Martin Wöhrle Metsäliitto Les forêts européennes: sources de solutions pour les futurs défis Bruxelles, 24 février 2011 Les forêts européennes: sources de solutions pour les futurs défis LES FORETS EUROPEENNES J.Schima Les forêts sont les poumons de l’Europe, en transformant le CO2 en oxygène, en préservant la biodiversité tout en produisant du bois, du liège et des pommes de pin. L’on trouve dans les forêts également des fruits, des champignons, du gibier et elles fournissent des ressources renouvelables. De plus, les forêts sont un lieu de loisir et d’activités récréatives pour les citoyens européens et elles garantissent, en plus d’autres services écosystémiques, une eau et un air propres. Toutes ces fonctions et tous ces services sont compatibles entre eux et doivent être appréhendés comme un tout. Tania Runge Martin Wöhrle Photo Archive of MTK, Finland Photo Archive of MTK, Finland Les forêts et les terres boisées couvrent une surface de 176 millions d’hectares, c’est à dire 44% de la surface européenne, et cette surface augmente depuis des décennies. Chaque année, l’augmentation des ressources forestières en Europe dépasse leur utilisation. 2 Photo Archive of MTK, Finland Photo Archive of MTK, Finland Photo Archive of MTK, Finland Photo Archive of MTK, Finland Photo Archive of MTK, Finland Paulo Gouveia Cei-Bois/EPF LUTTER CONTRE LE CHANGEMENT CLIMATIQUE AVEC LES FORETS, LES PRODUITS LIGNEUX ET LA BIOENERGIE La surface plantée en forêts et le volume de bois en Europe ont atteint aujourd’hui leur niveau le plus élevé depuis des décennies. Les forêts européennes piègent le carbone et les produits ligneux le stockent tout au long de leur vie. Cela permet de ralentir l’accumulation de dioxyde de carbone dans l’atmosphère. Les forêts peuvent absorber 0,5 Gt de CO2/an, soit 10% des émissions totales de gaz à effet de serre de l’UE27 provenant de l’industrie, et ce en maintenant deux fonctions majeures: • le piégeage et le stockage du CO2 atmosphérique dans le bois et les sols. La gestion durable des forêts, avec des récoltes régulières, améliore la capacité d’atténuation du carbone des forêts en garantissant que les forêts développent constamment de nouvelles capacités de piégeage du carbone ; • la substitution du carbone via: ola biomasse ligneuse pour remplacer les énergies fossiles non renouvelables utilisées pour la production d’énergie oles produits ligneux récoltés qui remplacent les matériaux industriels à forte intensité de carbone (comme les métaux ou les matériaux synthétiques), dans le domaine de la construction et des meubles. Même si la surface plantée en forêts croît depuis 60 ans, le boisement et le reboisement peuvent apporter une valeur ajoutée et devraient être encouragés, notamment sur les terres abandonnées et dans les zones dont l’importance est marginale pour l’agriculture. Cela aura des répercussions positives sur le stockage du dioxyde de carbone de l’atmosphère qui constitue l’un des gaz à effet de serre les plus importants. Outre l’expansion des forêts, la capacité de piégeage du carbone des forêts européennes peut être renforcée grâce à une gestion durable des forêts et grâce à une plus grande utilisation des matières premières renouvelables comme le bois. 3 LES FORETS FONT PARTIE DE LA FUTURE ECONOMIE VERTE L’économie verte, reposant sur une utilisation durable, bien gérée et planifiée des ressources forestières renouvelables, représente un potentiel immense pour le développement de l’UE. Elle permettra de créer des emplois dans les zones rurales et de garantir la viabilité économique des propriétés forestières et des entreprises travaillant dans le domaine des forêts. Photo Archive of MTK, Finland Actuellement, le secteur sylvicole fournit 3,6 millions d’emplois en Europe, des emplois en grande majorité stables car ils sont liés directement aux activités forestières et à la production de bois, de liège, de pulpe, de papier et d’autres produits dérivés. L’industrie dérivée de la sylviculture est composée de 350000 entreprises qui génèrent une valeur ajouté de €120 milliards et un chiffre d’affaire de €402 milliards. Le secteur sylvicole est durable, respectueux de l’environnement et basé sur