ARTICLE DE REVUE MIG 681
marche diagnostique et causes
L’ hypoglycémie chez le patient
non diatique
Dr méd. Bénédicte de Kalbermattena, Dr méd. Sarah Malacarnea, Dr méd. Christel Tranb,
Dr méd. Jaafar Jaafara, Prof. Dr méd. Jacques Philippea
a Service d’endocrinologie, diatologie, hypertension et nutrition, Département de scialités de médecine, Hôpitaux universitaires de Genève
b Centre des maladies métaboliques moléculaires, Département médico-chirurgical de pédiatrie, Centre hospitalier universitaire vaudois
L’évaluation d’une hypoglycémie non diatique passe en premier lieu par une
anamse pcise et taillée auprès du patient. Une fois suspece, l’hypoglymie
doit absolument être documene par la triade de Whipple. Les dicaments,
l’insusance patique, rénale, cardiaque et surrénalienne, la nutrition, le sep-
sis et la chirurgie bariatrique sont les étiologies les plus fréquentes. Une marche
diagnostique structue est indispensable.
Introduction
Dans la pratique quotidienne l’hypoglycémie est la plu-
part du temps iatrogène sur prise d’insuline ou d’anti-
diabétiques oraux; sa reconnaissance ainsi que son
traitement sont bien connus. Les hypoglycémies spon-
taes chez le patient non diabétique sont plus rares et
représentent un diagnostique. En eet, s’il est ai
d’identier les symptômes végétatifs (pâleur, palpita-
tion, tremblement, anx, faim, transpiration, ast-
nie,) puis neuroglycopéniques (trouble cognitif, agita-
tion, amnésie, trouble de l’état de conscience, convulsion,
coma, …) de lhypoglycémie, il l’est beaucoup moins
d’en déterminer sa cause en l’absence de traitement
hypoglycémiant.
Les hypoglycémies es et prolones sont grevées
dune morbidité et d’une mortali élees []. L’identi-
cation de cette pathologie est donc fondamentale.
Comme nous le verrons c’est uniquement une approche
progressive et structurée qui permet un diagnostic
conclusif et par conquent une prise en charge théra-
peutique adaptée.
canismes de contre-régulation
et dénition
Le glucose est le principal substrat tabolique néces-
saire au fonctionnement du cerveau en condition phy-
siologique: gr d’hydrates de carbone par jour en sont
cessaires. Les serves en glycogène étant faibles, un
apport continu depuis la circulation est indispensable
à son fonctionnement.
De multiples canismes de contre-régulation prévien-
nent et corrigent rapidement toute hypoglymie en
situation normale. Les étapes de cette contre-régulation
sont chronologiquement, une inhibition de la crétion
d’insuline, une sécrétion de glucagon et de cachola-
mines puis, en cas d’hypoglycémie prolone, d’hor-
mone de croissance (GH) et de cortisol. Cette adaptation
physiologique permet de rétablir l’euglycémie. Compte
tenu de la multitude des mécanismes physiologiques de
dicte de Kalbermatten
Un deuxième article sur
«L’hypoglycémie chez le
patient diatiquparaîtra
dans le prochain numéro
duFMS.
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défense, l’hypoglycémie chez le non diabétique doit par
conséquent être considée comme un «red ag» et son
évaluation méticuleuse est nécessaire [,].
Stricto sensu l’hypoglycémie est dénie par une valeur
de glucose susamment basse pour causer des signes/
sympmes glycopéniques. Ceux-ci sont cependant
peu spéciques, tout comme une glycémie plasma-
tique peut être arfactuelle. Chez l’individu sain, les
premiers symptômes végétatifs poussant à l’ingestion
de sucres surviennent vers mmol/l et les symptômes
neuroglyconiques dès, mmol/l []. s lors, la
crétion endone d’insuline est supprimée. an-
moins, bien qu’utilies comme telles, ces valeurs ne
sont qu’indicatives et varient d’un individu à l’autre. En
conséquence, il est dicile de déterminer avec exacti-
tude une valeur unique nissant catégoriquement
l’hypoglycémie. Pour ces raisons, la documentation
d’une triade dite «de Whipple» associant une glycémie
veineuse anormale à jeun (nie comme <,mmol/l),
des symptômes d’hypoglycémie et leur résolution avec
la prise de glucides, est donc indispensable au diagnos-
tic de l’hypoglymie non diabétique. En l’absence de
cette dernre, le patient peut être exposé à des investi-
gations inutiles, coûteuses, potentiellement compli-
quées et non diagnostiques []. A noter que seule la
valeur plasmatique de la glymie est able; les gluco-
tres capillaires étant souvent impcis à des valeurs
de glymie basses.
