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Les PSE ont été retardés pendant la campagne prési-
dentielle : la rumeur a enflé et les statistiques le confir-
meraient, puisque le nombre de plans sociaux déposés
sur les premiers mois de l’année étaient en retrait de
22% (217 PSE) comparé à 2011 (278 PSE), alors que
l’économie ne s’était pas redressée. Certes la rupture
conventionnelle a le vent en poupe, mais tout de
même… Depuis fin avril le nombre d’offres d’emploi
collecté par Pôle Emploi est en baisse, de même que le
nombre de contrats de travail CDD et CDI signés (-7,2%
sur un an) et le nombre d’inscriptions pour licenciement
économique a augmenté de 13,8 %. Les procédures
collectives (redressements judiciaires et liquidations)
sont aussi en hausse. Les syndicats avaient prévenu et
le nouveau ministère du Redressement productif a mis
en place une cellule de crise. Plusieurs dizaines de
milliers d’emplois sont menacés et les annonces de
fermetures de sites s’additionnent, alors que le Premier
ministre veut que le Parlement adopte des mesures
contre les licenciements boursiers et prévoit l’obliga-
tion pour un groupe de céder à un repreneur un site
industriel rentable quand ce groupe envisage de le fermer.
Une compétence spéciale pourrait ainsi être donnée au
tribunal de commerce pour décider d’un repreneur.
Quant aux licenciements dits boursiers, le coût pour
l’entreprise pourrait être réévalué et les possibilités
d’action en justice des salariés améliorées, mais rien de
précis n’est présenté à ce jour, même si des députés
socialistes avaient déposé un projet de loi sous l’ancienne
législature. « Il est indispensable que les
salariés puissent par la loi contrarier la
décision des gestionnaires quand le bien-
fondé économique aux licenciements
n’existe pas », martèle la CGT. Laurence
Parisot pour le Medef tient une position
inverse, affirmant que refuser de revoir
la définition du licenciement économique
alors que l’organisation patronale veut y
inscrire l’amélioration de la compétitivité
(nuance importante avec la sauvegarde
qui induit la notion de survie) revient à « prescrire le
remède lorsqu’il est déjà trop tard. » Chacun appréciera,
mais donner au juge le pouvoir d’apprécier si
les licenciements ne visent que l’accroisse-
ment des profits semble compliqué, quand
on se réfère à la décision de la Cour de cassa-
tion dans l’affaire Vivéo, le 3 mai dernier.
Va-t-on continuer longtemps à cantonner le
juge à n’intervenir que sur des questions de
procédure, quand l’emploi est en jeu ?
Proposition ou projet de loi, le gouverne-
ment hésitait sans doute dans l’attente des
élections législatives pour prendre ou laisser
l’initiative, mais une nouvelle impulsion apparaît
indispensable.
Sur un an, le nombre de demandeurs d’emploi a bondi
de 7,5 % et les 3 millions de personnes sans aucune
activité inscrites à Pôle Emploi seront bientôt atteints.
Au total, avec les demandeurs d’emploi qui ont eu une
activité réduite, le nombre de demandeurs d’emploi
dépasse les 4,3 millions en métropole. La CFDT alerte
sur la nécessité d’un traitement social du chômage, en
insistant sur les jeunes, et des mesures de soutien au
chômage partiel, tandis que FO et la CGT demandent le
rétablissement de l’AER, allocation équivalent retraite.
Alors que la crise contribuait à augmenter le nombre de
chômeurs de plus de 50 ans, le gouvernement Fillon a
supprimé la dispense de recherche d’emploi des plus de
57 ans sans parvenir, en dépit des accords seniors, à
leur permettre un retour ou le maintien dans l’emploi.
SocialCE n°59 Juillet-Août 2012 3938 Juillet-Août 2012 SocialCE n°59
EN COUVERTURE
DOSSIER Enfin du social ?
Nouveauté
ministé-
rielle du
gouverne-
ment de Jean-Marc
Ayrault, le ministère
du Redressement
productif. Un intitulé
inédit qui nous inter-
roge… Dans une
conférence de presse,
Arnaud Montebourg,
premier ministre du
Redressement productif, donc, en a
esquissé les contours : 22 délégués
au redressement productif sur le
territoire, soit un par région, chargé
« d’animer une cellule régionale de
veille et d’alerte précoce, et de soute-
nir les entreprises dans la résolution
de leurs difficultés » pour éviter
qu’elles ne finissent par
passer par la case tribunal.
En somme, un ministère
chargé de prévenir et
d’éviter les plans sociaux
dans les entreprises.
Plus précisément, les com-
pétences et attributions de
ce nouveau ministère sont
exposées dans le Journal
Officiel du 24 mai 2012 :
préparer et mettre en
œuvre « la politique du gou-
vernement en matière d’industrie,
des petites et moyennes entreprises,
d’artisanat, de commerce, de postes
et communications électroniques,
de services, de tourisme et d’innova-
tion.» À cet égard, le ministère du
Redressement productif est censé
participer à la défense et à la promo-
tion de l’emploi dans le secteur
industriel et les services. Il exerce la
tutelle des établissements des
réseaux des chambres de métiers et
de l’artisanat et des chambres de
commerce et d’industrie, ainsi que
les attributions relatives à la création
d’entreprises et à la simplification
des formalités leur incombant. Enfin,
ce nouveau ministère s’attachera à
préparer et à mettre en œuvre la
politique en matière de compétitivité
de l’économie française, d’attractivité
du territoire et de participation,
en prenant part notamment à la défi-
nition de la fiscalité des entreprises
et de la politique de leur finance-
ment… Un projet ambitieux (trop ?),
dont on attend de voir les réalisa-
tions pour y croire.
Par Ciruela Barreto
Ministère du Redressement productif,
un ministère contre les plans sociaux ?
Politique familiale
L’allocation de rentrée scolaire revalorisée de 25%
à la rentrée scolaire 2012 fait partie des promesses
de campagne réalisées immédiatement par décret.
Son financement intervient non pas par la suppres-
sion du quotient familial, comme certains ont
cherché à le faire croire, mais par l’abaissement
du plafond du quotient de 2 300 à 2 000 €, l’objectif
étant de concentrer les effets sur les revenus plus
modestes. Le coup de rabot n’est pas radical,
puisqu’il consiste par exemple à diminuer l’avantage
de 273 € pour une famille de 3 enfants dont le revenu
est de 9 fois le Smic. Ce sont toutefois un million
de foyers qui seront concernés par cet abaissement,
tandis que l’allocation de rentrée scolaire bénéficiera
à 2,8 millions de foyers les plus pauvres.
«Le coût pour
l'entreprise des
licenciements dits
boursiers pourrait
être réévalué et
les possibilités
d'action en justice
améliorées. »
DÉLOCALISATIONS ET
RÉINDUSTRIALISATION
ASSURANCE
CHÔMAGE
Arnaud Montebourg, ministre
du Redressement productif.