
Le régime juridique de la responsabilité n’est pas
uniforme en droit français. Les procédures et les
juridictions sont différentes selon que le médecin
exerce en secteur privé ou en secteur public et selon
que le patient souhaite obtenir une indemnisation ou
une sanction du praticien.
• Si vous exercez en libéral et que le patient
recherche une indemnisation, vous pourriez
voir votre responsabilité civile recherchée. Cette
responsabilité est appréciée par les juridictions
civiles de l’ordre judiciaire, à savoir :
1. le Tribunal de grande instance (TGI), en
première instance,
2. la Cour d’appel, en cas d’appel,
3. la Cour de cassation (chambres civiles),
en dernier ressort. Soulignons que la
compétence de la Cour de cassation se
limite à l’appréciation des règles de droit
appliquées et non aux faits.
Le délai de prescription (délai pendant lequel
peuvent s’exercer les poursuites) est de dix
ans à compter de la date de consolidation du
dommage.
La sanction réside dans la condamnation à
verser des dommages et intérêts au patient,
qui seront pris en charge par l’assureur en
responsabilité civile professionnelle (RCP).
• Si vous exercez en secteur public et que le
patient recherche une indemnisation, c’est la
responsabilité administrative de l’hôpital qui
sera recherchée. La responsabilité de l’hôpital
est appréciée par les juridictions administratives,
à savoir :
1. le Tribunal administratif, en première instance,
2. la Cour administrative d’appel, en cas d’appel,
3. le Conseil d’Etat, en dernier ressort. Comme
la Cour de cassation, le Conseil d’Etat ne
juge pas les faits. Il étudie seulement le point
de savoir si les juridictions de fond (Tribunal
administratif et Cour administrative d’appel)
ont bien appliqué le droit, sans examiner le
fond de l’affaire.
La responsabilité civile d’un médecin hospitalier
peut être engagée s’il commet une « faute
détachable du service » (c’est-à-dire, selon la
Cour de cassation, « une faute d’une gravité
certaine » [Cour de cassation, Première Chambre
civile, 21 octobre 1997] ou qui constitue « un
manquement inexcusable à ses obligations
d’ordre professionnel et déontologique » [Cour
de cassation, Chambre criminelle, 25 mai
1982]).
Le délai de prescription et la sanction sont
identiques à ceux de la responsabilité civile.
• Par ailleurs, quel que soit votre mode d’exercice
et si le patient recherche une sanction à votre
encontre, vous pouvez voir votre responsabilité
pénale et/ou disciplinaire engagée(s).
––En matière pénale (délits), la responsabilité
est appréciée par les juridictions de l’ordre
judiciaire, à savoir :
1. le Tribunal correctionnel, en première
instance,
2. la Cour d’appel, en cas d’appel,
3. la Cour de cassation (chambre criminelle).
Le délai de prescription est de trois ans (délits).
La sanction peut consister à la condamnation
à une peine d’emprisonnement avec ou sans
sursis et/ou à une peine d’amende qui n’est pas
prise en charge par l’assureur en RCP.
––En matière disciplinaire, la responsabilité
est appréciée par les juridictions ordinales,
à savoir :
1. la Chambre disciplinaire de première instance,
2. la Chambre disciplinaire nationale, en cas
d’appel,
3. le Conseil d’Etat.
En matière disciplinaire, il n’existe aucun délai
de prescription, l’action étant imprescriptible.
Quant à la sanction, elle peut aller de
l’avertissement à la radiation en passant par le
blâme ou la peine de l’interdiction d’exercer la
médecine avec ou sans sursis.
Ces différentes responsabilités ne sont pas exclusives
des unes des autres, la recherche d’un cumul de
responsabilités étant possible.
Différences entre responsabilité civile, administrative, ordinale
et pénale
Danièle Ganem-Chabenet, Avocat au Barreau de Paris
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Rédaction achevée au mois de novembre 2014. Textes sujets à
d’éventuelles modifications, notamment d’ordre légal, réglementaire
ou jurisprudentiel.
La Tribune juridique du radioLogue
est une lettre d’information
professionnelle destinée aux radiologues hospitaliers et
libéraux. Les informations qui y sont contenues ont un caractère
général et ne sauraient répondre aux questions relevant de
situations particulières ni engager la responsabilité de Guerbet.
Ces dernières seront examinées au mieux dans le cadre de
la consultation d’un expert habilité, membre d’une profession
juridique réglementée. Les textes publiés dans la Tribune juridique
du radiologue sont l’expression de l’opinion personnelle de leurs
auteurs.
direcTeur de La pubLicaTion :
Jean-Luc Balança -
direcTeur de La rédacTion :
Dr François Prieur -
onT parTicipé à La rédacTion de ce numéro :
Denis
Benayoun, Avocat au Barreau de Toulouse, spécialiste en Droit du
Dommage Corporel et en Droit de la Santé ; Audrey Bronkhorst,
Avocat au Barreau de Lyon ; Danièle Ganem-Chabenet, Avocat au
Barreau de Paris ; Philippe Jalley, Avocat au Barreau de Meaux ;
Laure Soulier, Avocat au Barreau de Paris, Cabinet Auber.
: Docteur Frédéric Plagnol, Radiologue -
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