Résumé
L’altération hydrothermale d’une péridotite océanique conduit à une profonde
transformation minéralogique appellé « processus de serpentinisation ». Durant ce processus, le
Fe
2+
initialement contenu dans les olivines et/ou les pyroxènes peut s’oxyder en Fe
3+
en
incorporant des phases nouvellement formées comme la serpentine et la magnétite. L’hydrolyse
de l’eau associée à cette réaction entraine la production de grandes quantités d’hydrogène. Au
niveau des dorsales océaniques, de fortes concentrations en hydrogène et hydrocarbures ont été
récemment mises en évidence sur quelques sites hydrothermaux d’un genre nouveau, tous situés
dans un contexte ultrabasique. Dans le but de comprendre les processus contrôlant l’altération
hydrothermale des péridotites, et en particulier la production d’hydrogène dans ce type de
contexte, nous avons couplé des expériences de serpentinisation in-situ à des simulations
thermodynamiques. Les produits de synthèse obtenus dans nos expériences ont été caractérisés à
l’aide de différents outils spectroscopiques, principalement par absorption des rayons X en
synchrotron. Nous avons ainsi développé plusieurs protocoles expérimentaux permettant d’une
part de quantifier les proportions des phases minérales, mais aussi de déterminer la distribution et
la spéciation du fer dans nos échantillons altérés. Nos expériences montrent que la cinétique de
serpentinisation est fortement dépendante des conditions physico-chimiques (température,
rapport eau/roche, état structurel et composition chimique de protolithe) présentes dans le milieu
naturel. Parallèlement, ces travaux indiquent que les rôles joués par la serpentine et la magnétite
dans la production d’hydrogène évoluent suivant la température mais changent également
fortement au cours de la réaction. Ces résultats, affinés par des modélisations numériques, ont été
replacés dans un cadre naturel, dans le but de déterminer les différents processus se produisant le
long d’un trajet P-T hydrothermal. Il apparait ainsi que l’essentiel de la réaction de
serpentinisation s’effectue principalement sur le trajet « prograde » avec une production maximale
d’hydrogène située autour de 275°C. Enfin, et grâce aux gradients de température estimés dans ce
type de contexte, nous avons pu déterminer la taille et la géométrie probable d’un site
hydrothermal comme celui de « Rainbow ».
Mots clefs : hydrogène, hydrothermalisme, serpentinisation, XANES.