PRISE EN CHARGE DES ACOUPHENES A ABIDJAN ADJOUA R.P., KOFFI-N’GUESSAN L., TEA Z.B, CHATIGRE K.R., N’GOUAN J.M. Service ORL et Chirurgie Cervico-Faciale, CHU de Cocody Correspondance : Pr ADJOUA R.P. 25 BP 701 Abidjan 25 Côte d’Ivoire Courriel : [email protected] : RESUME C’est une étude prospective sur la prise en charge de 100 patients reçus dans le service d’O.R.L. du C.H.U. de Cocody, et présentant des acouphènes. Les acouphènes sont relativement fréquents, avec une incidence de 80 nouveaux cas en consultation par an, soit une prévalence de 4%, avec légèrement plus de femmes que d’hommes et une prédominance d’adultes jeunes entre 21 et 40 ans de niveau socio- professionnel modeste. Les antécédents pathologiques sont surtout des affections rhinopharyngées et otologiques, mais aussi des pathologies générales. L’étiologie est souvent polymorphe et difficile à mettre en évidence. Dans 68% des cas, on note une prédominance des atteintes de l’oreille moyenne. L’audiométrie demandée dans 63% des cas, révèle 34% de surdité (perception, transmission ou mixte). Le traitement est étiologique mais le plus souvent, à défaut d’étiologie évidente, on se contente d’un traitement symptomatique vaso- régulateur. Le suivi post-thérapeutique est incertain, car la plupart des patients ne reviennent pas au contrôle. MOTS-CLÉS : ACOUPHÈNE, OREILLE, TRAITEMENT SUMMARY It is a prospective survey on the handling of 100 patients received in the service of O.R.L. of the UNIVERSITY HOSPITAL of Cocody, and presenting some acouphènes. The acouphènes is relatively frequent, with an impact of 80 new cases in consultation per year, either a prévalence of 4%, with slightly more women than of men and a predominance of young adults between 21 and 40 years of level socio - modest professional. The pathological antecedents are especially affections rhinopharyngées and otologic, but also of the general pathologies. The etiology is often polymorphous and difficult to put in evidence. In 68% of the cases, one notes a predominance of the attacks of the middle ear. The audiometry asked in 63% of the cases, reveal 34% of deafness (perception, transmission or mixed). The treatment is etiologic but the most often, for lack of obvious etiology, one is content with a treatment symptomatic vaso - regulating. The post-therapeutic follow-up is uncertain, because most patients don’t come back to the control. KEY WORDS : ACOUPHÈNE, EAR, TREATMENT ADJOUA R.P., KOFFI-N’GUESSAN L., TEA Z.B, CHATIGRE K.R., N’GOUAN J.M. INTRODUCTION L’acouphène se définit comme une perception sonore localisée dans une ou les deux oreilles ou encore à l’intérieur du crâne sans qu’une vibration sonore ne parvienne à l’appareil auditif par voie externe. L’acouphène est un symptôme qui provoque une gêne chez certains patients, et peut être même invalidante. Il survient surtout chez le sujet de la cinquantaine dans 70% des cas avec une prédominance masculine, et touche 17% de la population citadine. La prise en charge de l’acouphène en Côte d’Ivoire, se heurte à de nombreux problèmes. C’est donc dans le but d’une meilleure connaissance de cette symptomatologie dans le contexte ivoirien, que nous entreprenons ce travail. Nos objectifs sont : - d’analyser l’épidémiologie de ces acouphènes, - d’écrire leurs différents aspects cliniques et de - recenser des attitudes thérapeutiques susceptibles de soulager les patients par apport à notre contexte. I- MATERIELS ET METHODES D’ETUDE Notre travail est une étude prospective ayant porté sur 100 cas d’acouphènes observés en 15 mois adressés par des médecins des formations sanitaires d’Abidjan. II- RESULTATS ET DISCUSSION II.1- SUR LE PLAN ÉPIDÉMIOLOGIQUE II.1.1 La fréquence Les cas d’acouphènes observés, représentent 4% de nos consultations pour la même période. Les chiffres semblent plus importants en Europe et aux USA. En effet, MEYER et CHABOLLE 11 rapportent les résultats d’une importante étude épidémiologique menée par COLES (1981) en Grande Bretagne qui révèle que 17% de la population adulte citadine présente des acouphènes permanents. Dans le rapport du 4ème séminaire international consacré aux acouphènes, BERTRAND GEOFFRAY 5 précise que 15% de la population adulte française peut décrire la présence d’acouphène durant