VOUS VOUS ÊTES LONGUEMENT PENCHÉ SUR
LES PROBLÉMATIQUES RELATIVES À L’INFOR-
MATIQUE DE SANTÉ PUISQUE VOUS ÊTES À
L’ORIGINE DE L’INTRODUCTION, EN 1983, DU
PROGRAMME DE MÉDICALISATION DES SYS-
TÈMES D’INFORMATION (PMSI) À L’HÔPITAL.
VOUS AVEZ EN OUTRE ANIMÉ LE GROUPE DE
RÉFLEXION SUR LES SYSTÈMES D’INFORMA-
TION, ET VOUS ÊTES L’AUTEUR DU RAPPORT
« LA PUCE ET LE STÉTHOSCOPE » REMIS À
MARTINE AUBRY, ALORS MINISTRE DE L’EMPLOI
ET DE LA SOLIDARITÉ, EN 1997. VOUS ÊTES
AUJOURD’HUI RESPONSABLE, AVEC EMMANUEL
CABANIS, DU GT « INFORMATIQUE ET SANTÉ »,
GROUPE DE TRAVAIL CONJOINT ENTRE L’ACADÉ-
MIE DE MÉDECINE ET L’ACADÉMIE DES TECHNO-
LOGIES. QUELLES RÉALITÉS RECOUVRENT
CETTE NOTION D’INFORMATIQUE DE SANTÉ ?
JEAN DE KERVASDOUÉ : Elles sont multiples.
L’informatique de santé peut ainsi désigner les
systèmes informatiques permettant le contrôle et
la gestion des équipements biomédicaux (scanners,
IRM, analyseurs biologiques, etc.). Mais aussi la
bio‐informatique dont les progrès, liés à la baisse
du coût du séquençage du génome complet, révolu‐
tionneront la prise en charge dans un avenir relati‐
vement proche ; celle‐ci recouvre au moins 2 branches,
l’une qui touche à la génomique ‐ à savoir l’étude
d’un organe, d’un organisme ou d’une pathologie à
l’échelle du génome ‐, et l’autre à la fabrication de
nouveaux médicaments ou de nouveaux vaccins
grâce au rapprochement de la génomique, de la
protéomique, de la cristallographie, de la nanobio‐
logie et des mathématiques. Nous n’aborderons
toutefois pas les champs de l’informatique biomédi‐
cale et de la bio‐informatique ici, et nous intéresse‐
rons plutôt à l’informatique de santé relative à la
gestion des soins, à celle rattachée au dossier
patient informatisé (DPI) et enin à celle liée à
la domotique et à la télémédecine.
COMMENÇONS DONC PAR CETTE DERNIÈRE.
Les solutions de télémédecine, bien que technologi‐
quement matures, ont du mal à trouver leur place
dans le paysage sanitaire français. L’explication
serait à chercher, à mon sens, dans l’organisation
des systèmes sociaux français qui freinent la mise
en œuvre d’une réelle coordination des soins. Or,
les expérimentations de télémédecine ayant fait
leurs preuves dans le monde s’appuient toutes sur
INFORMATIQUE DE SANTÉ
/////////
05
///////////////////////////////////////////
DÉCRYPTAGE :
INFORMATIQUE
DE SANTÉ ET ÉCONOMIE
INTERVIEW EXCLUSIVE DE JEAN DE KERVASDOUÉ
Directeur des Hôpitaux au Ministère de la Santé de 1981 à 1986, Jean de Kervasdoué est
aujourd’hui Professeur titulaire de la Chaire d’Économie et de Gestion des Services de Santé
au Conservatoire National des Arts et Métiers (CNAM), où il co-dirige par ailleurs l’école
Pasteur/CNAM de Santé Publique. Rencontre.
« Les systèmes sociaux français freinent
la mise en œuvre d’une réelle
coordination des soins »
FINANCEMENT