Hanna Bertrand 2015-2016
Questions d’histoire de la pensée politique (I)
Examens de janvier
1. Quelles différences entre la politique et le politique ? a) au niveau
conceptuel et b) au niveau historique ?
a) Le politique constitue le pouvoir explicite institué dans une société et se rapporte
au fonctionnement et à l'organisation de cette société. Il existe dans une société dès
qu'il s'y trouve une instance capable de contraindre ses membres et de les sanctioner. Il
n'est pas à confondre avec l'Etat car le politique se manifeste dans des sociétés sans
État.
La politique en revanche est une activité sociale dans laquelle les membres d'une
société établissent, modifient les normes de leur collectivité et décident ensemble de
leur avenir.
b) La politique est beaucoup plus rare et beaucoup plus récente, elle apparait dans la
grèce antique au VIIIème siècle. En effet, le politique peut exister sans État et par sa
définition, se retrouve dans toutes les sociétés acceptant une hiérarchie et une autorité
contraignante. La politique en revanche, et contrairement à ce qu'on pourrait croire,
n'est pas intrasèque à la démocratie directe (ou l'autogouvernement) ; il ne suffit pas
que les membres d'une société puisse prendre une décision, il faut également que le
contenu de cette décision soit libre : ainsi, dans les démocraties dites « primitive » ou
dans les sociétés ayant un fond religieux, les décisions sont dictées par les traditions et
la religion, elles sont donc hétéronomes. La politique se base sur un principe
d'autonomie, c'est-à-dire d'une société qui se donne ses propres lois à elle-même. Ces
moments de « la politique » dans l'histoire se voit souvent lors des révolutions, une
majorité de citoyens décident de réecrire et de recréer les règles de leur société.
2. En quoi peut-on affirmer que les Grecs créèrent non seulement la
démocratie mais la politique en tant que telle ?
Quatre principes fondent cette démocratie : l'existence d'une sphère publique qui est
réellement publique (espace ouvert tous discutent et délibèrent), des relations
égales et symétriques entre citoyens, une citoyennté qui constitue une nouvelle identité
importante pour les individus et l'apparition de la politique comme forme d'activité
nouvelle. En plus de l'adoption des processus de décisions démocratiques
(assemblée générale, participation de tous les citoyens,etc) (processus qui existaient
déjà dans les « démocraties primitives ») , ils furent les premiers à prendre ces
décisions de façon autonome et à créer leur propre lois, sans que des critères externes
ne dictent la teneur des décisions. Ils inventèrent de ce fait la première démocratie
directe. Par la création de la mocratie, les athéniens étendirent la politique à la
sphère publique, et firent de la prise de décisions et de la participation politique une
activité sociale et propre à l'identité de tous les citoyens athéniens.
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3. Quel rapport peut-on établir entre la création de la démocratie et
celle de la philosophie ?
La philosophie n'aurait pu naitre dans un autre contexte que celui de la cité. Le lien
entre les deux n'est pas direct, mais la philosophie et la démocratie présentent une
parenté de « substance », elles se ressemblent dans leurs principes, même si elles
n'appliquent pas ces principes (5) aux mes objets : premièrement elles refusent
d'adhérer aux traditions juste parce qu'elles sont des traditions ; elles n'acceptent que
ce qu'elles ont elles-mêmes examinées. Deuxièmement, elles partagent le même
principe d'autonomie : que ce soit pour les règles de la cité comme pour la raison.
Troisièmement, elles se basent toutes deux sur l'ouverture d'un espace public de
discussion, sans lequel elles ne pourrait exister ; les conceptions qui la constituent
sont accessibles à tous. Quatrièmement, pour le débat politique et philosophique,
chacun à le droit d'adhérer ou de critiquer, tant que cela est argumenté. Enfin, le
rejet des traditions comme valeur ultime entraine une ouverture sur les autres
cultures, permettant un certain relativisme ou universalisme.
4. Peut-il exister une citoyenneté qui ne soit pas universelle (au niveau
d’un même Etat) ?
Oui. La citoyenneté n'est pas universelle pour l'être humain, c'est une caractéristique
d'une formation politique, celle de la cité. Cette citoyenneté dépend également du
régime politique de la cité. Ainsi, tous les membres de la ci ne sont pas des
citoyens, seuls le sont ceux qui font parti du corps politique et cette formation du corps
politique est toujours une décision arbitraire qui mènent à l'exclusion d'une partie des
habitants. En fait, tout type de gouvernement s'autoproclame gouvernant et exclue
donc une partie de la population. Il ne varie que le fait que ce soit une minorité ou
une majorité qui soient exclues, et quels sont critères d'exclusion.
5. Quelles sont les 4 grandes caractéristiques de la cité antique ?
1. La polis est une institution « antinaturelle », où les relations humaines ne sont plus
commandées par les liens de sang ou l'attache à la terre.
2. Une institution laïque : l'organisation de l'institution relève de décisions humaines,
et n'est pas héritée de tradition mythique ou divine .
