Transitions® 8G. Baillet, B. Granger, Comment les verres Transitions® filtrent la lumière bleue nocive, Points de Vue, revue internationale d’optique
ophtalmique, publication en ligne, mars 2016, http://www.pointsdevue.com/article/how-transitionsr-lenses-filter-harmful-blue-light Transitions® 9
produit un jaunissement du cristallin qui permet
généralement une certaine absorption dans la zone bleu-
violet. La partie centrale de la rétine est couverte de pigments
jaunes (macula lutea) qui servent de filtre à la lumière bleue
entrante grâce à son pic d’absorption dans cette plage
(Haddad et all, 2006).[10] En raison de facteurs divers, la
densité du pigment maculaire peut varier d’une personne à
l’autre et la capacité à absorber la lumière évolue au cours
de la vie. Les enfants sont plus exposés à la lumière bleue
nocive car ils ont des pupilles de plus grand diamètre, une
concentration moins importante de pigments maculaires et
la quantité de lumière bleue qui atteint leur rétine peut être
de l'ordre de 65% contre 40% chez les adultes (Behar-
Cohen et al., 2015).[5]
Solutions techniques optiques pour la prévention
àlong terme de la lumière bleue
En raison des risques potentiels associés aux conditions
extérieures et au delà des protections naturelles intrinsèques
de l'oeil décrites précédemment, nous allons maintenant
concentrer notre attention sur les solutions techniques
disponibles pour la prévention des effets à long terme de la
lumière bleu-violet. Nous n’examinerons pas la protection
contre les UV, car les verres de lunettes de haute qualité
offrent aujourd’hui une protection complète contre les UV
jusqu’à 380nm.
1. Traitements interférentiels
Des couches antireflets peuvent être déposées sur les verres
ophtalmiques par évaporation d’oxydes métalliques
diélectriques transparents sur le traitement anti-rayures de la
face convexe et de la face concave des verres. Les traitements
sont essentiellement créés par empilement de dépôts
successifs. Réalisés sous vide à partir d'un matériau à bas
indice (RI~1,46) de quelques centaines de nanomètres et d'un
matériau à haut indice (RI ~ 2,2), ils montrent des propriétés
antireflets dans la zone visible du spectre lumineux. Il est
possible de concevoir des traitements antireflets multicouches
qui offrent une protection renforcée dans la zone bleu-violet du
spectre lumineux, en ajoutant un élément réfléchissant
spécifique à la longueur d’onde à rejeter, c’est-à-dire 380-
460nm. Les propriétés réfléchissantes du filtre bleu peuvent
être efficaces jusqu’à 20%, tout en conservant des propriétés
antireflets dans toute la plage visible restante. Ces verres
ophtalmiques présentent une clarté élevée à l’intérieur comme
à l’extérieur et offrent à l’intérieur une protection correcte
contre la lumière bleu-violet nocive émise par les appareils
électroniques et l’éclairage artificiel, tout en procurant une
protection modérée à l’extérieur.
2. Absorption de la lumière bleue à l’aide de colorants:
filtres jaunes
Un autre moyen de diminuer la quantité de lumière bleue
entrant dans l’œil consiste à réduire les rayonnements non
souhaités en les absorbant à l’aide d’un colorant jaune.
Celui-ci est constitué d'un composé chimique dont la
structure moléculaire permet l’absorption de la gamme bleue
du spectre lumineux. L'apparence résiduelle du verre sera
jaune, le jaune étant la couleur complémentaire du bleu
RAYONS UV
LUMIÈRE BLEUE
PAUPIÈRE
PUPILLE DE L'IRIS
CORNÉE
CENTRE DE LA
RÉTINE (MACULA)
CRISTALLIN
FIG.5 Trajet des UV et de la lumière bleu-violet dans l’œil humain
FIG. 6 Effet miroir bleu d’un traitement antireflet (AR) (gauche) et son spectre de réflectance (droite)
dans le spectre visible. C’est la raison pour laquelle les verres
qui absorbent le mieux le bleu paraissent plus ou moins
jaunes en fonction de l’efficacité des propriétés de filtrage
du bleu. Les verres qui bloquent très efficacement la lumière
bleue paraissent jaune foncé, tandis que ceux dont
l’efficacité est modérée sont simplement jaunâtres.