plusieurs minutes. ABRAHAM SHULMAN 1 affirme que 10 à 17% d’américains et 11 à 18% d’américaines présentent des acouphènes de courte durée. © EDUCI 2006 II.1.2 Le sexe Dans notre étude, nous relevons une légère dominance féminine (55% F / 45% H ). Dans la littérature les avis sont partagés. Une prédominance féminine se retrouve dans les travaux de VON WEDEL M. 15 et cela entre 31 et 60 ans de façon progressive. GRIGNARD-BOURDUT G.7 trouvent une légère prédominance masculine à 56%, ainsi que MEYER 12 à 53%, et GERSDORFF6 à 58% II.1.3 L’âge La moyenne d’âge de nos patients est de 37 ans avec des extrêmes allant de 16 à 78 ans. Ils sont plus jeunes que dans les séries retrouvées dans la littérature. En effet, sur 1448 patients en France, 66% des sujets ont moins de 60 ans, contre 91% dans notre étude. Une étude bruxelloise [6] trouve comme âge moyen 50 ans ; le plus jeune ayant 19 ans et l’âge le plus avancé étant de 74 ans. ABRAHAM SHULMAN 1 de l’Université de Brooklyn à New York aux Etats Unis, relève dans son livre sur les acouphènes1 intitulé : «TINNITUS Diagnostic/Traitement », que la prévalence des acouphènes augmente avec l’âge et indépendamment de l’exposition professionnelle au bruit. II.1.4 La profession Dans notre étude, toutes les couches socioprofessionnelles sont intéressées, mais nous constatons une prédominance des ménagères ou femmes au foyer (24%) suivies par les élèves et étudiants (20%). Cette prédominance pourrait s’expliquer par leur nombre important dans la population générale. Il n’est pas formellement établi que certains corps de métiers soient sujets aux acouphènes, mais le bruit est souvent évoqué selon ABRAHAM SHULMAN1. II.2- SUR LE PLAN CLINIQUE Le caractère universel des acouphènes a été démontré par HELLER et BERGMAN en 19538 . Nous avons tous nos acouphènes, si le bruit extérieur est suffisamment réduit. Et malgré tout, la vaste majorité ne s’en plaint pas. Plusieurs études ont confirmé que ceci n’est pas lié en premier lieu aux aspects psycho-acoustiques (fréquence ou intensité, masquabilité) des acouphènes, ni au fait que les patients soient plus névrosés que ceux qui ne se plaignent pas, bien qu’une corrélation ait été trouvée entre le degré de gêne et le niveau de névrose dans un échantillon souffrant d’acouphènes. -6- Prise en charge des acouphènes à Abidjan L’étude de MEIKLE10 a mis en évidence que c’est avec le manque de sommeil, de concentration et la perturbation des rapports sociaux que l’évaluation individuelle de la sévérité des acouphènes correspond le mieux. II.2.1 Le délai de consultation Il se situe en général au- delà de deux semaines. Le patient se donne un certain temps pendant lequel il pense voir disparaître son acouphène. Ainsi, c’est devant sa persistance qu’il se décide à consulter un médecin. Quelques fois, il est préoccupé par des symptômes plus bruyants comme les vertiges et/ou les otalgies. II.2.2 Les circonstances de survenue Elles sont complexes et variées. Il est à retenir que dans 83% des cas, elles ne sont pas précisées. II.2.3 Le siège La localisation bilatérale est dominante avec 47% des cas. Elle est situé à gauche dans 36% des cas contre 17% à droite. Les auteurs comme MEYER12 font le même constat. Il est rapporté par AXELSON 2, les résultats suivants : oreille gauche 55,5%, oreille droite 44,5. II.2.4 La périodicité Les acouphènes sont soit permanents dans 58% des cas ou intermittents dans 42% des cas. MEYER 12 s i g n a l e q u e s u r 2 5 9 p a t i e n t s acouphéniques étudiés 210, soit 81,1% ont un acouphène permanent et 49 cas, soit 18,9% possèdent un acouphène intermittent. Cette prédominance est corroborée par les résultats de GRIGNARD-BOURDUT 7 qui donnent 87% de constants ou permanents et 12% d’intermittents avec 1% de non défini. Les acouphènes sont continus (permanents) chez 70% des patients, discontinus (intermittents) chez 18% et mal précisés pour le reste d’après GERSDORFF M. et Coll. 6. II.2.5 La nature ou le timbre Nous observons une prédominance du timbre grave sous forme de bourdonnement d’oreille (53,2%) contre (37,7%) de timbre aigu représenté par le sifflement et 9,1% de timbre complexe. Cette tendance se retrouve dans la littérature. II.2.6 L’intensité Par manque de matériels adéquats, nous n’avons pas