A noter qu’une glycémie supérieure à , mmol/l en
présence de symptômestatifs indique que ceux-ci
ne sont pas s à une hypoglycémie []. D’autre part,
un abaissement asymptomatique de la glycémie à jeun
(entre  et  mmol/l) chez le patient sain non diabé-
tique est fréquent et n’est pas à considérer comme pa-
thologique.
marche diagnostique et étiologie
Devant la suspicion clinique d’une hypoglycémie non
diabétique, il convient en premier lieu d’obtenir une
anamnèse taillée et un examen physique dirigé au-
près du patient. L’historique doit notamment détermi-
ner l’horaire des hypoglycémies: à jeun, en postprandial
(réactives) ou lors d’exercice? Cette démarche initiale
va aider le clinicien à cagoriser son patient en indi-
vidu «malade» ou «apparemment sain» [].
Patient «malade»
Ce premier sous-groupe unit les patients chez qui
l’histoire et l’examen physique taillés font ressortir
une maladie intercurrente sous-jacente. L’hypoglycé-
mie dans cette population est souvent multifactorielle
et est un marqueur de mauvais pronostic et de morta-
li augmentée [,]. La prise en charge repose sur un
apport susant en glucose et le traitement de la patho-
logie sous-jacente.
La premre cause à évoquer est la prise de médica-
ments ou toxiques hypoglycémiants. Hormis les anti-
diabétiques hypoglycémiants usuels, de nombreux
autres médicaments ont é décrit à l’origine d’hypo-
glycémies. Cependant l’évidence solide de ces associa-
tions est sujette à caution (tab.). Une consommation
d’alcool est également à rechercher. En eet, l’alcool in-
hibe la néoglucogenèse et non la glycolyse exposant
ainsi le patient, diatique ou non, à un risque accru
d’hypoglycémies particulièrement lors d’une période de
jeûne prolone, le maintien de la glymie dépendant
essentiellement de la oglucogenèse; c’est une cause
relativement fquente d’hypoglycémie aux urgences.
Le bilan doit ensuite rechercher une maladie aiguë
sévère telle une insusance rénale, hépatique ou car-
diaque, un sepsis de toute cause et une nutrition. La
faillance hépatique inhibe la glucoogenèse hépa-
tique et provoque typiquement des hypoglycémies à
jeun, tandis que dans l’insusance rénale la clairance
de l’insuline est dimine tout comme la mobilisation
de pcurseurs nécessaires à la gluconéogese. Le
canisme de l’hypoglymie dans la faillance car-
diaque n’est lui pas éluci []. Le cortisol et le GH sont
impliqués dans le canisme de contre-régulation de
l’hypoglycémie durant le jne prolon; une insu-
sance cortico-surrénalienne ainsi qu’une carence en
GH doivent donc également être suspeces et recher-
chées. Heureusement, le orilège d’autres symptômes
associés à ces pathologies nous oriente dans le diag-
nostic [].
Dans les causes rares d’hypoglycémies non diabé-
tiques retrouvées chez le sujet «malade» mentionnons
encore les tumeurs extra-pancréatiques («non-islet cell
tumor [NICT]») sécrétant de la «big insulin-like growth
factor II» (Big-IGF-II). Ces tumeurs sont la plupart du
temps solides, de grande taille et d’origine senchy-
mateuse ou épithéliale. L’hypoglycémie résulte de l’ac-
Tableau 1: Causes médicamenteuses d’hypoglymies.
