
4 Actualités de réadaptation cardiaque et de prévention de la maladie cardiovasculaire
au moyen des mesures traditionnelles comme la fréquence
cardiaque de réserve ou un pourcentage de la consommation
maximale d’oxygène parce que nombre de personnes
atteignent une limite respiratoire avant d’être capables
d’atteindre une limite cardiovasculaire réelle en raison d’une
hyperinflation dynamique4,10. On peut surveiller l’intensité et
les symptômes subjectifs au moyen d’échelles de perception
de l’effort et/ou d’échelles de dyspnée. On a démontré que
les personnes atteintes de MPOC sont capables de reproduire
une intensité désirée en visant une cible de dyspnée de 5/10
(« intense ») pendant 10 minutes d’exercice sous-maximal10.
En augmentant l’endurance à l’effort au moyen d’exercice
aérobique, les patients bénéficient d’une qualité de vie accrue
et de réponses physiologiques positives3.
L’American Thoracic Society recommande un entraîne-
ment à une intensité correspondant à 60 à 80 % de
l’effort maximal d’après une épreuve d’effort standard
avec augmentation de la charge11. À l’heure actuelle, les
preuves sont insuffisantes pour recommander de l’exercice
à une intensité presque maximale, mais une étude récente
a révélé que les personnes obtiennent une bonne réponse
cardiovasculaire et musculaire périphérique au moyen
de l’entraînement fractionné (par intervalles); la réponse
optimale s’observe lorsque l’exercice atteint une intensité
maximale ou presque maximale12. Cependant, on n’a pas
étudié les effets cardiaques de l’exercice fractionné en cas de
réduction de l’oxygénation artérielle.
Des recherches récentes ont mis en évidence d’autres
facteurs qui pourraient contribuer aux limitations de
l’aptitude à l’effort dans cette population. La dysfonction
cardiaque et la dysfonction musculaire périphérique sont
deux facteurs qui affectent la capacité d’effort dans la
MPOC4. Les anomalies des muscles squelettiques pourraient
être attribuables à des facteurs systémiques associés aux
MPOC, à la prise de médicaments tels les corticostéroïdes
et/ou au déconditionnement progressif qui se produit à cause
de la dyspnée et de limitations ventilatoires graves3,7. On a
démontré que la force dans les jambes permettait de prédire
la capacité à l’exercice mieux que la fonction pulmonaire13.
Ainsi, l’entraînement musculaire devrait faire partie d’un
programme d’exercice complet de façon à améliorer la
capacité d’effort et la qualité de vie14.
On présente au tableau 2 les lignes directrices de
l’ACSM relativement à l’entraînement musculaire dans cette
population7. L’ACSM privilégie de nombreuses répétitions et
une faible résistance, conformément à ses recommandations
consistant à se concentrer sur l’endurance plutôt que
l’intensité dans cette population. À la lumière des résultats
de recherches récentes décrits ci-dessus sur l’entraînement
fractionné, il peut parfois être bénéfique d’augmenter la
résistance et de diminuer le nombre de répétitions afin
de maintenir un effet d’entraînement tout en réduisant la
dyspnée. On a démontré que, chez des hommes âgés souffrant
de MPOC, l’entraînement musculaire à charge élevée deux
fois par semaine produisait des augmentations significatives
de la force et était bien toléré par les participants14. Toutefois,
il est prudent de commencer tout programme d’exercice à
une faible intensité, comme chez les sujets en bonne santé,
de façon à veiller à ce que les patients utilisent une technique
appropriée, à réduire le risque de douleur musculaire et à
favoriser l’adhésion au programme.
« […] il est important de surveiller la saturation
en oxygène pour s’assurer que le patient ne
souffre pas d’hypoxie marquée durant une
activité intense9. »
Considérations spéciales
Il existe quelques mesures objectives que l’on devrait utiliser
pour surveiller l’état d’un patient durant l’exercice aérobique
et l’entraînement musculaire, ainsi que pour évaluer
l’efficacité du programme. Par exemple, il est important
de surveiller la saturation en oxygène pour s’assurer que
le patient ne souffre pas d’hypoxie marquée durant une
activité intense9. Un apport en oxygène supplémentaire
durant l’exercice peut être bénéfique chez certains patients,
même s’ils ne requièrent pas d’oxygénothérapie à long
terme3. On devrait administrer l’oxygène supplémentaire si
le patient présente une désaturation en oxygène inférieure
à 88 %7,9 en visant à maintenir une saturation > 90 %7.
Bien que la limite acceptée de désaturation en oxygène
chez les patients atteints de MPOC durant les épreuves
d’effort se situe entre 80 et 85 %15, il n’est pas recommandé
de faire régulièrement de l’exercice à un taux de saturation
inférieur à 88 %16. Il peut être approprié de faire l’essai d’une
administration complémentaire d’oxygène chez des patients
non hypoxémiques présentant une dyspnée extrême ou
une capacité à l’exercice gravement réduite durant l’effort,
mais l’administration d’oxygène ne devrait se poursuivre
que si l’on observe une réduction de la dyspnée ou une
augmentation de l’endurance évidentes3.
On peut également diminuer la dyspnée en respirant les
lèvres pincées9. Le fait d’expirer en pinçant les lèvres peut
ralentir la respiration et potentiellement augmenter le volume
courant en évacuant plus d’air accumulé2. Les personnes
qui adoptent spontanément cette technique obtiennent
un soulagement de la dyspnée, mais les personnes à qui
on enseigne cette technique ne trouvent pas toutes qu’elle
soulage leurs symptômes2.
Des pauses peuvent être nécessaires pour atténuer les
symptômes et permettre ainsi la poursuite de l’exercice.