pu évaluer l’intensité de façon scientifique en décibels (dB). Néanmoins, en interrogeant les patients, nous avons pu établir que la majorité des cas (86,79%), l’acouphène est d’intensité faible ou légère non invalidant. II.2.7 L’appréciation de la gêne La majorité de nos patients (73%) se sent gênée par son acouphène mais elle n’empêche pas de mener une vie normale. Dans une étude réalisée dans la tranche d’âge de 6 à 18 ans, on note 61% de gêne contre 30% . De façon globale, on ne peut utilement définir et déterminer l’importance d’un acouphène que d’après l’impact de celui-ci sur la vie quotidienne du patient. Cette gêne ressentie au quotidien et souvent de façon permanente, n’apparaît pas corrélée aux caractéristiques physiques de l’acouphène (intensité en dB, fréquence en Hz) de sorte que la gêne peut être forte pour des acouphènes de faible intensité, 2 à 3 dB. II.2.8 Caractère subjectif ou objectif de l’acouphène La prédominance est à la subjectivité. Cela rend très difficile l’étude de ce symptôme. Quant aux acouphènes objectifs, ils sont assez rares. Nous avons dénombré un seul cas. L’avenir des techniques d’évaluation objective des acouphènes subjectifs est intéressante 5, et permet l’évolution des thérapeutiques, la validation des modèles animaux, la résolution des problèmes médico-légaux posés par les acouphènes surtout dans le cadre professionnel. Les principaux problèmes rencontrés sont la faiblesse du signal cérébral (non visible sur l’EEG, la variabilité de l’acouphène d’un jour à l’autre chez un même patient, l’utilisation de moyennages temporels ou spatiaux qui paraissent inadaptés à l’enregistrement d’un acouphène et enfin, le signal de rythme et de localisation aléatoire. De nombreuses techniques sont proposées mais restent controversées : - l’enregistrement des Champs Magnétiques Evoqués Auditifs (CMEA) où l’absence d’ondes p20028 signerait l’existence d’un acouphène (HOKE) ; Rev. Col. Odonto-Stomatol. Afr. Chir. Maxillo-fac., Vol. 13, n° 1, 2006, pp. 5-10 -7- ADJOUA R.P., KOFFI-N’GUESSAN L., TEA Z.B, CHATIGRE K.R., N’GOUAN J.M. - l’enregistrement de potentiels évoqués vestibulaires (la simulation s’effectuant grâce à une chaise tournante), qui serait dévié du côté de l’acouphène (CLAUSSEN) ; - l’analyse mathématique des variations d’activités spontanées du système auditif périphérique où l’on observerait des pics aberrants correspondant à l’acouphène (SININGER) ; - les réponses évoquées auditives du tronc cérébral, où les composantes tardives seraient modifiées (JASTREBOFF, CHROMEJ) ; - enfin, la technique des courbes de sélectivité fréquentielle, qui serait une évaluation semi-objective de la fonction des cellules ciliées externes (CCE) [DAUMAN]. Toutes ces méthodes paraissent cependant nécessaires à la bonne compréhension de la physiopathologie des acouphènes. II.2.9 Caractère isolé ou associé En général, l’acouphène est associé à d’autres signes ORL. Nous avons noté une association avec l’hypoacousie (54%), l’otalgie (24,2%) et les vertiges (21,3%). Les acouphènes isolés se retrouvent dans 14% des cas . Les concernant, DISANT F. dit que l’existence d’acouphènes isolés et d’acouphènes exacerbés par le bruit, suggère par ailleurs une susceptibilité individuelle variable. II.2.10 L’état de l’acuité auditive L’appréciation de l’acuité auditive s’est effectuée par l’audiométrie tonale. Une hypoacousie est retrouvée dans 90% des cas, même quand le patient ne s’en plaint pas. On peut admettre l’existence d’un très faible pourcentage de patients présentant des acouphènes sans atteinte de l’acuité auditive. TONNDORF a de surcroît bien montré l’atteinte des hautes fréquences chez de très nombreux patients5 à audiométrie conventionnelle normale. Par ailleurs, il pourrait exister des pertes significatives dans les fréquences intermédiaires par rapport à celles qui sont traditionnellement testées. Enfin, certaines atteintes (en particulier des CCE) peuvent, du moins au début, n’entraîner aucune perte auditive décelable par des méthodes plus sensibles. A la suite de cette analyse, il ressort que l’association de l’acouphène et de la baisse de l’audition voire la surdité, est certainement plus fréquente que nous montre nos résultats. © EDUCI 2006 II.2.11 Les antécédents Le plus