1. Insuline ou insulino-crétagogues (sulfonylurée, glinide)
2. dicaments autres
Certitude d’association modérée:
quinine, pentamidine, gatifloxacine, cibenzoline,
indométacine, glucagon (lors d’endoscopie)
Certitude d’association faible:
lithium, chloroquineoxaline sulfonamide,
propoxyphène/ dextropropoxyphène
Certitude d’association ts faible:
IEC, sartan, bêta-bloquant, lévofloxacine, mifépristone,
disopyramide, sulfathoxazole/triméthoprime, hépa-
rine, 6-mercaptopurine
Abviation: IEC = inhibiteurs de l’enzyme de conversion.
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tivi «insulin-lik de la Big-IGF-II par stimulation des
cepteurs à l’insuline. La crétion de GH étant inhi-
bée les taux sanguin d’IGF-I sont bas [,,]. La produc-
tion endone d’insuline est elle supprimée avec donc
une constellation biologique d’hypoglymie hypo-
insulinique (g.). Sa prise en charge reve de l’onco-
logue.
La survenue de malaises neuro tatifs postpran-
diaux, sans triade de Whipple conre, indique un
sordre fonctionnel qui n’est généralement pas à
une hypoglycémie. Celui-ci est nom syndrome post-
prandial idiopathique (anciennement «hypoglymie
active») et son origine est encore inconnue. Aucun
test complémentaire n’est cessaire et sa prise en
charge est symptomatique par le biais de modications
diététiques (fractionnement des repas, éviction d’alcool
et d’aliments à index glymique élevé) [].
Patient «apparemment sai
Aps exclusion des étiologies citées ci-dessus, l’indi-
vidu sera classié comme «apparemment sain» et l’uti-
lisation de tests et marches diagnostiques sciques
fera rechercher un hyperinsulinisme endone versus
exogène.
Tests diagnostiques
Les dosages veineux de la glycémie, de l’insuline, du
C-peptide et de la proinsuline (prouvant tous deux une
crétion endogène d’insuline), des β-hydroxybuty-
rates (corps cétoniques conrmant le jeûne), des
sulfony l urées (et glinides si disponible) et des anti-
corps anti- insuline sont nécessaires. Si l’hypoglycémie
survient spontanément ceux-ci doivent être eectués
à ce moment, sinon un test de jne deh (tab.) doit
être fait. Si l’hypoglycémie ne survient pas durant ce-
Suspicion d’hypoglycémie non diabétique
1re étape: Status et anamnèse détaillée
Triade de Whipple non
confirmée
Triade de Whipple confirmée
=
Hypoglycémie non diabétique vraie confirmée
Syndrome postprandial
idiopathique
Pas d’investigations
complémentaires et prise
en charge diététique
uniquement
Individu «apparemment sain» Individu «malade»
Médicaments/alcool
Insuffisance d’organe
(rénale, hépatique ou cardiaque)
Sepsis
Dénutrition
Insuffisance hormonale
(cortisol, IGF-I)
Tumeurs extra-pancréatiques
sécrétant de l’IGF-II
2e étape: Evaluation complexe de l’hypoglycémie avec dosage veineux:
glucose, insuline, C-peptide, proinsuline, #-hydroxybutyrate,
insulinosécrétagogues et ± Ac anti-insuline
Hyperinsulinisme endogène
(" insuline, C-peptide et proinsuline)
Hyperinsulinisme exogène
Prise d’agents
oraux insulino-
sécrétagogues
(" insuline,
C-peptide et pro-
insuline mais
screening médica-
menteux positif)
Prise exogène d’insuline
(discordance entre
"insuline et
! C-peptide et
proinsuline
Syndrome d’hypo-
glycémie pancréatique
non insulinome
(hypoglycémies
postprandiales, pas
d’insulinome localisé
mais hyperinsulinisme
diffus au SPACI)
Insulinome
(détection
de la lésion
à l’imagerie)
Hypoglycémie
auto-immune
(Ac anti-
insuline
positifs)
Hypoglycémie
post bypass
gastrique
(pas de lésion
d’insulinome,
hypoglycémies
postprandiales
et s/p bypass)
Hypoinsulinisme
(! insuline, C-peptide,
proinsuline)
Hypoinsulinisme et investiga-
tions toutes négatives:
pourrait-il s’agir d’une erreur
innée du métabolisme?