des ressources renouvelables. Les matériaux et les produits des forêts peuvent être recyclés plusieurs fois et sont biodégradables. Pour ces raisons, le secteur sylvicole peut apporter une contribution importante pour résoudre la crise économique actuelle tout en aidant à atteindre les objectifs de la stratégie UE 2020. Nordic Forestry org. Un exemple concret d’initiative pour contribuer aux objectifs de la stratégie UE 2020 et à la croissance verte: l’utilisation du bois dans la construction. Le secteur de la construction consomme à peu près la moitié des ressources naturelles et produit environ 40% de tous les déchets à l’échelle mondiale. Les impacts sur l’environnement de ce secteur sont donc extrêmement élevés. Le bois est la seule ressource naturelle renouvelable utilisée dans la construction à grande échelle. La plupart des autres matériaux de construction principalement utilisés sont faits à partir de matières premières non renouvelables et leur disponibilité décroît. En revanche, la quantité et la production de bois peuvent être augmentées. La construction à base de bois pourrait largement contribuée à la politique climatique européenne et aux objectifs de réduction des gaz à effet de serre étant donné que le bois est un puits de carbone important. Nordic Forestry org. L’effet de substitution, obtenu lorsque l’on remplace un matériau non renouvelable par du bois est encore plus significatif pour le climat : 1 m3 de bois stocke environ une tonne de CO2 et économise une autre tonne en remplaçant d’autres matériaux tel que l’acier ou le béton. Au lieu d’émettre du carbone en utilisant des matériaux non-renouvelables, par exemple dans les matériaux de construction, nous pouvons stocker du carbone dans le produit. L’UE devrait intégrer la construction avec du bois dans sa politique climatique en promouvant l’utilisation du bois. L’UE devrait également définir un cadre commun pour encourager la construction à base de bois dans toute l’Europe. Cei-Bois, RTS, Environmental Reporting for Building Materials, 1998-2001 PROHOLZ De surcroît, le bois a un rôle clé à jouer pour que l’UE atteigne ces objectifs en matière d’énergies renouvelables. La bioénergie issue des forêts est primordiale pour remplacer les carburants fossiles. De plus, des mesures d’accompagnement sont nécessaires pour encourager le développement d’un marché viable de la bioénergie; il s’agit en effet d’une condition préalable à une utilisation accrue de bioénergie. 4 Plus de 16 millions de familles européennes vivent des forêts ou en dépendent pour leur subsistance. Elles sont les dépositaires d’une culture riche et possèdent de grandes connaissances sur la gestion durable des forêts. Certaines de ces connaissances font partie de l’héritage européen, transmis par les contes, la littérature, la musique classique et populaire, la peinture, les beaux-arts et l’artisanat populaire. Cette dimension culturelle se reflète également dans la diversités des paysages, des légendes, des traditions, des sites historiques, de l’héritage linguistique et des activités liées aux forêts, au bois, à la chasse, à la cueillette des champignons et à d’autres activités et bénéfices qui méritent d’être préservés. Les propriétaires et les gestionnaires de forêts en Europe devraient être reconnus et recevoir des compensations pour les services publics environnementaux et culturels qu’ils fournissent à la société, afin de garantir leur durabilité. LES PROPRIETAIRES FORESTIERS PROMEUVENT LA GESTION DURABLE DES FORETS Les propriétaires et les gestionnaires de forêts fournissent à la société une large gamme de services écosystémiques grâce à la gestion durable des forêts. L’Union européenne doit continuer à garantir une gestion durable des forêts sur tout son territoire. Il faut l’interpréter comme un concept politique appliqué, compréhensible et dynamique, qui préserve les fonctions, les biens et les services fournis par les forêts européennes. Dans ce contexte, les critères et les indicateurs pour la gestion durable des forêts doivent continuer à être promus dans l’UE. Ils ont été définis et acceptés par l’UE et ses Etats membres dans le cadre du processus intergouvernemental de