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Rev. Col. Odonto-Stomatol. Afr. Chir. Maxillo-fac., Vol. 13, n° 1, 2006, pp. 5-10
Prise en charge des acouphènes à Abidjan
Quant à MEYER58, à la suite d’une étude
multicentrique réalisée en milieu urbain par les
spécialistes ORL et portant sur 259 observations
d’acouphènes récents, il nous a permis d’établir
le portrait type d’un patient porteur d’un
acouphène en France.
C’est un sujet âgé d’une cinquantaine d’an-
nées, c’est plus fréquemment un homme qu’une
femme, souvent inactif non fumeur, ne buvant
pas. L’acouphène est une fois sur quatre secon-
daire à un traumatisme sonore et s’accompa-
gne fréquemment d’une hypoacousie de percep-
tion mais rarement de vertiges permanents,
défini plus comme un sifflement que comme un
bourdonnement, et datant de plus de trois mois
non rythmé, de tonalité unique. Il est également
unilatéral, d’intensité moyenne, responsable
d’une gêne modérée et s’accompagne d’une
légère anxiété. Une fois sur deux l’intensité et
la gêne ressentie augmente lors d’un effort,
d’une émotion ou d’un bruit.
II.3- SUR LE PLAN CLINIQUE
Les examens paracliniques ont été assez peu
demandées par manque d’indications à la suite
de l’investigation clinique (interrogatoire et
examen clinique).
Cependant, beaucoup d’entre eux ne se
font pas dans nos structures par absence du
matériels : par exemple, les enregistrements des
potentiels évoqués auditifs du tronc cérébral.
Celui-ci permet la localisation objective du siège
périphérique central d’un acouphène subjectif,
et le contrôle de l’efficacité d’un traitement.
La fibroscopie nasale, dans le cas des
mycolonies vélaires (acouphène objectif), permet
de visualiser au niveau du rhinopharynx les
mouvements rythmés d’ouverture et de
fermeture des orifices tubaires en période de
crise. Quant à l’audiométrie, elle est évoquée
au niveau de l’état d’acuité auditive.
Souvent un bilan biologique a été demandé
mais il n’a pas donné d’informations significa-
tives dans nos cas : (glycémie, azotémie,
créatininémie, uricémie) et bactériologique : BW
(VDRL, TPHA).
Ici se pose la question des techniques
d’évaluation objectives d’un phénomène
hautement subjectif (cas des acouphènes
subjectifs) pour le moment. L’intérêt de cette
précaution est aussi bien pour l’évaluation de
thérapeutiques que pour valider les modèles
animaux, ou encore, dans un domaine un peu
différent, pour les problèmes médico-légaux posés
sur les acouphènes d’origine professionnelle.
II.4- SUR LE PLAN THERAPEUTIQUE
D’après M. PAUL PIAILOUX 14, l’acouphène est
un phénomène particulièrement difficile non
seulement dans son explication pathogénique,
mais aussi dans sa thérapeutique.
Malgré ces difficultés, certaines approches
thérapeutiques sont explorées. Ainsi dans notre
travail, après avoir reçu et traité nos patients
en fonction des bilans clinique et paraclinique,
nous avons utilisé ces différents médicaments :
1) l’extrait de Ginkgo de biloba ou EGB 761
(Tanakan*), 25 cas (24%) d’évolution favorable.
2) La trimétazidine (Vastarel*) 26 cas (23,08%)
d’évolution favorable,
3) L’association de l’Almitrine et la Raubasine
(Duxil*) ; 6 cas (0%) d’évolution favorable,
4) L’association Antibiotique anti inflamma-
toire 18 cas (22,22%) d’évolution favorable,
5) Autres traitements (complexe vitaminique,
anti-biotique et anti- inflammatoire sous forme
de gouttes auriculaires, anxiolytique, ponction
lavage des sinus, lavage d’oreilles) 18 cas
(27,78%) d’évolution favorable,
6) Abstention thérapeutique (7 cas, 14,28%)
d’évolution favorable : ceci s’explique par le fait
que parfois, il s’agit d’effet secondaire réversible
au traitement par les sels de quinine (traitement
du paludisme.
Le Tanakan* et le Vastarel* donnent des résul-
tats satisfaisants respectivement dans un quart
des cas.
Enfin, la littérature nous rapporte ce cas de
traitement d’un acouphène objectif : myoclonies
vélaires. L’injection de toxine boutulinique peut
être proposée en cas de myoclonies vélaires avec
acouphène, quand le traitement médical est inef-
ficace. La toxine botulinique a l’avantage d’être
bien toléré ; son effet est réversible, et surtout
c’est un traitement non mutilant.
II.5- SUR LE PLAN DE L’EVOLUTION
Cette évolution est difficile à apprécier car
nous avons noté que 74% des patients ne sont
pas revenus pour les contrôles.
Cette dépréciation est aussi liée à la
fermeture du service de l’hôpital pour travaux
de réfection après l’étude. Il faut reconnaître que
bien souvent, les patients ne daignent pas venir
voir le médecin.
On peut estimer qu’ils sont soit satisfaits, soit
qu’ils ne voient pas d’améliorations et vont
consulter ailleurs. Quoiqu’il en soit, nous obtenons
22% de bons résultats signalés contre 4% d’échecs.