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1865 à Bâle. La plupart des instituts universitaires furent fondés dans les dix dernières années du XIXe s.
Leurs étudiants, peu nombreux, devenaient parfois maîtres au gymnase. En 1860 fut créée la Commission
géologique suisse, organe de la Société helvétique des sciences naturelles, qui édita la carte géologique de la
Suisse au 1 : 100 000 (1864-1887) et les cartes spéciales au 1: 25 000 et 1: 50 000, puis dès 1930 les feuilles
de l'Atlas géologique de la Suisse au 1: 25 000. La géologie suisse avait pour particularité de ne posséder
aucun service au niveau national, et les cartes furent réalisées par des membres des universités, des maîtres
d'école secondaire et des géologues indépendants. Ce n'est qu'en 1986 que fut créé un Office fédéral des
eaux et de la géologie, modestement doté. Première société spécialisée apparue au sein de la Société
helvétique des sciences naturelles, la Société géologique suisse, fondée en 1882, publie un périodique bientôt
remarqué, les Eclogae geologicae Helvetiae. En 1924 vint s'ajouter la Société suisse de minéralogie et de
pétrographie, puis en 1934 l'Association suisse des géologues et ingénieurs du pétrole.
L'histoire de la géologie en Suisse connut une impulsion décisive lorsqu'on reconnut que les Alpes étaient
constituées d'un empilement de nappes rocheuses plus ou moins épaisses. Albert Escher l'avait pressenti dès
1841, au terme de ses recherches dans les Alpes glaronaises, mais n'avait pas osé tirer les conséquences de
ses observations. Ce n'est qu'en 1884, après la parution des travaux du Français Marcel Bertrand que s'établit
la théorie des nappes, à laquelle les études de Hans Schardt sur les Préalpes de Suisse romande (en 1893
principalement) apportèrent une confirmation définitive. Maurice Lugeon et le Français Pierre Termier
l'appliquèrent aux Alpes centrales et orientales et aux Carpates. Vers 1902, presque tous les géologues alpins
étaient acquis à la nouvelle théorie. Impliquant des rétrécissements de la croûte terrestre de l'ordre de
centaines de kilomètres, la structure à charriages ainsi mise en évidence pour les Alpes fut aussi l'une des
raisons de l'abandon de l'hypothèse de la contraction du globe.
La théorie des nappes permit enfin de comprendre la structure et l'évolution des Alpes. Chercheur éminent,
Emile Argand créa les bases de la méthode géométrique et cinématique et arriva à la conclusion que les blocs
continentaux avaient dû se déplacer latéralement sur des centaines de kilomètres (dans le cas des Alpes,
l'Afrique en direction de l'Europe), comme l'avait supposé le géophysicien allemand Alfred Wegener avec sa
théorie de la dérive des continents. Les principaux géologues dans le sillage d'Argand furent Paul Arbenz,
Léon-William Collet et Rudolf Staub. Quelque peu en marge de la géologie "officielle", Eugène Wegmann fit le
lien entre les chercheurs de Scandinavie et d'Europe centrale, tandis qu'Arnold Heim accomplissait un travail
de pionnier dans la compréhension des sédiments alpins. La pétrographie suivit une évolution parallèle
(notamment avec Ulrich Grubenmann et Paul Niggli), en concentrant son attention sur le métamorphisme des
roches alpines. August Buxtorf proposa quant à lui une explication plausible pour la naissance du Jura plissé.
Le percement de divers tunnels, à travers le Hauenstein, le Grenchenberg ou le Simplon, permit d'apporter
des compléments substantiels aux observations de surface. De 1905 à 1940, les Alpes furent considérées
comme le modèle de grand massif montagneux, et les géologues suisses jouissaient d'une excellente
réputation qu'ils devaient à une formation accordant une grande importance aux travaux de terrain. Les
diplômés trouvaient facilement un emploi dans les sociétés minières ou pétrolières internationales et ils
prirent une part notable à la prospection pétrolière. La plupart des universités avaient désormais des instituts
distincts pour la géologie (associés parfois avec la paléontologie) et pour la minéralogie et pétrographie.
La fin de la Deuxième Guerre mondiale marqua un tournant pour la géologie suisse, qui prit progressivement
une orientation internationale. Les professeurs venus de l'étranger furent de plus en plus nombreux, tandis
que la recherche s'ouvrait à des régions extra-européennes comme l'Himalaya ou le Groenland, ainsi qu'aux
océans (participation aux campagnes de forages en haute mer). Dans les années 1960 apparut la théorie
globale de la tectonique des plaques, qui confirma les notions mobilistes d'Argand et d'autres tout en offrant
la possibilité de comprendre la naissance des Alpes dans un contexte général. A l'équipement traditionnel du
géologue - marteau, boussole et microscope optique - s'ajoutèrent des outils modernes et coûteux, surtout
pour la pétrographie, à laquelle la géochronologie, par la détermination de l'âge absolu des minéraux et des
roches, ouvrit de nouvelles perspectives. La connaissance de la répartition des isotopes stables permit de
reconstituer la température et la salinité des anciennes mers (Climatologie). Enfin la géophysique connut un