Rencontre avec... Frédéric RIEUX -LAUCAT revenir dans le laboratoire avec cette expertise ». Une interaction très forte avec la clinique F Zoom sur... manifestations auto-immunes est observé chez l’homme. Cependant, dans certaines familles, des porteurs de la mutation ne développent jamais la maladie. En étudiant une sous population lymphocytaire caractéristique de la pathologie, F. Rieux-Laucat et son équipe ont identifié chez les patients, et pas chez les porteurs sains, des événements génétiques somatiques qui affectent le second allèle de FAS, en plus de la mutation héritée (germinale). Cela suggère que les pathologies autoimmunes résultent de l’accumulation de mutations de gènes « suppresseurs d’auto-immunité », et peu probablement s’étendre à d’autres pathologies auto-immunes, comme le diabète de type I. J Clin Invest. Volume 121 Number 1 January 2011. Patience et longueur de temps... Selon F. Rieux-Laucat, le chercheur doit se montrer patient. “Je répète souvent à mes étudiants que le temps de la recherche et celui de la médecine ne sont pas les mêmes, la recherche nécessite de recommencer, d’insister” explique-t-il, “mais nous devons également être impatients pour avancer, être pugnaces. La proximité des cliniciens nous rappelle quotidiennement les difficultés rencontrées pour répondre aux attentes des patients et de leurs familles. Ceci est d’autant plus motivant pour essayer de comprendre les mécanismes à l’origine de ces pathologies et apporter des solutions nouvelles” conclut F. Rieux-Laucat, aussi motivé que les premiers jours de son arrivée dans l’Unité 768, il y a 20 ans. V. Arnaud - Service communication Inserm DR Paris V Janvier 2011 Frédéric Rieux Laucat dirige aujourd’hui une équipe de 5 personnes au sein de l’Unité 768. Depuis son retour de Post-Doctorat, en 1997, il rédéric Rieux Laucat se souvient amusé qu’il étudie les mécanismes qui contrôlent la tolérance souhaitait être dentiste... «J’ai suivi une première au Soi. “Nous étudions différentes situations année de médecine » nous raconte-t-il, «mais, pathologiques pour essayer de comprendre les numérus clausus oblige, je me suis tourné vers la génétique mécanismes fondamentaux impliqués” explique-t-il. et l’immunologie qui m’intéressaient particulièrement». “La grande force de notre laboratoire est sa proximité Il intègre donc un cursus universitaire à la Faculté des avec les médecins et les patients, nous participons sciences de Paris 6 et effectue son doctorat au sein de aux staffs cliniques et les cliniciens sont présents aux l’Unité 132 de l’Inserm, dirigée à l’époque par le Pr réunions scientifiques, nous partons du malade pour Claude Griscelli, puis par Alain Fischer. comprendre les mécanismes fondamentaux et essayer d’apporter un diagnostic plus précis et obtenir de Les débuts de la génétique nouvelles pistes thérapeutiques”. Le laboratoire collabore ainsi avec tous les centres nationaux et Il travaille alors sur l’identification de mutations génétiques à l’origine de déficits immunitaires. européens pour récolter des échantillons sanguins et effectuer les études. “Nous sommes un centre de «Quand j’ai commencé ma thèse, la génétique moléculaire référence pour cette pathologie” précise F. Rieuxbénéficiait tout juste de l’apport de la PCR» se rappelle le chercheur, «il fallait des semaines, voire des mois, pour Laucat. séquencer un gène, là où aujourd’hui, il ne faut que 2 jours!». Il se passionne très vite pour cette thématique “Nous travaillons toujours sur les mutations du gène FAS” poursuit-il, “nous avons d’abord découvert et part en Post-Doctorat avec l’idée de revenir dans que les patients pouvaient porter des mutations le laboratoire. «Juste avant la fin de ma thèse, j’ai mis en germinales, puis des mutations somatiques et plus évidence les premières mutations du gène FAS chez des récemment, nous avons montré que certains patients patients qui présentaient un syndrome lymphoprolifératif avec auto-immunité (ALPS)» explique F. Rieux- Laucat, présentaient également des mutations somatiques associées à des mutations germinales” (voir notre « je suis parti en Post-Doc à Cologne, dans le laboratoire encadré). Cette nouvelle découverte constitue une de Klaus Rajewsky, pour développer un modèle souris et avancée importante dans la compréhension des mécanismes génétiques qui sous-tendent l’autoimmunité et qui ressemblent aux mécanismes Fas est une protéine pouvant médier la mort par impliqués dans la survenue des cancers. Elle apoptose des lymphocytes T humains activés. permettra à termes d’améliorer la prédiction du Lorsque l’apoptose dépendante de Fas ne peut déclenchement de cette maladie. Dans ce but, avoir lieu, en raison de mutations génétiques, l’équipe de F. Rieux-Laucat travaille aussi sur la un syndrome lymphoprolifératif associé à des détermination de marqueurs biologiques prédictifs. Frédéric Rieux-Laucat Frédéric Rieux Laucat est responsable d’équipe au sein de l’Unité Inserm 768, dirigée par le Pr Alain Fischer, et dont le thème de recherche porte sur le “Développement normal et pathologique du système immunitaire”.