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NON-RÉALISATION D’UNE COLOSCOPIE APRÈS UN TEST POSITIF
DE DÉPISTAGE DU CANCER COLORECTAL 253
Santé publique
2008,volume 20,n° 3,pp. 249-257
serait un moyen de prévention ducancer, d’oùlastupeur lorsque le résultat
n’est pascelui présupposé.
Desattentesdifférenciéesen fonction desmédecinsconsultés
Parailleurs,ellesfont une différencedansleurs attentes vis-à-visdu
spécialiste,le gastro-entérologue,etdumédecin généraliste:le spécialiste
est considérécomme un expert,il doitêtrecapable derépondreaux
questionslesplus pointues,laqualitéde larelation semble moins
importante;le généraliste est présentécomme le médiateur entre la
personne-profane [9]etle spécialiste-expert.C’est queconfirme Fernandez[10]
en affirmant« (qu’)en réintégrantdans sespratiques thérapeutiques une
connaissance intime sur lespersonneset sur leur cadredevie,(le médecin
de famille) n’est pasen rupturetotale avecles savoirs et savoir-faire
profanes. (…) (Le médecin généraliste) continueàjouerauprèsdesfamilles
unrôle d’intermédiairevis-à-visdu système desoins». Lerôle attribué par
lesenquêtésaumédecin traitantest essentiel caril doitclarifierles
messagesdu spécialiste pour les rendrecompréhensiblesaupatient.Des
limitesdansla compétencedumédecin généraliste peuventêtre perçueset
exprimées.Lecaséchéant,elles sontcontrebalancéesparlaqualitéde la
relation avecle médecin. Lespatients ont une acceptation différenciée des
rôlesdesmédecins(généralistesetgastro-entérologues)dansle cadredu
dépistage organiséducancercolorectalalors qu’elle n’est ni spécifiée dans
le cahierdescharges,ni demandée parlastructurede gestion. Au vu des
proposéchangésaveclespatients,le médecin généralisteaune double
mission vis-à-visdecesderniers :proposerle dépistage maiségalement
relayerlesmessagesdonnéspasle gastro-entérologue en casdecoloscopie.
Cela dansle but de faciliterl’acceptation desmodalitésdudépistage mais
égalementde gérerlasuitedesévénements lorsque le résultat s’annonce
positif,« l’attentevis-à-visdumédecin de famille est moinslaprise en
charge intégrale et unilatérale de lasanté (…) qu’une capacitéà agiren
conformitéavec desconceptionsetdesnormeslocalesdesanté etdesoins.
Ils’agitlà derespecterle pointdevue profane (…) dansles stratégiesde
soins»[10].
Lesdimensionsaffective et relationnelle comme moteurs danslanon-réalisation de
la coloscopie
Suiteaux entretiens, d’une part aveclespersonnesne souhaitantpas
réaliserdecoloscopie malgréuntest HémoccultII®positif, d’autre part avec
cellesl’ayant réalisé, desdifférences sontapparues.Lespremièresonteu
desexpériencespersonnellesdouloureusesavecle corpsmédical qui lesont
renduesméfiantes(erreurs médicalesetmanquedeconsidération). La perte
deconfiancesetraduitici parlanon réalisation de la coloscopie,malgré la
demandede leur médecin traitantqu’elles sont toutesalléesconsulter.Les
personnesayant refuséderéaliser une coloscopie s’accordent sur le faitque
leur médecin le leur aproposé. Ellesontcependanteul’impression quecette
proposition n’étaitpasinvestie, comme si la coloscopie leur avaitété
proposée parprincipe, de manièreroutinière,sansconviction. Celaentraîne
undouble message perçuparle patient:« faites-le… mais sivous ne le faites
pas, ce n’est pasgrave ». Ces témoignagesexprimentle décalage entre le
discours attenduparlespersonnesetceluidélivré parle médecin, de