Introduction ou but du travail
Le but théorique a déjà été atteint lors de notre projet P5, il
s’agissait de répertorier tous les tests sur la dominance
oculaire existants, d’en évaluer la pertinence et d’en tirer des
conclusions pour la création d’un test futur. Le rôle de l’œil
dominant dans la correction en monovision était une partie
importante pour juger de la validité des tests. Nous avons
également exploré l’aspect anatomique et physiologique de la
dominance. Cette fois, nous affinons un peu nos recherches,
mais ce n’est pas le but principal de ce travail. Cependant,
nous continuons également à explorer la pertinence des tests
de recherche sur l’œil dominant en effectuant un petit
sondage auprès des opticiens.
Le but pratique est prédominant dans notre projet. Nous
désirons créer de A à Z un test de dominance oculaire
sensorielle, avec la possibilité de quantifier cette dominance,
sur la base des études déjà effectuées sur le sujet. Le test
devra être compréhensible pour le patient et simple à
pratiquer pour l’optométriste, car le but est de pouvoir
l’introduire dans une pratique quotidienne d’optique. Une fois
le test créé, il s’agira d’analyser sa fiabilité et d’étudier sa
relation avec le succès ou non d’une adaptation en
monovision.
Matériel et méthodes
En se basant sur la recherche littéraire que nous avons faite
lors de notre projet P5, nous avons pu créer un test de
dominance oculaire.
Tout d‘abord, nous nous sommes penchés sur l’élaboration
de plusieurs images à utiliser. Nous avons défini des critères
pour la création des images. Il fallait avoir un élément
fusionnel afin que les deux images soient perçues comme
une seule. Puis un élément différent permettant d’observer la
dominance de l’œil droit ou de l’œil gauche. Ainsi, en se
basant sur ces critères et en se référant aux études
précédentes, nous avons élaboré une série de cibles que
nous avons testée.
Nous avons pensé à différents systèmes de présentation du
test. Nous avons commencé par imaginer un fichier
PowerPoint dans lequel nous afficherions notre cible, avec un
échelonnage de baisse de contraste déjà effectué sur certains
détails, une fois pour un œil et une fois pour l’autre. Nous
aurions utilisé un écran d’ordinateur sur lequel nous voulions
adapter des filtres polarisants correspondants à la lunette
polarisée que le sujet porterait. Mais les écrans actuels étant
déjà polarisés, notre idée n’était pas réalisable.
Nous avons ensuite imaginé deux systèmes de séparation. Le
premier à l’aide de miroirs, nommé stéréoscope à miroir. Le
deuxième, avec un simple septum séparant les deux champs
visuels. Nous avons commencé par créer le septum afin de
commencer au plus vite les essais des cibles. Nous avons fait
un premier test et nous nous sommes rendus compte que le
principe fonctionnait. Nous avons donc préparé un septum de
50 centimètres de long et adapté une mentonnière avec une
lunette d’essai afin d’y placer la compensation de +2 dioptries
pour la distance. Pour aider à la fusion nous avons placé des
prismes base externe dans la lunette d’essai.
Le Professeur Roland Joos nous a conçu un programme
informatique dans lequel nous pouvons afficher deux images
et effectuer une baisse de contraste sur l’une des deux.
Une fois que le test fut mis au point, nous avons pu
commencer nos expérimentations. Avec la plupart des cibles,
nous procédons de la façon suivante; nous baissons
progressivement le contraste de l’image d’un œil, jusqu’à la
suppression totale de cette image. Puis nous effectuons la
même chose avec l’autre image. En comparant les deux
résultats, nous pouvons déduire quel est l’œil dominant et si
la dominance est forte ou faible.
Au fil des tests, nous avons pu améliorer notre protocole
d’examen, nous avons développé de nouvelles stratégies et
façon de tester jusqu’à obtenir un échantillon de 22
personnes pour une première analyse. Puis nous avons
sélectionné les quatre meilleurs tests pour une deuxième
série de tests sur 10 sujets où nous avons répété ceux-ci
quatre fois pour plus de fiabilité des résultats.
Résultats
Nous avons effectué deux sessions de tests. Nous avons
utilisé le programme R pour l‘analyse statistique des résultats.
Le Professeur Joos nous a fortement aidés pour cette analyse
statistique.
La première série comportait 12 tests effectués sur 22 sujets,
9 personnes de sexe féminin et 13 personnes de sexe
masculin.
Le but de cette analyse étant de vérifier la fiabilité des tests
en les comparant entre eux. Un test étant considéré comme
significatif s’il offre des résultats similaires à un autre test.
C’est un test de corrélation. Le Professeur Joos nous a
suggéré de prendre les tests qui ont une corrélation
supérieure à 0.7 entre eux. Malheureusement nous n’avons
pas obtenu de résultat supérieur à 0.662.
La deuxième série de test a été faite avec 4 tests
sélectionnés de la première session où nous avons répété le
test 4 fois sur 10 sujets pour obtenir plus de fiabilité des
résultats. Notre échantillon de population comportait 9
personnes de sexe masculin et 1 personne de sexe féminin.
Les tests ont été sélectionnés grâce à la première étude
statistique, mais au vu des résultats, nous nous sommes
aussi basés sur le feeling que nous avons eu lors des
expérimentations, et avons pris ceux qui nous semblaient les
plus pertinents.
Les résultats des tests obtenus n’ont pas montré une bonne
reproductibilité. Deux tests ont été écartés car ils ne
présentaient pas une bonne corrélation avec les deux autres.
Nous avons obtenu une bonne corrélation d’un minimum de
0.77 avec les deux tests restants. Il faut mentionner que ces
deux tests sont très semblables car nous utilisons les mêmes
cibles, de ce fait la corrélation et la reproductibilité sont
relativement proches.
Discussion
Durant ces séries de tests nous avons remarqué plusieurs
choses. La baisse de contraste d’une image entraîne une
perception par alternance et non une perception superposée
comme c’est souvent le cas avec un contraste de 100%.
Souvent après le clignement du sujet la dominance change
d’un œil à l’autre quand les images sont vues par alternance.
Nous avons également constaté chez certains sujets
l’incapacité de supprimer une image à un contraste de 0%,
effectivement il réside une perception alternée et parfois
superposée de l’image à 100% de contraste et l’image à 0%,
cela se traduit par une image mélangée de blanc et de
l’image présentée à 100% de contraste.
Il est intéressant de noter que chez plusieurs sujets testés, il
existe des dominances localisées. Nous avons observé chez
quelques personnes une dominance de la vision centrale d’un
œil et une dominance périphérique de l’autre œil, cela se
traduit pour le test 8, par exemple, par la vision d’un œil de
l’Atomium centralement alors que les bords de l’image sont
constitués de l’image des habitations. Ces constatations nous
confirment la complexité de la rivalité binoculaire et la
difficulté d’analyse des mécanismes neuronaux en jeu.
Il est difficile de donner des conclusions sur la fiabilité des
tests suite à l’analyse statistique, les résultats sont dans
l’ensemble peu concluant. Il serait intéressant de refaire une
analyse statistique sur plus de 10 sujets afin de voir si l’on
obtient de meilleurs résultats et plus de corrélation des tests
entre eux.
Littérature
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