Forest Europe. La clé pour améliorer la gestion durable des forêts dans l’UE est de renforcer la relation entre l’UE et Forest Europe de façon à ce que Forest Europe puisse développer une boîte à outils qui facilite la mise en œuvre sur le terrain de la gestion durable des forêts dans tous les Etats membres de l’UE. La gestion durable des forêts joue un rôle fondamental dans de nombreux accords internationaux négociés par l’Union européenne, comme l’accord sur la biodiversité, le Protocole de Kyoto , l’accord sur la désertification, l’accord sur le commerce international du bois, l’accord sur la préservation des terres humides, l’accord sur les marchés écologiques, les déclarations de Rio et de Johannesburg ainsi que les objectifs de développement du millénaire, entre autres. B.Patricot-CPFA-1968 Photo Archive of MTK, Finland Anne Rauhamâki Nordic Forestry org. Nordic Forestry org. Coldiretti LES FORETS FOURNISSENT DE MULTIPLES SERVICES 5 LES FORETS DANS LE CONTEXTE TERRITORIAL ET POLITIQUE EUROPEEN Photo Archive of MTK, Finland Martin Wöhrle Comme les traités initiaux de l’UE ne mentionnent pas les forêts, il n’y a jamais eu de Politique sylvicole commune en Europe. Toutefois, de nombreux travaux ont été menés par l’Union européenne qui concernent directement ou indirectement les forêts. Il est donc nécessaire d’avoir une coordination précise entre les différentes politiques sectorielles, y compris pour l’eau, la sécurité alimentaire, les énergies renouvelables, la conservation, le développement urbain, le changement climatique, le développement rural, les affaires sociales, le commerce et l’agriculture. Ceci permettra de disposer d’une stratégie viable pour la durabilité des forêts européennes et la compétitivité de la sylviculture et du secteur sylvicole européen. Photo Archive of MTK, Finland En l’absence d’une approche commune et coordonnée pour les forêts, le cadre politique européen pour les forêts devrait être redéfini et renforcé. L’UE ne devrait plus considérer les forêts et la sylviculture comme un sous-secteur distinct de différentes politiques comme l’environnement, l’énergie et le climat. Il convient de développer une approche globale pour les forêts et la sylviculture. Cette approche devrait mettre en avant différentes fonctions des forêts, de manière équilibrée, et exploiter le potentiel des forêts, de la sylviculture et de tout le secteur sylvicole en prévision des futurs défis de la stratégie UE 2020. Cela demandera une vraie contribution pour coordonner les questions liées aux forêts dans l’UE ainsi que pour renforcer l’influence du Comité permanent des forêts, de groupe de travail « Forêts » et du groupe consultatif « Forêts, y inclus liège » dans toutes les décisions relatives aux forêts dans l’UE. Coldiretti En plus des possibilités de financement actuelles, la nouvelle politique de développement rural devra prendre en considération les nouvelles lignes directrices stratégiques- changement climatique, énergies renouvelables, gestion de l’eau et biodiversité- adoptées dans le cadre du Bilan de santé de la PAC en 2009. Des financements appropriés pour des mesures relatives aux forêts doivent être disponibles pour la prochaine période de financement. Ceci devrait permettre aux producteurs forestiers et à leurs coopératives de répondre aux attentes de la société et du grand public. Les procédures actuelles pour obtenir un co-financement du FEADER ne sont pas adaptées aux caractéristiques intrinsèques et aux contraintes de la gestion des forêts. Photo Archive of MTK, Finland L’emploi dans les zones rurales ne peut être préservé que si les revenus tirés de la sylviculture augmentent de manière durable. Un secteur sylvicole compétitif contribue au maintien de zones rurales dynamiques et est un rempart contre l’abandon des terres et le dépeuplement. La société attend des propriétaires et des gestionnaires de forêts qu’ils fournissent un certain nombre de services publics comme la protection de la biodiversité, une eau potable, la protection contre les catastrophes naturelles et la gestion des paysages culturels. Il est nécessaire, dans ce contexte, d’utiliser le potentiel économique: des régimes de soutien