3. Les changements dans la législation et la prise de décisions importantes se font lors
d'une délibération collective.
4. Enfin, la polis voit apparaitre la notion de citoyenneté en tant qu'activité
humaine dans la société.
6. Quels sont les aspects pris par l’égalité politique entre les
citoyens dans la cité antique ?
Les aspects pris par l'égalité politique sont au nombre de trois : l'égalité dans la parole,
appellée l'iségorie, qui accorde à tous les citoyens le droit de prend la parole à
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l'Assemblée ; l'isonomie qui comporte une double notion, celle de l'égalité devant la
loi et de l'égalité protégée et générée par la loi ; enfin la participation de tous les
citoyens au pouvoir, que ce soit gouvernemental ou judiciaire. Cette participation des
citoyens rend étrangère la notion de « représentation », les désigantions s'éffectuant
pour la plupart du temps par tirage au sort ou rotation.
7. Indiquez trois présupposés en termes d’identité de l’accès à la
citoyenneté ?
La généalogie : la nationalité définie ce que les gens ont en commun, ce qui leur
permettrait de prendre des décisions ensemble pour eux. C'est un caractère universelle
pour l'accès à la citoyenneté. Seul les conditions de naturalisation varient fortement.
La liberté : la liberté, qu'elle soit politique ou individuelle, met tout le monde
d'accord : elle est une condition primordiale d'accès à la citoyennté, sans la quelle le
régime de la polis n'aurait pas de sens.
La propriété : elle est souvent associée à la liberté : en effet, être libre c'est être
propriétaire de soi même et ne pas dépendre des autres, de leur volonté, et peuvent
ainsi disposer du droit de participer au gouvernement.
L’individualité : elle exclut de la citoyenneté les humains dont on considère qu’il leur
manque un caractère essentiel de l’individualisation, telle la « maturité » dans les cas
des mineurs d’âge ou la raison dans celui des malades ou des handicapés mentaux.
8. Différence entre une activité politique et une activité technique ?
Quelles sont les conséquences politiques de cette différence ?
L'activité technique, en s'appuyant sur un savoir préétabli par des connaissances et
compétences, agence des moyens en vu de parvenir à une fin préexistante ; l'activité
politique vise à définir et à mettre en oeuvre cette fin via la délibération collective
et la confrontation d'idées basées sur des valeurs. Cette différence sous-entend une
capacité technique donc, mais également politique : l'activité politique fait intervenir
une dimension qualitative, un savoir-faire politique, une vertu civique afin de
cibler les valeurs à défendre et les fins auxquelles parvenir.
9. En quoi le mythe de Protagoras présente-t-il une fondation
imaginaire de la démocratie ?
Le mythe (une anthropogonie) désigne d'abord la fondation de l'homme en tant qu'être
de raison, à distinguer des animaux. L'humain reçoit ensuite la technique, le langage
et le religieux, ce qui constitue la base de sa nature humaine. Cependant, Zeus finira
par leur accorder deux autres facultés, sans lequel la race humaine n'aurait pu
survivre : la pudeur et la justice. Et ces deux qualités, à la différence des techniques,
sont distribuées à tous, parce qu'elles permettent la création des cités. Ainsi, chacun
possède en soi les qualités, les compétences pour participer à la vie politique, pour
adopter de bonnes lois et il est donc normal que chacun puisse participer au
gouvernement (alors que l'on retrouve des différences dans les compétences
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techniques). La démocratie découle donc de la volonté même de Zeus. La notion
d' « imaginaire » vient du fait que Protagoras aurait dit à Socrate (dans le dialogue de
Platon), qu'il fallait faire « comme si » chacun était juste et pudique, même si ça n'était
pas vrai, même s'il en va différement dans la vraie vie, et qu'il faut croire absolument
en cette capacité de jugement pour pouvoir continuer à soutenir la démocratie.
10. Comment décrire la position traditionnelle des femmes par rapport à
la sphère publique ?
On aperçoit de façon générale une absence marquée des femmes dans la sphère
publique et une exclusion de la citoyenneté, quelque soient les époques ou les
civilisations. Elles sont majoritairement releguée dans la sphère domestique.
L'exclusion politique des femmes n'est que la transposition de la hiérachie familiale
au domaine publique. Le chef de famille représente sa famille dans la sphère publique.
Il y a bien sûr des nuances au sein des systèmes : dans la société athénienne, la vie
public et privée sont séparées, et au sein même de la vie privée (l'oikos), le chef de
famille règne en despote, la femme est relégué aux tâches « interieures » de la vie
privée. Elle n'a donc absolument aucun accès a la sphère publique. Par opposition, la
société romaine superpose le pouvoir du père de famille (domus) et le pouvoir
politique, les deux sphères sont intrasèquement liées, donnant ainsi une plus grande
influence sur la vie politico-sociale aux femmes.
