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l'existence d'entrepreneurs attentifs aux carences et aux opportunités du marché
beaucoup plus qu'à une politique industrielle volontariste de l'Etat. Nous pouvons citer, à
titre d'exemple, l'industrie de l'ameublement qui, dans les années soixante-dix, a connu
un essor important. La réussite de cette industrie, qui, certes, avait bénéficié d’avantages
douaniers accordés par l'Etat, est surtout le fruit d'une imagination et d'une ouverture
d'esprit de l'entrepreneur libanais. Il serait intéressant de noter que le Liban a entamé
précocement le passage à
l'économie tertiaire.
En effet, le capitalisme et l'entrepreneur libanais sont tournés essentiellement vers les
métiers des services sans pour autant négliger l'industrie qui représentait une part
importante du PIB à
la veille de la guerre. Il y a un courant de pensée au Liban qui critique
constamment l'orientation économique du pays en accusant le capitalisme libanais de ne
pas s'intéresser suffisamment aux métiers de production, en l'occurrence l'industrie.
Cette critique du capitalisme libanais qui peut parfois paraître justifiée, mérite d'être
analysée avec une argumentation sérieuse.
Le capitalisme libanais, qui est un capitalisme spécifique d'un petit pays situé dans un
contexte géopolitique déterminé, s'est développé de manière à permettre à l'entrepreneur
de courir le minimum de risque. Le Liban grâce à son système ouvert, s'en sort beaucoup
mieux que les pays qui étaient dans la même situation que lui. A la différence d'autres
pays, dont l'économie repose sur un ou deux produits, que ce soit dans les matières
premières (pétrole, minerai, ...) ou dans la production industrielle, le Liban a pu, grâce à la
liberté et à l'initiative privée, éviter la concentration de sa production nationale dans un
seul secteur. En effet, la prédominance des services et le rôle de l'entrepreneur privé ont
permis l'existence d'une hétérogénéité au niveau de la production économique qui s'est
avérée être une source de souplesse car le secteur des services au Liban est diversifié et
englobe la finance, le commerce, le commerce triangulaire, la distribution, le tourisme et
autres services.
Dans son livre 'L'Aventure de la Liberté'
, André CHAIB souligne que la finance est d'une
grande malléabilité et peut s'adapter aux situations les plus difficiles. La guerre du Liban
CHAIB, André, L
'aventure
de la
liberté ; E
ssai sur le libéralisme économique au Liban, Bevrouth :
Publishing and marketing house, cop., 1983, 103 p., p. 29