175Changement climatique
Chapitre 3 • Section 3.02
« plafonnement » renvoie au nombre restreint total
de quotas que le gouvernement offre annuellement
sur le marché.
En théorie, le coût des quotas augmentera à
mesure que le gouvernement réduira leur nombre
chaque année. Avec le temps, il serait donc plus
économique pour les entreprises de trouver des
moyens de réduire leurs émissions plutôt que
d’acheter des quotas de plus en plus coûteux. De
plus, les entreprises dont les émissions sont infé-
rieures aux quotas attribués pourraient tirer des
revenus en vendant l’excédent sur leurs quotas à
d’autres entreprises qui en ont besoin pour exercer
leurs activités.
Au lieu de mettre en place un régime exclusif à
l’Ontario, la province a l’intention d’intégrer son
régime de plafonnement et d’échange aux régimes
existants du Québec et de la Californie. Par consé-
quent, les entreprises de ces trois administrations
pourront s’échanger des quotas, et une administra-
tion pourra porter à son crédit la réduction d’émis-
sions obtenue par une autre.
Le Ministère a indiqué que le régime de plafon-
nement et d’échange de l’Ontario et les recettes
qu’il génère pour d’autres initiatives seront au coeur
de la lutte de la province contre le changement
climatique. À son avis, l’Ontario est en bonne voie
d’atteindre son objectif de réduire de 15 %, d’ici
2020, les émissions par rapport à celles de 1990.
Les travaux de conception du régime de plafon-
nement et d’échange au-delà de 2020 ne sont pas
terminés, et le Ministère nous a fait savoir que ses
estimations et projections relatives à l’impact du
régime après 2020 sont très préliminaires.
Notre audit a révélé que le régime de plafon-
nement et d’échange produira une petite fraction
seulement de la réduction requise pour atteindre
l’objectif que l’Ontario s’est xé pour 2020. Nos
constatations incluaient ce qui suit :
• Il se peut que moins de 20 % des réduc-
tions requises pour atteindre l’objectif de
2020 xé par la province soient réalisées
en Ontario : Sur la réduction de 18,7 méga-
tonnes (Mt) d’émissions de gaz à effet de
serre, cible xée pour parvenir à l’objectif de
2020, 3,8 Mt (20 %) seulement proviendront
de l’Ontario. De fait, on prévoit que les 80 %
restants—ou près de 14,9 Mt—proviendront
de la Californie et du Québec. Pourtant, l’On-
tario a l’intention de porter à son crédit tant
la réduction de 20 % (3,8 Mt) que celle de
80 % (14,9 Mt), qui sera réalisée à l’extérieur
de la province. Nous constatons que l’Accord
de Paris de 2015 permet à un pays de porter à
son crédit la réduction d’émissions d’un autre
pays, pourvu que les deux gouvernements
fédéraux (p. ex. le Canada et les États-Unis)
aient conclu un accord formel à cet effet. Or,
aucun accord de ce type n’a été conclu à ce
jour. En dernier ressort, la question de savoir
si l’Ontario a atteint une cible particulière sera
fondée sur le Rapport d’inventaire national
établi par le gouvernement fédéral, qui ne
tient pas compte non plus des réductions réali-
sées à l’extérieur de l’Ontario.
• Il est attendu que de faibles diminutions
d’émissions en Ontario engendreront des
coûts substantiels pour les entreprises et
les ménages de l’Ontario : Aux termes du
régime de plafonnement et d’échange conjoint
que la province entend mettre en oeuvre, les
entreprises provinciales devront payer jusqu’à
466 millions de dollars d’ici 2020 pour les
quotas du Québec et de la Californie. D’après
les estimations préliminaires de 2015 de la
province qui ont servi à orienter la conception
du régime, cette somme pourrait atteindre
2,2 milliards en 2030—tous ces fonds ne
seront pas réinvestis dans l’économie onta-
rienne. Si les initiatives décrites dans le Plan
d’action de l’Ontario contre le changement
climatique parviennent à réduire les émissions
à long terme, cette somme pourrait être
moins élevée. Par ailleurs, on prévoit que
les ménages et les entreprises de l’Ontario
devront verser environ 8 milliards de dollars
de plus au gouvernement provincial sur
quatre ans, à compter de 2017, pour les com-