11.Pourquoi la démocratie a-t-elle quelquefois tendu à renforcer
l’exclusion politique des femmes ? Basez-vous sur l’exemple des
conceptions de Rousseau et de la pratique de la révolution française.
Il existe un besoin imaginaire de conserver le clivage nature/société pour que les
relations sociales humaines ne semblent pas entièrement artificielles. Ce besoin de
replacer le naturel va s'exprimer dans la sphère domestique (dans laquelle est reliée
la femme depuis l'antiquité). En effet, comme l'a développé Rousseau, la politique, et
même la citoyenneté en générale est conçue comme « anaturelle », comme une
emprise de la communauté sur le soi naturel. La femme est alors considérée par
Rousseau comme étant le lien au naturel qui permet à l'homme d'être un bon citoyen
aliéné de sa condition. D'autre part, la démocratie donne le pouvoir au peuple, à la
majorité, et celle-ci voyant en grande partie la femme comme une mère et un épouse
(étant la vision traditionnelle de la femme), lui reconnaissant un « genre »
d'occupation et un « type » de tâches, dont la politique était exclue, il n'y avait point
d'espoir de participation pour elle.
12.En quoi les femmes ont-elles pu être considérées comme dépourvues
des présupposés identitaires de la citoyenneté ? mettre en regard
avec les présupposés de la citoyenneté question 7)
Les femmes sont perçues comme dépourvues de capacité à se représenter (manque
de l'individualité), capacité impliquée par la notion de citoyenneté ( être citoyen, c'est
pouvoir porter ses idées, ses paroles, représenter son être en tant qu'être reflechi ).
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Elles sont privées de cette capacité par la théorie de la « représentation virtuelle » : le
chef de famille représente toute sa famille dans son rôle de citoyen. Ensuite la
citoyenneté est transmise par filiation patrilinéaire (manque de la généalogie), elles
ne peuvent donc pas en hériter. De plus, la citoyenneté suppose une certaine liberté,
une liberté issue de la force (manque de la liberté) : la femme étant physiquement
moins forte que l'homme, elle ne peut acquérir sa liberté et reste dominée par l'homme.
Enfin, la citoyenneté présuppose la propriété, ne serait-ce celle de son propre corps. La
reconnaissance de la propriété de leur corps n'a jamais réellement été accordée aux
femmes. Cette non reconnaissance de la propriété féminine de son corps (manque
de la propriété) se traduit socialement ( le corps de la femme est propriété du mari et
ce corps est égalment possédé par la nature qui se joue de lui.). Finalement le citoyen
doit être libre et autonome, pouvoir se controler lui-même, le citoyen a une
individualité a part entière, et il doit pouvoir se gouverner seul. Or, la femme a un
appétit et désir sexuel différent de celui de l'homme, qu'il ne faut pas laisser s'exprimer
parce qu'il désquilibrait l'édifice social, un désir sexuel illimité que la raison ne peut
contraindre, et c'est pour cela que s'impose la pudeur féminine et le code social,
mettant la femme dans l'incapacité de se controler seule, d'être autonome. L'imposition
de ce code contraint les femmes dans l'espace public.
13.Quelle est la signification de la critique de la « gynécocratie » par
Bodin ?
La gynocratie mettrait la domination de l'homme et la « neutralité » symbolique
du pouvoir en danger, par un pouvoir exclusivement ou principalement féminin.
Cette critique exprime la crainte sous-jacente à l'exclusion politique des femmes : leur
insertion dans la démocratie changerait les relations conjugales, la sphère privée. De
plus, il évoque la possible impudeur de la femme gouvernante et exprime ainsi un
tabou profondémment enfouie et au coeur du refus de la participation des femmes au
pouvoir : celui de la femme sexuée, de la femme qui suivrait ses instincts naturels et
non pas sa raison. En ce sens, la critique de la gynécocratie reflète les principales
craintes de la classe dirigeante masculine concernant le pouvoir politique féminin, et
donne peut-être les raisons et les idées qui enfouies pendant longtemps (et même
jusqu'aujourd'hui), ont empeché l'accès à la citoyenneté des femmes.
14.Est-ce que l’affirmation de Protagoras « l’homme est la mesure de
toute chose » peut avoir une signification politique ?
Différentes interprétations de cette thèse existe : la thèse sensualiste et individualiste
comprend la maxime comme l'affirmation d'une coincidence entre l'être et le
paraitre, puisque rien n'existe en dehors de l'apparence. Ainsi, rien n'existe en soi,
c'est l'espèce humaine qui à travers sa constitution subjective attribue des
détérminations aux choses. Ainsi, tout ce qui apparait est et est différent pour chacun,
confondant ainsi la notion d'opinion et de vérité. Il n'y aurait pas ainsi de vérité
supérieure, tout serait relatif. Ce relativisme mène à dire qu'aucune loi n'est vraie,
sans autant dire qu'elles sont toutes équivalentes : il faut dégager ce qui a le plus de
valeur pratique pour les hommes et pour la cité. Il existe cependant des opinions et
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