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21 mai 2008 0
différents peptides ont été conduites dans le monde et à
Lausanne. Les résultats récents montrent qu’un des aspects
importants pour l’obtention de réponses significatives de
lymphocytes T CD8+ spécifiques est le choix de l’adju-
vant. Le tableau 1 résume les principaux adjuvants utilisés
dans les études cliniques lausannoises.
Comme indiqué dans ce tableau, ces adjuvants agissent
fréquemment par stimulation des cellules dendritiques,
rendant ces dernières plus performantes pour la présenta-
tion du peptide spécifique et pour la stimulation des lym-
phocytes T CD8+. L’activation des cellules dendritiques
est possible par la stimulation de leurs TLR
(Toll-like recep-
tors)
.Différents récepteurs de ce type reconnaissent des
patterns moléculaires de pathogènes (bactéries ou virus)
qui sont importants pour la défense immunitaire contre
des infections. Des nouvelles classes de médicaments ont
été développées afin de stimuler les TLR d’une manière
spécifique. Leur utilisation comme adjuvant en combinai-
son avec des antigènes spécifiques représente un grand
progrès dans le développement des vaccins.
Actuellement, un nouvel adjuvant (LAG-3), une molé-
cule permettant à la fois une stimulation de la cellule den-
dritique ainsi que du lymphocyte T, est en cours d’évalua-
tion avec des résultats très prometteurs.
Peu d’études à large échelle ont été entreprises pour
l’instant. Il faut toutefois citer l’étude de vaccination avec la
protéine Mage-3 dans les cancers du poumon. Basée sur
les résultats encourageants de la phase II, une étude de
phase III est en cours pour évaluer un possible bénéfice en
termes de survie sans progression et/ou de survie globale.
TRANSFERT ADOPTIF
Si les premiers essais cliniques de transfertadoptif re-
montent à une vingtaine d’années,1ce n’est que récem-
ment que des progrès significatifs en termes de réponses
cliniques ont été réalisés.
Un des facteurs-clés dans l’amélioration des réponses
est le conditionnement du patient avant la réimplantation
du greffon, comme illustré dans la figure 3.Une telle appro-
che a permis d’amener le taux de réponse clinique à plus
de 50% chez des patients métastatiques,5faisant de cette
approche le traitement le plus efficace à l’heureactuelle,
toutes modalités confondues. La nouveauté est le rajout,
avant la réinjection des cellules, d’une chimiothérapie dont
le but n’est pas une toxicité pour les cellules tumorales,
mais, paradoxalement, pour les lymphocytes du patient.
L’élimination des lymphocytes permet en effet d’empêcher
l’action des cellules T régulatrices qui limitent la réexpan-
sion massive du greffon. Les aspects principaux de ces ap-
proches sont résumés dans une excellente revue récente.6
ALausanne, une modification de ces approches est
actuellement en cours d’essai clinique.7La particularité de
l’étude lausannoise est d’associer une vaccination pepti-
dique intensive juste après la réinjection des cellules, afin
de favoriser une expansion des lymphocytes spécifiques
contre la tumeur. De nouvelles évolutions de cette appro-
che sont en cours d’étude.
MODIFICATIONS RATIONNELLES DE TCR
Le transfertadoptif permet des modifications généti-
ques des lymphocytes prélevés, comme illustré dans la
figure 4. Un TCR particulier peut en effet être incorporé
dans les lymphocytes du patient pour procurer une spéci-
ficité immune particulière. Des travaux récents8ont montré
qu’une telle stratégie était faisable et que les cellules mo-
difiées pouvaient survivre une fois réimplantées chez le
patient. Toutefois, le pool des lymphocytes circulants peut
ne pas contenir de TCR de haute affinité pour un complexe
peptide-CMH donné, en particulier lorsque le peptide
tumoral est un peptide self. Pour ces raisons, il peut être
intéressant de modifier rationnellement la séquence du
TCR afin d’augmenter son efficacité. Dans ce but, un large
projet a débuté il y a plus de quatre ans à Lausanne, dont
la finalité est la génération de TCR optimisés pour diffé-
rents complexes peptide-CMH.
Une approche
in silico
basée sur des simulations de
dynamique moléculaireest utilisée pour déterminer les
résidus-clés à modifier.9Cette méthode appliquée à un
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Adjuvant Mécanisme Réponses des Référence
lymphocytes T
CD8+
P40 TLR2 Faible Non publié
MPL + QS21 TLR4 Faible 2
Montanide Dépôt Moyen 3
Montanide + CPG Dépôt + TLR9 Fort 4
Tableau 1. Principaux adjuvants utilisés
Figure 3. Schéma général d’une approche de type
transfert adoptif avec conditionnement
(1) Les lymphocytes sont prélevés du patient et mis en culture cellulaire (2).
Le patient reçoit une chimiothérapie de conditionnement pour créer une
lymphodéplétion (3) et permettre une meilleure réexpansion du greffon
après sa réinjection (4).