Figure 1: marche diagnostique.
Abviations: SPACI = «selective pancreatic arterial calcium injectio, Ac = anticorps, IGF = «insulin-like growth facto, s/p = status post.
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lui-ci il faut enchaîner avec un repas test à la recherche
d’une hypoglycémie postprandiale (tab.). Ces exa-
mens permettront d’objectiver l’hypoglycémie orga-
nique et de déterminer sa cause. Le tableau nous
guide dans l’interprétation diagnostique. A signaler
toutefois que les normes des valeurscrites ci-dessus
sont sujettes à caution dans la littérature. En eet, elles
ont été établies chez des cohortes de patients sains. De
plus les consensus aricains et européens dièrent
notamment sur la valeur seuil d’hypoglycémie à consi-
rer (respectivementmmol/l versus ,mmol/l) [].
Retenons anmoins que le diagnostic est établi
lorsque la glymie est <mmol/l avec une insuliné-
mie >microU/ml (rapport insulinémie/glymie >).
Les dicaments pouvant inuencer la sécrétion d’in-
suline devraient être arrêtés avant le test dans la me-
sure du possible.
A titre indicatif–% des insulinomes sont diagnosti-
qués dans les  premres heures du test, et à %
dans lesh []. L’utilisation d’autres tests, tel une sti-
mulation au glucagon après test de jne ou une hyper-
glycémie provoquée par voie orale (HGPO), est margi-
nale et non recommandée en premre intention [,].
L’hyperinsulinisme: les causes
Chez le patient sain, la prise factice d’agents hypoglycé-
miants conduira à une hypoglycémie hyperinsulinique
exogène (insuline élevée). En cas de prise d’insuline
exogène le C-peptide et la proinsuline seront suppris
(discordance) et lors de prise d’insulino-crétagogues
le C-peptide et la proinsuline seront élevés.
Tableau 2: Test de jeûne, proposition de protocole.
Indication
Suspicion d’hypoglycémie non diabétique n’ayant pas pu être prouvée durant un
épisode d’hypoglycémie spontanée.
Procédure
Durée 72h
Hydratation suffisante (boissons non caloriques uniquement), arrêt de tout médicament
non essentiel et s’assurer que lepatient est actif durant les heures de veille du test.
Doit être fait en milieu hospitalier sous surveillance médicale.
La mise à jeun peut déjà débuter au domicile du patient dans la soirée pdant
l’hospitalisation.
Glycémie capillaire aux 2h
Glycémie veineuse aux 6h jusqu’à une glymie <3,3mmol/l. Dès que la glymie
veineuse est <3,3mmol/l faire lesprélèvements aux 2h ou plus pcocement en cas
de symptômes cliniques.
Dès que la glymie veineuse est <3,3mmol/l doser également: insuline, C-peptide,
proinsuline, β-hydroxybutyrate etsulfonylues (± glinides)§
Art du test: 3 conditions!
Présence de signes/symptômes neuroglycopéniques sévères (perte de conscience,
convulsion, confusion): arrêt du test sans attendre le résultat de la dernière glymie
veineuse.
Dans la mesure du possible effectuer un dernier dosage veineux (glymie, insuline,
C-peptide, proinsuline, β- hydroxybutyrate) avant l’administration de sucre.
Glycémie <2,5mmol/l (plutôt 3mmol/l selon recommandation américaines)
+ signes/symptôme évocateurs d’unehypoglycémie.
Glycémie <2,2 mmol/l malgré l’absence de signes/symptôme évocateurs d’une
hypoglycémie
§ Selon le contexte clinique une recherche d’anticorps anti-insuline peut être effectuée.
Tableau 3: Repas test, proposition de protocole.
