Hanna Bertrand 2015-2016
Elles sont privées de cette capacité par la théorie de la « représentation virtuelle » : le
chef de famille représente toute sa famille dans son rôle de citoyen. Ensuite la
citoyenneté est transmise par filiation patrilinéaire (manque de la généalogie), elles
ne peuvent donc pas en hériter. De plus, la citoyenneté suppose une certaine liberté,
une liberté issue de la force (manque de la liberté) : la femme étant physiquement
moins forte que l'homme, elle ne peut acquérir sa liberté et reste dominée par l'homme.
Enfin, la citoyenneté présuppose la propriété, ne serait-ce celle de son propre corps. La
reconnaissance de la propriété de leur corps n'a jamais réellement été accordée aux
femmes. Cette non reconnaissance de la propriété féminine de son corps (manque
de la propriété) se traduit socialement ( le corps de la femme est propriété du mari et
ce corps est égalment possédé par la nature qui se joue de lui.). Finalement le citoyen
doit être libre et autonome, pouvoir se controler lui-même, le citoyen a une
individualité a part entière, et il doit pouvoir se gouverner seul. Or, la femme a un
appétit et désir sexuel différent de celui de l'homme, qu'il ne faut pas laisser s'exprimer
parce qu'il désquilibrait l'édifice social, un désir sexuel illimité que la raison ne peut
contraindre, et c'est pour cela que s'impose la pudeur féminine et le code social,
mettant la femme dans l'incapacité de se controler seule, d'être autonome. L'imposition
de ce code contraint les femmes dans l'espace public.
13.Quelle est la signification de la critique de la « gynécocratie » par
Bodin ?
La gynocratie mettrait la domination de l'homme et la « neutralité » symbolique
du pouvoir en danger, par un pouvoir exclusivement ou principalement féminin.
Cette critique exprime la crainte sous-jacente à l'exclusion politique des femmes : leur
insertion dans la démocratie changerait les relations conjugales, la sphère privée. De
plus, il évoque la possible impudeur de la femme gouvernante et exprime ainsi un
tabou profondémment enfouie et au coeur du refus de la participation des femmes au
pouvoir : celui de la femme sexuée, de la femme qui suivrait ses instincts naturels et
non pas sa raison. En ce sens, la critique de la gynécocratie reflète les principales
craintes de la classe dirigeante masculine concernant le pouvoir politique féminin, et
donne peut-être les raisons et les idées qui enfouies pendant longtemps (et même
jusqu'aujourd'hui), ont empeché l'accès à la citoyenneté des femmes.
14.Est-ce que l’affirmation de Protagoras « l’homme est la mesure de
toute chose » peut avoir une signification politique ?
Différentes interprétations de cette thèse existe : la thèse sensualiste et individualiste
comprend la maxime comme l'affirmation d'une coincidence entre l'être et le
paraitre, puisque rien n'existe en dehors de l'apparence. Ainsi, rien n'existe en soi,
c'est l'espèce humaine qui à travers sa constitution subjective attribue des
détérminations aux choses. Ainsi, tout ce qui apparait est et est différent pour chacun,
confondant ainsi la notion d'opinion et de vérité. Il n'y aurait pas ainsi de vérité
supérieure, tout serait relatif. Ce relativisme mène à dire qu'aucune loi n'est vraie,
sans autant dire qu'elles sont toutes équivalentes : il faut dégager ce qui a le plus de
valeur pratique pour les hommes et pour la cité. Il existe cependant des opinions et