate de chlorhexidine, d’hexetidine et des solutions iodées de polyvinylpyrrolidone (PVP) (EXNER & GREGORI
1984, EXNER et al. 1988, FIELD et al. 1988, HEEG & RIEDIEGER 1988,
SANDIN 1988, KRÜGER 1989, MÜLLER et al. 1989, DGHM 1990,
HEEG & KRAMER 1990, LARSEN 1991, KRAMER et al. 1993,
SCHWENZER 1995, SAILER & PAJAROLA 1996). L’emploi préopératoire de routine d’un antiseptique local dans la cavité buccale est
toutefois controversé (SWEET & MACYNSKI 1985, FILIPPI et al.
1995, WAGNER 1995). La désinfection périorale des lèvres et de la
peau du visage (SAILER & PAJAROLA 1996) n’a aucune influence
sur l’incidence de l’ostéite circonscrite (LOUKOTA 1991), elle est
néanmoins parfois conseillée pour des raisons psychologiques
(WAGNER 1995). Une prise préventive, en une fois, de métronidazole (BARCLAY 1987) ne s’est pas révélée être efficace contre
une infection (RITZAU et al. 1992).
Une prévention efficace et une cicatrisation sans problème requièrent également des conditions techniques opératoires optimales pour une intervention conservatrice et aussi aseptique
que possible. Il faudrait veiller entre autres à l’emploi de milieux
de refroidissement et de rinçage stériles. L’emploi de sérum
physiologique isotonique, stérile ou de solution Ringer a fait ses
preuves. L’emploi d’eau de refroidissement et de rinçage d’unités de traitement contaminées des cabinets dentaires doit être
évité à moins que l’eau ne soit désinfectée à l’ozone (FILIPPI
1999).
La stabilisation du coagulum par exemple par l’apport de petites
éponges de gélatine est parfois recommandée (BORKMANN et al.
1982, FRENKEL 1989, KRÜGER 1989, MÜLLER 1990). L’apparition
d’infections postopératoires est plus fréquente lors de l’application de bandes de collagène que lors d’un traitement consécutif
ouvert (DEHEN et al. 1989). L’application locale de Solcoseryl
dans la plaie après ostéotomie est également indiquée pour la
prévention des infections (SCHATZ et al. 1987). L’emploi local
d’antibiotique (Clindamycine, tétracycline) après l’extraction
chirurgicale des troisièmes molaires de la mandibule est parfois
recommandé comme prévention efficace contre l’infection
(HALL et al. 1971, DAVIS ET AL. 1981, SORENSEN & PREISCH 1987,
BOYNNE 1988, SWANSON 1989, TRIEGER & SCHLAEGEL 1991,
CHAPNIK & DIAMOND 1992), parfois récusé (SCHWENZER 1995).
Des névrites induites par la tétracycline ont été mentionnées
(ZUNIGA & LEIST 1995). Une application intraalvéolaire de 0,2%
de gluconate de chlorhexidine semble développer un certain
effet préventif contre l’infection (FOTOS et al. 1992). L’obturation
intraalvéolaire avec une combinaison de tétracycline, d’acide
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L’évolution postopératoire de la plaie dépend non seulement
des soins mais aussi du comportement postopératoire du patient. Par exemple, un rinçage excessif de la bouche le jour de
l’opération, la fumée et des efforts physiques intensifs peuvent
entraîner la perte du coagulum et par suite une infection. Il faut
donc, les soins mis à part, informer le patient en conséquence.
En général, une thérapie physique pour le soulagement des
maux (douleur, tuméfaction, ouverture limitée de la bouche) et
la prise d’un analgésique sont primordiales après l’opération
(TETSCH & WAGNER 1982, HOTZ 1986). L’application pendant
l’intervention d’Osteoinductal® semble réduire nettement les
tuméfactions et les maux postopératoires (FILIPPI et al. 2000).
Une antibiose systémique générale, postopératoire, est controversée (KUPFER 1995, SAILER & PAJAROLA 1996). Des rinçages de
bouche postopératoires avec du gluconate de chlorhexidine
semblent toutefois réduire l’incidence d’ostéites circonscrites
(RAGNO & SZKUTNIK 1991, BONINE 1995).
Conclusion
L’extraction chirurgicale des troisièmes molaires est une opération classique dans la chirurgie dentaire. Des infections postopératoires, en particulier dans la mandibule, apparaissent
néanmoins nettement plus souvent après ces opérations
qu’après toutes autres interventions chirurgicales dans la
bouche. Ceci explique le large éventail des traitements les plus
divers de la plaie pendant et après l’opération. La présente étude montre également comment certaines propositions thérapeutiques sont controversées. Dans la clinique de chirurgie-,
radiologie- et médecine orale de l’université de Bâle, les extractions des troisièmes molaires sont effectuées après une diminution préopératoire des micro-organismes dans la cavité buccale
par une solution de rinçage antimicrobienne (gluconate de
chlorhexidine) et par une désinfection périorale des lèvres et de
la peau du visage. La plaie est soignée par un traitement semifermé (fig. 8–14). Des bandes de coton avec une pâte iodoforme
(30%) sont appliquées. Le drain est en règle générale retiré le
deuxième jour après l’opération et les points le septième jour. La
médication postopératoire prescrite consiste en un rinçage au
gluconate de chlorhexidine trois fois par jour jusqu’au retrait des
points et en un analgésique. Des études prospectives actuelles
avec ce traitement n’existent pas encore.
Remerciements
Je tiens à remercier la maison d’édition Quintessence de Berlin
pour nous avoir autorisés à présenter les photos des figures 9,
11, 12 et 13 de la publication de FILIPPI et al.: Influence locale sur
la cicatrisation après ostéotomie des troisièmes molaires. Quintessence 51, 337–344 (2000).
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