pour les initiatives non-commerciales qui promeuvent l’utilisation du bois et qui par conséquent ajoutent de la valeur à la chaîne d’approvisionnement en bois local. Ces initiatives pourraient couvrir par exemple la promotion des initiatives en matière de création de chaleur, y compris la production et l’extraction locales de bioénergies. Il faut une aide pour les services publics, comme la biodiversité, les loisirs, les biens et services non commerciaux (non rémunérés par le marché). Cela encouragera les propriétaires forestiers à améliorer les services publics fournis par leur exploitation. Il faut également envisager un soutien pour la création et le développement de coopératives de producteurs forestiers et de groupements de producteurs pour promouvoir la gestion durable des forêts, une coopération des producteurs dans le domaine de la production de bioénergies et de services écosystémiques. 6 Photo Archive of MTK, Finland RENFORCER LE DIALOGUE AU SEIN DU SECTEUR SYLVICOLE : UNE NECESSITE Les forêts européennes cherchent à s’adapter aux problèmes liés au changement climatique. Les scientifiques et les gestionnaires de forêts doivent chercher les raisons principales de la vulnérabilité, de la résistance et de la résilience des forêts sur le long terme. L’absence de certains paramètres en termes de planification, de gestion et de rentabilité ont joué en défaveur des activités relatives aux forêts, contribuant au déclin de la population dans les zones rurales. La diminution des activités économiques et de gestion dans le secteur sylvicole peut entraîner l’abandon des forêts et des activités pour défendre les forêts. Ceci conduit à une détérioration biotique et abiotique ainsi qu’à d’importants feux de forêts qui ont pour résultat de grandes pertes en matière de biodiversité européenne. Metsäliitto Metsäliitto Paulo Gouveia Il est nécessaire que les instances publiques et privées ainsi que la société européenne reconnaissent le rôle joué par les propriétaires de forêts et par les forestiers. Il faut de toute urgence harmoniser le système d’information, de recherche, de collecte des données, de contrôle et de suivi des forêts européennes. Ceci permettra de disposer d’une gestion des forêts durable et reposant sur des connaissances dans toute l’Europe. Le renforcement du dialogue entre les propriétaires forestiers, les autorités nationales, les gestionnaires de forêts, la communauté scientifique, les associations sylvicoles, l’industrie et l’UE est une priorité pour garantir la capacité de production, la vitalité, la conservation l’entretien et le développement des forêts européennes. Il est fondamental d’évaluer les systèmes en vigueur dans les Etats membres et d’apprendre des meilleurs pratiques pour développer les processus afin de relever les défis d’avenir. Il est primordial d’avoir des systèmes de communication entre les différentes parties prenantes du secteur des forêts et le reste de la société. Cela, à terme, améliorera les relations et permettra de mieux comprendre la gestion durable des forêts. 7 LE COPA ET LA COGECA : LA VOIX DES AGRICULTEURS ET DES COOPERATIVES AGRICOLES DE L’UE Les forêts et les terres boisées couvrent 44% de la surface européenne. Plus de 16 millions de familles européennes vivent des forêts ou en dépendent pour leur subsistance. Des millions d’agriculteurs ont également des activités liées à la sylviculture. Avec l’agriculture, un secteur sylvicole européen compétitif a un important rôle à jouer pour la création d’emplois et le maintien du dynamisme dans les zones rurales. Nella Mikkola Le Copa-Cogeca est la voix unie des agriculteurs et de leurs coopératives dans l’Union européenne. Ensemble, les deux organisations œuvrent pour une agriculture européenne durable, innovante et compétitive, qui puisse garantir la sécurité de l’approvisionnement alimentaire aux 500 millions de citoyens européens. Le Copa représente plus de 13 millions d’agriculteurs et leurs familles, tandis que la Cogeca représente les intérêts de 38 000 coopératives agricoles. Elles comptent au total 77 organisations membres issues des différents Etats membres de l’UE. 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