
Médecine du Maghreb 1996 n°60
Auteurs Nb de cas Délais moyens (en mois)
Angeras (3) 11 6
Huguier (7) 17 4,5
Pack (9) 20 8
Notre série 2 6,5
Les signes révélateurs sont dominés par les manifestations
proctologiques (tableau 2).
La constatation par le patient d’adénopathies inguinales
n’est pas rare (7 fois sur 49 dans le travail de stearns) (11).
Tableau 2 : Signes fonctionnels et généraux rapportés
par PYPER (14 patients), CHIU (34 patients),
notre série (2 patients)
Signes cliniques Pyper (10) CHIU (6) Notre série
Rectorragies 12 (85,7%) 24 (70%) 2 (100%)
Constipation 7 (50%) 10 (29%) 0
Douleurs anales 6 (42,8%) 16 (47%) 2 (100%)
Masse 4 (28,5%) 13 (38%) 1 (50%)
Amaigrissement 4 (28,5%) 2 (6%) 1 (50%)
Macroscopiquement ; l’aspect habituellement observé du
MMAR est celui d’une tumeur végétante souvent polypoï-
de et dure. Le siège le plus fréquent est la partie haute du
canal anal, le pôle inférieur arrivant à la ligne pectinée, le
pôle supérieur s’étendant au bas rectum. La taille de la
tumeur varie de quelques millimètres à plusieurs centimè-
tres (2) (dans notre série, elle atteignait respectivement 10
et 4 centimètres).
Rarement il envahit toute la circonférence et devient sté-
nosant (observation 1), le plus souvent il s’étend dans le
rectum (observation 2), ou s’extériorise par l’orifice anal
sous forme d’une masse bourgeonnante (observation 1).
L’aspect macroscopique de la lésion permet dans la majo-
rité des cas d’évoquer hautement le diagnostic du MM.
Toutefois une thrombose hémorroïdaire ou un prolapsus
étranglé peuvent poser dans certains cas quelques diff i -
cultés diagnostic. Par ailleurs, l’absence de pigmentation
peut faire méconnaître l’éventualité d’un MM devant
n’importe quelle lésion bourgeonnante ano-rectale. Dans
tous les cas, le diagnostic ne peut être qu’histopathologi-
que. Cependant, la biopsie comporte un risque, elle est
considérée comme traumatisante donnant un coup de fouet
à l’évolution de la tumeur; Ce qui explique qu’un certain
nombre d’auteurs ont proposé un cytodiagnostic par racla-
ge ou par ponction de toutes les tumeurs brunâtres (8).
L’extension du MMAR se fait de proche en proche, mais
aussi par voie lymphatique et sanguine. Ainsi, il est habi-
tuel de distinguer les stades I (lésion limitée au canal anal),
II (présence de métastases viscérales essentiellement le
foie, le poumon, le cerveau et l’os) (2). D’une façon géné-
rale, le pronostic du MM cutané dépend essentiellement de
l’épaisseur de la tumeur (5).
C’est ainsi que pour une certaine épaisseur inférieure à
0,75 mm il n’y a aucune métastase, par contre ce pour-
centage atteint 84% pour une lésion de plus de 3 mm
d ’ é p a i s s e u r. Or les MM de la région anale sont habituel-
lement découverts très tardivement, ceci explique l’échec
thérapeutique dans la mesure où l’on est, lors du diagnostic
initial devant une lésion déjà dépassée.
Les moyens thérapeutiques sont représentés essentielle-
ment par la chirurgie. L’acte le plus réalisé est l’amputation
abdomino-périnéale (AAP) avec curage ganglionnaire
inguinal et pelvien. D’autres thérapeutiques ont été
essayées (chimiothérapie, radiothérapie, immunothérapie),
mais leurs résultats restent décevants.
La plupart des séries de la littérature font surtout état de
traitements chirurgicaux : HUGUIER et LUBOINSKI (7)
ont rapporté 17 malades, avec une survie moyenne de 14
mois ; 4 malades étaient en vie plus de 36 mois après le
traitement, 2 patients traités par irradiation seule ont sur-
vécu 6 et 19 mois. BOLIVAR et Coll. (4) ont présenté deux
observations avec des survies de 4 et 5 ans après A.A.P.
Dans la série de 36 patients de WANEBO et Coll (12), la
médiane de survie était de 21 mois après exérèse localisée
et de 7 à 14 mois en cas d’A.A.P.
CONCLUSION
Les MMAR sont des tumeurs rares. Malgré leur aspect
macroscopique caractéristique, leur diagnostic est généra-
lement tardivement porté. Leur pronostic reste redoutable
surtout lié à l’évolution métastatique. La chirurgie reste la
principale arme thérapeutique.
LES MÉLANOMES ANO-RECTAUX… 17