Les cônes ont des techniques de chasse très particulières et très
intéressantes à connaître. Elles se déroulent en deux phases successives :
- Tout d'abord le repérage de la proie : Il se fait par chimiotactisme, c'est à dire
par analyse des molécules chimiques ou phéromones libérées dans l'eau par la proie
et par détection des vibrations que sa présence provoque.
- Vient ensuite le choix d'une stratégie de capture. Les cônes piscivores en
chasse ont toujours deux possibilités à leur disposition pour capturer leur proie.
* La première consiste à libérer dans l'eau des toxines anesthésiantes
pour réduire la capacité de réaction du poisson convoité et provoquer chez lui un
''sleeping syndrome''. Ainsi une fois endormi, il pourra être aisément approché puis
enveloppé comme dans un filet par le proboscis évasé à cette occasion, piqué par une
dent radulaire venimeuse, tué par effet du venin, avalé et finalement digéré.
* La deuxième technique consiste à viser et harponner le poisson avec
une fléchette radulaire empoisonnée pour le paralyser et à l'amener ensuite en bouche.
Avant le déclenchement de l'attaque, le proboscis se protracte, c'est à dire sort de la
coquille et s'allonge d'une longueur parfois égale à celle du coquillage. Cette action
provoque, par à un mécanisme de bascule encore mal défini, l'engagement d'une dent
radulaire dans la lumière de cette arme improvisée. La dent au départ non venimeuse
est enduite au même instant de venin issu du canal glandulaire, par contraction du sac
musculo-glandulaire, faisant fonction de pompe à éjection. La ''sarbacane'' étant
''armée'', il ne reste plus pour le cône qu'à orienter le proboscis vers la proie choisie et
à déclencher le tir. La distance de tir peut aller jusqu'à 10 cm. Une fois tirée la dent
est définitivement perdue et il faut au cône harponneur un temps de latence et de
récupération de 6 heures environ avant de pouvoir opérer un nouveau tir.
Le venin des cônes est particulièrement puissant et entraîne la
paralysie et la mort de l'animal cible en quelques secondes seulement.
Les études physico-chimiques de ces venins ont montré qu'ils contenaient une grande
diversité de substances actives, en plus de toxines spécifiques appelées conotoxines.
On en a isolé huit différentes, chacune ayant une action spécifique et complémentaire
à un niveau donné de la transmission neuro-musculaire.
Qu'en est-il chez l'homme piqué par un cône ?
Les effets sont en fait variables selon l'espèce en cause. Ils vont
de la simple douleur, sans autre anomalie associée, à des signes cliniques majeurs et à
la mort du blessé. Ce qui est important également, c'est la taille de la dent radulaire.
Plus elle est longue, plus l'envenimation est grave. ce qui paraît logique, car la
quantité de venin transportée est plus importante sur une dent longue que sur une dent
courte. Ainsi, pour une espèce dangereuse donnée, plus le coquillage est grand, plus
le risque est élevé.
Cliniquement après une piqûre, la douleur est toujours présente
mais d'intensité variable, accompagnée de signes inflammatoires locaux. Des troubles
neurologiques peuvent survenir, à type de fourmillements, de paralysies des muscles
oculaires, de la voix, de la déglutition et des membres avec parfois dans les formes
les plus graves, heureusement rares, une paralysie des muscles respiratoires, un arrêt
cardiaque et la mort en 1 à 3 Heures. Il n'y a pas de sérum spécifique contre le venin
des cônes et le traitement reste symptomatique. Nous l'envisagerons dans un chapitre
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