Néanmoins il montre que les flux de chaleur dans les Alpes sont anormalement bas,
impliquant un vraisemblable refroidissement de la chaîne par des circulations d’eau
induites par les forts potentiels hydrauliques.
Mots clés: modèle thermique, Alpes, érosion, circulation d’eau, refroidissement,
exhumation.
1. QUELQUES MODÈLES SIMPLES
1.1. Introduction
Lorsqu’on étudie des processus thermiques tels que le métamorphisme ou la
géothermie, il est important de connaître les paramètres physiques qui concer-
nent le comportement thermique de la croûte terrestre. Le but de cet article est
de donner des ordres de grandeur à l’aide de modèles simples. Il s’agit d’un
premier pas, un recueil de formules illustrées. Bon nombre des solutions des
équations de conduction de chaleur discutées dans le cadre de cet article le
sont aussi dans des traités, mais ne sont généralement pas proposées simulta-
nément, ou existent sous des formes plus générales.
Le comportement thermique de la croûte terrestre, s’il est relativement bien
compris à grande échelle, l’est moins lorsqu’on tente de décrire des situations
particulières telle une chaîne de montagne. Cette imprécision provient essen-
tiellement des conditions aux limites des modèles et des valeurs initiales des
variables. D’autre part il est difficile de fixer précisément les paramètres utili-
sés dans les modèles. La description des mécanismes affectant le manteau est,
par exemple, de nature purement spéculative. Même si les calculs pouvant être
effectués ne sont que des ordres de grandeur, il est impératif d’avoir une
connaissance du comportement thermique des constituants de la croûte ter-
restre lorsqu’on étudie le métamorphisme ou la géothermie, car elle permet
une analyse intéressante des dysfonctionnements des modèles thermiques et
géologiques, comme par exemple l’analyse des reconstructions géométriques
d’orogenèses.
Ce sujet a donné lieu à l’une des plus spectaculaires controverses entre phy-
siciens et naturalistes concernant l’âge de la terre. Lord Kelvin, à l’époque
connu sous le nom de W. Thomson, a estimé l’âge de la Terre en supposant
que celle-ci était une boule qui refroidissait par rayonnement (voir plus loin).
Lyell avec Darwin, contraints par une estimation des vitesses de sédimentation
et par les lois de l’évolution, soutenaient que la Terre était beaucoup plus
ancienne (GOHAUT 1987, HALLAM 1989, GARRELS et MACKENZIE 1971). La
découverte de la radioactivité comme principale source de chaleur (~75%)
leur donnera raison.
Les informations sur régime thermique actuel de la croûte terrestre sont
données par les valeurs des flux géothermiques. On peut les obtenir à partir
des données de sondage ou provenant des tunnels (BUSSLINGER et RYBACH,
1999a et b).
M. Jaboyedoff
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