Indication
Suspicion d’hypoglycémie non diabétique postprandiale n’ayant pas pu être proue
durant un épisode d’hypoglycémie spontanée ou durant un test de jeûne.
Procédure
Le lendemain du test de jeûne ingestion au petit déjeuner mixte contenant 80g
d’hydrates de carbone.
Glycémie veineuse + plèvement insuline, C-peptide, proinsuline aux 30 minutes
durant 5h.
Tableau 4: Interprétation biologique chez patient avec hypoglycémie spontanée, durant test de jeun ou repas test.
Sympmes
et/ou signes
d’hypoglymie
Glymie
veineuse*
(mmol/l)
Insuline
(mUi/l)
C-peptide
(pmol/l)
Proinsuline
(pmol/l)
β-Hydroxy-
butyrate
(mmol/l)
Présence de
sulfonylurée
glinide)
Anticorps
anti-insuline
Interprétation
Non<3<3<200<5>2,7Non gatifNormal
Oui<3>>3 <200 <5 ≤2,7 NonNégatif §Prise exogène d’insuline
(hyperinsulinisme exogène)
Oui<3≥3≥200≥5≤2,7Non gatifInsulinome, NIPHS, post
bypass gastrique
(hyperinsulinisme endogène)
Oui<3≥3≥200≥5≤2,7Oui gatifPrise d’agents oraux hypo-
glycémiants
(hyperinsulinisme exogène)
Oui<3>>3 >>200>>5 ≤2,7 NonPositif Auto-immuni
(hyperinsulinisme endogène)
Oui<3<3<200<5≤2,7Non gatifProbablement tumeur
sécrétant de l’IGF-II
(hypoglymie hypoinsulinique)
Oui<3<3<200<5>2,7Non gatifSituation de l’individu «malade»
(hypoglycémie hypoinsulinique
non méde par IGF-II)
Abviations: NIPHS = «non insulinoma pancreatogenous hypoglycemia syndrom, IGF = «insulin-like growth facto.
* Selon les recommandations européennes un seuil de glymie <2,5 mmol/l est utili pour qualifié l’hypoglycémie.
§ Les anticorps anti-insuline peuvent être retrouvée si le patient à é exposé à de l’insuline exogène. Cependant à la différence de l’hypoglycémie auto-immune,
le C-peptide et la proinsuline seront bas dans cette situation.
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Bien que l’hypoglymie hyperinsulinique endone
soit rare, elle peut être causée, par de nombreuses pa-
thologies dont la plus fréquente est l’insulinome. Elles
impliquent toutes un taux d’insuline inadéquatement
élevé par rapport à la glymie. L’hyperinsulinisme en-
done est conr par un taux plasmatique d’insu-
line >mUi/l, un C-peptide >pmol/l et une proinsu-
line >pmol/l; ceci en présence d’une glycémie veineuse
<mmol/l (vs,mmol/l pour recommandations eu-
ropéennes) [,].
L’insulinome est une tumeur pancatique rare
(/  patient/année) rie des cellules β et cré-
tant de l’insuline de manière autonome, indépendam-
ment de la glycémie. Elle survient dans tous les groupes
ethniques et à tout âge. Typiquement l’hypo glycémie
se manifeste à jeun (%) bien qu’elle puisse également
survenir en postprandial (%) []. Sa localisation est
essentielle au traitement mais n’est pas toujours aie
puisque % des insulinomes sont <cm. Les techniques
d’imagerie standard (CT, IRM) ont une bonne sensibi-
li de tection (% et %) et la combinaison de ces
dernres à l’US pancréatique avoisine un taux de%.
L’écho-endoscopie combinée à une ponction est inva-
sive mais a mont une sensibili de plus de % [].