souvent, le sujet acouphénique présente bien souvent des antécédents ORL. Dans un tiers des cas, ils sont otologiques, dans un autre tiers, ils sont rhino-pharyngées. Ces antécédents doivent être correctement traitées dans un souci de prévention des acouphènes. II.2.12 Les étiologies Il apparaît, que les acouphènes ne sont pas le symptôme d’une maladie unique mais le reflet d’une pathologie très complexe associant chez un patient une ou plusieurs étiologies suffisantes. Cependant, dans notre étude, nous avons isolé 18 étiologies potentielles correspondant à 68% des patients ayant une ou des étiologies probables, contre 32% des cas où nous n’avons pas pu identifier d’étiologies même probables. Les 68% d’étiologies probables se repartissent comme suit : - otites moyennes aiguës ou chroniques avec ou sans perforations tympaniques : 32%, - HTA (pathologies vasculaires) : 5,66%, - otites externes : 4%, - bouchon de cérumen, dysfonctionnement tubaire et effets secondaires aux sels de quinine : 3%, - traumatismes sonores, blast auriculaire et traumatisme crânien 3%, - le reste est fait de séquelles de méningite cérébro-spinale, d’otospongiose, de rhinosinusite, d’effets secondaires à l’acide salicylique, d’antécédents de tympanoplastie, de tétanie des muscles masticateurs, de presbyacousie et d’anévrysme de la carotide primitive droite. Nous pouvons ainsi ressortir le profil épidermiologique d’un acouphénique en Côte d’Ivoire. Il s’agit d’un patient de la trentaine d’année, quel que soit le sexe, souvent actif, sans notion d’intoxication alcoolo tabagique. L’acouphène est une fois sur trois contemporain aux pathologies infectieuses otologiques (OMA et C. purulentes) et s’accompagne fréquemment des signes de la série vestibulocochléaire (hypoacousie, otalgie, vertiges), le plus souvent aggravé par l’effort, l’émotion ou le bruit et exacerbé la nuit. Il est permanent et grave ; souvent de tonalité unique à type de sifflement. Il est généralement unilatéral, de faible intensité, responsable d’une gêne modérée. Enfin, il s’accompagne d’une légère anxiété. -8- Prise en charge des acouphènes à Abidjan Quant à MEYER58, à la suite d’une étude multicentrique réalisée en milieu urbain par les spécialistes ORL et portant sur 259 observations d’acouphènes récents, il nous a permis d’établir le portrait type d’un patient porteur d’un acouphène en France. C’est un sujet âgé d’une cinquantaine d’années, c’est plus fréquemment un homme qu’une femme, souvent inactif non fumeur, ne buvant pas. L’acouphène est une fois sur quatre secondaire à un traumatisme sonore et s’accompagne fréquemment d’une hypoacousie de perception mais rarement de vertiges permanents, défini plus comme un sifflement que comme un bourdonnement, et datant de plus de trois mois non rythmé, de tonalité unique. Il est également unilatéral, d’intensité moyenne, responsable d’une gêne modérée et s’accompagne d’une légère anxiété. Une fois sur deux l’intensité et la gêne ressentie augmente lors d’un effort, d’une émotion ou d’un bruit. II.3- SUR LE PLAN CLINIQUE Les examens paracliniques ont été assez peu demandées par manque d’indications à la suite de l’investigation clinique (interrogatoire et examen clinique). Cependant, beaucoup d’entre eux ne se font pas dans nos structures par absence du matériels : par exemple, les enregistrements des potentiels évoqués auditifs du tronc cérébral. Celui-ci permet la localisation objective du siège périphérique central d’un acouphène subjectif, et le contrôle de l’efficacité d’un traitement. La fibroscopie nasale, dans le cas des mycolonies vélaires (acouphène objectif), permet de visualiser au niveau du rhinopharynx les mouvements rythmés d’ouverture et de fermeture des orifices tubaires en période de crise. Quant à l’audiométrie, elle est évoquée au niveau de l’état d’acuité auditive. Souvent un bilan biologique a été demandé mais il n’a pas donné d’informations significatives dans nos cas : (glycémie, azotémie, créatininémie, uricémie) et bactériologique : BW (VDRL, TPHA). Ici se pose la question des techniques d’évaluation objectives d’un phénomène hautement subjectif (cas des acouphènes subjectifs) pour le moment. L’intérêt de cette précaution est aussi bien pour l’évaluation de thérapeutiques que