marquée, un recours aux systèmes
de soins plus important et une
consommation médicale accrue. Le
risque suicidaire ainsi que les addic-
tions sont augmentés. Enfin, la quali-
té de la réponse thérapeutique est
moindre.
La péjoration du pronostic du trouble
anxieux semble liée à la comorbidité
dépressive. Une étude de Van Bal-
kom et coll. [9] a montré que les pa-
tients souffrant d’un trouble anxieux
pur ou comorbide d’un autre trouble
anxieux ont un meilleur pronostic
que les patients souffrant d’un
trouble anxieux avec comorbidité
dépressive. La comorbidité dépressi-
ve a donc un impact sur le pronostic
du trouble anxieux (fig. 2).
STRATÉGIE THÉRAPEUTIQUE
DEVANT UNE DÉPRESSION
MAJEURE COMORBIDE
Dans la majorité des cas, les patients
consultent pour des symptômes dé-
pressifs et l’évaluation révèle l’exis-
tence d’un trouble anxieux.
Classiquement, les recommandations
de prise en charge sont les suivantes :
–adopter une stratégie séquentielle ;
–traiter la dépression par une psy-
chothérapie associée ou non à un
traitement médicamenteux en fonc-
tion de la sévérité de l’épisode ;
–réévaluer l’état clinique et la
symptomatologie anxieuse après dis-
parition du syndrome dépressif. En
effet les symptômes anxieux peu-
vent appartenir au tableau dépressif
et les traitements proposés dans le
cadre d’une prise en charge du
trouble dépressif auront aussi une ef-
ficacité sur le trouble anxieux ;
–traiter la symptomatologie rési-
duelle de la dépression (troubles du
sommeil, troubles de la concentra-
tion, fatigue) car elle entraîne une al-
tération de la qualité de vie et un
moins bon pronostic (risque accru de
rechute, de récurrence, de suicide,
de survenue de maladie cardiovascu-
laire). C’est pourquoi il est parfois
nécessaire d’augmenter les posolo-
gies d’antidépresseurs, de réaliser
une association médicamenteuse
et/ou de mettre en place une prise
en charge psychothérapique en fonc-
tion de la nature des symptômes ré-
siduels.
Face à la double efficacité des traite-
ments (médicaments et psychothé-
rapie) à la fois sur le trouble anxieux
et dépressif, ne serait-il pas plus per-
tinent de prendre en compte la co-
morbidité d’emblée dans le choix de
la prise en charge ?
Quelles sont les données
concernant les traitements
antidépresseurs
et les benzodiazépines ?
Une étude de Silverstone et coll. (7)
a mis en évidence l’efficacité d’un
traitement médicamenteux par ven-
lafaxine chez des patients souffrant
d’un trouble dépressif majeur avec
anxiété généralisée comorbide à
12 semaines. Le délai d’action est al-
longé chez les patients porteurs
d’une comorbidité anxieuse par rap-
port aux patients non comorbides,
aussi bien sur l’anxiété que sur la dé-
pression (fig. 3).
Les benzodiazépines ont montré leur
efficacité dans le traitement des
symptômes anxieux, plus précisé-
ment dans le TAG, parfois en mono-
thérapie. Mais leur prise n’est pas
dénuée d’inconvénients. En re-
vanche, ces molécules ne sont abso-
lument pas recommandées en mo-
nothérapie dans la dépression. Dans
ce cas, elles ne sont utilisées qu’en
association avec un antidépresseur.
Une revue de Dunlop et coll. (2) a
rapporté certains avantages à la
prescription de benzodiazépines en
association avec un antidépresseur
en cas de comorbidité dépression-
anxiété:
–contrôle plus rapide de certains
symptômes anxieux (attaques de pa-
nique, tension permanente) ;
–diminution de l’anxiété ou de l’agi-
tation induite par l’introduction des
ISRS ;
–amélioration de l’observance au
traitement antidépresseur ;
–amélioration du contrôle des phé-
nomènes anxieux épisodiques ou si-
tuationnels ;
–elles permettraient peut-être
d’améliorer l’observance du traite-
ment antidépresseur
Mais ces effets sont à contrebalancer
avec certains inconvénients : effets
D. Capdevielle L’Encéphale (2009) Hors-série 3, S37-S41
S 38
La dépression : des pratiques aux théories 11
3 mois 6 mois 12 mois
0 %
10 %
20 %
30 %
40 %
50 %
60 %
% rémission
Pas de comorbidité
n = 65
Comorbidité parmi
des troubles anxieux
n = 56
Comorbidité avec
troubles de l’humeur
n = 18
FIG. 2. —La comorbidité dépressive et non anxieuse est un facteur prédictif
d’une évolution péjorative du trouble anxieux
(selon les scores à l’échelle Spielberger State-Trait Anxiety Inventory) (9).