Enn, lorsque ces examens sont négatifs, on peut recou-
rir à une stimulation arrielle pancréatique sélective
par le calcium («selective pancreatic arterial calcium
injection [SPACI). Celle-ci consiste à localiser la sion
par un pvement veineux hépatique avec dosage de
l’insuline après cathétérisme et injection lective de
calcium (agent crétagogue) dans l’artère splénique,
gastroduodénale et mésenrique supérieur. La scinti-
graphie à l’octréotide (analogue marqué de la somatos-
tatine) a une sensibilité de % et est utile pour tecter
des sions tastatiques en cas de suspicion. D’autres
imageries fonctionnelles (F-DOPA PET, -Ga-DOTA-
TOC, scintigraphie au GLP-,…) sont prometteuses et
également utilisées dans des centres spécialis [,,].
L’insulinome est dans la grande majorité des cas nin
et son traitement curatif est chirurgical. Dans l’attente,
ou en cas de contre-indication à cette dernière, le re-
cours à des traitements inhibant la crétion d’insu-
line est possible (diazoxide, octréotide). Dans tous les
cas une modication des habitudes alimentaires, dans
le but de prévenir les périodes de jeun prolon, est né-
cessaire. Les formes malignes, tastatique ou asso-
ciées à une néoplasie endocrinienne multiple de type
sont rares (%). L’approche est alors multidisciplinaire
(chirurgien, endocrinologue, oncologue) [].
Le syndrome d’hypoglycémie pancréatique non lié à
un insulinome non insulinoma pancreatogenous hy-
poglycemia syndrome [NIPHS) est une enti clinique
crite pour la premre fois en []. C’est une cause
rare d’hypoglycémie persistante de l’adulte caracrie
par un hyperinsulinisme endone survenant principa-
lement en postprandial (prédominant chez l’homme).
Les anomalies histologiques retrouvées suggèrent une
dysrégulation de la fonction des cellules β (hyperplasie
diuse combinée à une hypertrophie et une proliféra-
tion anormale des îlots appelée nésidioblastose). La
cause chez l’adulte n’est pas connue (ce qui dière de
l’enfant ou des causes génétiques ont é identiées) et
son diagnostic dénitif est uniquement histologique.
En eet, cliniquement et biologiquement il n’est pas
possible de le distinguer d’un insulinome. L’imagerie
classique est souvent négative et ce n’estnalement
que lors d’une SPACI que l’hyperinsulinisme pancréa-
tique dius peut être (vs localisé en cas d’insuli-
nome non détec auparavant). Le traitement est-
ralement chirurgical par pancatectomie subtotale
[, ]. Les cidives postopératoires sont fquentes
tout comme la survenue de diate postopératoire.
Des traitements par diazoxide, octréotide, corticdes
ou anticalciques ont été décrits [].
Les hypoglycémies actionnelles postprandiales fai-
sant suite à une chirurgie bariatrique (aussi nom
«dumping syndrom tardif) sont également à évo-
quer. Bien que rares, elles sont très invalidantes et leur
traitement est souvent dicile. Elles surviennent typi-
quement à ans après la chirurgie. Les hypotses
physiopathologiques sont débattues et probablement
multiples. Il faut évoquer une hyperfonction des cel-
lules β (nésidioblastose constatée histologiquement),
une exagération de l’eet incrétine en réponse au re-
pas, une sur-sécrétion d’insuline après évation rapide
de la glycémie sur vidange gastrique accée et une
diminution de l’insulinorésistance liée à la perte pon-
rale []. Ces hypoglycémies pondent à des mesures
diététiques (repas fractionnés avec des aliments à in-
dex glycémique bas) ainsi qu’à l’utilisation d’inhibiteur
de l’α-glucosidase (acarbose). Des traitements par dia-
zoxide, octréotide, anticalciques ou analogue du GLP-
(pour inhiber la vidange gastrique) ont également
montré des ponses partielles []. Dans des cas ex-
trêmes des réversions de bypass ont été eectués tout
comme des pancréatectomies partielles.
A noter que cette entité est à distinguer du «dumping
syndrome» classique précoce. Ce dernier est caracté-
ri par la survenue postprandiale immédiate (
minutes) de diaphorèse, faiblesse, vertige et palpi-
tations consécutifs à une diminution du volume
intravasculaire post ingestion de quantité importante
L’insulinome est la cause la plus fquente de
l’hypoglycémie hyperinsulinique endogène.
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