L’avantage du recours au colorant jaune est qu’il peut filtrer
fortement la lumière bleue, mais le jaune foncé nuit
àl’esthétique et à la perception des couleurs. Un filtre jaune
très foncé, par exemple, induit une distorsion importante de la
vision des couleurs malgré la faculté d’adaptation chromatique
du cerveau.
Pour contourner le problème esthétique de la couleur jaune
du filtre absorbant, on peut équilibrer la teinte en ajoutant
une petite proportion d’un autre colorant. Le colorant
complémentaire joue son rôle
en absorbant dans une autre
zone du spectre visible ce qui
donne l'apparence globale
d'un filtre gris neutre (Fig. 7).
Cette solution est acceptable
pour le jaune clair, où
l’équilibrage des couleurs peut
se faire de manière efficace,
mais elle est impossible pour
le jaune foncé. Il convient
aussi de noter que l’équilibrage
des couleurs nuit à la transmission photopique globale d’un
verre car il provoque une perte de transmission visible (ou de
clarté).
Il est possible de teinter la surface d’un verre en plongeant
un substrat polymère nu ou une lentille ophtalmique revêtue
d'un vernis colorable dans une solution aqueuse colorante à
une température élevée.
Une autre solution consiste à fabriquer des verres avec des
monomères dont la formulation originelle contient déjà des
colorants jaunes avec leurs agents de neutralisation. Dans
ce cas, seules les teintes claires sont réalisables car les
teintes plus foncées présenteraient un aspect non homogène
du centre à la périphérie en raison des différences
d’épaisseur des verres de prescription (verres finis concaves
et convexes).
3. Verres solaires
Les verres solaires sont généralement classés selon les
normes IS0 8983-3 en catégorie 3 avec une transmission
photopique (Tv) de l'ordre de 10-15% et en catégorie 4
plus sombre (Tv < 8%).
En cas de verres de prescription, les filtres solaires sont
essentiellement fabriqués en diffusant un mélange de colorants
dans un substrat en polymère ou dans un revêtement colorable.
Pour les lunettes de soleil afocales, la coloration est réalisée par
mélange dans la masse de polycarbonate, par exemple. Les
verres polarisants sont fabriqués en utilisant des colorants
dichroïques dans des films
plastiques étirés et préformés.
Les colorants consistent
généralement en un mélange
de différentes combinaisons
de couleurs primaires pour
obtenir les teintes souhaitées
en se fondant sur le principe
de la synthèse soustractive
des couleurs (Baillet et al.,
2008).[2] Les teintes les plus
courantes sont le brun et
legris.
Sur le segment de marché de la mode et des verres solaires
hautes performances, on trouve des verres miroir fabriqués
en empilant des couches interférentielles ou en associant
des technologies de coloration par absorption et de miroir.
Par définition, les verres solaires sont exclusivement destinés
à un usage en plein air. L’intensité de la coloration des
verres solaires afocaux et de prescription offre une bonne
protection contre la lumière bleue (Fig. 8).
Les verres solaires bruns et gris montrent qu’à transmission
photopique égale (15% Tv), les verres bruns filtrent plus
FIG. 7 Absorption de la lumière bleue par un substrat teinté de jaune (gauche) et un substrat neutre avec
équilibrage des couleurs (droite)
LONGUEUR D'ONDE (nm)
380 480 580 680 780
R%
MIROIR
BLEU VIOLET
SPECTRE DE RÉFLECTANCE SPÉCULAIRE CX (CONVEXE)
20
15
10
5
0
«Suivant les conditions
d'exposition, la lumière bleue
peut engendrer des lésions de la
rétine»