pour valider les modèles animaux, ou encore, dans un domaine un peu différent, pour les problèmes médico-légaux posés sur les acouphènes d’origine professionnelle. II.4- SUR LE PLAN THERAPEUTIQUE D’après M. PAUL PIAILOUX 14, l’acouphène est un phénomène particulièrement difficile non seulement dans son explication pathogénique, mais aussi dans sa thérapeutique. Malgré ces difficultés, certaines approches thérapeutiques sont explorées. Ainsi dans notre travail, après avoir reçu et traité nos patients en fonction des bilans clinique et paraclinique, nous avons utilisé ces différents médicaments : 1) l’extrait de Ginkgo de biloba ou EGB 761 (Tanakan*), 25 cas (24%) d’évolution favorable. 2) La trimétazidine (Vastarel*) 26 cas (23,08%) d’évolution favorable, 3) L’association de l’Almitrine et la Raubasine (Duxil*) ; 6 cas (0%) d’évolution favorable, 4) L’association Antibiotique anti inflammatoire 18 cas (22,22%) d’évolution favorable, 5) Autres traitements (complexe vitaminique, anti-biotique et anti- inflammatoire sous forme de gouttes auriculaires, anxiolytique, ponction lavage des sinus, lavage d’oreilles) 18 cas (27,78%) d’évolution favorable, 6) Abstention thérapeutique (7 cas, 14,28%) d’évolution favorable : ceci s’explique par le fait que parfois, il s’agit d’effet secondaire réversible au traitement par les sels de quinine (traitement du paludisme. Le Tanakan* et le Vastarel* donnent des résultats satisfaisants respectivement dans un quart des cas. Enfin, la littérature nous rapporte ce cas de traitement d’un acouphène objectif : myoclonies vélaires. L’injection de toxine boutulinique peut être proposée en cas de myoclonies vélaires avec acouphène, quand le traitement médical est inefficace. La toxine botulinique a l’avantage d’être bien toléré ; son effet est réversible, et surtout c’est un traitement non mutilant. II.5- SUR LE PLAN DE L’EVOLUTION Cette évolution est difficile à apprécier car nous avons noté que 74% des patients ne sont pas revenus pour les contrôles. Cette dépréciation est aussi liée à la fermeture du service de l’hôpital pour travaux de réfection après l’étude. Il faut reconnaître que bien souvent, les patients ne daignent pas venir voir le médecin. On peut estimer qu’ils sont soit satisfaits, soit qu’ils ne voient pas d’améliorations et vont consulter ailleurs. Quoiqu’il en soit, nous obtenons 22% de bons résultats signalés contre 4% d’échecs. Rev. Col. Odonto-Stomatol. Afr. Chir. Maxillo-fac., Vol. 13, n° 1, 2006, pp. 5-10 -9- ADJOUA R.P., KOFFI-N’GUESSAN L., TEA Z.B, CHATIGRE K.R., N’GOUAN J.M. CONCLUSION Notre travail est une modeste contribution à l’étude épidémiologique clinique et thérapeutique des acouphènes en pathologie ORL en Côte d’Ivoire. Au terme de cette étude prospective ayant porté sur 100 patients reçus dans le service d’ORL du CHU de Cocody, et présentant des acouphènes, nous pouvons retenir les constations suivantes : - Sur le plan épidémiologique : Les acouphènes en pathologie ORL sont relativement fréquents, avec une incidence annuelle de 80 cas en consultation, soit une prévalence de 4%. Une légère prédominance arithmétique féminine avec un sex-ratio à 0,81. Ils se rencontrent à tous les âges, mais avec une prédominance entre 21 et 40 ans. Toutes les couches socio- professionnelles sont touchées. - sur le plan clinique et paraclinique : . au plan clinique : L’étude des antécédents révèle dans 61,8% des cas pathologiques ORL et sont dans 25% des cas liés au mode de vie. . au plan paraclinique : L’audiométrie est demandée dans 63% des cas avec une surdité dans un tiers des cas. - sur le plan thérapeutique et pronostic : Le traitement est médico-chirurgical et l’idéal est le traitement étiologique. Le plus souvent, à défaut d’étiologie évidente, on se contente d’un traitement symptomatique. REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES 1-ABRAHAM, S. Epidemiology of tinnitus, Tinnitus diagnostic/ treatement, Philadelphia, 1991, p. 237- 247. 2-AXELSOON, A, RINGDAHL, A., The occurrence and severity of tinnitus, A prevalence study, In feldmann H, ed. Proceeding in International Tinnitus Seminar Münster, Karlsruche : Harsch Verlag 1987, : pp.154-8. © EDUCI 2006 3-COLES, R.P.A, DAVIS, A. 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